Alors que Victoria avait déçu beaucoup de joueurs, Paradox renouvelle l'expérience avec Crusader Kings. Mais cette fois-ci, ce n'est plus la fin du XIXème et le début du XXème qui seront le théâtre de vos aventures, mais le Moyen Age. Les studios Paradox ont-ils enfin réussi à sortir un jeu dont la qualité est équivalente à leur série phare des Europa Universalis ?
Les wargames constituent un genre très à part dans le petit monde des jeux vidéo. Adulés par certains, décriés par d'autres, ils ne laissent jamais indifférents. En effet, dans la plupart de ces titres, ce n'est pas la réalisation technique qui prévaut mais la dimension tactique. Il n'y a qu'à voir les captures d'écran pour s'en convaincre : les graphismes sont loin du standard actuel et sont uniquement constitués de cartes. C'est certainement pour cela, mais aussi à cause du nombre important de paramètres à gérer simultanément que ces jeux sont trop souvent critiqués par ceux qui ne jurent que par l'action immédiate ou par le nombre de polygones qui composent le décor. Heureusement, une fraction de personnes restent fidèles à ces bons vieux wargames qui ont su résister à l'appel de la 3D. C'est pour eux que Paradox continue à sortir de tels jeux.
Il faut bien dire aussi que si ce studio a su survivre, c'est parce que les titres qu'il a développés ont un réel potentiel. En effet, quel joueur d'Europa Universalis 2 n'a jamais passé de nuit blanche sur ce titre ? Quel fan d'Hearts of Iron (dont une suite est en préparation) n'est pas resté plusieurs heures d'affilée à gérer son armée ? Aucun je suppose, et c'est bien la preuve que ces jeux peuvent se révéler bien plus intéressants qu'un FPS où le seul but est de faire le maximum de frags. Crusader Kings suit la voie tracée par ses prédécesseurs et propose donc des graphismes d'un autre âge faits de cartes et de tableaux. Evidemment, les néophytes risquent d'avoir un choc en voyant ça et jetteront le CD à la poubelle au bout de quelques minutes de jeu.
Et pourtant... Ils devraient persévérer plus longtemps pour s'apercevoir que c'est sur le long terme que l'on apprécie le plus ce genre de jeux. En effet, votre première partie de Crusader Kings risque d'être délicate. Déjà, il n'y a pas de tutoriel. Tout juste a-t-on droit à quelques conseils en début de partie. Dommage ! Le jeu réclame un temps d'adaptation assez important. Mais que les habitués du genre se rassurent, ils n'auront aucun mal à trouver leur marque tant l'interface ressemble à celle des autres jeux de Paradox : il est possible de gérer de nombreux paramètres aussi bien militaires (mobiliser une armée...), économique (modifier le taux d'imposition...), que religieux, diplomatiques et j'en passe.
Trois campagnes s'offrent à vous. La première commence en 1066 lorsque William le conquérant est sacré roi d'Angleterre. Dans la seconde, il s'agira de prendre part à la Troisième Croisade de la fin du XIIème siècle lorsque Saladin (le sultan d'Egypte et de Syrie) repris Jérusalem aux Chrétiens avec son armée de turcs et d'arabes. Enfin, la dernière vous permet d'être un des acteurs de la Guerre de Cent Ans qui fit s'affronter les Anglais et les Français entre 1337 et 1453. Au début d'une partie, de nombreux paramètres permettent de régler le jeu : niveau de difficulté, agressivité de l'IA, brouillard de guerre et vitesse du jeu. A ce propos d'ailleurs, le jeu est en temps réel mais vous pouvez définir la vitesse comme bon vous semble et même activer la pause active. Les trois campagnes sont aussi jouables à plusieurs en LAN et sur internet (jusqu'à 8 joueurs).
Votre but est d'obtenir le meilleur classement à la fin de la partie. Ce classement prend en compte beaucoup d'éléments : les territoires que vous possédez, le nombre de points de prestige que vous avez, l'or dont vous disposez, votre niveau de progression (si vous avez construit des bâtiments supplémentaires). Bref, il faut que vous gériez un nombre de paramètres très important. Le jeu est vraiment très riche sur ce point et les options sont nombreuses : déclarer la guerre, tenter d'organiser un mariage arrangé, assassiner une personne importante d'une autre province... Petit plus sympathique : il est possible d'exporter sa partie vers Europa Universalis 2 ce qui ravira les heureux propriétaires du jeu. Que dire pour finir sur Crusader Kings ? Et bien certainement qu'il ne remplacera pas le grand EU2 dans le coeur des fans, mais qu'il risque bien de leur faire vivre de nombreuses nuits blanches car tous les éléments d'un wargame de qualité sont réunis : richesse du contenu, IA de qualité...
- Graphismes6/20
C'est toujours aussi austère. A quand un wargame sorti de chez Paradox avec de jolis graphismes ?
- Jouabilité14/20
La prise en main requiert un temps d'adaptation important vu le nombre de paramètres à gérer. Heureusement, on s'aperçoit vite que l'interface est très bien pensée. Il est simplement dommage que de nombreux pop-up viennent nous interrompre en pleine réflexion.
- Durée de vie16/20
Entre les trois immenses campagnes que vous aurez à terminer et le mode multijoueur, il y a de quoi faire.
- Bande son10/20
Les musiques sont assez moyennes et les effets sonores trop peu présents.
- Scénario16/20
Les campagnes suivent les événements du Moyen Age : bataille de Hastings, troisième croisade et guerre de 100 ans. Serez-vous assez doué pour modifier le cours de l'histoire ?
L'excellente série des Europa Universalis a enfin trouvé un titre à sa hauteur ! En effet, Crusader Kings dispose de toutes les qualités requises pour combler tout amateur de wargame qui se respecte. Le nombre de paramètres à gérer est très important et les parties sont réellement passionnantes du fait de la qualité de l'intelligence artificielle. Bref, si tant est que vous appréciez ce genre de jeux, vous passerez de longues nuits blanches à tenter de dominer l'Europe.