Alex Chen, nouvelle héroïne de Life is Strange : True Colors, est douée du pouvoir d'empathie. Elle va devoir élucider la mort de son frère.
Différent de ses prédécesseurs, Life is Strange : True Colors a été conçu par Deck Nine Games, les développeurs du spin-off Life is Strange : Before the Storm. On s’éloigne donc de la vision de Dontnod, les créateurs originaux. Et cette fois, pas de format épisodique. On découvre Alex Chen, une jeune femme qui vient retrouver Gabe, son frère perdu de vue depuis 8 ans dans la petite bourgade de Haven Springs. Mais les retrouvailles virent vite au drame : Gabe perd la vie dans un mystérieux accident et notre héroïne va devoir enquêter sur les circonstances de sa mort. Alors, ce nouvel épisode fait-il honneur à la saga phare ?
Après avoir été baladée dans des familles d’accueil pas franchement accueillantes, Alex Chen dépose enfin ses valises dans des décors chaleureux, ceux de Haven Spring, avec leurs petits commerces et une grande allée fleurie. L’atmosphère et la composition des lieux inspirent quelque chose de très accueillant ; Et on pardonne facilement leurs textures un poil indélicates pour leurs belles couleurs chatoyantes. Dommage qu’il soit impossible de pénétrer beaucoup de bâtisses, où d’explorer au-delà de la grande allée de commerces. Et puis les habitations, elles, semblent complètement absentes du paysage.
Au-delà de ça, l’ambiance est bienveillante et est soutenue par de très jolis sons, les mélodies du compositeur Novo Amor ou encore une poignée de musiques sous licence signées Radiohead, Phoebe Bridgers et Gabrielle Aplin. Et puis sachez qu’Alex est mélomane : elle nous gratifie donc parfois de belles chansons à la guitare, doublées par la voix délicieuse de l’artiste mxmtoon. Nous ne sommes pas sur une bande-son particulièrement généreuse ; mais elle se montre toujours charmante avec ses tons doux, pop et folk. Enfin côté son, n’oublions pas de noter l’atout inédit de cet épisode, la VF ; Geneviéve Doang notamment, la voix de Ciri dans The Witcher 3, incarne Alex. Et les prestations sonnent toujours justes.
Le passé d’Alex Chen est marqué par ce qu’elle voit comme une “malédiction” : un pouvoir d’empathie qui lui permet de ressentir et manipuler les émotions des autres. Celles-ci se manifestent sous la forme d’auras colorées : le rouge pour la colère par exemple, le bleu pour la peur, ou encore le jaune pour l’euphorie. Mais ce talent à d’autres atouts : il révèle les pensées qui accompagnent les émotions. Pas mal pour dénicher des secrets. Et quand les émotions sont vraiment intenses, il est même possible d’y pénétrer en quelque sorte, pour observer le monde à travers les yeux de votre cible. Le pouvoir impressionne rarement dans son exécution : vous n’aurez pas souvent droit à d’incroyable pertes de contrôle ou à de grands fracas. Mais il accorde à sa propriétaire une compassion naturelle. Alex Chen est un personnage très attachant et dévoué. Elle nous attendrit par sa bienveillance ou ses petites mimiques gênées. En parlant de ça, les animations faciales n’ont jamais été aussi naturelles et profitent pour une fois d’un vrai travail de motion capture. True Colors présente une petite palette de personnages délicatement construits. Et chacun ou presque hérite de son petit lot de problématiques, venues s’imbriquer dans la vôtre. Libre à vous aussi d’aider certains passant de Haven Spring ; et bonne nouvelle, vos interventions auront toujours des répercussions visibles.
Vous l’aurez compris, True Colors est avant tout une jolie aventure humaine.Le souci, c’est qu’on aimerait parfois que l’enquête prenne un peu plus les devants. De long en large, on a le sentiment que notre intrigue qui entoure la mort de notre frère manque un peu de piquant, de retournements ou d’actes vraiment saisissants. Et malgré des déplacements assez libres, le jeu nous tient très souvent pas la main. Rares sont les fois où l'on doit intensément se creuser les méninges. Et à côté de ça, on remarque aussi quelques longueurs. Le premier chapitre prend le soin et surtout le temps d’installer son cadre et ses personnages. Le tout donne aussi droit à une étape particulièrement linéaire dont l’élément déclencheur ne survient qu’à la toute fin. De la même manière, le récit prend un peu de temps pour nous émouvoir. On a droit à quelques moments forts mais rien qui ne vous décrochera vraiment des larmichettes
De façon générale, le jeu aime se languir dans ses instants de contemplation. Notre héroïne a tout le loisir de se laisser aller à des instants d'introspection sur son canapé, au bord d’un lac ou sur sa terrasse. Des moments quand même assez utiles pour apporter toujours plus de matière à ce personnage qu’on apprend facilement à aimer. Comme un peu tous les autres épisodes de la saga, les vrais enjeux scénaristiques se jouent plutôt dans les choix moraux. Peu ont vraiment un impact colossal, mais ils se montrent assez généreux dans l’ensemble. Et c’est toujours un plaisir de consulter l'habituel résumé en fin de chapitre qui vient récapituler nos choix et les chemins pas empruntés. Et puis en cas de regret, chaque partie peut-être rejouée.
Deck Nine Games l’a dit lui même, Life is Strange True Colors sert à explorer la thématique de l'empathie de fond en comble. C’est l’aspect le plus travaillé du titre, que ce soit dans les pouvoirs accordés, la narration et la construction des personnages . On a donc droit à une aventure très soignée sur le plan humain ; Mais on manque d'une certaine vivacité dans les actions et le déroulé de l'intrigue. Ce nouvel épisode représente quoi qu’il en soit une expérience très douce, assortie de visuels plus aboutis que jamais et de très belles mélodies. Pour toutes ces raisons, nous lui attribuons la note de 14/20.
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