Games Workshop exploite sans répit sa licence futuriste. Les adaptations de Warhammer 40.000 se suivent à un rythme très soutenu avec en première ligne Focus Home Interactive. L’éditeur français se lance une nouvelle fois à l’assaut d’un Space Hulk suite au FPS Deathwing avec Tactics, un Tactical RPG fidèle au jeu de plateau éponyme.
Un système de jeu qui rebat les cartes
Une purification spatiale
Le jeu débute avec l’émergence d’un Space Hulk synonyme d’invasion xénomorphe près de la planète Gorgonum. Le Blood Crusader avec à son bord un contingent de Space Marines est alors dépêché sur place pour enquêter et détruire la menace que représente cet amoncellement labyrinthique de vaisseaux. Une fois encore, les scénaristes se contentent du strict minimum pour justifier une nouvelle campagne inquisitrice. Le récit, cousu de fil blanc, ne surprend jamais. Et la mise en scène se contente de (trop) peu pour rendre hommage aux actes de bravoure et à l’épique des combats dépeints.
Les dialogues 2D et les quelques cinématiques éparses ponctuent deux campagnes solo sous-titrées en français qui brillent par leur simplicité. Les missions s’enchaînent sur une carte représentant le fameux Space Hulk au cours d'une aventure qui vous propose d’incarner les deux camps. Pour la première fois dans l’histoire des adaptations vidéoludiques de la licence Warhammer 40.000, les Genestealers sont jouables. Cela devrait séduire les adeptes des xénomorphes. De l’autre côté de la balance, les éternels Blood Angels répondent présents et portent la parole de l’Imperium aux quatre coins du cadran.
L’univers gothique de Games Workshop n’est pas si aisé à dépeindre sans verser dans le cliché. Et le concept même de Space Hulk freine la créativité des artistes. Une suite de couloirs, de salles et de voies sans issue structurent des niveaux attendues et souvent répétitifs. Les différents environnements traversés et l’arrivée de nouveaux éléments de gameplay pimentent la progression, mais un léger goût de redondance s’impose à nous tuile après tuile, mission après mission. Et les graphismes un brin datés empêchent de profiter pleinement des lieux et des unités, malgré une fidélité au lore qui plaira aux fans.
L’art de la purge
Les Blood Angels ne chôment pas et purifient l’espace un Space Hulk après l’autre sans se douter une seconde de la menace qui plane sur leur chapitre. Cette nouvelle campagne de purification vous donnera du fil à retordre. La faute en incombe à une courbe de la difficulté chahutée par un aléatoire retors et une intelligence artificielle omnisciente. Mais revenons un instant sur les fondations du jeu du studio Cyanide. Space Hulk : Tactics est un Tactical RPG au tour par tour fidèle au jeu de plateau du même nom jusque dans les règles qui le régissent.
Les Space Marines et les Genestealers (voir ci-dessous) se déplacent sur une grille composée de tuiles. Les unités en présence arpentent les environnements exigus en consommant des Points d’Action également nécessaires pour effectuer la moindre action. Tirer sur une cible, ouvrir une porte et même se retourner exigent des PA qui ne sont jamais de trop. La survie passe par une utilisation sensée de ces derniers, la moindre erreur pouvant être fatale pour l’unité en question. Et Cyanide innove sans risquer de froisser les connaisseurs en intégrant un système de cartes à utiliser au cours de la mission. Ce deck composé de 25 cartes maximum (sur 80 disponibles) octroie à l’unité alliée ou ennemis des bonus-malus. Le stratège peut également convertir les cartes en Points d’Action pour écraser l’invasion xénomorphe.
Cette nouvelle mécanique sauve les Blood Angels du courroux d’un aléatoire capricieux. Car dans Space Hulk : Tactics… les armes s’enrayent, les Space Marines manquent leur cible, les attaques de mêlée frappent dans le vide… au point de ruiner parfois les stratégies les plus élémentaires. Pour compenser ce manque de chance chronique, les soldats de l’empereur comptent sur leurs avancées technologiques et les différents types de Terminators à disposition. Apothicaire, Assaut, Sergent… Bolter, lance-flamme, épée-tronçonneuse… la victoire se dessine en amont de la mission en équipant soigneusement vos troupes via un système de personnalisation simple, mais efficace.
