Cela fait dix ans que l’agent Morgan a quitté le petit bled paumé de Greenvale pour retourner dans ses bureaux du FBI. L’univers à la fois loufoque et angoissant de Deadly Premonition revient à la vie en Louisiane à l’occasion d’une préquelle qui fait également office de suite, grâce à un scénario se déroulant à la fois en 2005 et en 2019.
Le script de la vidéo
Imaginé par SWERY et les équipes d’Access Games, le premier épisode avait gagné son statut de jeu culte auprès d’une frange de passionnés malgré une technique désastreuse. De ce point de vue, sa suite pourtant sortie 10 ans plus tard lui rend bien hommage. Deadly Premonition 2 est une catastrophe technique. Les graphismes ne sont vraiment pas terribles, les animations sont robotiques, les sons déraillent à plein tube et surtout, le framerate est totalement dans les choux. L’utilisation du cel-shading fait office de cache-misère, bien qu’il mette en valeur des personnages hauts en couleur. Car là aussi, le soft de SWERY ne peut feindre l’affiliation avec son grand frère tant certains PNJs rencontrés sortent de l’ordinaire. Et c’est tant mieux !
Dans sa structure, Deadly Premonition 2 est un jeu en monde ouvert peut-être un peu trop ouvert par rapport aux moyens dont dispose le studio. Les allers-retours sont nombreux, il est parfois nécessaire d’attendre la bonne heure ou le bon jour pour progresser, et il faut interroger de multiples protagonistes afin d’avancer dans l’aventure. Les rues sont vides, et la partie enquêtes liée aux QCM et aux profilages sont globalement dépourvus d’intérêt, le jeu ayant une fâcheuse tendance à trop prendre le joueur par la main pour lui dire quoi regarder, quoi répondre, quoi comprendre.
Ce n’est pas non plus dans ses séquences d’affrontement que Deadly Premonition 2 assure le spectacle. Certes, le bestiaire est plus varié que dans le titre d’origine, mais le gameplay simpliste empêche toute sensation ou stratégie. Les labyrinthes sans charme s’enchaînent jusqu’à faire venir des boss beaucoup trop simples à abattre. En extérieur, les monstres reviennent à l’infini et il est donc préférable de monter sur son petit skateboard pour mieux les éviter… et c’est à-peu-près tout.
Bien que l’aspect totalement cassé du jeu fasse indiscutablement partie de l'hommage rendu par cette suite, nous notons tout de même quelques améliorations dans l’interface et la jouabilité. Les rebondissements du scénario comme l’histoire racontée continuent de désarçonner. Les quelques fulgurances, surtout vers la fin de l’aventure, pourraient presque faire oublier une partie des gros défauts du jeu. On a dit “presque”. Une fois de plus, il y a une âme qui vit dans cet amas de lignes de code écrites par Toybox. Ce qui est déjà pas mal.
Si Deadly Premonition avait réussi à apporter quelque chose d’original à l’époque malgré sa technique cassée, cette préquelle/suite se contente de refaire du Deadly Premonition. Avec ses réelles qualités, mais aussi, et surtout, ses nombreux défauts.
Et en 2020, la blague du jeu low-cost aux ambitions déçues nous fait peut-être un petit peu moins rire, quand bien même certains personnages seraient attachants. Si au moins le framerate ne provoquait pas la migraine, et si SWERY avait su insuffler un peu de profondeur aux mécaniques de jeu… Ha, avec des “si”, on mettrait la ville de Le Carré en bouteille. Nous aurions adoré aimer Deadly Premonition 2. Nous nous en souviendrons sûrement comme du potentiel meilleur mauvais jeu de cette génération.
> Lire notre test de Deadly Premonition 2 : A Blessing in Disguise
Deadly Premonition 2 : A Blessing in Disguise est disponible sur Nintendo Switch.