Annoncé en 2011 mais bien vite retombé dans les limbes de l'oubli, voici que Skulls of the Shogun émerge sur le Xbox Live Arcade. Petit jeu de stratégie au tour par tour au ton décalé et au look cartoon, le bébé de 17 Bit a pris son temps mais délivre aujourd'hui une formule conviviale, accessible mais non point simpliste. Amis gameurs, aiguisez donc vos katanas car l'heure est venue d'aider le général Akamoto à accomplir sa vengeance dans l'au-delà.
Ce qui frappe d'emblée lorsque l'on s'intéresse au cas de Skulls of the Shogun, c'est évidemment son look, à mi-chemin entre South Park, l'Etrange Noël de Monsieur Jack et Castle Crashers. Très vite, on comprend que l'on va nager en plein délire. Une impression qui se confirme aussitôt que les personnages ouvrent leur bec et commencent à sortir des répliques débiles, s'amusant ouvertement des mécaniques propres aux jeux vidéo. Ce n'est pas très fin, c'est évident, mais ce n'en est pas moins frais et relativement plaisant. Dès lors, on aura plaisir à suivre les pérégrinations martiales du général Akamoto, assassiné en plein Japon féodal et bien décidé à se venger en mettant le souk au royaume des morts. Mais le charme de Skulls of the Shogun ne tient pas qu'à ses sympathiques atours, non le gameplay a également de quoi séduire.
A partir d'une carte générale, vous tracez votre chemin au royaume des morts, tranquillement, de manière linéaire et une mission à la fois. Vous traverserez plusieurs régions successives arborant toutes des couleurs différentes en fonction de la saison à laquelle elles correspondent. Ainsi, une fois la côte quittée, vous évoluerez dans une zone décorée de cerisiers, dans une jungle humide et étouffante, dans une forêt ocre et enfin dans une toundra gelée. Mais quel que soit l'aspect du champ de bataille, le but consiste toujours à abattre l'officier ennemi en faisant bon usage des troupes mises à votre disposition, d'autant qu'avec seulement cinq actions par tour, chaque mouvement peut se révéler décisif. Dans Skulls of the Shogun, il existe trois types d'unités de base qui répondent bien sûr aux canons du genre : fantassins, cavaliers et archers. Vous vous en doutez, le jeu repose sur le fonctionnement classique du pierre / feuille / ciseaux. Cela dit, des types de troupes plus spécialisées viendront également apporter un peu de variété à cette formule. On pense notamment aux moines capables de soigner les alliés, d'enflammer l'ennemi ou de le bloquer. Votre général joue également un grand rôle dans les combats. Très puissant, sa mort marque votre défaite. Il doit donc être utilisé avec intelligence, d'autant qu'il débutera souvent la partie par une méditation, permettant à sa puissance d'augmenter jusqu'à ce que vous décidiez de le faire agir...
En outre, le terrain influe également sur les batailles puisqu'il sera possible de se planquer dans des bambous pour être plus difficile à toucher, de pousser l'ennemi du haut de falaises mais aussi de s'emparer de rizières qui soigneront les troupes et fourniront des ressources pour créer de nouvelles unités ou encore de conquérir des temples qui fourniront des unités spéciales (chacun de ces actes comptant pour une action, ils vous exposent bien sûr à une violente contre-attaque). Une autre subtilité s'ajoute à cette recette classique mais efficace, et il s'agit de la possibilité de « manger » les crânes des ennemis vaincus pour rendre vos propres troupes plus résistantes et plus puissantes. En effet, l'absorption d'un crâne adverse permettra non seulement de soigner le mangeur, mais aussi d'augmenter son maximum de points de vie ou même, après trois crânes consommés, de le transformer en super unité démoniaque. Ajoutons enfin à tout cela la possibilité pour l'infanterie de créer des murs impénétrables empêchant les unités de tirs ennemis de dégommer ce qui se trouve derrière et vous obtenez bien plus de possibilités qu'il n'y paraît au premier abord. Mine de rien, tout cela permet de donner vie à des parties rapides, tactiques et finalement très équilibrées.
