Les FPS tactiques ne courent pas les rues... Après les mythiques Ghost Recon et SWAT, il faut bien avouer que le paysage vidéoludique des titres misant sur l'infiltration méticuleuse et les tirs mesurés ressemble plus à un désert qu'à une jungle luxuriante. Takedown : Red Sabre, dirigé par un "grand nom" de l'industrie incarnerait-il l'oasis dans ce désert ?
Autant vous le dire tout de suite, Takedown tient plus de la mauvaise blague vidéoludique que du titre de l'année. Pourtant, les choses avaient bien commencé ! L'aventure démarre le 2 mars 2012, lorsque Christian Allen, vétéran des Ghost Recon et d'Halo Reach, met en place un Kickstarter avec sa toute nouvelle boîte : Serellan Games. L'objectif ? Produire un "Tactical Shooter Hardcore" requérant 200.000 dollars de fonds. Ce cap est franchi dans le mois, et même dépassé de 20.000 dollars. Un an et demi plus tard, Takedown : Red Sabre sort ses griffes sur Steam, suscitant de vives critiques et même des demandes de remboursement de la part des joueurs. Pour paraphraser un membre de notre communauté : "War Z a trouvé son maître". Mais alors, en quoi ce titre est-il si scandaleux ?
"Tactical Hardcore Shooter" : première blague !
Vous aimez les FPS ? Vous aimez la tactique ? Vous n'aimerez pas Takedown... On ne sait pas encore dans les détails ce qu'a voulu faire Serellan avec ce soft, mais une chose est sûre : ce titre n'est pas terminé. Vendu pour tout de même 13,99 € à son lancement, il faut bien avouer que l'addition est salée lorsque l'on se penche ne serait-ce que sur le contenu du titre. Déjà, les 2 missions d'entraînement sur la même map, qui servent de tutoriels, permettent de se rendre compte de la pauvreté des fonctionnalités proposées par ce prétendu FPS tactique hardcore. En gros, l'aspect tactique se résume à deux touches, une pour dire à vos équipes de vous suivre ou de rester là, et une autre pour leur ordonner un mode d'action ("offensif", "défensif" ou encore "silencieux"). Ah non, je suis mauvaise langue, le titre permet également de "customiser" des sets d'équipement offrant un choix relativement pauvre.
Le reste du game design tient plus du mod amateur réalisé dans les années 2000 que du SWAT-killer. Vous serez amené à explorer non pas une, ni deux, mais... 5 maps ! Proposant 3 mods de jeu solo : Mission, Tango Hunt ou Bomb Desarm. Le premier est scénarisé (comprenez : il présente un briefing et des objectifs). Quant aux deux autres, leur principe est simple : dézinguer les ennemis, ou dézinguer les ennemis ET désarmer des bombes. C'est là que rentre en jeu le côté "Hardcore" du concept. Si l'on s'étonne de trouver un compteur d'une heure afin de réaliser la mission, on comprend vite qu'il ne nous sera bien souvent d'aucune utilité tant la difficulté est poussive et ultra-rageante. Nous ne parlerons même pas des déplacements relativement lents, surtout si vous optez pour une combinaison lourde qui pour le coup vous oblige à marcher.
"On n'a pas oublié un truc ? Ah si, l'IA !"
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L’intelligence artificielle de ce soft est juste inexistante, vos alliés sont d'une stupidité encombrante et osent à peine se rendre utiles. Quant aux ennemis, ces derniers vous feront d'abord rire par leur comportement, puis, lorsqu'ils vous auront en joue, leur dextérité vous ferra froid dans le dos, ou vous donnera envie de casser votre clavier, c'est vous qui voyez. A la manière d'un Sniper Ghost Warrior premier du nom, le développeur semble avoir compensé sa paresse lors de la programmation de l'IA par l'attribution d'excellentes aptitudes au tir et à la visée, aussi effroyable qu’irréaliste, pour les ennemis. Là, il faut bien l'avouer, le titre de la "légende du FPS" (comme le précise la fiche Steam du jeu) semble bien mériter son appellation "Hardcore".
Take Down Saturday Night
Evidemment, le titre offre en sus, une expérience multijoueur, censée rattraper la catastrophe ambulante que représente le solo. Une petite semaine après son lancement, ce fameux multi semble quelque peu instable, archaïque et relativement inintéressant bien qu'il propose du TDM, un mode Last Man Standing, et du Attaque / Défense. Là encore, c'est la lourdeur d'un gameplay pas tactique pour un sou qui pèche et relègue le jeu au rang d'antiquité. La réalisation globale n'est malheureusement pas là pour rattraper le tout. C'est presque une insulte à l'Unreal Engine 3 tant les textures sont quelconques et le level design grotesque et très "copier-coller" d'une section à l'autre de la map. On saluera tout de même certaines maps en extérieur affichant cette fois-ci un rendu graphique d'il y a 5 ou 6 ans.
Takedown : Red Sabre vous apportera tout de même quelques crises de rire durant les premières minutes de jeu, et pourra même vous proposer un challenge corsé si vous souhaitez vous plier à cette conception de l'IA aussi rétrograde qu’irritante. On parvient tout de même à se sentir fort et rusé après avoir réussi une mission, ce qui constitue une petite prouesse. L'aspect tactique est quant à lui réellement limité et vous ferez bien vite le tour des interactions avec votre équipe. On est tout de même bien content de les avoir après s'être fait headshoté à 400 mètres par un ennemi mal armé puisque le titre vous propose de prendre le contrôle des membres restants de votre équipe lors de votre mort. Un répit de quelques instants en attendant votre probable game over, bien souvent contestable et rageant.
Points forts
- Drôle malgré lui
- Très peu de temps de chargement
- Peut être intéressant si on aime les challenges particulièrement rageants
Points faibles
- Une réalisation datée
- Un contenu très faible
- Une IA inexistante
- Un gameplay lourd
- Un aspect tactique moins élaboré que dans certains FPS ne se disant pas tactiques
- Un multijoueur instable
- Buggé
Takedown : Red Sabre est décidément un titre à éviter. Son contenu solo, d'une faiblesse qui n'a d'égale que la pauvreté de sa réalisation et de son l'IA, n'est malheureusement pas sauvé par un multijoueur instable et pas franchement folichon. On appréciera tout de même les situations cocasses dues aux comportements des NPC et la difficulté abusive que représente le jeu, si tant est que l'on soit un peu masochiste.