Après avoir pu découvrir un Spin-Off plaisant en 2019, les fans de No More Heroes attendaient avec impatience le troisième opus des aventures de Travis. Ce Beat’em up barré signé Suda 51 promet donc aux joueurs d’affronter 10 nouveaux assassins dans un univers toujours aussi décalé. Malheureusement pour nous, NMH III loupe le coche et nous allons voir pourquoi.
Réveillé par une flotte extraterrestre qui compte bien gouverner la planète, Travis est de nouveau embarqué dans une chasse aux tueurs. 10 assassins issus des quatre coins de la galaxie lui barrent la route. Parmi eux se trouvent un spécimen particulièrement dangereux, Fu, le numéro 1 qui s’est associé avec le président d’une corporation terrienne. Si la prémisse du scénario a toujours été propice à une débauche de scènes absurdes présentant des boss charismatiques et de combats over the top dans NMH, ici force est de constater que ce n’est pas toujours le cas. Nous avons globalement été déçus du scénario et des péripéties de cet épisode. Les boss marquants se font bien trop rares, car la plupart d'entre eux sont des aliens sans histoire, qui se contentent de déblatérer des inepties. Ici, nous sommes bien loin du charisme d’un Dr. Peace ou d’une Bad Girl. Dans les épisodes précédents, ces combats étaient prétexte à des tirades philosophiques à prendre au dixième degré qui fonctionnaient franchement bien. Malheureusement, force est de constater que ce n’est pas le cas ici. Quelques twists et fulgurances de mise en scène viennent parfois nous donner un peu d’espoir, mais in fine les boss sont décevants. Les dialogues sont cruellement plats et faussement subversifs tandis que la direction artistique criarde ne parvient jamais à faire oublier le manque flagrant de personnalité du casting.
C’est dommage, car le système de combat, lui, fonctionne bien. En utilisant son Beam Katana, Travis tranche ses ennemis jusqu’à leur asséner un coup fatal en bougeant son joy con ou en donnant un coup de stick. Il est toujours possible de faire des prises de catch pour étourdir l’adversaire, mais malheureusement, impossible d’apprendre des prises supplémentaires. On se retrouve donc à faire les 3 mêmes suplex tout au long de l’aventure. En esquivant au bon moment, Travis ralentit le temps et peut infliger de lourds dégâts. À cela s’ajoutent quatre coups spéciaux aux utilités diverses qui peuvent être utilisés pour créer des ouvertures dans la garde de l’ennemi. Ce système de combat est efficace et ne pêche que par sa caméra parfois à la rue et la répétitivité des missions et des arènes.
Car oui, en dehors des combats de boss, No More Heroes 3 nous demande de nous balader dans un monde ouvert franchement vilain plein de murs invisibles. Pas franchement réjouissant, d’autant que les passages en moto font chuter le framerate à 15 FPS. Dans les rues de cet univers ,on pourra récupérer des teeshirts, acheter des sushis à utiliser en combat pour gagner en puissance, mais aussi et surtout accomplir différentes missions et minijeux. Les missions se résument à des combats où l’on affronte les mêmes ennemis en boucle dans des arènes d’une platitude incontestable. On a également droit au même boss spatial avec le même pattern, le même finish move, que l’on nous ressert 5 fois dans des quêtes secondaires. Les minijeux manquent de fun pour réussir à briser la monotonie. Déboucher des toilettes, tondre des pelouses et tirer sur des alligators, c’est rigolo au début, mais lorsque c’est obligatoire pour avancer dans l’histoire, ça l’est beaucoup moins.
Effectivement, comme dans les jeux précédents, on ne peut pas enchaîner les combats de boss, il faut obligatoirement gagner suffisamment d’argent pour payer le droit d’entrée. La structure est systématiquement la même, boss, balade en moto, farm de mission, boss, balade en moto, farm de mission. La somme demandée grimpe continuellement et cela devient vite franchement rébarbatif. Car si on lui enlève ses missions secondaires, le monde de No More Heroes est d’une tristesse affligeante. Les rues sont vides, ça rame, les voitures disparaissent purement et simplement en cas de collision, le pilotage de la moto est mauvais. C’est dommage. Et si on pouvait plus facilement passer outre ces mêmes défauts sur Wii en 2010, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Surtout quand le plus grand argument du jeu, ses combats de boss, sont largement en dessous de tout ce que la licence a fait jusqu’ici.
Cet épisode offre tout de même quelques séquences sympathiques, un système de combat plutôt solide et un ou deux boss originaux. Malheureusement ces quelques fulgurances sont entachées par une technique déplorable, une direction artistique de mauvais gout et des dialogues à des années-lumière des standards de la licence. Il en résulte un beat em up bancal qui tient plus souvent du nanar accidentel que de l’hommage assumé au film de genre. ''''''