Bienvenue dans le monde de la compétition, un univers où seuls les plus forts survivent dans des affrontements se déroulant en tout lieu et en tout temps. Même si dans la réalité les oppositions entre compétiteurs ne se déroulent pas dans un tel chaos, il faut toutefois mettre en exergue le fait que la véritable bataille se passe entre les différents sports mécaniques dans une course à la médiatisation. Sur ce créneau, il est vrai que la moto, sous toutes ses formes, ne connaît pas une évolution particulièrement florissante. Prise à la gorge par la F1 ou encore le Rally pour les plus connus, cette belle discipline ne trouve que difficilement des oreilles attentives. Il en est un peu de même dans le monde ultra-guindé du jeu vidéo. C'est pour cela qu'il est bon de fêter l'arrivée d'une nouvelle mouture du grand résistant Moto GP URT 3. Entre ici Moto GP !
Nombre de titres sportifs scindent leur public en deux camps s'opposant souvent sur des broutilles (ce n'est pas péjoratif), à savoir les pros simulation et les amateurs d'arcade. Néanmoins, parfois, au gré de quelques détours mystérieux, certains softs prennent le parti de mêler ces deux notions dans un cocktail souvent peu harmonieux, mais avec un goût spécial qu'on prend plaisir à ressentir. Il en est de même pour ce titre de Climax, proposant toutefois une homogénéité bien plus imposante que la moyenne. En effet, libre à vous de gérer la difficulté selon votre manière d'appréhender le bitume, à l'aide de la présence de deux caractéristiques pouvant modifier d'une part la facilité de dérapage et d'autre part le passage des vitesses. Même si cette dernière donnée peut sembler secondaire, il est bien plus difficile d'aborder un virage en étant concentré sur le rapport adéquat que de laisser le jeu régler ce problème. Bien évidemment, plus vous pousserez ces spécificités vers la complexité, et plus vous aurez du mal à stabiliser votre monture et tout bonnement à conduire. A côté de cet état de fait, on remarque rapidement une présence non feinte de la notion d'arcade, surtout lors de l'expérimentation du mode débutant. Ici, seuls vos freinages tardifs vous conduisant dans une herbe glissante seront sanctionnés par une chute. N'espérez pas bondir de votre engin à cause d'une accélération trop brutale, ou d'un transfert de masse mal calculé en sortie de virage. Effectivement, l'horizon s'ouvre de manière évidente vers un public désireux de s'amuser tout en conservant une certaine envie de progression "à la sueur du front". Car, malgré la désarmante facilité se mettant en place après quelques heures d'entraînement, les débuts dans Moto GP 3 sont assez chaotiques, sempiternellement constellés de chutes et de dépassements hasardeux se finissant dans les graviers. Cependant limiter le jeu à cela serait bien réducteur, surtout lorsque l'on note la différence de palier entre le mode facile et celui estampillé normal. La conduite se révèle toujours aussi permissive, mais les concurrents sont quant à eux fortement motivés et n'hésiteront pas à vous offrir plusieurs centaines de mètres de retard au bout d'un seul tour. Le choix est donc entre vos mains.
A ce sujet, une fois ces dernières posées sur le volant/clavier/manette, vous prendrez immédiatement du plaisir à diriger les monstres mécaniques présents dans Moto GP troisième du nom, alliant souplesse et finesse. Malgré cette description digne d'une brioche, les bolides aux noms rageurs laissant découvrir leur belle carrosserie, se montrent relativement féroces, offrant une impression de vitesse fascinante doublée d'un sentiment d'extase après deux ou trois chicanes attaquées avec un brio et une joie certains. En effet, maniables et étonnamment obéissantes les diverses motos du soft vous donnent l'occasion d'expérimenter une impression fort agréable liant poids et maniabilité. Effectivement, il est très intéressant de sentir réellement les nombreux kilos de sa monture, connaissant de ce fait exactement ses futures réactions, et perdant du coup la surprise d'un tête-à-queue incompréhensible. Une sorte de confiance naît alors, permettant de tout miser sur la prise en mains et offrant une parfaite appréhension de transferts de masse on ne peut plus réalistes, doublés d'une gestion de l'adhérence idéale variant avec l'inclinaison de la piste ou son état (pluie, chaleur, etc.). Rarement le pilotage d'une moto de course dans un produit vidéoludique n'avait été aussi fluide et intéressant. De plus il vous incombera de tenir compte des freins indépendants, jouant grandement sur l'équilibre, ainsi que des divers réglages ayant trait à l'étalonnage de la boîte, à l'empattement, ou encore à la texture des pneus. Un tour d'horizon assez complet donc, qui satisfera aussi bien le joueur occasionnel que l'adepte de retransmissions télévisées de plus en plus épisodiques. Néanmoins, et même avec le risque de dérapage au maximum, on n'atteint en aucun cas la force d'un GP 500, icône de la simulation sur PC. Une quasi certitude que l'on voit se confirmer à la vue des nouveautés présentes dans le soft qui nous intéresse aujourd'hui.
