Si Yakuza est une série de jeux très populaire au Japon, il n'en est pas de même en Europe ou aux Etats-Unis où la franchise de Sega reste assez méconnue et réservée à un public d'initiés. Cependant, Yakuza 0 étant une préquelle à la saga, de nombreux joueurs occidentaux pourrait être tentés de sauter le pas et de découvrir la série sans la frustration de ne pas connaître son background. D'autant plus quand on sait que Yakuza Extreme – le remake du tout premier épisode – doit enfin sortir sur le Vieux Continent pendant l'été 2017.
Comme son nom l'indique, la série Yakuza (Ryû ga Gotoku au Japon) est une plongée au cœur de la mafia japonaise, un thème très peu exploité dans le domaine du jeu vidéo. Développée par la division Amusement Vision de Sega, la franchise a démarré sur PS2 et s'est déclinée sur quasiment toutes les machines de Sony jusqu'au récent Yakuza 6 sorti en décembre dernier sur l'archipel. La plupart des épisodes se déroulent à l'époque contemporaine, dans le quartier tokyoïte fictif de Kamurocho, inspiré du quartier à la réputation sulfureuse de Kabukichô à Tokyo. La série a cependant eu droit à deux spin-offs se déroulant dans la période médiévale (Ryû ga Gotoku Kenzan et Ryû ga Gotoku Ishin), malheureusement exclusifs au Japon. Tout au long de la série, on suit l'épopée de plusieurs familles d'un clan de la pègre japonaise et les destins de certains personnages récurrents comme Kazuma Kiryu, un des principaux personnages jouables de la saga.
La criminalité étant un thème important dans Yakuza, la série s'est rapidement vue attribuée du titre de « Grand Theft Auto à la japonaise ». C'est cependant une erreur, car l’œuvre d'Amusement Studio dirigée par Toshihiro Nagoshi n'a finalement que très peu de points communs avec la franchise ultra-populaire de Rockstar. Elle ressemble bien plus à un mélange de jeu d'aventure et de beat'em all, gorgé de quêtes secondaires et d'activités sous formes de mini-jeux tous plus funs et/ou débiles les uns que les autres. Ses dialogues sont très bavards par rapport à GTA et le terrain de jeu est surtout bien plus petit, mais aussi plus dense, aucune rue n'étant dépourvue de lieux à visiter par exemple. Yakuza est finalement davantage un fils spirituel du vénéré Shenmue, également développé par Sega et sorti à l'époque sur Dreamcast. Malgré ses nombreux à côtés décalés, le scénario sombre et profondément ancré dans la société nippone (honneur, sens de la famille, hiérarchie clanique, jeux d'influence…) représente une part importante de l'expérience Yakuza, avec des cinématiques à la mise en scène filmique particulièrement soignée et des dialogues doublés en japonais par des comédiens de haut-vol. La popularité de la licence au Japon est telle que Yakuza 6 a pu bénéficier de la présence de l'acteur/réalisateur/producteur mondialement renommé Takeshi Kitano.
Mais si les histoires accordent une large place aux drames humains elles ne se prennent jamais totalement au sérieux. Dans Yakuza, il n'est pas rare de passer rapidement d'une scène très intense à une quête secondaire loufoque et c'est aussi cette dualité, entre le premier degré et le burlesque qui fait le sel de la licence. Cette dernière a néanmoins toujours beaucoup de mal à trouver son public en Occident, et si Sega continue de nous les sortir en Europe et aux États-Unis, ils arrivent cependant très en retard par rapport au Japon, même si l'éditeur, sans doute poussé par Sony, semble plus conscient du potentiel de sa licence hors de l'archipel et accélère les traductions. C'est ainsi que nous nous retrouvons avec un Yakuza 0 sorti il y'a quelques semaines chez nous mais disponible depuis mars 2015 sur l'archipel nippon ! Ce dernier constitue cependant un point d'entrée idéal pour ceux qui aimeraient découvrir la saga. C'est votre cas ? Par ici pour la suite !