Quelques mois à peine après avoir adapté le tout premier épisode de Star Ocean sur PSP, Square Enix nous offre aujourd'hui l'opportunité de redécouvrir le second volet de cette saga mythique sur la belle portable de Sony. La magie est-elle toujours au rendez-vous ?
L'histoire de Second Evolution se déroule vingt ans après les événements de First Departure. Lors de sa première mission dans les ruines de Milocinia, Claude C. Kenny (le fils du capitaine Ronix J. Kenny du précédent épisode) s'approche d'une étrange machine qui le téléporte inopinément sur la petite planète Expel. Le jeune homme n'a pas le temps de se remettre de ses émotions qu'il sauve par hasard la vie d'une autochtone à coups de pistolet laser. Persuadée d'avoir rencontré le Héros de Lumière dont parlent les prophéties de sa planète, Rena Lanford présente Claude à sa mère et à l'ancien du village. Ce dernier évoque alors la chute récente d'un mystérieux aérolithe, le "Sorcery Globe", à l'origine semble-t-il de nombreux cataclysmes naturels et de mutations au sein de la faune locale. Bien que Claude se défende d'être le "héros" tant attendu par la population d'Expel, il est rapidement convaincu que ce phénomène constitue la clé de son retour parmi les siens et il décide de mener l'enquête. A partir de là, le scénario va l'entraîner aux quatre coins de la planète pour lui permettre d'accomplir un destin qu'il n'aurait jamais soupçonné.
Contrairement à First Departure qui nous met obligatoirement dans la peau de Riddick, Second Evolution nous donne le choix entre Claude et Rena avant de lancer une partie. Bien que le déroulement de l'aventure ne soit pas profondément affecté par le personnage retenu, les interludes et les dialogues varient suffisamment pour que l'on ait envie de recommencer l'aventure, une fois qu'on l'a terminée avec l'un d'entre eux. De plus, il faut obligatoirement finir le soft deux fois pour découvrir la totalité des 11 compagnons qui peuvent se joindre à nous car, comme dans le premier épisode, on ne peut en recruter qu'un nombre limité par partie. Star Ocean oblige, ils sont tous plus charismatiques les uns que les autres. De Celine Jules, la magicienne, à Ashton Anchors, l'épéiste aux dragons, en passant par Précis F. Neumann, la bricoleuse de génie, chaque personnage dispose d'un style unique et d'un doublage anglais. Ce qui nous permet de préciser qu'en effet, une grande partie des dialogues est récitée par des acteurs, mais aussi malheureusement que l'intégralité du soft est en anglais...
Et des dialogues, il n'en manque pas dans Second Evolution. En fait, il y en a même beaucoup trop. Le moindre rebondissement scénaristique, le moindre événement, et le joueur est bon pour 10 à 15 minutes de palabres dont il pourrait la plupart du temps se passer. Evidemment, il est impossible de zapper ces bavardages et pour peu que l'on ne comprenne pas bien la langue de Shakespeare, il y a vraiment de quoi mourir d'ennui. Il faut dire que le scénario ne fait rien pour nous tenir vraiment en haleine non plus avec ses situations archi convenues. Combattre des monstres par ici, chercher des herbes par là, trouver un bateau, sauver le monde... On connaît déjà tout ça par coeur. De plus, certains développements de l'histoire souffrent d'une lourdeur étonnante. Ainsi, le tournoi de Lacuer, par exemple, nous impose-t-il d'effectuer tout un tas d'allées et venues barbantes dans la ville pour s'inscrire à la compétition, trouver un sponsor, écouter les états d'âme des uns et des autres, se rendre dans l'arène, se farcir encore des dialogues, et finalement prendre part à trois malheureux combats éxpédiés en deux minutes.
Heureusement, le gameplay de Second Evolution, hérité de l'épisode fondateur de la série, fonctionne plutôt bien malgré son grand âge. Les combats se déroulent en temps réel et les nombreuses techniques attachées aux quatre personnages que l'on peut contrôler alternativement offrent des possibilités offensives assez variées. Par ailleurs, on peut paramétrer la disposition des combattants sur le champ de bataille et définir la stratégie que chacun d'eux doit suivre. Comme dans First Departure, il incombera au joueur de composer la meilleure équipe en choisissant des personnages complémentaires. Rien ne sert par exemple d'aligner quatre cogneurs si personne ne peut les soigner. De même, un groupe de magiciens aura peu de chance de s'en sortir. Mais une bonne composition ne suffit pas, il faut aussi que notre équipe soit à niveau. Et pour cela, rien ne vaut l'entraînement.
