Sans aucun scrupule pour son public, Midas continue à produire à tour de bras des jeux d'une médiocrité rare, quel que soit le style de jeu d'ailleurs. Un peu comme si tout l'or qu'il touchait se changeait en bouse.
Midas a tout essayé pour se faire une place dans le paysage vidéoludique : les courses de voitures, les jeux de sports, les puzzles games, tout y est passé, et rien n'a marché. Midas n'a jamais brillé comme le métal dont son nom fait pourtant allusion. A chaque jeu, j'ose à peine imaginer la mine déconfite des équipes de développement qui apprennent avec stupeur qu'ils viennent de signer chez Midas. D'un côté, je verse une petite larme pour tous ces célibataires qui se sont investis dans un projet commun (bah oui, on ne peut décemment pas prétendre élever une famille en bossant chez Midas), d'un autre je me dis qu'ils n'avaient qu'à s'appliquer un peu pour produire un jeu de meilleure qualité ou même trouver un autre éditeur, plus ambitieux et plus exigeant. Bon, trêve de bavardages, une nouvelle fournée de titres vient tout juste d'arriver à la rédac et le sort m'a désigné pour vous causer de Rollercoaster World. Un honneur dont je me serai passé fort volontiers.
Rollercoaster, ça veut dire montagne russe en ricain, et world, c'est monde. Donc voilà que Midas nous présente sa vision du "monde de la montagne russe", un endroit plutôt triste à en juger par les couleurs ternes qui animent l'écran et par les bâtiments géométriques qui poussent comme des champignons dans cette contrée. Déjà, on n'a pas spécialement envie de rester dans le coin pour s'amuser, mais puisque c'est là que sont les attractions, il va bien falloir faire un effort. Voici justement venir ces machines à vomir. Aussi moches que les paysages environnants, les rails semblent avoir été tracés à la règle, avec des angles (et non des courbes) construits à l'équerre. Là, on a une petite pensée pour les postérieurs des petits personnages virtuels qui vont grimper dans les nacelles. Préparez-vous à ne plus sentir votre derrière pendant quelques jours, les gars, ça risque de secouer sévère ! D'autant que Rollercoaster World se veut complètement farfelu dans la création des attractions. On nous fait croire que les règles de sécurité sont respectées, mais on ne se gêne pas pour élever les rails à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol et pour les retourner dans tous les sens. Enfin, ce n'est pas un reproche, puisque dans une certaine mesure, ça permet de créer ce qui est impossible dans la réalité. D'ailleurs, pendant le parcours, le titre ne se gêne pas pour comptabiliser les utilisateurs qui vomissent, qui tournent de l'oeil, qui mouillent leur siège ou même qui s'éjectent de la nacelle ! On est loin de l'esprit Rollercoaster Tycoon, je vous le dis...
Deux modes sont gracieusement mis à notre disposition depuis le menu principal. Le premier ne sert qu'à assembler des rails pour faire une montagne russe, tandis que le second se veut un poil plus complet puisqu'il permet de bâtir un parc d'attractions dans son entier. Quel que soit le mode, le même défaut est à noter : l'interface minable étouffe tout esprit de création et nous empêche de réellement faire ce que l'on veut. C'est proprement injouable en plus d'être totalement laid. Et je ne parle même pas du fait que tous les textes soient en anglais ! L'outil de développement de montagnes russes se compose de quatre tableaux rappelant un éditeur d'objets 3D comme on peut en voir dans les studios de créations graphiques. La grosse différence se situe au niveau du maniement, puisque vous devrez tout faire en utilisant une manette et pas une souris. La résolution étant aussi plus faible que sur un écran d'ordinateur, on a bien du mal à distinguer l'évolution de son oeuvre, toute en fil de fer. Il faut sans cesse replacer la caméra, changer d'angle de vue, zoomer et tourner encore pour s'apercevoir que le rail tend vers la gauche alors qu'on voulait qu'il pointe à droite. Je le répète, l'interface est nulle ! Cela vaut aussi pour l'éditeur de parcs d'attractions. Le placement des manèges ou des bâtiments se veut lourd à contrôler et vraiment peu intuitif. Entre stick analogique et croix directionnelle, on a tôt fait de s'emmêler dans les commandes. Pour finir sur une note très révélatrice de la qualité même du produit, les manèges, même entortillés dans d'incroyables noeuds et loopings de fou, n'offrent aucune sensation de vitesse ou de vertiges lorsqu'on place la caméra à l'avant de la première nacelle. La manette ne fait que vibrer à mesure que le train avale les dénivelés, rien de plus, rien de moins. On se demande bien pourquoi on s'est alors fatigué à construire son parcours si au final rien ne se passe. Etrange, puisque le jeu nous encourage constamment à accumuler la force G pour donner le grand frisson aux utilisateurs. Mais rien n'y fait, à part le compteur qui grimpe en bas de l'écran, rien ne différencie vraiment un manège réussi d'un autre. Par contre, pour Rollercoaster World, il n'y a pas photo : tout le sépare d'un jeu réussi. C'est ça la Midas' Touch !
- Graphismes1/20
C'est quand même chouette cette fonction de rétro-compatibilité pour lire les jeux PSone sur sa PS2. Ah, il ne s'agit pas d'un titre PSone, mais bien d'un jeu PS2 flambant neuf. Ouille, alors il y a un gros problème avec ma télé car tout ce que je vois c'est une purée de polygones mal agencés.
- Jouabilité2/20
Y a-t-il quelqu'un chez Midas qui s'occupe de voir ce que donne le produit final ? Si oui, il faut virer cette personne sur le champ ! Elle ne connaît rien aux jeux vidéo et ne sait pas qu'un produit se doit avant tout d'être jouable et intéressant.
- Durée de vie1/20
Allez hop, deux modes de rien du tout, c'est amplement suffisant pour goûter au vide du gameplay.
- Bande son3/20
Les thèmes se veulent festifs et entraînants, mais quatre mesures répétées inlassablement en boucle, ça a tendance à taper sur le système.
- Scénario/
-
C'est tout de même honteux de se cacher derrière un argument marketing (le faible prix du jeu) pour refiler des titres minables qui n'ont d'autres buts de polluer la logithèque de la console. Si vous cherchez un jeu du même style, mais parfaitement réussi, lui, souvenez-vous de Theme Park World, sorti au tout début de la console, mais encore d'actualité.