Lorsque la mythologie nordique est prise à partie dans un jeu vidéo, la vision romancée de ces mythes et légendes est généralement très différente selon qu'on ait affaire à un développeur occidental ou oriental. Ainsi, si nous avons eu droit dernièrement à Viking : Battle For Asgard, beat'em all de The Creative Assembly, ce titre ne nous a pas fait oublier pour autant les remarquables Valkyrie profile de Square Enix se déroulant eux aussi dans le Grand Nord. Riviera, lui, malaxe encore plus cette cosmogonie sous couvert d'une ambiance radicalement ancrée dans l'animation japonaise et le RPG nippon.
Le Ragnarok n'est plus, vive le Ragnarok. Ah je vous jure, si les jeux vidéo n'existaient pas, nos soucis seraient quand même bien moindres... Il y a fort longtemps dans une galaxie très lointaine... Non, attendez une seconde, me suis trompé de bobine. Oui, donc, comme je le disais, il y a de ça très longtemps, une guerre éclata entre les dieux et les démons, ce qui déboucha sur le Ragnarok. Asgard, au bord de la destruction, ne dut son salut qu'aux Anges sombres, créés par les dieux pour mettre fin à la menace. Les démons enfermés, les dieux purent s'éteindre à leur tour après avoir laissé leurs pouvoirs sur l'île sacrée de Riviera. Fin de l'histoire ? Naaan, voyons, sinon la durée de vie en aurait sacrément pris un coup. Non, puisque 1000 ans plus tard, les démons réapparaissent tout comme les Anges sombres appelés par les représentants des dieux pour, à nouveau, remettre de l'ordre dans tout ce foutoir.
Riviera, préalablement sorti sur WonderSwan Color puis GBA, débarque enfin sur PSP, même si quelques années nous séparent déjà des sorties japonaise et américaine. Comme d'habitude, on doutera de l'intérêt d'un tel portage d'autant que ce soft, non exempt de qualités, n'est pas à proprement parler le meilleur produit d'Atlus. Quoi qu'il en soit, sachez que cette mouture dispose de quelques ajouts comme des dialogues doublés en anglais et des artworks supplémentaires lors des attaques spéciales. Mais revenons quelques instants sur l'histoire. On y suit donc deux anges sombres, Ledah et Ein ainsi que Rose, le familier de ce dernier. Ce charmant trio ne tardera pas à se séparer, par la volonté des choses, avant d'arriver à destination sur l'île Riviera, terre choisie par les démons pour un nouveau Ragnarok. Oui je sais, il y a redondance avec mon premier paragraphe mais imaginez le lecteur distrait qui débute par le second paragraphe ? Et bien il sera content le lecteur distrait de savoir de quoi il en retourne d'un point de vue scénaristique. Bref, Ein ne tardera pas à rencontrer d'autres personnages comme une escrimeuse du nom de Fia et son amie Lina ainsi que la sorcière Cierra ou bien encore Serene le lutin.
Si d'un point de vue design, Riviera fait mouche grâce à des personnages charmants, bien que peu originaux, on restera beaucoup plus dubitatifs concernant la construction même du soft. En effet, alors qu'on parle de rail-shooting, on pourrait presque ici évoquer du rail-leveling. Oubliez toute notion de liberté car dans Riviera : La Terre Promise, l'important est d'avancer coûte que coûte en accumulant des techniques de combat de plus en plus puissantes. En fait, l'aventure se compose de plusieurs chapitres eux-mêmes découpés en écrans de jeu. Le but va être alors d'avancer en éliminant les monstres qui entraveront votre route. Cependant, vous pourrez toutefois emprunter des chemins de traverse même si ceux-ci ne s'offriront à vous que moyennant quelques points d'action. Kezako ? Eh bien, à l'issue de chaque combat, vous recevrez une note en fonction des dégâts que vous aurez subis, des techniques employées, etc. Plus votre note sera élevée plus vous récupérerez de points. Ensuite, dans chaque écran, vous pourrez soit avancer (généralement à droite ou à gauche pour revenir en arrière), soit observer l'environnement pour y dénicher des passages secrets, ouvrir des coffres, examiner des statues... Cependant, pour chaque action, vous devrez dépenser un PA. De fait, faites attention à ne pas en utiliser inutilement. L'idée aurait pu être intéressante si les combats n'avaient pas été aussi peu nombreux. Du coup, il arrive parfois qu'on soit à court de PA, qu'on se retrouve devant un coffre qu'on ne puisse plus ouvrir, qu'on soit obligé d'avancer sans la possibilité de reculer et qu'on passe finalement à côté d'un objet intéressant. L'Entrainement (disponible à tout moment) aurait alors pu résoudre ce soucis mais malheureusement il n'en est rien vu qu'hormis l'obtention de nouvelles techniques, il ne nous permet pas de récupérer des points d'action.
