Difficile de le nier, le Battle Royale, dans sa forme traditionnelle du moins, arrive à bout de souffle, autant en raison de la simplicité de son concept que par son créneau garrotté par quelques mastodontes. C'est pourquoi Techland a choisi d'en modifier l'approche avec Dying Light : Bad Blood, un stand alone défini par les équipes du studio polonais comme officiant dans le registre du « Brutale Royale ».
Ce jeu est disponible en accès anticipé (early access). Son contenu est donc susceptible d’évoluer significativement dans un avenir proche. Le test de la rédaction est valable pour la version évaluée le 03/09/2018 et sera mis à jour si nécessaire.
Alors que Dying Light 2 est en train d'être mijoté dans les cuisines de Techland, l'univers zombifié du studio nous est revenu ce mois-ci en accès anticipé sous le nom de baptême Dying Light : Bad Blood. Le principe est simple, comme tout bon battle royale qui se respecte. Des joueurs sont parachutés sur une carte, doivent trouver de l'équipement et, en l'occurrence, parvenir à s'exfiltrer seuls de la carte. Cependant, Bad Blood a dépoussiéré le concept sur bien des points.
Peu de joueurs, carte réduite, action immédiate
En premier lieu, la carte du jeu, de taille assez modeste, ne peut accueillir que 12 joueurs, pas un de plus, ce qui vous assure déjà un temps de jeu par partie nettement amoindri, les sessions de Bad Blood excédant rarement les 12 minutes. En outre, c'est dans son mélange de PvE et de PvP que Bad Blood fait plutôt bien le travail. Effectivement, le but du jeu, nous l'avons vu, est d'être le seul à s'extraire par voie des airs. Cependant, l'hélicoptère qui vous exfiltre n'apparaît pas comme par magie. Effectivement, il faudra récolter suffisamment d'échantillons de sang pour pouvoir déclencher l'arrivée de l'appareil et prétendre au fauteuil qui vous mènera à la liberté. Notez que la récolte des poches de sang permet également de faire passer votre personnage au niveau supérieur, augmentant par la même occasion ses dégâts et sa santé, pour un niveau maximal de 5.
Ces échantillons de sang sont disséminés sur la carte et sont répartis en plusieurs catégories : petits, moyens, grands. Naturellement, chaque nid contenant les poches de sang est gardé par des zombies et plus les poches sont grandes, plus les gardiens infectés sont redoutables. Il faudra donc user de tous les éléments mis à votre disposition pour pouvoir obtenir suffisamment d'échantillons et ainsi embarquer à bord de l'hélicoptère. Dès lors que le palier requis est atteint par un joueur – à savoir le niveau 5 - ce dernier est marqué directement sur la carte des participants encore en vie et sera donc une proie de choix, car le tuer permettra de récolter son équipement mais aussi ses échantillons.
Un exemple d'une partie qui se termine bien
Cette phase de jeu crée une ruée vers le point d'extraction (qui est fixe d'une partie à l'autre) et procure une montée d'adrénaline vraiment grisante pour tous les joueurs. En effet, même si vous n'êtes que niveau 3, par exemple, vous pouvez vous rendre au point d'exfiltration afin de terrasser les autres joueurs en présence, récolter leurs échantillons et ainsi vous échapper. Les affrontements lors de ces phases sont très intenses, le détenteur du nombre maximal d'échantillons tentant de se protéger à tout prix, les autres essayant de lui faire passer l'arme à gauche. Le tout étant généralement servi en moins de 15 minutes, autant dire que l'on n’a pas le temps de s'ennuyer dans Bad Blood.
Une grande mobilité au service de l'intensité de l'action
Le titre de Techland, pour se démarquer du grand vivier du Battle Royale, a eu la bonne idée de reprendre à son compte ce qui faisait le charme de Dying Light, à savoir, le combat au corps à corps et le parkour. Concernant ce dernier, sachez qu'il constitue sans doute la vraie star de Bad Blood, puisqu'il permet une réelle exploitation du décor, que ce soit pour rattraper un adversaire en fuite, ou esquiver des hordes zombies depuis les hauteurs. Cependant, nous noterons qu'en l'état, les déplacements verticaux accusent quelques ratés, ne permettant pas, parfois, de vous faire enjamber des obstacles d'apparence parfaitement franchissables. Excepté ces quelques petits impairs, il faut bien avouer que la grande mobilité offerte par les déplacements de Bad Blood insuffle encore plus d'intensité à une action immédiate qui ne faiblit jamais.
