Quatre années se sont écoulées depuis les premiers crissements de pneus des bolides d'Electronic Arts et c'est en 1998 que Need for Speed III : Hot Pursuit remet au goût du jour la course-poursuite entre fuyards et policiers. Comme ses deux grands frères, le titre débarque sur PS1 pour le plus grand bonheur des amateurs de belles mécaniques. Retour sur ce volet qui fera de la série Need for Speed l'un des piliers du monde du jeu de courses arcade.
Qui dit jeu de courses, dit grosses cylindrées. Sans surprise, on retrouve dans Need for Speed III de belles voitures dont la 550 Maranello et la 355 F1 pour représenter la firme de Enzo Ferrari. Lamborghini est aussi de la partie avec la Countach et la Diablo SV tandis que l'automobile allemande peut compter sur la BMW Nazca C2 (conçue par la société Italdesign) et la Mercedes CLK-GTR. Enfin, le joueur a aussi la possibilité de prendre les volants de la Jaguar XJR-15 et de la Chevrolet Corvette. Cette volée de noms fera certainement rêver les joueurs passionnés d'automobiles et témoigne de l'ambition d'Electronic Arts pour son bébé, ambition soutenue par une modélisation de haut vol de chacun de ces bolides. Leurs courbes sont en effet reproduites avec une finesse appréciable sur une console 32 bits. A noter que chacune de ces voitures est disponible en sept coloris différents. Le souci du détail ne s'arrête cependant pas là, car les développeurs ont doté chaque véhicule d'une fiche technique complète, incluant les caractéristiques de base (le poids, le prix, etc.), les performances (la vitesse maximale entre autres) et une galerie photos des voitures. Enfin, l'historique de chaque machine est détaillé et présenté par une voix masculine, détail conférant définitivement sa classe au titre.
Electronic Arts a donc bichonné ses licences, leur donnant une modélisation soignée et une fiche technique complète. Ces efforts resteraient cependant anecdotiques si le reste de la réalisation n'avait pas bénéficié du même soin. Il n'en est rien cependant puisque les sensations fournies par le titre ont de quoi faire rougir les titres les plus ambitieux de cette fin de décennie. De la vue pare-chocs à la vue extérieure, l'impression de vitesse est omniprésente. Les décors riches et détaillés défilent à grande vitesse tout en offrant un champ de vision net au joueur, lui permettant une anticipation correcte de chaque virage. Le gameplay joue lui aussi un rôle important dans cette réussite. En effet, l'utilisation à bon escient des freins en virage (avec le crissement de pneus qui l'accompagne) provoque une immersion d'une rare intensité sur la console de Sony. L'expérience de course est enfin sublimée par la possibilité de modifier (succinctement) la préparation des voitures. Ainsi, les freins et le moteur sont légèrement personnalisables, particularité que EA a eu à coeur de développer dans les épisodes suivants. Enfin, pour clore ce chapitre sur les ressentis en courses procurés par le jeu, il est bon de souligner certains détails qui font mouche, comme les klaxons des adversaires qui retentissent lors d'un dépassement, les sirènes des véhicules de police qui s'enclenchent à votre approche ou encore les effets de lumière soignés des éclairs.
Le contenu de ce troisième épisode se montre plus approfondi que les précédentes réalisations de la franchise et les pilotes en herbe peuvent mettre à l'épreuve leur talent dans cinq modes de jeu différents. Les classiques courses simples sont bien présentes et permettent d'affronter sept autres pilotes (dont le niveau peut être débutant ou expert) avec la voiture et sur le circuit de son choix. Le nombre de tours est réglable (2, 4 ou 8) ainsi que la météo et le cycle jour/nuit. Enfin, il est également proposé de choisir le style de course : arcade ou simulation. Le titre propose aussi de participer à un tournoi pour lequel les réglages demandés sont les mêmes que pour une simple course (excepté le choix du circuit, bien entendu). Basé sur le même principe que le tournoi, le mode Knockout propose un affrontement contre sept pilotes sur sept circuits différents. A la fin de chaque manche, le joueur ayant franchi la ligne d'arrivée en dernière position est éliminé. L'entraînement, autre mode présent dans Need for Speed III : Hot Pursuit, semble être la réponse la plus claire au titre phare de Polyphony Digital, sorti plus tôt au cours de l'année 1998 : Gran Turismo. En effet, si la licence NFS ne renie en aucun cas son caractère arcade bien trempé, elle tente avec ce troisième essai d'empiéter sur les plates-bandes du géant japonais qui aura su faire de son titre le jeu le plus vendu de la console 32 bits de Sony. L'approche d'Electronic Arts vers la simulation n'en est pas moins réussie dans ce mode entraînement qui propose au joueur l'utilisation ou non d'une voiture fantôme, du tracé préférentiel, d'une assistance au freinage et à la traction et d'un tutorial, tout ceci dans le but d'obtenir le meilleur temps sur chaque piste.
