Il n'aura pas fallu longtemps à Crypto pour poursuivre l'invasion de la Terre débutée dans le premier Destroy All Humans! Promu président des Etats-Unis, notre petite boule de nerfs verdâtre (enfin, grise, si vous préférez) n'est pas au bout de ses peines puisqu'après avoir affronté les habitants de l'Amérique profonde, les militaires et les agents du Majestic, voili ti pas qu'il va désormais falloir botter les fesses des Russes. Remarquez, tant qu'il y a de la désintégration dans l'air, comment refuser cette proposition ?
Camarade, l'heure est grave. L'année dernière, un petit alien survolté investissait nos PS2 et Xbox dans l'espoir de prendre le contrôle absolu de la Terre afin d'y récupérer notre ADN, nécessaire à la survie de sa race. Si l'aventure se déroula sans encombres (enfin surtout pour Crypto parce que pour les humains, ce fut une toute autre paire de manches), c'était sans compter sur la détermination farouche de ces imbéciles de terriens, toujours prompts à défendre leur petite existence minable. Qu'à cela ne tienne, ils avaient devant eux la crème de l'élite Furonne et s'ils pensaient encore avoir la moindre chance de survie, ils allaient vite déchanter. Si ce pitch de départ sent bon le vieux nanar de S.F., c'est que les développeurs ont gagné le pari qui était de faire de Destroy All Humans !, et a fortiori de sa suite, de véritables hommages à tout un pan du cinéma de science-fiction des années 60. Aussi parodique que Mars Attacks! ou Independance Day, se donnant des allures de film à petit budget (pour coller au style Ed Wood), utilisant les mêmes ficelles scénaristiques que ses modèles cinématographiques, le titre de Pandemic Studios avait pleinement conquis les amateurs de vieilles bobines, malgré de gros problèmes techniques ou une difficulté mal réglée. Quelques mois plus tard, voici que le second épisode arrive sur consoles en reprenant exactement là où le précédent volet s'était arrêté, en pleine Guerre froide.
Comme décrit plus avant, Crypto n'a pas fini d'atomiser tout ce qui a deux pattes et qui ne cesse de gesticuler en poussant des cris incompréhensibles... Appelons-les des humains. Si vous êtes donc coutumier du fait, vous savez déjà à quoi vous vous exposez en achetant Destroy All Humans! 2 : de l'action, de la destruction de grande envergure à bord d'une soucoupe volante très sixties, beaucoup d'humour et une palanquée de références à de nombreux films qui ont dû traumatiser les développeurs de Pandemic. Puisque la recette a déjà fonctionné, pas de raison de la changer entièrement. Injectons-y tout au plus quelques ingrédients supplémentaires, modifions-en certains autres et servons le tout à ces petits aliens trépignant d'impatience à l'idée d'utiliser du fusil laser ou des pouvoirs télékinésiques. Notre but est simple comme bonjour : détruire, détruire et détruire. Si les mécanismes ne changent pas, on trouve malgré tout plusieurs petites évolutions qui ne sont pas pour nous déplaire. Tout d'abord, sachez que si la première aventure se déroulait entièrement au pays de l'oncle Sam, vous pourrez cette fois fouler les sols britanniques, japonais et russes. Bonne idée d'autant que ceci permet d'affronter des espions "so english" à la croisée des chemins d'Austin Powers et de James Bond ou bien encore des ninjas ou des monstres géants, proches parents de Godzilla ou Gamera. Une fois encore, on sent bien que les programmeurs s'en sont donné à coeur joie et on saluera les multiples références toutes plus jouissives les unes que les autres.
En plus d'une aire de jeu bien plus vaste, notre panoplie d'armes se voit étoffée de huit nouveaux joujoux. Bien entendu, on retrouve toujours notre bon vieux désintégrateur ou la sonde anale mais à celles-ci viennent s'ajouter le Dislocator ou le Meteor Strike grâce auquel vous pourrez invoquer, tel un Sephiroth, une gigantesque météorite. De même, les pouvoirs psychiques de notre pt'it gris ont subi quelques modifications. Ainsi, s'il est toujours possible de contrôler l'esprit de toutes les personnes croisées, on peut cette fois investir le corps de notre hôte, pendant une période donnée. Néanmoins, ça ne change pas grand-chose par rapport au premier Destroy où on prenait l'apparence d'une personne, si ce n'est que désormais vous ne pourrez plus récupérer de l'énergie afin de conserver la forme que vous possédez. Il vous faudra alors trouver un coin tranquille pour laisser la dépouille que vous venez de posséder et chercher rapidement un autre réceptacle humain. On regrette tout de même qu'il ne soit pas encore possible de sauter ou de nager lorsqu'on possède un corps, ceci impliquant parfois de reprendre le contrôle de Crypto pour passer au-dessus d'une simple barrière. En parallèle, le fait de scanner ou de donner des ordres aux terriens ne change pas et le modus operandi est toujours le même.
