Entendez-vous au loin, dans la brume, les cloches qui sonnent le retour de la série culte Resident Evil ? Pour fêter les 25 ans d’existence de sa franchise mythique, Capcom nous propose de vivre la suite directe des mésaventures d’Ethan Winters sur PC, PlayStation 5, Xbox Series X|S, mais aussi sur nos bonnes vieilles PlayStation 4 et Xbox One. Mais est-ce que ce virage vers l’Europe de l’Est tient plus de la bénédiction que de la malédiction ? Nous allons tenter de répondre à cette question en compagnie de ce cher Ethan, parti retrouver sa fille, Rose, kidnappée par une secte d’un petit village perdu dans les tréfonds de l’Europe de l’est.
Une des forces de ce Resident Evil Village, c’est qu’il est beau, très beau même. Le RE Engine fait une fois de plus des merveilles, que l’on joue sur PC, sur PlayStation 5 ou sur Xbox Series X. Même avec le raytracing activé qui améliore la précision des éclairages, le jeu reste fluide pour une définition en 4K exposant des textures très détaillées. Pour ne rien gâcher, la direction artistique qui s’inspire d'œuvres fantastiques assure une ambiance au top. Regardez par exemple cette séquence pour vous aider à comprendre de quoi on parle. Que ce soit dans le design des montres, les animations faciales, le rendu des panoramas ou le comportement des boss, Village offre une technique solide qui flatte la rétine.
Si vous avez connu Resident Evil VII, dites-vous que cet épisode, c’est un peu la même chose, sauf qu’Ethan est ici au pays des loups-garous et des vampires. On se retrouve donc dans un FPS horrifique où il faut viser la tête des adversaires pour faire un maximum de dégâts, parer si les ennuis ne peuvent être évités, ou fuir lorsque cela est possible. Les emprunts à Resident Evil 4 sont nombreux, à l’image du marchand ambulant, ou la possibilité de pousser des meubles contre les portes afin de se barricader. Une fonctionnalité bien trop sous-exploitée à notre goût qui fait surtout figure d’hommage. L’inventaire beaucoup plus souple et les nombreuses armes à dénicher insistent sur l’orientation action du jeu que certains fans pourraient regretter. Car oui, les affrontements sont nombreux. Heureusement, les combats sont un chouilla plus intéressants que ceux de Resident Evil VII grâce à des types d’ennemis un peu plus variés.
Ne faisons pas les étonnés : la saga des Resident Evil n’a jamais brillé par la justesse de son scénario ou l’intelligence des répliques de ses protagonistes. Pour le coup, on peut dire que Village creuse le sillon de ses aînés en exposant une histoire certes captivante à suivre, mais bourrée d’invraisemblances et de clichés. Néanmoins, quelques passages surprenants sont au-dessus du lot et assurent de très bons moments d’angoisse. Nous regrettons bien évidemment quelques redites par rapport aux épisodes précédents, comme le fait que Dimitrescu remplace finalement Mister X, et le fait que certaines révélations n’aboutissent pas à des explications trop claires, quand elles n’ont pas été tout simplement pressenties. Un peu à la manière de Resident Evil VII, la manière de raccrocher cet épisode aux précédents est assez maladroite et se fait principalement par deux ou trois documents à lire à la fin du jeu. On aurait aimé plus d’efforts de ce côté.
Resident Evil Village est généreux dans son contenu et varié dans les situations qu’il propose. Grâce à une ère de jeu légèrement plus ouverte sans que cela ne dilue la narration, le joueur est amené à explorer certaines zones à la recherche de trésors cachés. Si bien que parfois, on pourrait presque se croire dans un Skyrim horrifique puisque l’on est amené à visiter des châteaux forts et des grottes. Toute proportion gardée, évidemment, le jeu étant linéaire la majeure partie du temps. Avec sa dizaine d’heures de jeu en standard, le titre nous fait visiter du pays et rencontrer différents boss impressionnants. Néanmoins, la structure, presque identique à celle RE VII, empêche cet épisode d’atteindre de nouveaux sommets. Ce qui est dommage quand on est perdu dans les montagnes, vous avouerez. Capcom a eu la bonne idée d’apporter plein d’éléments à débloquer une fois le jeu terminé, allant des nouvelles armes aux concept arts, en passant par le mode Mercenaires. Contrairement à son prédécesseur, Village est amputé de la réalité virtuelle ! Et c’est fort dommage tant la VR apportait un gros plus à l’immersion. Par voie de conséquence, il semble manquer quelque chose à cet épisode si l’on a déjà connu le frisson avec un PSVR fixé sur la tête.
Une œuvre qui doit nous donner la pétoche doit forcément disposer d'une excellente ambiance sonore. C’est le cas ici avec des musiques discrètes qui couvrent convenablement l’action, mais surtout des sons précis et bien mixés. Cela engendre des jumpscares efficaces et des séquences pleines de suspens. Le jeu proposant plusieurs langues parlées et sous-titrées, il est possible de tout paramétrer en français pour un doublage plutôt réussi. Un conseil, si vous désactivez les sous-titres dans le jeu, pensez à les réactiver lorsque vous souhaitez regarder les vidéos de making-of disponibles dans les options. Sinon, vous risquez de ne pas comprendre grand chose...
Vous l’aurez compris, Resident Evil Village offre un périple angoissant au sein d’un petit bourg perdu dans l’Est de l’Europe infesté de monstruosités. En dehors de son univers plus gothique que ce à quoi nous sommes habitués avec la série, le jeu de Capcom ne brille pas par son originalité. Si vous attendez une sorte de mélange ultra efficace entre Resident Evil 4 et Resident Evil VII, vous ne devriez pas être déçu. Quand bien même il serait moins révolutionnaire que le premier, et n’aurait plus l’effet de surprise du second. Joli, riche en contenu et doté d’une excellente ambiance, il est une conclusion satisfaisante aux aventures d’Ethan Winters. Pour toutes ces raisons, nous lui attribuons la note de 16/20.