Dragon Riders, ceux d'entre vous qui possèdent un PC en ont peut-être déjà entendu parler puisqu'il est sorti sur ce support il y a plusieurs mois. Le jeu reprend donc l'univers de fantasy décrit par Anne McCaffrey dans La Ballade de Pern, et nous arrive dans une version Dreamcast identique à la mouture PC : un jeu d'aventure pas aussi remarquable que l'oeuvre dont il est inspiré.
Voilà donc un titre qui s'adresse en priorité aux amateurs de l'oeuvre de Anne McCaffrey, mais qui risque fort de ne pas être à la hauteur des espérances des fans. Je n'ai certes pas lu l'ensemble des romans qui constituent La Ballade de Pern, mais l'impression que Le Dragon Blanc avait laissé sur moi était sans aucune commune mesure avec celle que je retiendrai de ce jeu. Avant d'expliquer plus en détail les raisons de cette accusation, un bref retour sur le monde de Pern et sur sa créatrice s'impose. Voici donc rapidement les origines de Pern, l'univers qui sert de toile de fond à l'aventure de Dragon Riders.
Pern est un monde de fantasy qui a pour principale originalité de faire cohabiter de façon très particulière les hommes et les dragons. Les premiers colons qui arrivèrent sur le monde encore vierge de Pern durent lutter contre une forme de vie parasite qu'ils nommèrent Fils. Pour survivre, ils durent s'avancer jusqu'à la région des volcans du nord et c'est dans ces lieux que naquit une nouvelle race de créatures, les dragons, dérivés génétiques des Lézards de Feu. Les colons comprirent rapidement qu'un lien télépathique pouvait exister entre un dragon et l'homme qui le chevauche : le chevalier-dragon.
Le jeu s'inspire donc de l'ensemble de la Ballade de Pern, et non pas d'un épisode en particulier, et l'histoire débute alors que Nalaya, la Dame du Weyr, vient de mourir. Vous incarnez D'Kor, un chevalier-dragon lié au dragon de bronze Zenth, et devez trouver une nouvelle Dame du Weyr afin que l'Oeuf d'Or qu'elle a pondu ait un guide lors de son éclosion pendant la cérémonie de l'Empreinte. Votre première tâche consistera donc à réunir tous les membres de l'escadrille Alpha afin que tous assistent au concile. Une quête de départ sur laquelle viendront se greffer beaucoup d'autres au cours desquelles vous serez amené à découvrir quelques uns des lieux évoqués dans le livre, comme Weyr de Fort, Fort de Fort, l'Atelier des Guérisseurs, l'Atelier des Harpistes, l'Ile d'Ista et l'Atelier des Forgerons.
Dragon Riders se range résolument dans le registre de l'aventure, et la dimension action et RPG n'est là que pour étoffer la vaste quête qui vous attend. Les premiers contrôles délicats trahissent hélas rapidement les limites de l'interface. Le système d'utilisation d'objets peu ergonomique n'a d'égal que la lourdeur des déplacements à la Resident Evil. Et cela n'est rien à côté des nombreux bugs d'affichage et des changements de vue intempestifs, sachant qu'il est impossible d'influer soi-même sur les angles de caméra. L'aventure prédomine sur l'action et ça n'est pas un mal tant la résolution des combats est approximative. En avançant dans le jeu, vous pourrez revêtir un équipement de vol qui vous permettra de voyager sur le dos de votre dragon Zenth. Il vous sera également possible d'obtenir de nouvelles compétences auprès d'instructeurs qui vous permettront de vous entraîner au maniement des armes ou à l'écriture, ou encore d'améliorer vos différentes caractéristiques (force, connaissances, réputation, santé). Vous pourrez par ailleurs bénéficier du soutien des maîtres : maître-forgeron, maître-harpiste, maître-guérisseur.
Mais ce sera tout pour la dimension jeu de rôle. Le coeur du jeu réside en effet plutôt dans l'aventure proprement dite : exploration dans des environnements labyrinthiques, nombreux dialogues avec des personnages qui vous assomment de mini-quêtes et recherche inlassable d'objets en tout genre. Malheureusement, l'aventure en question traîne en longueur et met du temps à se mettre en route. On se retrouve vite submergé par une avalanche de mini-quêtes obtenues au fil des rencontres avec les multiples personnages du jeu aux quatre coins du monde de Pern. L'obtention d'un journal de route s'avérera par conséquent indispensable pour ne pas se perdre dans les méandres du scénario afin de dégager plus facilement les objectifs principaux. Et même si la quête est relativement longue (une vingtaine d'heures tout au plus), le jeu comporte trop de défauts et d'approximations pour se plonger vraiment dans l'aventure : les personnages n'ont rien de charismatique, l'animation est saccadée, les dialogues soporifiques et l'aventure sabotée par les temps-morts intempestifs et le manque de souffle du scénario. Dragon Riders s'adresse donc uniquement aux inconditionnels de la Ballade de Pern, en tout cas aux moins exigeants d'entre eux. Les autres risquent d'être fortement déçus par cette production qui ne reflète pas vraiment l'ampleur d'une oeuvre littéraire autrement plus majestueuse.
- Graphismes10/20
On a récemment pu voir de quoi la Dreamcast était réellement capable en matière de textures et de polygones avec Shenmue 2. Dragon Riders fait figure d'ancêtre en la matière avec ses nombreux bugs d'affichage, son animation saccadée et ses cut-scenes peuplées de personnages tous plus vilains les uns que les autres.
- Jouabilité11/20
L'interface n'est pas un modèle d'ergonomie et le système de déplacement n'est pas vraiment judicieux. Parfois le personnage se bloque carrément hors de l'écran et il faut alors avancer à tâtons avant de parvenir à recentrer le personnage sur l'image. Autant de petits défauts de maniabilité qui gâchent la progression.
- Durée de vie12/20
Une vingtaine d'heures de jeu pas vraiment palpitantes. L'aventure manque de souffle et se limite à une continuelle exploration, des dialogues incessants et une recherche d'objets vraiment trop classique.
- Bande son12/20
Les musiques rattrapent un peu la faiblesse des doublages qui sont carrément en décalage avec l'image.
- Scénario11/20
Les inconditionnels de la Ballade de Pern seront sans doute heureux de retrouver la plupart des éléments de l'oeuvre de Anne McCaffrey, même si cette adaptation n'est pas vraiment à la hauteur.
Dragon Riders : Chronicles of Pern ne parvient pas à retranscrire l'ampleur de l'aventure qui est décrite dans la Ballade de Pern. La quête manque de souffle et traîne en longueur, et les nombreux défauts de gameplay et de réalisation ne facilitent guère l'immersion dans le jeu.