Dans le grand vivier du jeu d'horreur, le walking simulator occupe une place de choix. Cependant, parvenir à captiver l'attention du joueur et le plonger dans une angoisse constante est un exercice périlleux, que Layers of Fear avait réussi avec panache. C'est aujourd'hui à son successeur que nous nous sommes essayés afin de voir si la recette de la Bloober Team est toujours aussi savoureuse.
Cinéma... Cinéma ! De salle en salle, de ville en ville...
Adieu manoir inquiétant et peintre fou et bienvenu à l'immense paquebot qui est le théâtre des événements de Layers of Fear 2. Dans ce nouvel épisode, c'est le septième art qui servira de socle à l'escapade horrifique que vous vivrez à travers les 5 chapitres du jeu. Vous incarnez un acteur qui s'éveille dans un immense navire. Une voix grave vous murmure de vous lever et d'endosser le rôle qu'un réalisateur a écrit pour vous et auquel il compte offrir le bateau comme décor. C'est donc autour de la notion d'incarnation d'un personnage que s'articulera l'histoire de Layers of Fear 2. La salle de projection a ici remplacé l'atelier de peinture en guise de hub vous portant d'un chapitre à un autre, et il faudra compter environ 6 heures pour voir le bout de l'aventure. Un peu moins si vous choisissez d'aller en ligne droite, un peu plus si vous prenez le temps d'explorer.
Car, tout comme dans le premier épisode, l'histoire ne se dévoilera pleinement qu'aux joueurs désireux de fouiller les différents environnements à la recherche d'objets susceptibles d'approfondir l'intrigue. Notes, échos du passé et autres éléments de narration environnementale sont toujours de la partie et dépoilent toujours un propos sombre dont nous éviterons de détailler les charmes ici. On pourra cependant reprocher au jeu d'adopter une narration encore plus volontairement suggestive que par le passé, ce qui demandera une implication active du joueur pour assembler les pièces du puzzle. Cela n'est pas une tare, certes, mais le titre proposant à 3 reprises des choix, il est compliqué de les prendre en toute connaissance de cause, surtout lorsque l'on sait que ces choix peuvent impacter la fin du titre. Notez qu'il est tout à fait possible de s'essayer au New Game +, qui vous laissera choisir le chapitre de votre choix afin d'opter pour différentes options et donc, voir les différentes fins. Nous saluerons au passage les nombreuses références au cinéma de genre, explicitement - bien qu'habilement - dispersées au sein des niveaux.
Une mise en scène au service de l'atmosphère
Mais finalement, c'est encore une fois dans son atmosphère et sa mise en scène que Layers of Fear 2 puise toute sa force. Bien entendu, si vous avez joué au premier volet (ce qui n'est pas nécessaire pour comprendre le second), vous naviguerez dans des eaux connues. Très dirigiste, Layers of Fear 2 vous propose une succession de tableaux à explorer dans lesquels vous devrez de temps à autre résoudre quelques énigmes pour avancer. La prise en main est identique à Layers of Fear premier du nom, à savoir qu'il est nécessaire d'accompagner les interactions avec les mouvements de votre souris, que ce soit pour ouvrir un tiroir, tourner une manivelle ou activer un levier.
Cependant, une évolution est perceptible dans l'approche du jeu puisqu'il repose nettement moins sur les changements d'architecture des pièces situées dans le dos du joueur, et davantage sur la diversité des environnements et des situations. Effectivement, si vous vous trouvez bien en théorie sur un bateau, ce dernier ne servira que de prétexte à la mise en place de décors imaginatifs, divers, chacun disposant d'une ambiance angoissante à souhait. Les développeurs du jeu ont à nouveau déployé des trésors d'inventivité pour rythmer leur aventure. C'est bien simple, avancer dans Layers of Fear 2, c'est la plupart du temps avancer de surprise en surprise, avec la volonté de découvrir quelles subtilités de réalisation les équipes de Bloober ont trouvées pour nous surprendre. Sans jamais (ou presque) utiliser les jump scares, Layers of Fear 2 mise tout sur l'horreur psychologique et effectivement, le malaise et la tension sont omniprésents tout au long de l'aventure.
Un peu de diversité
Le titre introduit également une notion de danger supplémentaire en s'essayant à des phases plus orientées « action ». Il est effectivement possible de mourir ici, notamment lorsque quelques chimères viennent vous prendre en chasse. Dans ce cas, le salut est dans la fuite et il sera nécessaire, par exemple, de courir suffisamment rapidement et de refermer les portes derrière vous pour ralentir votre assaillant. Comme c'est malheureusement trop souvent le cas dans ce type de jeu, le fait de mourir coupe l'herbe sous le pied à une tension et une atmosphère qui ne manquent pourtant pas de mordant. En effet, si vous ne respectez pas un timing précis ou si vous n'empruntez le chemin prévu par les développeurs, vous passez l'arme à gauche. Vous en viendrez donc à apprendre par cœur la bonne marche à suivre dans l'espoir d'expédier au plus vite ces séquences qui nuisent finalement à l'immersion en cas de mort répétée. C'est un peu regrettable, mais pas non plus totalement préjudiciable en ce que ces phases restent très ponctuelles.
Par ailleurs, si Layers of Fear limitait un peu trop la participation active du joueur, son successeur met davantage l'emphase sur les énigmes, pour la plupart plutôt bien pensées. Sans pour autant basculer dans le puzzle game, Layers of Fear 2 fait preuve d'un peu plus de diversité que son aîné. Toujours cependant très accessibles, les quelques énigmes ne devraient jamais s'avérer bloquantes, même pour les moins coutumiers du style.
Au rang des écueils, parce qu'il y en a, nous pouvons soulever des problèmes d'optimisation assez réuccurents, provoquant quelques ralentissements épars, notamment sur PC, support sur lequel nous avons testé le jeu. En outre, et surtout, c'est aussi ce sentiment tenace que Layers of Fear peine un peu à sortir de son cadre un peu trop étroit de « train fantôme » qui l'empêche de décoller pleinement. Calquant un peu trop son pas sur celui de son aîné, le titre n'aura peut-être pas le même impact que l'a eu son prédécesseur lors de sa sortie, essentiellement pour les joueurs qui le connaissent déjà. Il n'en reste pas moins un choix à considérer avec le plus grand sérieux si vous êtes un amateur du genre.
Points forts
- Une réalisation à nouveau originale
- Une belle démonstration d'horreur psychologique
- Enigmes et situations plus variées que son prédecesseur
- Toujours aussi torturé
- Bande son et sound design soignés
Points faibles
- Un côté train fantôme qui ne parlera pas à tout le monde
- Narration parfois inutilement obscure
- Des choix que l'on prend un peu par défaut
- Les phases d'"action" dispensables
- Encore quelques problèmes d'optimisation
En dépit du fait qu'il peine à sortir de son cadre « train fantôme ultra luxe », que la narration n'est pas toujours au beau fixe et que les quelques scènes d'action ne sont pas systématiquement réussies, Layers of Fear 2 reste toujours un choix de gourmet pour tous les amateurs de jeux d'horreur psychologique. Varié, immersif, angoissant et déployant des trésors de mise en scène, Layers of Fear 2 est une expérience à vivre, même si le mimétisme avec son aîné l'empêche de s'émanciper totalement.