Après une longue période de développement et une phase de silence radio depuis son annonce en 2015, Ashen s'est invité sans crier gare le 7 décembre sur PC et Xbox One. Le titre, qui emprunte beaucoup à la saga des Souls, est toutefois bien plus qu'un clone de la franchise de From Software.
Du scénario de Ashen, nous n'en révèlerons que très peu. Le Dieu éponyme, vecteur de lumière, est tombé pour laisser place aux ténèbres. Votre héros devra affronter de nombreuses créatures et venir en aide à de nombreux personnages qui attendent le retour d'Ashen. Chacun de ces personnages dispose de sa propre personnalité et de ses propres dialogues, pour la plupart bien écrits, mais brefs. Moins cryptique que la trame de Dark Souls, l'histoire de Ashen se suit sans déplaisir, mais sans vif intérêt non plus, les charmes du jeu se trouvant incontestablement ailleurs. Notez d'ailleurs que les 2 premières heures de jeu sont un rien poussives, multipliant inutilement les allers-retours et pouvant persuaderles plus impatients que le titre n'a rien d'autre à offrir qu'une succession de traversées à pied de vastes environnements. Il n'en est rien et Ashen demande un peu d'implication avant de libérer tout son potentiel.
Un univers mystérieux et charmant
C'est en premier lieu par sa direction artistique que le jeu enivre. Adoptant une approche minimaliste et des couleurs pastel, l'architecture d'Ashen n'en reste pas moins fouillée et a manifestement profité d'un souci du détail permanent. Open-world de taille modeste, Ashen sait varier les atmosphères et les plaisirs. Zone enneigée, aux couleurs automnales ou donjons obscurs seront le lot de découvertes que vous ferez à mesure que vous progresserez dans une aventure qui a la bonne idée de proposer des quêtes et des marqueurs associés afin de ne pas vous laisser sans objectifs. Ceci étant, cette relative « prise par la main » n'interdit en aucun cas l'exploration. Votre personnage est capable d'escalader de nombreux obstacles et il sera toujours utile de fouiner chaque recoin pour obtenir une arme ou une tenue plus puissante que celle déjà équipée. Ashen bénéficie en outre d'un environnement sonore de haute volée, les musiques étant superbes et les atmosphères très travaillées. En somme, c'est un plaisir de se perdre dans le monde du jeu, ne serait-ce que pour ses qualité plastiques.
Du Dark Souls, mais pas que
Mais le charme de Ashen ne s'arrête pas là. C'est aussi par son gameplay très bien calibré qu'il parvient à garder le joueur dans son giron. Inutile de le cacher, Ashen reprend à son compte les canons de Dark Souls, jusque dans l'attribution des touches. Les combats, punitifs, invitent en permanence à la vigilance et reposent essentiellement sur une gestion méticuleuse de la stamina. Roulades, parades, coups rapides ou lourds sont autant de possibilités qui s'offrent à vous, mais que vous ne pourrez utiliser qu'avec parcimonie, tant l'endurance s'évapore comme neige au soleil à la moindre action. La plus grande prudence est donc recommandée, et une utilisation intelligente de vos armes à une main ou à deux indispensable pour triompher des périls qui jalonnent votre périple.
Abattre des adversaires vous confère une certaine quantité de scories, l'équivalent des âmes de Dark Souls. Bien entendu, les amateurs de From Software sauront qu'en cas de mort, il sera toujours possible de les récupérer à l'endroit de votre cadavre, mais que si vous mourez entre temps, les scories seront définitivement perdues. Grâce à ces ressources, vous pourrez améliorer votre équipement pour le rendre plus performant, mais également acheter des runes qui vous procurent divers bonus passifs. Enfin, en remplissant des quêtes, votre personnage obtiendra des améliorations de statistiques concernant ses points de vie ou son maximum de stamina. Petite originalité, le village du vagabond, sorte de hub central permettant d'acheter lesdites améliorations, évoluera à mesure que vous avancez dans l'intrigue, grossissant et prenant vie sous vos yeux, ce qui confère au joueur un vrai sentiment de progression et une raison supplémentaire de recommencer encore et encore les donjons en dépit des nombreuses morts qui vous guettent.
Toutefois, le titre n'est pas aussi punitif que peuvent l'être les Souls. L'exploration d'un donjon, par exemple, est facilitée par la présence de fontaine permettant de remplir vos gourdes écarlates, équivalents des fioles d'Estus dans Dark Souls. Cependant, inutile d'espérer de foncer tête baissée sur un boss sans un minimum de prudence et de stratégie, même si vous serez secondé par un partenaire, qu'il soit humain ou non. Que ce soit en raison de sa relative accessibilité, de son atmosphère contemplative ou de son nombre limité de boss qui vous fera boucler l'aventure en une petite vingtaine d'heures, Ashen a tout d'un Dark Souls "light", qui se fend d'une dimension multijoueur à part.
