Qui aurait parié il y a quelques années, à l'époque de la PSone, que la série des Syphon Filter se bonifierait avec le temps, qu'elle ressusciterait sur PSP après avoir connu des hauts et des bas sur PS2 ? Bien malin en effet celui qui aurait pu prédire tout ceci. Logan's Shadow concourt lui aussi à cette courbe de progression de la saga même si on ne peut pas vraiment passer à côté de quelques défauts qui n'ont pas encore été réglés.
Après avoir redoré le blason de la saga, Dark Mirror aura permis à Syphon Filter de renaître de ses cendres. Pourtant, dans l'absolu, cet épisode n'était qu'un succédané, certes classieux, des premiers épisodes sortis sur Playstation. Néanmoins, grâce à une parfaite maîtrise de la portable de Sony, un gameplay adapté et une aventure variée, ce segment aura réjoui les fans de la première heure. Logan's Shadow ne profite donc plus de l'effet de surprise et calque à la virgule près son modèle. Néanmoins, on ne pourra blâmer les développeurs qui ont tout de même apporté dans leur besace plusieurs petites nouveautés réjouissantes qui apportent un second souffle à cette aventure rondement menée.
En tout premier lieu, le scénario, une fois de plus très inspiré par la série 24 (pas nécessairement dans la mise en scène mais plutôt dans l'ambiance) se complaît dans une sombre histoire de trahison avec en toile de fond un complot terroriste. Du coup, Lian, notre muse de toujours, se retrouve en plein coeur de l'intrigue puisqu'il va être question de sa fuite éperdue, soupçonnée qu'elle est d'être passée à l'ennemi. Sous des dehors parfois stéréotypés (le grand méchant d'Extrême-Orient qui détient l'arme nucléaire et qui en veut à tout le monde), parfois kitsch, le synopsis se laisse découvrir. A l'instar de celui des précédents épisodes, il se montre beaucoup plus mature, sombre et proche de l'actualité qu'on pourrait le croire au premier coup d'oeil. Ainsi, des scènes d'exécution peuvent faire froid dans le dos, en ce sens qu'elles reflètent certains événements loin d'être fictifs. Bref, Logan's Shadow est un jeu qui se laisse apprécier et si le doublage français peut parfois rompre le charme de l'ensemble, on ne perdra pas une seconde afin de plonger dans cet univers oscillant entre un James Bond musclé ou des séries TV comme Alias ou 24 Heures Chrono donc.
La diversité, elle, est de mise une fois encore aussi bien au niveau des environnements traversés que des situations proposées. Par contre, bien que la construction soit similaire à celle du précédent épisode, les quelques ajouts de cette version sautent immédiatement aux yeux. On commence ainsi sur les chapeaux de roue à l'intérieur d'un hélicoptère à mitrailler de pauvres bougres sur un immense bateau qu'on doit investir. Après avoir nettoyé les lieux, nous voici à déambuler dans les coursives du navire tout en restant en contact radio avec notre charmante pilote qui devra par moments venir nous aider. D'ailleurs, il s'agit ici d'une petite nouveauté synonyme d'actions contextuelles (oui, oui, vous avez raison, on peut vraiment parler d'invasion) lorsqu'il s'agit d'attraper le grappin fixé à l'hélico pour bouger quelques éléments entravant notre progression. Il suffira alors d'appuyer rapidement sur plusieurs touches afin que Gabe effectue une action spécifique. Pour continuer sur ces mêmes actions, elles vous serviront aussi à ouvrir des portes, ou actionner des mécanismes.
Poursuivons sur le gameplay avec deux ou trois petits ajouts pas piqués des hannetons. Le premier vous propose de prendre en otage un adversaire afin de vous en servir comme bouclier. Faites attention malgré tout car au bout d'un moment, votre adversaire pourra se libérer. Afin d'éviter ça, rien ne vous empêchera de l'éliminer quand bon vous semble en appuyant sur la touche directionnelle Bas puis de placer un "finish move" à l'aide d'une action contextuelle. D'un strict point de vue jouabilité, sachez tout de même qu'elle reste identique à celle de Dark Mirror à part le tir à l'aveugle désormais possible ou le fait de retrouver sa santé au bout d'un moment si on ne se fait pas toucher. La croix de direction est utilisée pour changer d'arme, de lunettes de vision, pour recharger et se mettre accroupi, les boutons d'action servent à bouger la caméra pendant que le stick permet de nous déplacer. On notera quand même quelques soucis de caméra et une IA lamentable, problèmes qui n'ont malheureusement pas été résolus depuis le précédent volet. A contrario, la seconde nouveauté dont je parlais au début de ce paragraphe concerne la variété des missions.
