Les senteurs de gomme commencent à envahir l'atmosphère chaude et tendue de la grille de départ. Malgré l'habileté des hôtesses à se battre contre les rayons du soleil en ajustant les ombrelles, la température monte considérablement dans la combinaison des pilotes et chaque gorgée d'eau est salvatrice. Plus que deux couleurs existent : le rouge et le vert. Les yeux rivés sur le panneau lumineux, le poignet prêt à tourner la commande de gaz, l'objectif de chacun est le même : se frayer un chemin et débouler en tête au premier virage. Les chevaux sont lâchés, la course est lancée...
Tout le monde le sait, les jeux de moto ne sont pas légion, que ce soit sur PC ou consoles de salon. Alors que les jeux de courses se multiplient, rares sont les éditeurs qui ont le courage de se lancer dans le cercle fermé des simulations moto. La faute à un style peut-être très compliqué à reproduire ou à un moteur physique qui se doit d'être sans faille pour assurer un minimum de réalisme. Malgré une absence longue de deux ans, tout ceci ne fait pas peur à THQ qui compte bien se baser sur les acquis des volets précédents et sur la maturité de son équipe au niveau de la reproduction des sensations de pilotage pour s'imposer comme une vraie référence. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette témérité ne cache rien d'autre qu'un opus que chaque amateur de courses moto se doit d'essayer. Pour apprécier ce titre, il faut d'ailleurs être prêt à consacrer de longues heures à l'apprentissage du pilotage selon THQ car le tout premier contact en refroidira plus d'un. Si vous avez les mains qui tremblent ou un doigté peu précis, autant le dire de suite, Moto GP : Ultimate Racing Technology 3 risque de devenir votre pire cauchemar. Patience, adresse et acharnement sont de rigueur afin de pouvoir apprécier le soft à sa juste valeur. Les initiés ne mettront guère de temps pour maîtriser le cheval d'acier mais les débutants auront besoin de multiplier les tours de piste pour se hisser au niveau de ces derniers. Quand arcade et simulation se rencontrent...
La base de données du jeu regroupe tous les tracés et les pilotes de la saison 2004. A vous les grands prix sur le circuit du Mans, de Barcelone et autre Mugello pour montrer à Valentino Rossi et consorts ce dont vous êtes capable. Chacun des 17 circuits est fidèlement reproduit, sur et en dehors de la piste. Ceci étant, c'est quand même la moindre des choses pour avoir une chance de concurrencer Moto GP 4. Pour ce qui est des modes de jeu, ce titre n'apporte rien de franchement nouveau. Au menu solo : course rapide, carrière, et courses chronos. A cela vient s'ajouter un didacticiel qui s'avère totalement inutile puisque très court, simple et n'apprenant pas grand chose sur l'attitude à adopter pour piloter comme il se doit. Le meilleur entraînement sera donc la pratique. On a le choix parmi quatre catégories : GP d'un côté et Extrême 600, 1000 ou 1200 de l'autre. Ces trois dernières n'ont aucune équivalence en réalité et les pilotes et motos sortent tout droit de l'imagination des créateurs du jeu. Alors que la catégorie GP reprend les courses officielles, les trois autres nous emmènent dans des circuits urbains très techniques. Au départ, trois modes de difficulté sont disponibles et un quatrième nommé "Légende" doit être débloqué. Tous les pilotes ne sont pas non plus jouables au départ et on doit accumuler victoires et performances pour augmenter son statut et déverrouiller les acteurs un par un. En plus de cela, un mode multijoueur est disponible et on peut se mesurer à n'importe quel joueur sur le Xbox Live.
Bien que majoritairement tourné vers l'arcade, le titre réussit à apporter des petits plus qui raviront un grand nombre de fans de simulation. Ces améliorations concernent principalement l'animation du pilote et la façon dont on peut agir sur le comportement de la moto. Ainsi, en plus de tourner bêtement à droite et à gauche, d'accélérer et de freiner le plus simplement du monde, on peut dorénavant s'aider de son poids pour faire la différence. Il est donc possible de se pencher en avant, en arrière ou sur le côté pour mettre du poids à l'endroit voulu. La possibilité d'utiliser le frein avant nous permet d'apprécier parfaitement le transfert de masse au moment de gros freinages. Le frein arrière joue quant à lui très bien son rôle de stabilisateur. Le pilote n'est aucunement rigide et la décomposition de ses mouvements est un réel plaisir, ce qui est aussi le cas de la moto qui subit les effets de l'accélération et du freinage tout au long de la course. Selon les préférences, il est possible d'adopter deux styles de pilotage : le freinage en ligne et l'accélération progressive ou un style moins académique basé sur le contrôle des dérapages de la moto. Bien que plus risqué, le second permet d'améliorer les performances lorsqu'on le maîtrise parfaitement.