Par contre, il est maintenant possible de transformer des objets inertes en munitions ou en énergie, ceci allant de paire avec la fonction de votre soucoupe qui permet de drainer l'énergie d'un véhicule pour réparer votre vaisseau. Notez que ce ne sera pas de trop car contre toute attente, la difficulté semble encore plus importante que dans le précédent volet. Pour rester dans les pouvoirs mentaux, sachez qu'une douzaine de techniques sont disponibles et que quelques subtilités, comme celle de pouvoir vider les véhicules de leurs occupants après les avoir fait léviter, sont de la partie. Anecdotique mais c'est toujours ça de pris. Continuons dans les petits plus avec les bornes téléphoniques. Ainsi, si vous dirigez un policier ou militaire, vous aurez la chance de pouvoir appeler un commissariat pour stopper une alerte (ou au contraire en déclencher une) et ainsi renvoyer chez eux tous les flics qui recherchent Crypto. Notez qu'une troisième option, ne servant pas à grand-chose, vous propose même de faire des blagues téléphoniques histoire de rigoler un bon coup. Concernant notre vaisseau, peu de choses sont à signaler, hormis ce que j'ai évoqué plus avant ou le fait de pouvoir utiliser un camouflage optique afin d'être invisible pendant quelques secondes.
Mais la principale nouveauté reste le Coopératif, synonyme d'un mode Aventure jouable à deux en écran splitté. Excellente idée (même si le tout n'est pas très lisible et vite bordélique) qui augmente ostensiblement la durée de vie du titre. Pourtant, si on est ravi d'avoir droit à tous ces ajouts, l'enrobage du jeu fait parfois peine à voir. Bien que graphiquement joli, on constate encore beaucoup trop de clipping (et c'est peu de le dire), d'aliasing ou de bugs graphiques. Dommage également que le vaisseau mère d'Orthopox 13 soit détruit dès le début du jeu par les Soviets, ceci donnant lieu à des "entre-missions" moins visuelles que dans le premier Destroy. De fait, vous aurez accès à la boutique ou aux bonus par le biais de menus très austères nous donnant l'impression que les designers n'ont pas eu le temps de peaufiner cet aspect du jeu. A ce sujet, signalons aussi que les bonus sont cette fois moins importants et que nous n'avons malheureusement plus droit à notre film complet en noir et blanc. Bon, ok, je chipote mais il est vrai que Destroy All Humans! avait fait très fort en terme de contenu additionnel.
Ce second trip science-fictionnel boosté à l'ironie pure et dure se veut donc aussi savoureux que son modèle malgré plusieurs problèmes non réglés. On pourra lui reprocher pas mal de choses mais il est difficile de rester de marbre devant ce spectacle réjouissant qui utilise avec intelligence une période fragile de notre histoire en la plaçant sous le prisme de la franche pantalonnade. Du gourou hippie à la solde de la mère Russie en passant par des aliens sarcastiques et acerbes, des monstres géants trop ringards pour être honnêtes, des anglais trop guindés pour ne pas mériter un petit coup de sonde anale, le titre de THQ conserve tout son potentiel comique en offrant une aventure de plus grande envergure. Il est simplement regrettable que Pandemic n'ait pas eu plus de temps pour gommer les défauts de son aîné. Pourtant, c'est le prix qu'il faudra payer si vous voulez à nouveau éprouver ce sentiment de puissance en détruisant des villes entières d'un simple coup de rayon laser. Avouez qu'on a connu pire comme condition...
- Graphismes12/20
On constate encore énormément de clipping et d'aliasing, la modélisation des personnages est grossière, le rendu visuel du choix des missions ou d'upgrade d'armes moins attirant qu'auparavant mais les effets spéciaux rattrapent un peu tout ça. La grandeur des aires de jeu est également un plus.
- Jouabilité14/20
Les développeurs ont inclus plusieurs nouveautés, ont modifié certains aspects du gameplay mais globalement on reste en terrain connu. La difficulté est toujours aussi élevée mais la possibilité de transmuter des objets en munitions ou en énergie simplifie un peu les choses.
- Durée de vie15/20
Une trentaine de missions constituent le mode solo qui est également jouable en coopératif. Autant dire que la longévité de Destroy All Humans! 2 est aussi conséquente que celle de son aïeul mais on regrette que les bonus soient moins nombreux, bien qu'étant aussi intéressants que ceux du précédent volet. Enfin, les mini-jeux disponibles en multi. (dont une partie de tennis, un mode Duel...) rallongent encore la longévité du titre.
- Bande son15/20
La version Pal conserve les voix américaines (excellentes à tout point de vue) en plus de sous-titres français. Le doublage fait dans la surenchère mais colle parfaitement à l'ambiance décalée du jeu et c'est un régal d'entendre les russes, anglais ou américains parler avec un accent à couper au couteau. Les musiques (dont une palanquée de morceaux des années 70) conservent un petit aspect kitsch très agréable et totalement assumé.
- Scénario13/20
Tout comme le premier Destroy All Humans!, le synopsis du deuxième épisode est propice à des dialogues savoureux et des rencontres surprenantes. Néanmoins, il manque toujours ce petit quelque chose qui aurait pu apporter une plus grande unité au jeu qui a souvent des airs de préfabriqué, avec son lot de scènes mises bout à bout.
Suite directe du premier épisode, Destroy All Humans! 2, malgré des allures de jeu non terminé, est aussi jouissif que son ancêtre. Drôle, amusant, référentiel, il est simplement dommage que le titre ait conservé pas mal de problèmes qui n'ont, semble-t'il, pas eu le temps d'être réglés. Malgré tout, cette savoureuse farandole de blagues, de clins d'oeil et d'aliens sarcastiques vaut son pesant d'or pour qui possède une DVDthèque remplie de nanars cosmiques pleins de monstres en caoutchouc et autres scientifiques fous.