Toutefois, le jeu ne manque pas de petites astuces intéressantes. Par exemple, le moral de vos troupes évoluera en fonction des dialogues à choix multiples que vous aurez eus avec vos ami(e)s. Ainsi, un personnage de bonne humeur sera plus performant au combat, la fin du jeu pouvant même varier en fonction du niveau de confiance vis-à-vis de Ein. Ensuite, le système d'apprentissage des techniques est plutôt rapide et bien vu même s'il n'est pas parfait. Tout s'articule autour d'objets que vous récupérerez : armes, armures, potions, orbes, etc. En fonction des personnages, chaque objet pourra leur permettre de gagner ou non des capacités. Pour ce faire, vous devrez alors vous en équiper puis les utiliser en combat pour gagner des points d'EXP. Enfin, une fois une jauge remplie, vous aurez alors le loisir à l'issue de la bataille de pouvoir utiliser votre pouvoir comme bon vous semble et de voir boostées vos statistiques de HP, d'agilité, etc. Sympa sauf qu'il y a beaucoup de contraintes. Premièrement, sachez que vous ne pourrez récupérer qu'un nombre limité d'objets dans votre inventaire. Si vous en avez trop, vous devrez obligatoirement en jeter un avant d'en récupérer un autre. Ensuite, avant chaque combat, vous aurez simplement le choix de quatre items, potions comprises ! Enfin, il faut aussi savoir que les objets récoltés sont en plus ou moins grand nombre et qu'à chaque utilisation, vous en perdez un. En somme, si vous devez user quatre fois d'un arcX20 pour obtenir une attaque spéciale, il vous en restera 16 une fois la technique gagnée. Sachant qu'il faudra faire de même pour tous les personnages afin de devenir de plus en plus puissant, vous conviendrez des limitations du système. En gros, optez pour l'Entraînement, qui a l'intérêt de ne pas consommer vos objets tout en vous laissant acquérir des techniques.
En dehors de ça, il faudra aussi faire attention à votre formation pour atteindre les ennemis eux-mêmes placés sur deux lignes mais aussi et surtout à votre jauge d'overdrive. Celle-ci se remplira à mesure que vous toucherez vos adversaires et après avoir atteint le niveau 1, 2 ou 3, vous pourrez lancer une attaque, au préalable apprise, et en admettant que vous ayez l'objet lié à ladite attaque. Les ennemis bénéficiant des mêmes privilèges, on trouvera étrange qu'il soit impossible de se protéger hormis par l'utilisation, une fois encore, d'objets. En somme, ce n'est pas vraiment le gameplay qui est à mettre en cause (quoique) mais bel et bien le nombre beaucoup trop réduit d'items utilisables, desquels découle pratiquement toute notre évolution. On regrettera aussi une aventure mille fois trop linéaire et beaucoup trop statique. Néanmoins, pour mieux faire passer la pilule, les développeurs ont inséré six types de mini-jeux histoire d'éviter des pièges ou d'utiliser des sorts magiques en dehors des combats. Dans ces cas-là, le but sera d'appuyer rapidement sur une série de touches en un temps limité ou au bon moment. Est-ce suffisant pour goûter à ce plat réchauffé ? Pas vraiment et ce malgré des textes français et une atmosphère plaisante. Reste aussi que le prix un peu élevé de ce remake saura refroidir les plus enthousiastes des joueurs... Quelque chose me dit que le second Ragnarok aura finalement lieu.
- Graphismes13/20
Le joli character design est aidé par une multitude d'artworks inédits "zappables" lors des attaques spéciales. Dommage que les couleurs baveuses gâchent quelques décors plutôt réussis mais vite redondants au sein d'un même chapitre. On signalera aussi des effets spéciaux qui n'ont justement rien de spécial.
- Jouabilité11/20
Simple mais extrêmement limité, le système de jeu propose une évolution originale afin d'acquérir de nouvelles techniques. Les personnages auront alors le loisir d'obtenir beaucoup de capacités liées aux objets mais dans ce cas, pourquoi limiter les joueurs à quatre items par combat ? Au final, cette régulation réduit drastiquement notre liberté de mouvements tout comme l'idée des points d'action obligatoires pour ouvrir des coffres ou découvrir des passages secrets.
- Durée de vie11/20
Découpé en sept chapitres, le jeu souffre d'une immense linéarité synonyme de faible durée de vie. La possibilité de visionner plusieurs fins en fonction de vos choix de dialogues, ainsi que la découverte de divers extras, pourront vous inciter à reprendre l'aventure mais honnêtement j'en doute.
- Bande son13/20
Les musiques sont assez quelconques mais le doublage américain rattrape un peu le coup en sonnant plutôt juste.
- Scénario10/20
L'utilisation de la mythologie nordique est beaucoup moins astucieuse que dans Valkyrie Profile et n'est ici finalement prétexte à pas grand-chose tant dans la forme que dans le fond d'où émerge un scénario convenu avec quelques surprises qu'on voit arriver de loin.
Un remake qui ne s'imposait pas vraiment malgré un certain plaisir lorsqu'on le survole. Toutefois, le système de jeu parfois très contraignant, la linéarité de l'aventure et le prix trop élevé, seront autant de points qui feront de l'ombre au soft d'Atlus. Toutefois, si vous parvenez à le dénicher en occasion, vous pourrez vous laisser tenter d'autant que 505 a eu la très bonne idée de traduire les textes. En attentant, on se tournera plus facilement vers Valkyrie Profile : Lenneth autrement plus fascinant et vendu quelques roubles moins cher.