Pour la petite histoire, sachez que Zeit² a été programmé par un groupe d'étudiants de la Technische Universität de Berlin. Les gaillards étaient à bonne école, puisque leur prof de l'époque n'était autre que Andy Nealen, co-développeur de Osmos ! On ne s'étonnera donc guère des similitudes entre les deux jeux en matière de design : même thématique spatiale, même style graphique épuré servi par des compositions électro et même jouabilité simple cachant un gameplay relativement technique. Zeit² reste tout de même moins atypique qu'Osmos puisqu'il s'inscrit dans un genre bien défini : le shoot'em up à scrolling horizontal. On ne peut pas trop vous dire ce que vous contrôlez (une espèce de soucoupe luminescente), mais ce qui est sûr, c'est que votre objectif est de dézinguer tout ce qui vous arrive dessus par la droite de l'écran. Pour cela, vous disposez d'un tir de base, d'un puissant rayon laser et d'un bouclier d'électricité qui foudroie vos ennemis dans un certain rayon. Pourtant, croyez-le, ça ne va pas être simple !

Car la première particularité de Zeit², c'est de proposer un système d'énergie diablement retors, qui confère au jeu tout son challenge et qui va motiver l'utilisation des voyages temporels. Dans les shoot'em up traditionnels, vous perdez de l'énergie quand vous encaissez un tir ou lorsque vous heurtez un vaisseau adverse ou le décor. Ici, vous n'avez rien à craindre pour ce qui est du décor puisqu'il n'y en a pas (les niveaux ne sont constitués que d'un arrière-plan minimaliste). En revanche, votre énergie décroît également quand vous faites feu ! Ne vous amusez pas à arroser l'écran en espérant toucher le plus possible d'ennemis : ce serait bien trop dangereux. En contrepartie, chaque vaisseau éliminé vous procure un léger regain d'énergie. Ce n'est pas tout : certains de vos opposants sont entourés d'un halo bleu. S'ils parviennent à vous dépasser, c'est-à-dire à atteindre la gauche de l'écran, ils vous font perdre de l'énergie, même sans vous avoir touché. Par conséquent, si vous vous bornez à esquiver les ennemis que vous n'avez pas le temps d'abattre, ils grignoteront dangereusement votre jauge. Mais comment faire lorsque plusieurs vagues arrivent simultanément en haut et en bas de l'écran ?

La solution réside dans la possibilité de manipuler le temps en pressant la gâchette gauche pour revenir jusqu'à 4 secondes en arrière. Cela vous permet par exemple d'éviter le tir que vous veniez juste d'essuyer, ou encore de bifurquer dans une autre direction que celle que vous veniez de prendre. Bref, cela vous sauve bien souvent la mise. Mais en remontant le temps, vous déclenchez également l'apparition de votre ombre temporelle, qui réitère toutes vos actions antérieures. Pendant que celle-ci nettoie le haut de l'écran, profitez-en pour vous occuper du bas ; et si l'adversaire qui vous fait face est très résistant, combinez vos efforts avec ceux de votre moi passé pour augmenter votre puissance de feu ! Là où cela devient encore plus intéressant, c'est que de cette coopération avec votre "moi passé" naissent des possibilités de combos : en tirant sur votre ombre temporelle, vous provoquez une onde de choc dévastatrice, et si vous la touchez avec votre laser, le rayon se scinde en deux et voit son angle d'effet accru. Bref, n'hésitez pas à jouer avec votre double temporel pour nettoyer plus facilement l'écran. Sachez enfin que les voyages temporels sont le seul moyen d'éliminer les ennemis qui se dissimulent dans l'espace-temps.

Zeit² est donc un shoot'em up assez technique et particulièrement difficile, notamment lorsqu'il s'agit d'affronter certains boss dont le comportement pervers et la capacité à recouvrir l'écran de projectiles évoquent les danmakus. Et si par malheur vous êtes détruit, sachez que vous ne possédez qu'une seule et unique vie et qu'il vous faut donc recommencer le niveau, après remise à zéro de votre compteur de score. Et c'est bien là tout le problème, car Zeit² est avant tout un jeu de scoring. Le sadisme des concepteurs n'a d'ailleurs aucune limite, puisque vous bénéficiez de nombreuses occasions de booster votre score au risque de perdre le bénéfice de votre partie. Par exemple, en revenant exactement à votre point de départ après avoir utilisé l'option de voyage dans le temps, vous réalisez un VTP, pour « voyage temporel parfait », qui vous octroie un bonus de points. Dans le même esprit, l'utilisation de la gâchette droite vous permet non plus de revenir en arrière, mais au contraire d'accélérer le temps : le jeu devient alors beaucoup plus dur, mais vous avez l'occasion de marquer bien plus de points... Si toutefois vous parvenez à tenir !

Zeit² propose plusieurs modes de jeu, à débloquer les uns après les autres en fonction de vos performances. Le mode Arcade propose une progression sur quatre sections constituées chacune de 4 niveaux, rythmée par les affrontements contre les boss. L'expérience est sympa, mais pas forcément grisante à cause de la redondance des situations (les ennemis sont peu variés) et de l'absence de décors (les différents niveaux n'ont pas suffisamment d'identité). En revanche, ceux qui se plaisent à disputer le high-score aux joueurs du monde entier seront servis, puisque chaque niveau peut être rejoué dans le mode Course aux Points, avec classement mondial à l'appui. Zeit² inclut également quelques modes de jeu classiques mais toujours aussi efficaces : Onde vous oppose à des vagues d'ennemis que vous devez empêcher d'atteindre le côté gauche de l'écran, Temps limité consiste à effectuer le meilleur score en l'espace de 2 minutes et Survie à tenir le plus longtemps possible. Les deux dernières variantes sont plus atypiques, puisque le mode Tactique vous confronte à des ennemis qui se transforment (les points marqués différant en fonction de la forme), et que le mode Défi est un méta-jeu qui vous propose différents challenges générés aléatoirement.

Même s'il ne propose pas la moindre petite option multijoueur, la variété de ses modes de jeu confère à Zeit² un petit côté Geometry Wars 2 : Retro Evolved, à ceci près que le titre de Brightside Games est plus technique et moins immédiatement fun qu'un Geometry Wars. Ce shoot'em up reste toutefois une bonne pioche pour les amateurs de scoring ainsi que pour ceux qui sauront apprécier l'originalité du concept.