Le gros come-back de ce mois d’avril, c’est celui d’Abe. Après l’épisode New “n” Tasty sorti en 2015 qui était en fait le remake du premier Oddworld, Soulstorm débarque avec pour ambition d’apporter une relecture à sa suite, l’Exode d’Abe. Mais est-ce que les équipes de Lorne Lanning ont réussi à rafraîchir la formule tout en gardant le charme d’antan ?
Abe revient dans une aventure rafraîchie techniquement. Les graphismes sont jolis et la distance d’affichage assez énorme permet de montrer les multiples dangers qui attendent le héros dans l’arrière-plan. Production Oddworld Inhabitants oblige, la direction artistique est au top, et le design des diverses créatures continue de nous enchanter en 2021. On regrette juste quelques effets un peu ratés, des textures floues quand la caméra s’approche trop des éléments, et des ralentissements un petit peu trop présents. L’animation des protagonistes, elle, est globalement irréprochable.
À l’instar de l’Exode d’Abe, Oddworld Soulstorm est un jeu de plates-formes qui demande un peu de jugeote et beaucoup de dextérité. Ici, la caméra suit Abe sur un rail imaginaire qui cadre l’action de façon cinématographique, quitte à ne pas apporter la meilleure des lisibilité sur certains tableaux. Le jeu prend tellement de libertés qu’il est difficile de reconnaître le modèle dont il s’inspire : double-saut, crafting, ligotage d’adversaires, scènes supplémentaires, level-design totalement inédit… on jurerait presque voir un épisode inédit. Ce qu’il faut retenir, c’est que la dimension die & retry est toujours présente, heureusement allégée par des checkpoints réguliers. Pour le reste, l’infiltration est toujours de mise grâce au pouvoir télékinésique du héros, à sa palette de mouvements, et surtout grâce à ses nouveaux gadgets. Les imprécisions de la maniabilité au joystick et les divers bugs sont néanmoins regrettables.
Le titre inventé par Lorne Lanning reprend dans les grandes lignes le scénario de l’Exode d’Abe tout en en changeant certains aspects. Il est donc question de suivre la fuite d’Abe après l’incendie de RuptureFarms. Il y est toujours question de Mudokons qui tentent de fuir l’oppression des Glukkons, ces terribles créatures qui ne pensent qu’à faire de l’argent en exploitant les races d’Oddworld. Les scènes cinématiques qui rythment l’aventure sont magnifiques, et l’épopée se suit avec intérêt, que l’on connaisse ou non le soft d’origine.
Oddworld Soulstorm est long pour un jeu de ce genre. Il faut compter une vingtaine d’heures pour boucler l’aventure. Le but du jeu ici n’est pas seulement d’arriver à la fin d’un niveau : il faut également sauver un maximum de ses congénères coincés dans des tableaux certes linéaires, mais regorgeant de passages secrets. Dommage que l’intelligence artificielle des créatures alliées les mènent trop facilement vers une mort certaine, surtout dans les moments où il faut se battre ou se cacher dans les casiers. Oui, Oddworld est long, trop long peut-être. Certains niveaux abusent de copier-coller dans les situations rencontrées. Cela provoque un sentiment de répétitivité qui aurait pu être évité en raccourcissant quelques portions.
Dans la continuité d’un direction artistique au top, les musiques d’Oddworld sont discrètes mais habillent la progression du joueur comme il faut. Le sound design est lui aussi de qualité. Au rayon des défauts, nous notons la disparition des voix en VF. Oui, Soulstorm est en anglais avec des sous-titres français, sous-titres qui sont en plus aux abonnés absents lors de rares séquences. Les fans de la première heure pesteront contre l’absence des pets. En règle générale, cet Oddworld se prend un tout petit peu plus au sérieux.
Oddworld : l’Exode d’Abe profite de l’année 2021 pour réécrire son histoire d’une jolie manière. Disposant d’un gameplay un peu plus en accord avec son époque malgré son aspect die & retry, il délivre ce que la série de Lorne Lanning sait faire depuis tant d’années : de la plate-forme musclée, de l’infiltration épicée et des niveaux tentaculaires. Bien réalisé et proposant de multiples défis, il manque d’ultimes finitions. Les quelques imprécisions, de la maniabilité comme de l’intelligence artificielle, se révèlent bien frustrantes dans un soft qui ne laisse pas de place à l’erreur. Nous regrettons également l’absence d’une VF intégrale comme en proposait pourtant l’Exode d’Abe. Pour toutes ces raisons, nous lui attribuons la note de 15/20.