Pour ne rien gâcher, le défi nous a paru honnête, l'IA étant généralement capable de taper là où ça fait mal pendant une campagne s'étalant sur près de 8 heures de jeu. Dommage que l'ennemi tende parfois à ne pas trop pousser son avantage, préférant mâchonner du crâne plutôt que de vous finir. Un autre sujet de grief tient au manque de lisibilité de Skulls of the Shogun. En effet, dès lors que des unités sont proches les unes des autres, il est malaisé de distinguer quoi que ce soit. On sera alors contraint de recourir au zoom, peu pratique et lourdingue. Par ailleurs, la nécessité de sélectionner manuellement chaque troufion pour connaître le nombre de points de vie dont il dispose s'avère assez pénible à la longue. Peut-être aurait-il été bon de proposer quelque chose de plus ergonomique. Et pendant que nous sommes en train de faire reproches, autant y aller franco et vous dire qu'il est dommage que les missions ne proposent pas des objectifs un petit peu plus variés.
Mais il faut être honnête, Skulls of the Shogun s'avère tout à fait recommandable. Dans ces conditions, comment ne pas regretter que le multijoueur ne soit pas plus fréquenté ? Car effectivement, le titre a le bon goût d'offrir la possibilité à quatre joueurs de mettre sur la tronche, en Deathmatch pur ou en Deathmatch par équipes. Jouable aussi bien en local qu'en ligne, en direct ou en différé, le soft donne aussi dans le cross-platform, permettant à un joueur 360 d'affronter quelqu'un sur Windows Phone ou sur toute autre machine tournant sous Windows 8. Pour terminer, Skulls of the Shogun autorise les stratèges à sauvegarder leur progression dans le cloud, de sorte à pouvoir continuer à jouer partout, pour peu que vous possédiez le jeu sur différents supports...
- Graphismes15/20
Si en termes techniques, le jeu n'offre rien qui puisse faire grimper le joueur aguerri aux rideaux, son look cartoon fait vraiment mouche. Se situant quelque part entre Castle Crashers et un film d'animation de Tim Burton, le soft de 17 Bit arrive donc à être à la fois mignon et rafraîchissant tout en affichant des squelettes de samouraïs. Un chouette mélange en somme.
- Jouabilité14/20
Accessible et accrocheur, Skulls of the Shogun fonctionne sur une formule éprouvée qu'il enrichit de petites trouvailles rigolotes, à l'instar de ce système de crânes à absorber pour booster ses troupes. On ne parlera pas de richesse et de profondeur, mais l'ensemble s'avère toutefois très plaisant, parfaitement adapté à de petites sessions de jeu et plus important encore, très équilibré.
- Durée de vie14/20
Comptez 7 à 8 heures pour voir la fin d'une campagne linéaire mais tout à fait plaisante face à une IA efficace mais qui aurait gagné à se montrer un poil plus agressive. Vient ensuite un multijoueur également efficace, jouable de toutes les manières possibles et imaginables : en local, en ligne, en direct, en différé et contre des joueurs officiant sur d'autres supports estampillés Microsoft.
- Bande son15/20
Vos pérégrinations martiales seront accompagnées de jolies compositions évoquant des morceaux traditionnels japonais mais interprétés à la « one again », à la gratte électrique ou à l'aide d'autres instruments dont on ne saurait distinguer la nature. Rassurez-vous toutefois, la musique est toujours agréable et ne devrait pas vous rendre dingue. Les bruitages sont pour leur part d'excellente facture, et on appréciera de voir les différents personnages grogner en japonais, comme il se doit.
- Scénario14/20
Si la trame elle-même ne casse pas trois pattes à un bigorneau, la façon dont elle est amenée vaut carrément le coup. Dialogues débiles et souvent marrants, personnages fendards aussi bien dans les attitudes que dans le look et atmosphère unique font de ce Skulls of the Shogun une petite délicatesse à consommer sans modération.
Skulls of the Shogun est un petit jeu de stratégie au tour par tour tout à fait recommandable. Articulé autour de mécaniques simples et accessibles, il laisse cependant suffisamment de latitude pour que les fins tacticiens s'expriment et ne se sentent pas frustrés. Ajoutons à cela un look d'enfer, une ambiance et une bonhomie très rafraîchissantes ainsi que des fonctionnalités multijoueurs complètes et l'on obtient un produit dématérialisé de qualité, à essayer volontiers et à adopter sans inquiétude.