Enfin, le cinquième et dernier mode de jeu est aussi le plus important et celui qui a donné son succès au titre : la poursuite. Le retour de ce mode est une conséquence directe des critiques lancées à l'encontre du deuxième épisode de la franchise qui avait supprimé la présence des forces de l'ordre pourtant grandement appréciée dans le tout premier jeu de la série. Electronic Arts a su se faire pardonner donnant cette fois-ci à la police des véhicules tantôt imposants (Land Rover Discovery et Lamborghini LM002) tantôt véloces et dociles (Eagle Talon et Ford Crown Victoria). Outre un solide équipement, les forces de l'ordre sont dotées d'une IA bien plus aboutie que précédemment. En effets, elles sont désormais capables d'utiliser différentes stratégies allant de la poursuite au blocage pur et simple de votre véhicule. Ces stratégies sont d'ailleurs annoncées à l'oral, permettant du coup au joueur d'écouter les conversations entre ses poursuivants. Il est donc primordial de prêter attention au comportement de la police, sous peine de recevoir un avertissement (ceci se produisant lorsque le joueur n'est plus en mesure d'aller au-delà de 60 km/h environ). Sachant que le troisième avertissement est synonyme de passage par la case prison, votre préoccupation principale ne sera donc plus forcément de passer la ligne d'arrivée avant votre adversaire, mais bien d'arriver à la passer tout court. Enfin, le joueur appréciera le fait de pouvoir échanger les rôles, empruntant au policier son képi ainsi que son véhicule pour se lancer à la poursuite des fugitifs.
Après un deuxième opus timoré, la série a donc su se refaire une santé et retrouver un public qui ne cessera de grandir au fil des années. Need for Speed III : Hot Pursuit est un véritable concentré d'adrénaline pour les joueurs désireux d'assouvir leur besoin de vitesse. Et si la série des Gran Turismo finira par s'approprier fermement la simulation sur la console de Sony, EA ne manquera pas de développer sa licence qui deviendra l'une des plus importantes du début des années 2000, notamment pour les amateurs d'arcade pure.
- Graphismes17/20
C'est beau, c'est fluide et ça ne souffre d'aucun bug. Les voitures sont correctement modélisées, et les reflets qui glissent sur leur carrosserie sont un vrai bonheur à voir. On appréciera également des décors particulièrement bien fournis et des jeux de lumière réussis. Dans l'ensemble, Electronic Arts a su montrer à Polyphony Digital (Gran Turismo) qu'il n'était pas le seul à pouvoir proposer un jeu de courses aux graphismes soignés sur console.
- Jouabilité18/20
Need for Speed III : Hot Pursuit allie l'arcade et la simulation dans une harmonie parfaite. Il propose en effet de choisir son style de course, permettant de bénéficier d'une très bonne expérience de jeu, quels que soient nos goûts. Quoi qu'il en soit, le plaisir de conduite est bien présent tout comme la sensation de vitesse et ceci même en vue extérieure, ce qui tend à se raréfier.
- Durée de vie15/20
Les modes de jeu, au nombre de cinq, donneront du fil à retordre aux pilotes en herbe. On regrettera cependant le peu de circuits (huit au total), même si le titre propose au final une rejouabilité non négligeable. NFS III permet aux joueurs de pouvoir s'affronter à deux, en écran splitté, ce qui est une première pour cette série.
- Bande son14/20
Ni excellente, ni désastreuse, la bande-son du jeu est passe-partout. On appréciera cependant la possibilité de choisir entre une musique rock ou une musique techno. Qu'elle soit l'un ou l'autre, elle restera très rythmée et propice à la réalisation des meilleurs temps sur chacun des tracés.
- Scénario/
Quelques mois après la sortie de Gran Turismo, Electronic Arts gratifie la Playstation d'un autre jeu de courses de grande qualité. Tenant compte des critiques faites à l'encontre de Need for Speed deuxième du nom, l'éditeur a su réagir avec un troisième opus qui marque le retour de la police, pour le plus grand bonheur des aficionados de la série. Mention spéciale d'ailleurs à l'IA des forces de l'ordre, plus vraie que nature.