Lors de son annonce dans le courant de l'année dernière, cette adaptation vidéoludique des aventures du célèbre inspecteur allemand à grosses lunettes avait déjà commencé à faire jaser, les railleries allant bon train sur ce pauvre jeu dont on n'avait pas encore vu la couleur. Derrick : Meurtre dans un Parterre de Fleurs méritait-il tant de moqueries ? Réponse dans ce test.
La gamme de jeux dans laquelle Derrick s'inscrit ne trompe pas le client : « Platinum Casual Games » et « Aventures & Objets Cachés ». Au moins, le hardcore gamer qui se serait égaré ne pourra pas se plaindre de ne pas avoir été prévenu. Mais de toute façon, on se doute bien que le jeu sera acheté par un public averti, adepte des jeux d'aventure orientés vers le très grand public, et qu'on appellera plutôt « jeux d'objets cachés déguisés en point & click ». De la même façon, on imagine que seuls les véritables admirateurs de Derrick, ayant un peu honteusement regardé les épisodes de la série télévisée en début d'après-midi (feignant sans doute de faire la sieste) se tourneront vers cette adaptation. Mais ces joueurs sans doute plus ou moins acquis à la cause du jeu trouveront-ils vraiment un intérêt dans cette nouvelle enquête de leur idole ?
Derrick reprend donc du service dans cette aventure, dans laquelle il s'agira de retrouver le coupable d'un homicide ayant été commis... dans un parterre de fleurs, on l'aura compris. A ce sujet, le scénario du jeu ne démérite pas par rapport aux histoires proposées au cours des différentes saisons de la série télévisée. Du très classique donc, avec quelques potentiels suspects venant semer le trouble dans votre esprit. Mais ne vous inquiétez pas, vous n'aurez pas vraiment à mener l'enquête en vous interrogeant sur le pourquoi du comment. Car ce Meurtre dans un Parterre de Fleurs ne dépaysera certainement pas les amateurs de jeux d'objets cachés. On y retrouve en effet tous les éléments inhérents au genre, les acceptables comme les moins bons. Ainsi, vous suivrez l'histoire qui vous est narrée par le biais de phases de dialogues apparaissant sous forme de textes sans voix, des médaillons à l'effigie des personnages venant rendre l'ensemble un tout petit peu moins morne. Aucune cinématique ne viendra ponctuer votre aventure, à l'exception de celle d'introduction, d'ailleurs issue d'un autre âge. Les photographies des personnages sentent d'ailleurs bon les années 80, que ce soit au niveau des coiffures... ou de l'âge des deux principaux protagonistes, Stephan Derrick et son collègue, le dénommé Harry Klein, qu'on a connus un peu moins fringants.
La majeure partie du temps, vous devrez donc participer à des séquences d'objets plus ou moins bien cachés, à retrouver au coeur de scènes totalement inanimées, et à la décoration parfois un peu douteuse. Comme on vient de le laisser entendre, la difficulté de ces phases est pour le moins abordable, les items étant suffisamment visibles, voire carrément mis en évidence. Le jeu justifie tout de même correctement ces séquences en les basant sur le scénario. Vous devrez donc retrouver certains des objets indiqués uniquement pour faire progresser votre enquête. De la même façon, les mini-jeux ponctuant l'aventure ne sont pas totalement là pour faire joli : les développeurs ont réussi à rendre leur présence assez logique, ce qui n'est pas forcément le cas pour tous les jeux d'objets cachés incluant des éléments propres aux jeux d'aventure. Vous devrez par exemple comparer un objet supposément volé avec une photo d'un autre objet lui ressemblant étrangement, par le biais d'un mini-jeu des sept erreurs. On vous demandera aussi de reconstituer une carte, ou encore une feuille déchirée qui vous donnera ensuite un code crucial pour la progression de l'affaire en cours. Si ces légers casse-tête sont bien intégrés dans le jeu, ce n'est pas pour autant qu'ils possèdent un véritable intérêt, tant ils sont faciles et peu inspirés.
Si le joueur connaissant le genre pourrait s'accommoder de ces mécanismes de jeu un peu lourds et surtout clairement orientés vers le marché du casual, on aura par contre plus de mal à accepter la durée de vie famélique du titre. Car si les jeux du même genre nous avaient déjà habitués à tabler sur une poignée d'heures pour finir l'aventure, on tombe ici à à peine deux heures de jeu effectif avant de voir la fin de notre enquête. C'est sûr qu'à ce rythme, on n'aura pas vraiment le temps de s'ennuyer ou de trouver le jeu lassant, c'est déjà ça. Au final, ce Derrick ne fait pas pire ou mieux que bon nombre de titres casual orientés vers la recherche d'objets cachés, mais sa durée de vie ridicule est rédhibitoire, surtout pour 20 euros.
- Graphismes9/20
Derrick ne prend pas de risque en proposant des environnements forcément statiques, au design plus ou moins agréable, mais plutôt bien modélisés. Par contre, ne comptez pas sur des scènes cinématiques pour rendre le tout plus vivant, le jeu en est quasiment dénué. Les dialogues sont donc schématisés par de simples médaillons accompagnant les textes.
- Jouabilité10/20
Cliquer pour débusquer les objets, glisser pour en déplacer un autre et le combiner avec un objet ou un élément du décor... tout cela ne vous posera pas de problème, mais ne risque pas non plus de vous exciter. Les mini-jeux se font vraiment peu inspirés, et la difficulté n'est pas non plus au rendez-vous.
- Durée de vie2/20
Les jeux d'objets cachés nous ont déjà habitués à une durée de vie famélique, mais cette tendance atteint ici son paroxysme. C'est à peine deux heures de jeu que les petits gars de Daedalic Entertainment vous proposent, autant dire que le consommateur n'en a pas pour son argent.
- Bande son8/20
On retrouve évidemment le générique emblématique de la série, qui avait su bercer un bon nombre de personnes en début d'après-midi. A part ça, on pourra entendre quelques morceaux jazzy peu inspirés, le tout en boucle. Les dialogues ne sont pas doublés. Alors, on a voulu capitaliser sur une seule et unique musique connue ?
- Scénario13/20
L'histoire qui nous est offerte est digne d'un épisode de la série Derrick, elle comblera donc les habitués. On y retrouve une histoire de meurtre à élucider, quelques suspects, et des personnages louches et alambiqués. Tout cela se laisse suivre avec un certain plaisir.
Ce jeu tente de capitaliser sur le succès de Derrick, en espérant que les vannes largement pratiquées sur cette série emblématique viennent lui donner un brin d'intérêt. Sauf que ce Parterre de Fleurs ne sent pas vraiment la rose, la faute à une durée de vie famélique d'à peine deux heures, qui rend nettement moins acceptable le gameplay très accessible et simpliste de ce jeu d'objets cachés.