Shoot'em up old-school en pâte à modeler, Platypus avait de quoi intriguer les plus blasés des amateurs du genre. Malheureusement, passé l'effet de surprise initial, le concept montre rapidement ses limites.
Platypus est le portage PSP d'un shareware (logiciel directement acheté à son propriétaire après une période d'essai gratuite) disponible depuis quelques années sur PC. Parmi des centaines de productions similaires, ce shooter minimaliste a réussi à attirer l'attention grâce à ses graphismes originaux. En effet, le moindre élément visuel de Platypus a été façonné avec de la pâte à modeler avant d'être scanné pour être intégré au jeu. Il en résulte une esthétique colorée et naïve, évoquant des classiques de l'animation tels que Wallace et Gromit ou Chicken Run. Pour un peu, on pourrait compter les traces de doigts sur le vaisseau principal ou les nuages. Néanmoins, on regrette que cette idée lumineuse n'ait pas été exploitée jusqu'au bout pour offrir plus de diversité dans les décors ou le gameplay.
Gameplay extrêmement simple au demeurant puisque seules la touche X et la croix directionnelle sont mises à contribution pour piloter. L'écran défile de la droite vers la gauche tandis que le joueur fait son possible pour dégommer tout ce qui bouge en évitant de subir le même sort. Les bonus se comptent sur les doigts d'une main et sentent furieusement le réchauffé. Des missiles, un tir multiple, un tir rapide, un éclair ou un bouclier sonique : on ne peut pas dire qu'il y a de quoi sauter au plafond. De plus, l'utilisation de ces armes est limitée par un chronomètre. La bonne nouvelle, c'est qu'elles ne disparaissent pas lorsqu'on perd une vie. De temps à autre, un multiplicateur de score ou un canon additionnel se baladent dans les airs, suspendus à un ballon. Il faut alors se montrer habile pour ouvrir l'emballage et les attraper au vol avant qu'ils ne tombent.
Les six niveaux de Platypus, divisés en cinq stages pour allonger artificiellement la durée de vie, sont particulièrement mal pensés. Outre des passages entiers curieusement déserts et la redondance des décors, il semblerait que le design en pâte à modeler ait sérieusement limité les possibilités des développeurs. On doit par exemple se passer d'effets de lumière, de pouvoirs spéciaux ou de zooms. On descend régulièrement les mêmes ennemis qui ne varient pratiquement pas tout au long de l'expérience. Les boss, quant à eux, ne sont guère impressionnants en comparaison de ceux que l'on trouve généralement dans ce type de jeu. Enfin, la taille minuscule des tirs, perdus au milieu des débris et des fruits omniprésents à l'écran, constitue un réel handicap pour le joueur qui explose souvent sans même comprendre pourquoi.
Si la première impression est plutôt favorable lorsque l'on joue à Platypus , la déception va crescendo au fur et à mesure que l'on progresse. Les stages sont fades, les boss ne posent aucune difficulté, les crédits sont infinis. On s'ennuie. Et pour finir définitivement sur un désagréable sentiment de frustration, le dernier niveau est entièrement ruiné par la puissance surréaliste d'une arme déséquilibrée : l'éclair. Disponible en abondance tout au long des cinq derniers stages, celui-ci permet de tout nettoyer sur son passage en zigzaguant régulièrement sur l'écran. Même le boss ultime, lui aussi bien décevant, ne s'en remettra pas. Et nous non plus !
- Graphismes12/20
L'idée de réaliser tous les éléments du jeu en pâte à modeler était excellente. Malheureusement, dans les faits, cela limite les possibilités de gameplay et l'architecture des niveaux. Et finalement, ce n'est pas si joli que ça...
- Jouabilité11/20
Des armes archi-classiques et des adversaires qui ne le sont pas moins, on aurait apprécié un peu plus d'originalité. Par ailleurs, la difficulté est mal dosée et on s'ennuie souvent en attendant que les ennemis apparaissent à l'écran.
- Durée de vie6/20
En mode Facile ou Normal, il ne faut pas plus d'une heure pour traverser le jeu d'un bout à l'autre. On peut bien inviter un ami en liaison sans-fil ou s'essayer au mode Survie anecdotique mais globalement, Platypus ne distrait pas plus d'une soirée.
- Bande son13/20
Les musiques électroniques sont réussies et elles évoquent avec nostalgie les vieux shooters arcades que l'on trouvait autrefois dans les bistrots. Les bruitages, en revanche, sont basiques et trop forts.
- Scénario/
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Petit shoot'em up sans prétention, Platypus se distingue par son esthétique originale mais peine à s'imposer dans le genre un peu désuet du tir compulsif. Mieux vaut se rabattre sur la version PC, nettement moins onéreuse.