On le sait, le Battle Royale est réputé pour ses parties longues, qui peuvent parfois se résumer à d'interminables sessions d'exploration pour trouver un équipement décent, pour que finalement la partie soit conclue par un headshot d'un sniper posté à 200 mètres. Pas de cela ici. La chasse à l'équipement dans Bad Blood est certes importante, mais il ne vous faudra qu'une poignée de secondes pour trouver au moins une arme de poing avec laquelle lancer l'assaut de votre premier nid de zombie. Les armes que l'on peut trouver sur la carte sont pour la majeure partie de corps à corps et sont de qualité variable. La masse fera énormément de dégâts, mais sera lente à manier tandis que la faucille sera davantage réservée aux joueurs privilégiant la rapidité. Cependant, il existe un niveau de dégât et de qualité pour chaque arme et ainsi, il ne sera jamais idiot d'aller fouiner pour trouver un meilleur équipement au détour d'un coffre ou d'un container. Il en va de même pour les gadgets. Ces derniers peuvent être des trousses de soins, des boucliers, des Molotov ou des grenades, mais également des outils de customisation des armes de votre inventaire. Dégâts de sang, de foudre ou d'électricité peuvent être ainsi ajoutés à votre équipement.
Les seules armes à feu disponibles dans le jeu peuvent être récupérées par l'intermédiaire de caisses, larguées sur la carte. Cependant, ces dernières seront gardées par des personnages non joueurs plutôt coriaces et surtout, la zone de largage devient rapidement un nid à joueurs désireux d'obtenir leur arme à feu. Cependant, n'espérez pas, en cas de loot victorieux, pouvoir rouler sur les joueurs. Les munitions sont extrêmement limitées et votre arme deviendra rapidement inutilisable. Durant ces phases de collectes, au même titre que celles des échantillons de sang, la tension est grande puisqu'il ne sera pas rare de pouvoir profiter qu'un joueur attire les hordes zombies ou les boss vers lui pour discrètement lui subtiliser les objets de convoitise. À ce propos, Bad Blood a eu la très bonne idée d'intégrer le signalement de la proximité d'autres joueurs sur la carte, sans pour autant donner leur position précise. Ainsi, il vous appartient, en fonction de cette information, de savoir si vous préférez en découdre avec les autres joueurs, pour tenter de récupérer les échantillons qu'ils portent sur eux, ou si vous préférez favoriser la quête de l'équipement.
Actuellement, Dying Light : Bad Blood est proposé sur Steam en accès anticipé pour le prix de 19.99€. En échange, vous disposerez de skins légendaires d'équipements et d'armes. A terme, le titre sortira en free-to-play sur PC, PS4 et Xbox One. La boutique étant déjà activée durant la phase d'early access, nous avons pu constater que les micro-transactions ne concernent que des éléments cosmétiques. S'il existe bien des boost d'expérience pour votre personnage, cette dernière ne sert qu'à dévérouiller des caisses et à engranger de l'argent pour acheter des masques et autre skins d'armes. Pas d'inquiètude, donc, les achats ne feront pas basculer Bad Blood dans le pay-to-win.
Du corps à corps plus technique qu'il y paraît
Les combats dans Bad Blood sont la plupart du temps vraiment agréables à mener une fois que le coup de main est pris. Alors certes, il nous est arrivé parfois de pester contre une certaine imprécision avec quelques armes, notamment lorsqu'il s'agit d'appréhender les distances, mais dans l'ensemble, avec les glissades, les parades et les coups faibles ou forts, le panel est assez complet pour donner lieu à des combats plus techniques qu'ils en ont l'air. À noter la présence, elle aussi déterminante au combat, d'une jauge d'endurance. Cette dernière devra être maniée avec beaucoup de doigté puisqu'une fois vide, vous serez incapable de porter le moindre coup. Si certes, le sprint et le parkour ne sont pas adossés à la consommation d'endurance, ce qui vous permet de fuir en cas de danger, se retrouver face à des zombies ou un adversaire sans pouvoir lui asséner quelques mandales peut s'avérer très frustrant. Il faudra donc compiler entre coup fort et faible, tout en prenant en compte le poids de l'arme manipulée.