Si le but du jeu est donc de toujours avancer rapidement en dégommant les méchants terroristes (l'approche furtive n'ayant jamais été au centre du gameplay des Syphon Filter), il sera cette fois question de faire trempette dans des niveaux aquatiques. Excellente idée d'autant que la maniabilité suit. Du coup, on prend beaucoup de plaisir à dessouder du méchant avec un lance-harpons, à détruire des sous-marins ennemis ou tout simplement à nager dans des niveaux relativement vastes pour trouver son chemin. Pourtant, on regrettera tout de même que quelques séquences trop classiques consistent simplement à canarder pendant de longues minutes, tout en protégeant un de nos compagnons s'affairant en arrière-plan pour nous ouvrir le passage. Rien de bien méchant mais vu que plus on avance et plus ce genre de scènes se fait présente, il y a de quoi grincer légèrement des dents. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le mode solo se vit intensément malgré cette absence d'originalité et une certaine répétition dans l'action plus ou moins diluée car ponctuée de gunfights contre des hordes de mercenaires surentraînés ou des affrontements, moins imaginatifs qu'à l'accoutumée, contre les inévitables boss.
Finalement, si Logan's Shadow ne surprend pas, il n'a pas à rougir face à ses aînés. D'ailleurs, le soin apporté à la bande-son est également à mettre à son crédit, les musiques étant d'une beauté assez déconcertante pour ce genre de productions. La durée de vie est plus que correcte car en marge de la campagne solo composée de six épisodes pour un peu plus d'une vingtaine de chapitres, sans parler des cinq missions Bonus à débloquer, l'UMD recèle cinq modes multijoueurs. Du classique ici aussi (Deathmatch, Deathmatch par équipe, Capture de drapeau...) même si le mode Sabotage reste plutôt marrant car il s'agit de prendre possession d'une base ennemie tenue par une autre équipe afin d'y faire exploser une bombe à l'intérieur, en ayant obtenu au préalable un code pour pouvoir le faire. Au sujet des maps, on peut noter un certain éclectisme qui nous fera passer d'une usine désaffectée à un casino en passant par une raffinerie, un canyon, un village, etc. Sept décors au total pour s'amuser avec sept camarades d'infortune. Bref, cette nouvelle mission de Gabe Logan a certes des allures de déjà-vu mais c'est bien la réalisation soignée, la jouabilité agréable et les quelques nouveautés qui prévalent. Une sorte d'add-on oui mais quel add-on !
- Graphismes16/20
Utilisant le moteur de Dark Mirror, Logan's Shadow fait une fois de plus des merveilles sur PSP. Les décors, soignés, nombreux, dans lesquels l'élément liquide prend une plus grande importance, flattent la rétine et hormis quelques bugs graphiques, une modélisation particulière ou une démarche que ne renierait pas une fille du Crazy Horse, c'est du tout bon.
- Jouabilité15/20
Pas de grands changements en ce qui concerne la jouabilité exception faite des niveaux aquatiques synonymes de déplacements particuliers. On notera aussi l'arrivée d'actions contextuelles, le tir à l'aveugle ou la possibilité de prendre un garde en otage et de s'en servir comme bouclier. Par contre, les développeurs auraient quand même pu améliorer l'IA du jeu qui reste toujours aussi déplorable ainsi que quelques problèmes de caméra.
- Durée de vie14/20
Six épisodes pour une vingtaine d'étapes. Voici ce qui vous attend dans le mode solo dont la difficulté n'est pas bien grande. A ceci, rajoutez quelques missions Bonus ainsi que cinq modes multi pour permettre à 8 joueurs de se prendre pour un Chuck Norris sous acide.
- Bande son15/20
On prend les mêmes et on recommence, serait-on tenté de dire. Vous le savez, j'aime particulièrement le doubleur de Gabe, qui bien que très caricatural par moments, s'en sort avec les honneurs. Par contre, si le doublage français connaît des hauts et des bas, les musiques sont d'une qualité exemplaire. Empruntant des chemins plus contrastés, mélange de World-music, trip-hop et de thèmes plus musclés, les musiques de Logan's Shadow atteignent la qualité des travaux de Jesper Kyd tout en ayant beaucoup de points communs avec les bandes-son de Tomb Raider Legend et Anniversary.
- Scénario12/20
Comme dans tous les Syphon Filter, le synopsis peut sembler basique, kitsch voire ringard. Pourtant, si on regarde plus près, on se rend compte que les scenarii sont généralement sombres, proches de la réalité et peuvent faire froid dans le dos. C'est également le cas pour celui de Logan's Shadow qui, tout en s'inspirant de séries comme Alias ou 24 Heures, devient de plus en plus dur à mesure qu'on avance.
Sans mauvais jeu de mots, je serais tenté de dire que Logan's Shadow n'est que l'ombre de Dark Mirror. Dispensant quelques nouveautés, proposant une aventure aussi longue que son prédécesseur, le jeu reste un très bon épisode de la saga Syphon Filter même si on aurait apprécié que les problèmes d'IA fussent réglés. Probablement pour un prochain épisode.