Gameplay : Les Blood Angels résistent aux assauts des Genestealers
La force du nombre
La stratégie des Genestealers repose sur le nombre et le harcèlement des troupes adverses pour remplir leurs objectifs. La puissance des Space Marines et leur technologie s’opposent à l’essaim que représente cette espèce xénomorphe. Les Genestealers se dissimulent et surgissent de l’ombre pour fondre sur leur proie. Intraitables au corps à corps, ces créatures peinent à donner le change une fois à distance. Cyanide opère donc de nombreux changements pour rendre justice à cette faction.
Le gameplay s’adapte ainsi à leurs spécificités. Le tour de jeu des xénomorphes se divise en 2 phases… celle de conversion et celle d’action. Lors de la conversion, le stratège détruit les cartes de son deck pour récolter des Points de Menace essentiels et ainsi obtenir des unités. Une fois cette étape franchie, la phase d’action débute et avec elle les hostilités. Les xénomorphes se déplacent à couvert et attaquent les Space marines avant de se replier. Les développeurs sont parvenus avec Space Hulk : Tactics à élaborer deux approches diamétralement opposées et plaisantes à jouer sans jamais oublier de rester fidèles aux factions représentées et à leurs caractéristiques.
L’architecte de l’empereur
Le titre de Focus Home Interactive ne se résume pas à une double campagne solo. Au contraire, ce Tactical RPG s’intéresse au multi et invite les joueurs à s’affronter dans les modes Escarmouche et Partie Rapide afin de prolonger le plaisir. Les chapitres Blood Angels, Ultramarines, Space Wolves et Dark Angels affrontent les flottes-ruches Purestrain, Behemoth, Leviathan et Kraken… un choix de factions parachevé par un système de personnalisation suffisamment poussé pour laisser libre court à votre imagination. Malheureusement, les serveurs semblent à l’heure du test désespérément vides. Le matchmaking cherche un opposant avant d’abdiquer face à un manque chronique de joueurs.
Cyanide ajoute également un éditeur complet de niveaux. Les architectes de Space Hulk mettront ainsi à l’épreuve leur imagination afin de créer des missions toujours plus difficiles et d'alimenter ce Tactical RPG en contenu via une communauté que nous espérons présente et active dans un avenir proche. Types d'environnements, multiples salles et couloirs, éléments de gameplay, objectifs à remplir... bâtir un Space Hulk qui vous ressemble devient réalité. Si cette dernière s’approprie cet outil riche en options et à l’interface intuitive, Space Hulk : Tactics ne manquera pas de nouveautés, des ajouts synonyme de durée de vie colossale.
Points forts
- 2 campagnes solo (Blood Angels et Genestealers)...
- Des modes multi (Escarmouche, Partie Rapide)…
- Un système de cartes innovant...
- La réflexion et la stratégie au coeur de l’expérience
- 2 factions jouables aux gameplay différents
- Un éditeur complet de niveaux
- La fidélité au lore de Warhammer 40.000
Points faibles
- … à la mise en scène minimaliste
- … désertés par les joueurs
- … face à un aléatoire déroutant
- Des graphismes datés
Fidèle et généreux, Space Hulk : Tactics l’est assurément. La fidélité au lore de Warhammer 40.000 et les multiples modes de jeu dont l’éditeur de niveaux sont à saluer. Le studio Cyanide destine ce Tactical RPG aux fans de la franchise et aux stratèges addicts à la difficulté. En effet, cette adaptation ne pardonne aucun faux pas et pousse dans les cordes les habitués du genre. Focus Home Interactive tient entre ses mains une adaptation fidèle, et efficace, mais minimaliste et trop peu audacieuse.