S'il n'existe pour l'heure qu'une seule carte pour un mode de jeu (un versus entre amis et un mode en ligne traditionnel), Dying Light : Bad Blood déploie un capital fun particulièrement rafraîchissant une fois que l'on commence maîtriser les subtilités du jeu. En dépit d'un schéma identique d'une partie à l'autre et du fait que les nids de zombies ne sont pas positionnés aléatoirement sur la carte, les situations sont souvent variées, notamment grâce aux rixes et courses-poursuites qui se produisent entre les joueurs. Bref, Bad Blood tient un concept solide qui gagnera toutefois à être étoffé et peaufiné pour exprimer son plein potentiel.
Encore un peu de chemin à parcourir
En l'état, plusieurs points sont vecteurs d'amélioration, même si dans les faits, les quelques soucis que nous relevons devraient être corrigés facilement d'ici la sortie définitive. En premier lieu, il existe quelques problèmes lors des combats au corps à corps, notamment concernant l'équilibrage des armes, leurs dégâts, ainsi que la consommation d'endurance requise pour les manier. Il existe également, nous l'avons vu, un problème d'allonge notamment lors de l'utilisation de la dague qui rend les affrontements parfois frustrants et pénibles.
En outre, dans l'immédiat, les joueurs ne sont pas extrêmement nombreux. Si nous n'avons pas eu dans l'ensemble de problèmes à trouver des parties, le matchmaking n'est pour le moment pas particulièrement rapide et la stabilité des serveurs laisse parfois à désirer. Nous avons effectivement subi quelques déconnexions intempestives au cours de notre test, sans que cela affecte totalement le plaisir pris à traverser le titre.
Statut d'early access oblige, nous avons également constaté la présence de certains bugs physiques, pas spécialement courants ni particulièrement handicapants, mais ces éléments sont des indicateurs clairs pour marquer le chemin restant à parcourir au titre avant sa sortie en version définitive. Enfin, l'intégration d'une gestion d'inventaire, permettant de paramétrer la position des armes et gadgets dans la barre d'action rapide serait clairement indispensable pour fluidifier le changement d'un équipement à un autre. Quoi qu'il en soit, avec l'imminence de l'arrivée des parties classées et la possibilité d'un mode coopératif, Bad Blood est en tout les cas une expérience solide et nous ne doutons pas de Techland, réputé pour le sérieux du suivi de ses jeux, qu'il fournira tout le travail nécessaire pour que son poussin prenne totalement son envol.
Points forts
- De l'action frénétique, qui ne faiblit jamais
- Le parkour et les combats au corps à corps, qui nécessitent une certaine maîtrise
- Le mélange bien pensé entre PvE et PvP
- Le signalement de la position des joueurs, un vrai plus
- La ruée vers la zone d'extraction, vraiment intense et grisante
- Des situation très variées en dépit de points d'interaction (nids, zone de fin) fixes
- Plutôt joli
Points faibles
- Un équilibrage entre certaines armes qui devrait être remanié
- Impossible de paramétrer sa barre de raccourcis
- Quelques bugs et désynchronisations
- Une seule carte pour le moment et pas de coop
- Matchmaking un peu long à certains moments de la journée
Finalement plutôt éloigné du Battle Royale (si tant est qu'il existe une définition précise pour ce genre), Dying Light : Bad Blood dispose de sérieux arguments pour proposer une expérience addictive, fun et plus technique qu'elle n'y paraît. En mélangeant parkour, corps à corps, PvE et PvP, le titre de Techland assure à tous les joueurs une actio immédiate et particulièrement haletante. Si l'on croise les doigts pour que l'équilibrage du jeu soit peaufiné et que la diversité soit de mise lors de la sortie définitive en free-to-play, il n'est pas criminel pour autant de dépenser son argent dans cet early access si vous êtes impatient et/ou désirez soutenir le développement du jeu, pour peu que vous acceptiez un matchmaking un peu longuet, et deux ou trois petits écueils qui devraient être rapidement corrigés.