Chaque fois qu'un personnage gagne un niveau en se battant, il améliore ses statistiques et obtient un certain nombre de points à répartir entre plusieurs dizaines de compétences et de spécialités. Certaines d'entre elles affectent directement les performances au combat en modifiant la rapidité ou la récupération entre les coups. D'autres permettent d'utiliser des capacités spéciales qui changent la fréquence des rencontres, qui volent les NPC ou qui appellent un animal à la rescousse. D'autres enfin autorisent la fabrication d'objets. Cuisiner, dessiner, modeler, construire, composer, sertir, il y a 1001 façons de crafter tout et n'importe quoi dans Star Ocean pour peu que l'on s'intéresse à son système d'artisanat extraordinairement développé. En fonction des talents innés de chaque personnage, des compétences maîtrisées et des matériaux dont on dispose, on pourra ainsi fabriquer des centaines d'objets différents que l'on revendra, équipera ou utilisera au combat en fonction de nos besoins. Par ailleurs, à force de booster telle ou telle compétence au sein de notre groupe, on finira par débloquer des spécialités communes pour monter un orchestre ou se lancer dans la contrebande à grande échelle par exemple.
Au chapitre des nouveautés, mis à part les personnages et le script, force est de constater qu'il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent depuis First Departure. Quelques objets inédits, deux ou troix compétences supplémentaires et de nouvelles Private Action (scénettes qui renforcent le lien entre les personnages)... Les développeurs n'ont semble-t-il pas osé bouleverser la formule gagnante du premier opus. Pour ce qui est de la réalisation, les décors sont toujours aussi beaux mais les musiques sont les mêmes. On aura donc à coeur de se procurer Second Evolution si l'on est fan de la série ou si l'on a manqué la version Playstation sortie il y a près de 10 ans de cela. Les amateurs de RPG en général peuvent aussi se laisser tenter en raison du manque de bons représentants du genre sur PSP. Néanmoins, ils doivent s'attendre à vivre une aventure pour le moins convenue et à un système de jeu qui, bien qu'accessible et très complet, commence cependant à accuser son âge.
- Graphismes16/20
Les décors et les scènes animées, directement hérités de la version Playstation parue en 2000, sont particulièrement réussis. En revanche, les sprites des personnages et des monstres sont assez grossiers, surtout quand ils évoluent au premier plan.
- Jouabilité14/20
Bénéficiant d'une interface bien pensée et de contrôles accessibles, Second Evolution demeure toujours aussi agréable à prendre en main. Les combats en temps réel et les phases d'exploration ont certes un peu vieilli mais comment ne pas rester baba devant le système de compétences ou la somme d'objets considérable que l'on peut fabriquer par le biais de l'artisanat ?
- Durée de vie16/20
Il sera nécessaire de finir le soft au moins deux fois pour vivre l'aventure à travers les yeux de ses deux héros et surtout débloquer tous les personnages disponibles. De plus, il y a plusieurs niveaux de difficulté et de nombreuses fins alternatives à découvrir.
- Bande son13/20
Les doublages anglais sont moyennement convaincants et on peut se lasser d'entendre à nouveau tourner en boucle les musiques du premier épisode.
- Scénario12/20
Moins accrocheur que celui de First Departure, le scénario de Second Evolution a tendance à s'éterniser en dialogues et autres scènes ennuyeuses. Les situations sont convenues et le déroulement de l'aventure manque singulièrement de rythme. Heureusement, les personnages sont attachants et l'univers de Star Ocean est bien restitué.
En 2000, Star Ocean 2 était un excellent RPG, salué comme il se doit par les critiques de l'époque et plébiscité par plus d'un million de fans. Neuf ans plus tard, le charme agit encore mais l'enthousiasme retombe vite, notamment en raison de la lourdeur du scénario et de la banalité des dialogues. Gageons toutefois que les nostalgiques et les amateurs du genre se laisseront tenter une fois de plus. Ne serait-ce que pour ressentir l'atmosphère si particulière de la série ou pour se replonger dans son système de compétences si fascinant.