Crash Time, ça vous évoque quelque chose ? Non, rien ? Et si je vous dis Alerte Cobra ? Ah, tout de suite on voit mieux hein ? Sous le nom de Crash Time se cache en effet une adaptation vidéoludique de cette célèbre série policière allemande, qui est sans doute ce qui se fait de mieux dans le genre. Enfin après l'inspecteur Derrick, bien entendu.
Cette série met en scène une section un peu particulière de la police allemande : la brigade autoroutière. Ses deux héros passent donc une bonne partie de leur temps à arpenter les voies à grande vitesse du pays au volant de leurs grosses cylindrées, pourchassant toutes sortes de malfrats. Les épisodes vont à 200 à l'heure, entre courses-poursuites infernales et carambolages dantesques. On peut donc dire qu'Alerte Cobra réunit tous les ingrédients propices à la création d'un bon jeu vidéo. Et pourtant, Crash Time n'est pas aussi réussi qu'on pourrait l'espérer, bien au contraire.
Le mode de jeu principal nous met dans la peau d'une jeune recrue, un "bleu" comme on dit, qui vient seconder les deux personnages principaux dans la fameuse unité Cobra 11. Nos policiers autoroutiers vont devoir résoudre une dizaine d'affaires au cours de ce qui constitue la campagne solo. C'est là, avant même les premiers tours de roue, que le premier défaut de Crash Time saute aux yeux de manière flagrante : la narration est totalement ridicule. A aucun moment on ne voit les protagonistes à l'écran. En fait, à la réflexion, je crois qu'on ne voit jamais le moindre être humain dans le jeu (au moins on échappe aux passants en carton d'Alerte Cobra Nitro, la précédente tentative d'adaptation). On se contente donc d'écouter des dialogues pendant que la caméra tournoie désespérément autour d'un décor vide. L'immersion et l'implication dans l'histoire en prennent un sérieux coup. Vous allez me dire, on se fiche pas mal du scénario dans un jeu de courses, ce en quoi vous n'auriez pas tout à fait tort. Mais quand on veut en mettre un, autant faire ça bien. Là c'est juste risible.
Ces enquêtes sont surtout le prétexte à de nombreuses missions de pilotage. Elles reposent toutes sur les mêmes bases : course à checkpoints, filature, arrestation de suspect... Du classique. De temps à autre, un objectif vient tout de même nous sortir de cette routine en nous plaçant aux commandes d'un véhicule un peu plus original, comme un camion ou un blindé militaire. C'est souvent l'occasion de se rendre compte à quel point la conduite est arcade : il y a peu de différences d'un moyen de transport à l'autre, les dégâts n'ont aucune influence sur la maniabilité (il faudra cependant rester en-dessous d'un certain seuil pour ne pas perdre), on peut couper allègrement sans être ralenti, la physique laisse à désirer... En revanche, l'intelligence artificielle n'est pas mauvaise et parvient à se frayer un passage dans la circulation, même dense. Du coup, certaines missions de poursuite donnent du fil à retordre, alors que des courses sont au contraire extrêmement faciles et se terminent aisément avec deux minutes d'avance sur le temps imparti. Bref, la difficulté est mal dosée.
La progression dans cette campagne solo est rapide, beaucoup trop même puisqu'elle se boucle en moins de dix heures. Résoudre une enquête permet de débloquer circuits et véhicules pour le mode course rapide, et c'est à-peu-près tout niveau contenu. On pourra toujours se consoler avec le multi, jouable uniquement en écran partagé, mais encore faut-il trouver des amis capables de supporter la bouillie de pixels affichée. Car, non content de posséder les tares déjà évoquées ci-dessus, Crash Time est moche, de surcroît. Aliasing, modélisation sommaire, textures immondes... Le constat n'est pas glorieux et saute à la figure à chaque ralenti. Il faut voir l'effet lorsqu'une voiture traverse un champ de blé pour le croire... On est loin, très loin des capacités offertes par la machine. Si vous parvenez à faire abstraction de tout ça, Crash Time parvient quand même à se révéler fun parfois, le temps d'une mission. Mais c'est insuffisant pour le rendre attrayant, surtout face aux bons jeux de courses qui ne manquent pas sur Xbox 360.
- Graphismes8/20
Le moteur 3D n'est pas complètement catastrophique : on a vu pire. Mais on a surtout vu beaucoup mieux sur 360, où les beaux jeux de voitures ne manquent pas. Crash Time fait donc bien pâle figure en comparaison.
- Jouabilité11/20
La jouabilité n'est pas foncièrement mauvaise, pour peu qu'on aime l'arcade pure et dure. Les différents défis sont classiques mais relativement variés, l'IA s'en sort correctement. On prend même (rarement) du plaisir à piloter, avant qu'une mission à la difficulté absurde pointe le bout de son nez.
- Durée de vie8/20
Moins de dix heures pour boucler la dizaine d'enquêtes proposées, c'est peu. Restent les courses rapides et le multi mais c'est bien maigre, un mode online n'aurait pas été du luxe.
- Bande son8/20
Le doublage anglais est passable, les bruits de moteurs également. Quant aux musiques, elles oscillent entre mauvaise techno et bande originale de production allemande d'un tout autre genre, si vous voyez ce que je veux dire...
- Scénario5/20
Basé sur une série télévisée populaire, Crash Time avait tous les éléments pour devenir un jeu de courses scénarisé de belle manière. Malheureusement, ces espoirs volent vite en éclats face à la narration, absolument ridicule avec ses grands mouvements de caméra pendant les briefings et ses personnages absents de l'écran. C'est à se demander si les développeurs avaient bien la licence...
Crash Time cumule beaucoup trop de défauts pour espérer s'imposer, que ce soit chez les joueurs, qui le jugeront bien fade, ou chez les fans d'Alerte Cobra, qui n'y retrouveront pas l'essence de leur série fétiche. Quitte à rester devant sa télé, autant regarder l'intégrale des quelques 200 épisodes sortis que de jouer à Crash Time, c'est probablement moins douloureux.