Faire évoluer une série telle que Football Manager n’est pas une tâche aisée. Mais entre deux épisodes plus classiques, quelques uns parviennent à nous surprendre en proposant un menu plus copieux en terme de nouveautés, ou tout simplement une poignée d’idées suffisamment solides pour renouveler un concept connu de tous. C’est le cas de la cuvée 2019, désormais officiellement disponible après deux semaines de bêta.
Première bonne nouvelle, l’interface a été repensée. Outre une charte graphique plus “flat”, s’appuyant sur des fonds violets, davantage de pastilles colorées ou encore des cadres aux contours arrondis, le véritable travail de fond a été réalisé sur l’ergonomie générale. Un choix voué à rendre le titre plus accessible aux débutants, mais qui ne s’est heureusement pas fait au détriment de la profondeur des mécaniques de jeu.
La tactique c’est fantastique
L’exemple le plus parlant est celui de l’écran tactique. S’il fallait auparavant impérativement construire ses plans de jeu de A à Z, le titre vous permet désormais d’opter dès le départ pour un style de jeu qui vous fait envie (Gegenpress, Tiki-Taka ou autres), avant de choisir un schéma tactique prédéfini. Libre à vous d’ensuite l’ajuster afin qu’il colle parfaitement à votre effectif, ou de rebâtir un schéma de vos propres mains : un choix plutôt agréable qui convient à tous les types de joueurs, mais qui a tendance à rendre le jeu un poil plus facile que ses prédécesseurs. Nous pensons en particulier à la tactique du gegenpressing, redoutable sur toutes nos différentes parties pour le moment même sans ajustement et avec un effectif moins adapté.
Malgré ce constat, la plus grande accessibilité du titre s’accompagne aussi de choix pertinents et apportant de la profondeur à l’ensemble. Sur l’écran tactique, le meilleur exemple reste ainsi la division des consignes entre jeu sans ballon, en possession de la balle ou de transition, qui n’est finalement qu’un moyen de replacer de manière nettement plus logique les consignes déjà présentes dans les opus précédents. Chaque écran est également plus lisible et met en avant des schémas (du terrain ou non), bardés de flèches et d’indications rendant l'ensemble plus intuitif et facile à cerner d’un simple coup d’oeil. S’il y aurait encore matière à peaufiner le tout, le résultat est d’ores et déjà l’un des plus réussis de la série et devrait ravir aussi bien les connaisseurs que les néophytes.
Entraîne moi si tu peux
L’écran d'entraînement offre aussi quelques ajouts appréciables : la liste des programmes est plus importante, les joueurs sont désormais divisés en différents groupes de travail et le système d’encadrement s’avère moins rigide. Si l’interface rend l’ensemble plutôt lisible, il vous faudra de longues heures pour trouver le programme idéal afin de le rendre efficace et adapté aux plages de repos des joueurs et aux tactiques employées. En effet, chaque programme peut inclure un ou plusieurs groupes de travail et leur affecte une tâche de travail plus ou moins élevée, vous obligeant à jongler avec ces charges de travail sur chaque semaine. Il en est de même au jour le jour, puisque la gestion du repos, de la récupération physique ou des déplacements est également intégrée au tout. Ce nouvel écran d’entraînement peut sembler très complexe au premier abord, mais grâce à la possibilité de déléguer cette partie aux adjoints (en retouchant seulement quelques modules si besoin), ou la présence d’une interface riche en couleurs, de pastilles indicatives et de petites descriptions fort utiles, la prise en main s’avère finalement moins ardue qu’attendue à l’aide d’outils d’accompagnement bien pensés.
Il est d'ailleurs plus simple de superviser la progression individuelle de chaque joueur, puisque ces derniers sont maintenant notés sur leurs prestations à l'entraînement. Un élément qui semble toujours dépendre de la personnalité du joueur - professionnel ou déterminé, par exemple - mais qu’il est donc désormais plus facile de cerner, et sur lequel vous pouvez influer en glissant un mot d’encouragement aux bons élèves et en tapant sur les doigts des cancres de l’entraînement. Enfin, l’ancien modèle du tutorat est remplacé par la possibilité de créer des groupes afin d’encadrer la progression d’un ou deux éléments en particulier : dans les faits, cela ne change pas grand-chose vis-à-vis du modèle précédent en terme de progression, le changement s’opérant davantage dans le fonctionnement avec le passage d’un tutorat entre deux joueurs à la création de groupes.
Quelques nouveautés mineures
Parmi la ribambelle de petits correctifs supplémentaires, nous apprécions en particulier le système d’aide plus guidé qu’avant, qui prend le temps de vous expliquer le fonctionnement de chaque écran ainsi que la façon de naviguer sur ces derniers. C’est également le cas des debriefs de vos recruteurs qui offrent toutes les informations essentielles d’un seul coup d’oeil ou même des visages générés par le jeu pour les regens, en progrès par rapport à ceux (particulièrement ratés, il faut l’admettre) de l’opus 2018. Enfin, la possibilité de déplacer à notre guise les éléments de l’interface offrira un bonus appréciable aux joueurs rôdés à l’exercice de Football Manager, et qui ne désiraient pas spécialement remplacer l’interface en place par une skin externe, mais plutôt retoucher quelques éléments à la marge.
Fait chauffer le moteur
Notons tout de même que l’ensemble n’est pas exempt de défauts, comme les conférences de presse toujours aussi longues et peu amusantes, malgré des efforts indéniables sur l’habillage de ces dernières. De même, le moteur 3D est légèrement affiné et propose quelques nouvelles animations comme une courbure plus prononcée sur certains centres et l’utilisation du VAR par l’arbitre (sans grand intérêt et parfois buggé lorsqu’il se déclenche après que le jeu nous ai informé de la décision), mais continue d’accuser un gros retard et sera sans doute le plus gros chantier à venir de Sports Interactive s’il veut faire franchir un nouveau cap à sa série fétiche.
Malgré une approche globale plus accessible et moins ardue, plusieurs éléments s’avèrent encore difficiles à cerner comme la fréquence des blessures. Si avec un bon staff et une gestion soignée des entraînements il est tout à fait possible de réduire leur fréquence à un nombre acceptable, il reste étonnant de voir que la gestion de ce point en particulier s’avère plus complexe que celle de l’outil tactique. Un soupçon de rééquilibrage ne sera donc pas de trop, et ça tombe bien, puisque Football Manager est coutumier des mises à jour et devrait encore offrir un nouveau visage d’ici quelques semaines.
Points forts
- Une interface tactique plus claire et accessible
- La richesse du nouveau système d’entraînement
- Le travail réalisé sur la base de données
- Un système de tutoriel mieux fichu
- La nouvelle charte graphique, propre et plus colorée
Points faibles
- Moteur de match vieillissant
- Difficulté fluctuante selon l’élément à gérer (tactique, blessure…)
- Quelques bugs et un soupçon de rééquilibrage attendus
Football Manager dispose encore et toujours d’une vraie marge de manoeuvre s’il veut un jour nous proposer la simulation d’entraîneur ultime, que ce soit par l’amélioration de son moteur de match daté ou encore l’inclusion de conférences de presse plus intéressantes. Mais avec cet opus 2019, il propose tout de même l’un de ses meilleurs épisodes depuis des années, plus agréable à prendre en main d’une part, et qui parvient d’autre part à conserver la profondeur de ses mécanismes de gestion tout en étant plus accessible. Le nouvel outil d’entraînement en est l’exemple le plus probant, tout comme la refonte de l’écran tactique qui s’avère désormais plus agréable à parcourir.