Le principal intérêt tourne donc autour du mode carrière. Comme dans un vrai championnat du monde avec un calendrier fidèle, on doit enchaîner les essais et les qualifications pour s'assurer une place convenable sur la grille de départ. Bien sûr, on a le choix de passer outre mais un débutant ne connaissant ni le pilotage du jeu, ni les tracés des circuits devra forcément se faire la main pour espérer ne pas être ridicule en course. Le niveau "Débutant" n'est certes pas très exigeant en termes de performances, mais ce ne sera pas le cas en "Pro" ou en "Champion". Dans un mode carrière, on part donc de rien et il faut commencer par le début, à savoir votre apparence ainsi que celle de votre moto. On peut choisir les couleurs que l'on va arborer sur la moto, modifier les motifs du casque et de la combinaison et même choisir des logos ou le numéro qui sera le nôtre (en prenant en compte le fait qu'il n'est pas possible d'opter pour un numéro déjà choisi, comme le 46 appartenant au "Docteur"). Il est de notre ressort de décider ou non de régler sa monture, notamment au niveau des gommes ou de la longueur des rapports. Chaque performance nous permet d'améliorer les attributs de la machine. A vous de voir si vous préférez améliorer la stabilité, le freinage, l'accélération ou la vitesse de pointe. Autant de paramètres qui font que l'on peut personnaliser sa moto, tant au niveau du moteur que de l'apparence. Malheureusement, les rapports en boîte auto sont trop courts et le moteur à tendance a user et abuser du bas régime. Dans ce cas, pour les pilotes les plus chevronnés, l'utilisation d'une boîte manuelle s'imposera.
Graphiquement parlant, bien que le tout reste très simple, on apprécie de jouer sur une Xbox. Les environnements sont très jolis et la réalisation des motos vraiment convaincante. L'animation est excellente et on reconnaît très vite le pilote qui nous précède. Le vrai défaut réside dans l'effet de flou qui intervient à grande vitesse. Même si cela est censé reproduire une impression de vitesse et de pénétration dans l'air, la déformation progressive du champ de vision fait que l'on ne voit que très tardivement les virages arriver. Ceci est préjudiciable d'autant plus que les flèches annonçant chaque courbe et chaque virage arrivent trop tard et la connaissance parfaite du tracé vous sera nécessaire pour éviter les mauvaises surprises. Ce qui fait que le titre reste très arcade est que lors de frottements ou d'accrochages entre motos, il faudra vraiment arriver à vive allure pour faire chuter le pilote. En revanche, un accélération placée trop tôt, un burn mal maîtrisé ou une légère virée dans l'herbe au milieu d'une courbe rapide vous garantissent de finir le nez dans le gazon. La bande-son quant à elle nous permet de distinguer les différentes sonorités entre les moteurs deux temps et quatre temps et les changements de rapports sont plutôt bien reproduits. Les musiques couvrent légèrement le bruit de moteurs mais elles ont la qualité de n'être ni gênantes ni lassantes. Voilà en tout cas un titre qui s'impose sans conteste comme une vraie référence de par sa bonne réalisation et la faible concurrence. Certains aspects arcades nuisent un peu à l'impression finale mais il est incontestable que Moto GP : Ultimate Racing Technology 3 procure un grand plaisir de pilotage.
- Graphismes17/20
Le fait que le pilote et la moto font corps donne une excellente impression de maîtrise et découle sur une très bonne animation générale. Les tracés officiels sont fidèles à la réalité et les tracés urbains nous offrent de très jolis paysages. Le moteur physique des motos est particulièrement bien reproduit et il est très facile de reconnaître les couleurs d'un pilote pendant une course.
- Jouabilité16/20
La prise en mains est très délicate et les moins assidus auront tendance à abandonner rapidement. Erreur, puisqu'au final, après plusieurs heures, on commence à bien maîtriser le pilotage qui demande tout de même au joueur d'effectuer très peu de largesses pour ne pas finir dans le gravier.
- Durée de vie17/20
Si vous voulez remporter chaque championnat dans chacun des niveaux de difficulté, préparez-vous à rester scotché de longues heures. Cela est accentué par le mode multijoueur et la possibilité de se mesurer à quiconque le souhaite grâce au Xbox Live. La difficulté progressive permet également de devenir de plus en plus fin et adroit sur sa moto.
- Bande son15/20
Des musiques plutôt arcades mais pas déplaisantes et une sonorité globale réaliste font que l'on a plaisir à évoluer dans cette ambiance-là. Chaque dépassement à grande vitesse est accompagné du bruit du moteur du concurrent, ce qui fait qu'on se sent beaucoup moins seul en piste.
- Scénario/
Voici un titre qu'il faudra retenir, et, finalement, on préfère attendre deux ans pour ce type de résultat même si le jeu n'est pas révolutionnaire. On apprécie nettement l'effort qui a été fait au niveau du moteur physique pour rendre les courses le plus réaliste possible. Quelques défauts et un pilotage parfois trop arcade font que Moto GP : Ultimate Racing Technology 3 reste perfectible et que l'on attend d'ores et déjà le prochain volet de pied ferme.