Tout d'abord, on note l'apparition de trois catégories en plus du Championnat classique vous opposant aux pilotes phares de la saison 2004, nommées respectivement Extrême 600, 1000, et 1200. Correspondant à la motorisation des véhicules nécessaires à l'entrée en compétition, ces différentes épreuves, remplaçant les défis du précédent opus, se voient affublées d'une part d'imagination assez importante. En fait, aucune de ces catégories n'est référencées de manière officielle, simplement par le fait que ces courses sortent directement des méandres de l'esprit des développeurs. Attendez-vous donc à rencontrer des modèles de motos inconnus et des pistes fantaisistes tout en étant très intéressantes. On peut dès lors applaudir le travail effectué sur ces derniers points, que ce soit au niveau du level-design ou de l'apparence des bolides, même si le petit nombre de décors et de montures peut aisément frustrer. En outre, alors que dans le championnat votre envie seule suffit à entrer en lice, il vous incombera de gérer habilement votre argent dans les modes Extrême. En effet chaque moto compatible doit être achetée, vous obligeant du coup à rentabiliser votre achat par le biais de victoires éclatantes ou non, ainsi qu'à opérer avec une prudence bien plus accrue. Evidemment, et si vous désirez parfaire le côté imaginaire jusqu'au bout, vous pouvez toujours personnaliser totalement un pilote, ainsi que son destrier d'acier ou de carbone. Très agréable à utiliser et assez riche, l'éditeur de personnage/véhicule vous permet de donner vie à vos créations les plus en décalage avec la réalité. N'ayez crainte, il est également possible de se servir de cet avatar au sein du championnat du monde afin de déloger enfin Valentino Rossi des hauteurs du classement. D'ailleurs, vous retrouverez sûrement avec émotion le système d'évolution de votre monture, vous permettant de répartir des points d'expérience âprement engrangés en compétition au sein de quatre domaines, à savoir le freinage, la stabilité, l'accélération, et la vitesse de pointe. Une option fort sympathique offrant des résultats probants suivant l'orientation choisie.
Pour finir, l'aspect graphique de ce Moto GP 3 a sensiblement évolué depuis l'opus précédent, proposant des panoramas de grande qualité et une modélisation des motos et des pilotes détaillée et sans accrocs. Chaque modèle demeure fidèle à sa forme originelle dans un souci de précision évident, associé à une utilisation de textures réalistes et surtout épousant avec soin les nombreux polygones composant les véhicules. Les intervenants "humains" ne sont pas en reste, bénéficiant d'une animation souple, mettant en exergue des mouvements typiques et une gestion des chutes nettement convaincante. Les conditions climatiques, quant à elle, s'avèrent harmonieusement rendues, influant véritablement sur l'environnement et laissant de côté l'aspect peu crédible de nombre de productions. En effet, la pluie ne tombe pas ici de la même manière sur les différents tronçons d'un circuit évoluant en puissance suivant l'endroit et le moment. De plus, la gêne visuelle occasionnée s'avère véritablement handicapante, tout autant que l'effet de flou envahissant l'écran lors d'accélérations conséquentes, rendant peu aisé l'approche d'un virage. Une lacune qui ne serait pas spécialement embêtante si seulement les indicateurs de courbes n'apparaissaient pas beaucoup trop tard. Un réglage assez étrange, vous obligeant à ne jamais tenir compte de ces indications qui vous enverront droit dans le mur. Au final donc, Moto GP 3 est un titre de qualité, qui pèche sur certains détails mineurs, comme le manque d'options de paramétrage, des effets mal utilisés, ou encore une gestion des chocs assez fantaisiste, mais qui demeure idéal pour un public large et néanmoins pleinement passionné. A savoir ensuite si le peu de nouveautés réussira toutefois à convaincre les amateurs du second épisode ?
- Graphismes17/20
Véritablement impressionnant graphiquement parlant tout en conservant une très grande fluidité, Moto GP 3 devient le jeu de courses de motos le plus beau oeuvrant sur PC. Bénéficiant en sus d'effets graphiques éminemment réalistes et d'une animation du pilote constellée de mimiques et d'actions fort crédibles, le titre de Climax donne vraiment l'impression de se trouver devant une retransmission télévisée. A noter tout de même un flou pseudo artistique lors de pointes de vitesse, nuisant grandement à la vision.
- Jouabilité16/20
Equilibrée et intuitive, la conduite demande simplement un temps d'adaptation en ce qui concerne le freinage surtout consécutif à des indications de virages surgissant soudainement trois mètres avant le drame. Il est réellement agréable de prendre en mains ces bolides surpuissants en enchaînant les courbes, attentif au transfert de masse, mais sans trop se soucier d'un petit écart. Un mélange agréable entre simulation et arcade donc, entaché peut-être par des collisions peu réalistes et surtout souvent désavantageuses.
- Durée de vie16/20
Etant donné le nombre de courses présentes dans le mode championnat, vous n'êtes pas prêt de lâcher le guidon de votre monstre mécanique. Si on ajoute à ce compte les trois modes Extrême, la progression par rang obligeant à participer à un grand nombre d'épreuves, la collecte des motos, ainsi que le mode multi, on se retrouve donc face à des heures et des heures d'acharnement.
- Bande son15/20
Les différentes compositions présentes dans le titre, tirant vers le rock, proposent des mélodies et des arrangements assez intéressants, loin de certaines bandes sonores inhérentes aux titres de motocross. Les sonorités des moteurs spécifiques à chaque machine demeurent réalistes, mais on peut regretter une impression d'étouffement du bruit pas assez mis en avant en vue interne.
- Scénario/
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Troisième épisode d'une série de grande qualité, Moto GP URT conserve les acquis de ses prédécesseurs et nous propose de ce fait une finition très convaincante et un plaisir de jeu indiscutable. Néanmoins le titre de Climax pèche quelque peu par son manque d'innovations, et un choix graphique passablement handicapant lors de pointes de vitesse. De même, l'affichage tardif des indicateurs de virages ainsi que la gestion des collisions perfectible finissent de mettre quelques poids dans une balance pourtant dirigée vers les hauteurs. Un très bon titre malgré tout, qui trouvera sûrement une place sur vos stands.