Un périple à traverser seul, ou accompagné
Effectivement, vous pourrez recruter des compagnons dans votre village, et ces derniers vous suivront dans votre aventure, que vous le vouliez ou non. Ainsi, le PnJ vous secondera dans les attaques de monstres et pourra également vous ressusciter la première fois ou vous serez à terre. Si ces partenaires font davantage office de tank que de vrais alliés stratégiques, leur présence pourra être déterminante dans l'issue d'un combat. Cependant, leur IA est parfois totalement incompréhensible et le pathfinding, notamment lors des phases d'escalade, laisse à désirer. Enfin, les règles de leur apparition semblent parfois aléatoires. Ainsi vous serez parfois esseulés puis subitement rejoints par un allié sans que vous ayez compris les mécaniques qui se cachent derrière ces apparitions impromptues.
Notez que Ashen propose un « mode multijoueur » plutôt atypique et qui, conformément à ce que la description du jeu annonce, s'avère très proche de celui adopté par Journey. En effet, n'espérez pas grouper au sens propre avec un autre joueur. D'une manière assez transparente, dans le mauvais sens du terme, votre compagnon peut être contrôlé par un humain. Les mondes des deux joueurs, pour peu qu'ils soient occupés à la même quête ou qu'ils soient au même niveau de progression , peuvent donc fusionner afin que chacun puisse collaborer. Dans ce cas, les loots sont partagés et la seule manière de communiquer réside en une pression de touche qui déclenche un pictogramme au-dessus de votre tête. C'est d'ailleurs souvent de cette manière que vous parviendrez à confirmer la présence d'un joueur humain en lieu et place de l'IA du partenaire. Si vous désirez jouer avec la même personne, un système de mot de passe à saisir en début de partie vous permettra de la rejoindre, si toutefois vous faites l'effort de vous retrouver dans la même zone de jeu. À compter de ce moment, votre partenaire vous percevra sous les traits de votre IA et inversement.
Un extrait de coopération en compagnie d'un autre joueur
En solo, il ne nous est arrivé que rarement de nous trouver en présence d'un autre joueur et, à une exception près, la collaboration a été proche du néant. L'absence de possibilité de communication permet certes d'auréoler davantage encore de son mystère si prenant, mais interdit des explications en règle sur la marche à suivre dans l'exploration d'un donjon, par exemple. Il ne sera donc pas rare de voir subitement votre partenaire vaquer à ses occupations, et par conséquent vous priver du compagnon guidé par l'intelligence artificielle. Si vous ne désirez pas subir ces désagréments, il n'est pas difficile de passer le jeu hors-ligne.
Mais à l'exception de cette dimension multijoueur un rien sibylline et des quelques pépins rencontrés niveau IA ou niveau technique (des ralentissements et crashs sont à noter sur Xbox One), difficile de bouder son plaisir devant Ashen. Exigeant, mais accessible, mystérieux et poétique, minimaliste, mais soigné, le titre de Aurora 44 est une vraie réussite.
Trailer d'annonce de Ashen
Points forts
- Superbe direction artistique et atmosphère soignée
- Exigeant, sans être inaccessible
- Donjons peu nombreux mais bien construits
- Zones variées qui récompensent l'exploration
- L'évolution visuelle du hub central
- Très complet et simple en termes de progression du personnage et de son équipement
- Bande son très agréable
Points faibles
- Un multijoueur cryptique qui ne favorise pas la coopération
- Quelques soucis de performances sur One
- IA des compagnons souvent erratique
- Un début un peu lent
Ashen est assurément une excellente surprise. S'il calque avec le plus grand respect le gameplay de la saga des Souls, le titre de Aurora 44 a suffisamment bien digéré ses influences pour livrer une œuvre personnelle et envoûtante. Doté d'une identité visuelle forte, Ashen propose une expérience certes exigeante, mais assez accessible et lumineuse pour attirer celles et ceux que l'apparente austérité de Dark Souls rebute. Sorte de mélange improbable, mais réussi entre la franchise de From Software et Journey, Ashen ne pèche que par une technique pas toujours à la hauteur, sur console essentiellement, et un multijoueur cryptique dont on aurait aimé qu'il soit plus attractif.