Disney et Square Enix s’unissent à nouveau pour la série Kingdom Hearts, toujours dirigée par le charismatique Tetsuya Nomura. Un troisième opus qui compte bien visiter et revisiter des univers connus, tout en nous embarquant dans sa propre histoire.
Test réalisé par Anagund et Panthaa
Il y a encore quelques années, parler de Kingdom Hearts III était un running gag tant il semblait être une chimère. Aujourd’hui, il existe bel et bien ! Si de nombreux spin-off, très importants pour l’histoire de la série, nous ont fait patienter, le dernier épisode numéroté date tout de même de 2005. Pas facile de suivre le scénario tiré par les cheveux, divisé sur plusieurs plates-formes en près de deux décennies, mais ce ne sont pas les résumés qui manquent sur Internet, en commençant par les vidéos officielles de Square Enix. On se contentera ici d’un pitch succinct : Sora et les porteurs de Keyblade s’apprêtent à affronter L’Organisation, menée par l’insaisissable Xehanort, pour un affrontement final. Enfin !
Un plaisir pour les yeux
Bien évidemment, rien n’est aussi simple. Sora a perdu la mémoire et la plupart de ses pouvoirs, un bon prétexte de narration et de game design pour réexpliquer les bases de l’univers au joueur et reprendre son évolution depuis zéro. Rien de pénible ici, même si on reviendra sur l’aspect très condensé de l’histoire. L’idée est surtout de visiter différents mondes, pour la plupart issus d’univers Disney récents : Raiponce, Monstres et Cie, La Reine des Neiges ou encore Pirates des Caraïbes font partie des heureux élus ! On ne va pas tous les citer, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont tous parfaitement transposés dans le jeu dans un impressionnant mélange de directions artistiques ! Quel que soit le monde, on retrouve un univers cohérent et surtout extrêmement fidèle à l’oeuvre originale. De superbes panoramas s’offrent à nous, comme en bas des escaliers de L’Olympe ou quand on arrive pour la première fois près de la ville de Corona, dans Raiponce. Toutefois, le plus impressionnant reste l’univers des Pirates des Caraïbes, entre le sable fin et brillant, les grandes étendues d’eau et les passages sous-marins.
Visuellement, les scènes cinématiques sont largement au niveau, avec des morceaux entiers issus des films pour certains scénarios comme Raiponce ou la Reine des Neiges, mais aussi une ou deux claques techniques dignes de Square Enix, notamment pour Pirates des Caraïbes (encore lui!). Une vraie prouesse qui fait de Kingdom Hearts 3 un voyage pour les yeux ! Notons que le chara design propre à la série n’est pas en reste même si, une fois de plus, le style de Tetsuya Nomura ne plaît pas à tout le monde. Si vous n’avez rien contre les fermetures éclair et les chevelures loufoques, vous devriez bien vous en tirer.
Techniquement, Kingdom Hearts 3 a tout pour impressionner. Sa stabilité sur One X et PS4 Pro est louable et le rendu sur PS4 et One classique ne souffre pas autant que l’on aurait pu l’imaginer, surtout au vu du grand nombre d’éléments et effets à afficher. Le framerate se balade entre 25 et 45 FPS sur la 8ème génération de consoles tandis que leurs versions boostées oscilleront à vue d’oeil entre 45 et 60 FPS.
La Keyblade à l’honneur
Que ce soit dans les déplacements ou les combats, Kingdom Hearts reste constamment dans une optique de dynamisme. Il ne renie ainsi pas son genre A-RPG : l’agilité de Sora n’a jamais été aussi impressionnante. Dès le début de l’aventure, on peut rebondir sur les murs, tourner autour des poteaux, faire des esquives aériennes et enchaîner les combos avec fougue et vivacité. C’est un plaisir de passer d’un ennemi à l’autre dans un véritable ballet aérien. Toutefois si le système de combat a gagné en profondeur et en atouts, tous plus spectaculaires les uns que les autres, il demeure trop déséquilibré. Le constat est ici assez simple : nous avons bien trop d’attaques et d’opportunités pour dévaster nos ennemis et ces derniers disposent d’une force de frappe clairement inférieure à la nôtre. Régulièrement cité pour l’intensité et la technicité de ses combats, Kingdom Hearts nous offre avec ce troisième opus un véritable spectacle “son et lumière” que beaucoup apprécieront au début, mais qui finira parfois par lasser, par répétitivité ou par un challenge mal dosé. Il faut dire qu’en plus des attaques spéciales de fin de combo, il faut ajouter l’utilisation d’attractions et d’invocations qui durent plusieurs secondes, pendant lesquelles nous sommes à peu de choses près invincibles. Quand on sait que les basiques combos de Keyblade, via un seul bouton, restent efficaces tout au long de l’aventure, cela donne un gameplay qui manque de profondeur malgré les apparences. Point noir pour un jeu du genre, que le mode difficile ne suffit même pas à corriger.
