Le loup de Cyanide sort de sa tanière, mais est-il à la hauteur de la créature légendaire que représente le loup-garou dans la culture populaire ?
Werewolf : The Apocalypse - Earthblood prend pour cadre une Terre alternative plongée dans une guerre opposant une meute de lycanthropes - protecteurs de l’esprit de “Gaïa” - à une mégacorporation cupide et au Wyrm, l’incarnation maléfique du chaos et de la destruction. Le récit repose sur une thématique forte, celle de l’écologie, mais ce dernier est si maladroit qu’il en dessert son propos. Pire encore, le manichéisme est si poussé que l’univers devient un tableau en noir et blanc privé de toutes nuances.
La forme est à l’image du fond. La narration est ici réduite à sa plus simple expression... des cinématiques bien trop rares et des conversations statiques à choix multiples, des choix qui n’ont au final aucun impact sur le déroulement de l’histoire. Il en résulte un scénario écolo-fantastique cousu de fil blanc et caricatural au point de mettre à mal la thématique qu’il défend… l’écologie.
Werewolf : The Apocalypse ne corrige pas le tir par ses visuels. Peu importe le PC ou la console, le titre de Cyanide fait tout simplement pâle figure. Animations rigides, décors sans saveur aux assets recyclés à l’infini, textures approximatives… rien ne vient défendre un projet qui techniquement accuse le poids des années. Nous pourrions espérer de la direction artistique un regain de forme, mais il n’en est rien. Tout semble ici générique. Cet Action-RPG n’a aucune identité propre au point d’en devenir banal, exception faite de quelques effets spéciaux. A noter les riffs énergiques rock-métal de la bande originale qui accompagnent comme il se doit la violence des combats.
Le gameplay suit dans les grandes lignes la direction prise par le récit et la technique. Sur le papier, la fusion des genres - ici l’infiltration et le Beat’em All - et l’alternance entre les trois formes du héros - Homme, Loup et Loup-Garou - avaient de quoi séduire, mais dans les faits, l’aventure n’est rien de plus qu’une boucle vidéoludique qui se répète inlassablement… d’une séquence à une autre… encore et encore et encore.
La forme Loup sert tellement rarement qu’elle en devient anecdotique. Reste alors l’Homme et le Crinos, pensés respectivement pour s’infiltrer et combattre. Les phases d’infiltration, malgré de bonnes intentions au départ, souffrent d’une intelligence artificielle rudimentaire et d’un level design peu inspiré ce qui annihile tout forme de tension. Les affrontements parviennent un temps à contenter les joueurs en manque d’hémoglobine, avant de céder à l’appel de la redondance à leur tour. La faute incombe à un bestiaire limité et un manque de renouveau des capacités du Crinos. La dimension RPG de Werewolf : The Apocalypse se résume à un arbre de compétences tout ce qu’il y a de plus sommaire. Les carnages tant espérés perdent de leur saveur tout au long d’une aventure ne dépassant pas les 8 heures, malgré quelques ajouts ludiques supposés pimenter les combats avec une pointe de stratégie.
Werewolf : The Apocalypse échoue sur tous les fronts au presque. Le loup-garou a définitivement perdu de sa superbe. La créature légendaire n’est plus qu’une pâle copie d’elle-même.
Werewolf : The Apocalypse - Earthblood sort les griffes le 4 février 2021 sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X/S.