Annoncé à la surprise générale fin 2013, Tales From the Borderlands nous place après les événements de Borderlands 2. Si vous souhaitez découvrir par vous-même les épisodes canoniques de la série, nous vous conseillons de ne pas lire les lignes qui suivent sous peine d'être spoilé. La société Hyperion, fleuron des marchands d'armes de Pandore, subit des crises internes suite à la mort du Beau Jack, son PDG tyrannique refroidi par la bande de joyeux chasseurs de l'arche que vous incarniez dans le second volet. C'est justement dans la peau de Rhys, un employé ambitieux d'Hyperion, que vous faites vos premiers pas dans l'aventure. Assommé puis capturé par une des fripouilles de Pandore, votre héros doté d'un bras cyborg et d'un œil écho sera forcé de raconter son histoire à son ravisseur. A Pandore, tout le monde a une histoire à raconter.

Rhys, l'ambitieux déçu

Tout commence donc avec un retour en arrière que n'aurait pas renié un J.J. Abrams de la belle époque. Freiné dans ses rêves de promotion par un rival plus rapide que lui, Rhys choisit d'embarquer son meilleur ami Vaughn sur l'impitoyable Pandore, une planète à la faune particulièrement sauvage. Théâtre d'une chasse au trésor menée par les mercenaires et les bandits locaux, celle-ci va accueillir nos deux compères plus habitués à la vie de bureau qu'aux trahisons et à la violence d'un monde sans foi ni loi. L'objectif de l'expédition n'est autre que de récupérer une clé de l'arche avant Vazquez, l'ennemi juré de Rhys qui a lui soufflé sa promotion. Telltale a pris soin de respecter à la lettre l'univers de Borderlands en y apportant sa petite touche personnelle, faite de dialogues immersifs et d'approfondissement du caractère des personnages. Les choix de dialogues sont d'ailleurs suffisamment variés pour que l'on puisse choisir de se comporter en digne héritier du Beau Jack ou d'apporter une touche d'humanité à notre Rhys.

Fiona, sans foi ni loi

Une fois n'est pas coutume, vous suivrez la destinée de deux personnages en revivant les souvenirs d'une jeune femme également prisonnière du mercenaire, Fiona. Vraie habituée du terrain, cette dernière rêve de faire le casse parfait et va se retrouver étroitement mêlée aux affaires de Rhys. Vous faisant alterner à tour de rôle Fiona et Rhys, le système de double narration fonctionne efficacement en vous offrant plusieurs points de vue lors de différentes scènes, s'avérant même savoureux sur certaines séquences. On repense notamment à l'instant où l'on découvre que Rhys a légèrement surjoué une scène avant que Fiona ne rétablisse la vérité. L'humour est bien plus présent que dans les deux précédentes productions de Telltale, accompagné de nombreuses références et personnages connus de la série qui occupent un rôle plus ou moins important dans cet opus. Il n'est pas nécessaire de connaître Borderlands pour jouer au point'n click, mais les fans de la série devraient apprécier de la voir revisitée avec une telle fraîcheur sans qu'aucune de ses bases ne soit dénaturée. Quant aux autres, ils trouveront suffisamment de qualités narratives à l'épisode pour prendre le temps d'y faire un petit tour.

Telltale fait du Telltale

Les mécanismes s'avèrent très classiques, reprenant la plupart des bases déjà maîtrisées par le studio : on retrouve le système de dialogue et de choix avec un temps limité, les QTE certes toujours appropriées mais sans grand génie ni véritable originalité ainsi qu'un système d'inventaire à l'utilisation anecdotique pour l'instant. A retenir, deux petites nouveautés exclusives à chaque personnage : Fiona peut récupérer de l'argent et Rhys dispose d'un œil écho lui permettant de scanner son environnement. La première fonctionnalité n'a qu'une place encore limitée en dehors d'un choix de dialogue et l'on attendra de voir si elle est davantage mise à contribution lors des prochains épisodes. En revanche, l'œil écho est déjà plus intéressant puisqu’il amène de nombreuses informations délurées sur tous les objets se trouvant autour de Rhys, et peut même l'aider à détecter ceux qui sont dignes d'intérêt.

Du point de vue technique, aucune surprise de la part du studio californien qui nous livre des animations pas toujours très naturelles, une VO intégrale qui refoulera les anglophobes (bien que l'histoire reste simple à comprendre) et surtout un mappage des touches qu'il est impossible de modifier. Rageant de la part d'un studio dont on est en droit d'attendre un peu plus d'efforts de ce côté-là. Artistiquement, le résultat est séduisant grâce aux doublages et à la bande-son impeccable, et avec un choix de style graphique commun à Telltale et Borderlands qui tombait donc sous le sens. Le tout est encore une fois sublimé par une réalisation servant à merveille la narration. Du classique donc, mais surtout une efficacité terrible qui ne dépaysera pas les habitués du genre.