Heureusement pour lui, Kingdom Hearts 3 s’offre énormément de « jeux dans le jeu » et d’à-côtés, ce qui est une bonne chose pour quiconque souhaite s’éloigner des sentiers battus. Dans chaque monde ou presque, on retrouve une variante, un mini-jeu, une façon de se déplacer ou d'interagir qui diffère et vient nous amuser. De la recherche d’éléments à travers les mondes, aux petits jeux Game & Watch, en passant par de petits instants drôles et atypiques comme la recomposition d’Olaf ou la fête de Raiponce : tout est ici fait pour nous offrir un tour, à la fois nostalgique et exclusif dans le royaume du studio Disney.
Kingdom Hearts III : Let it Go
Viens dans mon Vaisseau Gummi
Longtemps considéré comme une tare par les fans, les phases en Vaisseau Gummi, dont l'intérêt fut légèrement rehaussé avec Kingdom hearts 2, s’offrent ici un univers dédié à la fois intéressant et plaisant à parcourir pour les amateurs de shoot’em up, tout en restant en grande partie optionnel. Sur plusieurs maps, il incite à l’exploration afin de trouver des trésors, mais aussi des affrontements variés, allant de simples salves d’ennemis à des forteresses à détruire et des boss à occire. Malgré une caméra pas toujours au top, on retrouve de bonnes sensations et on peut facilement passer quelques heures sur cette partie du jeu. C’est d’autant plus intéressant que la construction du vaisseau, particulièrement permissive, permet de gérer nos statistiques et capacités à la perfection tout en laissant la part belle à la créativité. Une vraie bonne surprise, en somme.
Résume-moi Kingdom Hearts
Scénaristiquement, Kingdom Hearts 3 clôture l’arc de Xehanort. Ce sont donc plusieurs dizaines d’heures d’histoires et d’intrigues étirées qui prennent fin avec cet opus, d’où la nécessité de refermer chacune des portes précédemment ouvertes. On enchaîne donc les cut-scenes qui tentent à la fois de résumer 15 années de scénario et de rappeler aux fans tel ou tel élément de l’intrigue, tout en y donnant une fin intelligible. Le résultat est très mitigé, les nombreux personnages essayant de justifier leur présence dans des scènes peu emballantes. Il faut dire que la mise en scène est répétitive, notamment due aux sempiternelles apparitions de membres de l’organisation et de leurs propos pseudo-cryptiques. En y ajoutant une sortie de naïveté constante (surtout Sora), encore plus prononcée que dans les films Disney alors que Kingdom Hearts 3 est un jeu PEGI 12, et on en arrive à se demander, parfois, à qui ce RPG est censé se destiner. Dans cette optique, le titre est difficile à conseiller aux nouveaux joueurs, sauf si ces derniers ont pris la peine, au préalable, de rattraper leur retard sur la saga, sans quoi ils se retrouveront face à une trame aussi complexe à approcher que si l’on avait réuni Star Wars, Harry Potter et un shonen de type Dragon Ball ou Naruto pour en distiller un scénario volontairement complexe. Vous pouvez aussi vos adonner à de la lecteur en jeu avec les nombreux résumés présents, mais on a vu plus appétissant, à vrai dire.
Malgré ses défauts, Kingdom Hearts III reste une très bonne expérience, qui distille ses univers avec brio. Il n’oublie pas de satisfaire les joueurs grâce à sa durée de vie : si une trentaine d’heures peut suffire aux plus pressés pour gérer la quête principale, les multiples contenus finissent le travail avec des mini-jeux à récupérer et des secrets à découvrir.
Points forts
- Direction artistique spectaculaire
- Un gameplay fluide et véloce
- Plein de mini-jeux et de phases différentes
- Les univers Disney très bien représentés
- Le mode Vaisseau Gummi, personnalisation comprise
- Une durée de vie honorable pour un A-RPG
Points faibles
- Les combats manquent de stratégie et finissent par lasser
- Beaucoup trop de dialogues insipides
- Scénario tiré par les cheveux
- Musiques répétitives
- Pas beaucoup de challenge
Kingdom Hearts III avait beaucoup de choses à dire et à montrer. En tant que prétexte à un voyage dans les mondes de Disney, il est envoûtant de bout en bout, ceci grâce à une direction artistique exemplaire qui s’adapte constamment au sujet. Il offre une surprenante variété de gameplay et attire constamment l’oeil, grâce à ses combats dynamiques. Toutefois, la redondance des affrontements et son scénario ultra condensé qui se perd dans des dialogues peu inspirés auront parfois tendance à agacer ou à lasser. Rien qui devrait vous éloigner bien longtemps d’un A-RPG de grande qualité, qui ne manque pas de scènes épiques.