Les vacances, les soirées pyjama avec des copains dans la grande maison de campagne abandonnée… voilà de quoi donner des idées aux plus téméraires d’entre nous, et une fois les derniers films d’horreur engloutis en même temps que quelques parts de pizza, l’envie de passer à l’étape suivante est tentante. Sorti le 13 juillet, Bring to Light peut sembler un bon compromis pour les plus friands d’adrénaline qui n’auraient pas un cimetière ou un bois hanté à portée de main. Non content de proposer une expérience VR, il offre également un système novateur permettant de prendre en compte votre rythme cardiaque et d’adapter le jeu à sa fréquence, pour ceux qui sont équipés de capteurs... reconnaissez que présenté comme cela, ça en jette ! Il faut avouer que sur le papier, le titre du studio indépendant Red Meat Games (créé en 2013 et basé à Ontario et Halifax) possède de bons arguments afin de vous faire frissonner jusqu’au bout de la nuit. Cependant, qu’en est-il vraiment une fois plongé dans cet univers Lovecraftien ?
Le dernier train avant l'enfer
À la manière de The Nightfall, l’histoire commence de façon très abrupte, avec un accident de métro dont vous semblez être le seul survivant. Vous voici donc à déambuler en vue à la première personne dans les méandres obscurs et labyrinthiques à la recherche... d’une sortie, on imagine ? En effet, très peu d’informations concernant votre personnage ou même ses objectifs et motivations sont fournies. Contentons-nous alors de dire que l’idée est de survivre et que la linéarité du monde qui vous entoure vous conduira à vivre une aventure surnaturelle. Car, si l’histoire semble initialement ancrée dans la réalité, elle va peu à peu se tourner vers un univers horrifique empreint d’ésotérisme et son ambiance si chers à Howard Philips Lovecraft.
Commençant par les souterrains du métro, le héros arrivera à des égoûts, une caverne, une cité perdue et bien plus, s’il survit. Nous vous annoncions plus haut qu’il semblait être le seul survivant de l’accident, mais ce n’est pas tout à fait le cas puisque dans la noirceur et la brume qui l’entourent, rôdent d’effrayantes créatures qui ne lui veulent pas que du bien. Respiration haletante, voix mystérieuse, râles inquiétants et ombre menaçante vous accompagneront durant votre aventure et mettront vos nerfs à rude épreuve. Force est de constater que si Red Meat Games a fait dans le minimalisme pour le scénario en le limitant à quelques phrases "introductives" entre deux parties, il semble avoir mis le paquet dans l’atmosphère pesante et lugubre qui sera la nôtre durant une partie de ce périple.
N'est pas Stephen King qui veut...
Car oui, bien qu’il en prenne allégrement le chemin, Bring to Light n’est pas uniquement un jeu d’horreur puisqu'il s’articule autour d’une grosse dimension d’énigmes à résoudre de manière à avancer. Astucieuses et bien dosées au niveau de la difficulté, elles sont cependant à l’image du reste : beaucoup trop redondantes. Passer la moitié d’un titre censé effrayer à jouer avec des rayons lumineux et divers symboles nous fait parfois oublier que son but principal est de faire peur. Si cela n’enlève rien à la qualité des puzzles, on ne peut s’empêcher de regretter que l’ambiance horrifique pourtant si bien retranscrite ne soit présente que par bribes, nous sortant parfois complètement de l’immersion tant recherchée.
Alors que quelques instants plus tôt nous hurlions à pleins poumons à notre empoté de personnage de courir plus vite afin d’échapper aux griffes de l'horrible monstre qui nous pourchassait, nous voilà d’un coup dans une grande salle, bien éclairée, où régnerait presque une ambiance chaleureuse… c’est un peu décevant surtout pour un jeu qui repose sur le mécanisme d’un Outlast, où vous ne possédez aucune arme et où seuls le flash de votre téléphone ou le maigre faisceau d’une lampe torche vous éclairent durant les phases d’exploration. Pour parvenir à la fin de l’aventure, il faudra alterner entre infiltration discrète, et fuite en avant. En effet, n’ayant aucune arme et autant de cardio qu’un cancéreux en phase terminale, si un ennemi vous détecte, c’est presque automatiquement la mort assurée.
Des errances bien trop lourdes pour se maintenir à flot
À ce propos, notez que si l’IA est bien souvent aux fraises, cela est parfois contrebalancé par des ennemis capables de vous voir et vous tuer à travers des murs. Les points de sauvegarde automatiques étant assez éloignés, du moins durant les phases "dangereuses", il est parfois très frustrant d’être tué sans raison et de devoir recommencer, en espérant que cela se passe mieux. En revanche, surprise agréable bien que peu pratique : une fois repéré, il ne sera pas aisé de semer vos ennemis et le stress qui découlera de ces courses-poursuites sera le bienvenu.
Même si, afin de profiter à fond du potentiel du titre, un casque VR est recommandé, il est également possible de jouer sans, à la manette ou au clavier/souris. La dernière option vous est tout de même déconseillée puisque le jeu est paramétré sur le modèle du QWERTY et que les touches ne sont pas modifiables. D’un point de vue technique, sans être complètement à la ramasse, le titre accuse un budget réduit avec des problèmes de clipping, des textures baveuses, des temps de chargement un peu longs, ainsi que différents bugs et autres murs invisibles un poil agaçants. On salue néanmoins l’effort des développeurs qui ont tenu à porter le jeu en français, et ce malgré des fautes grossières voire même des traductions parfois incompréhensibles.
Points forts
- Une ambiance stressante et oppressante...
- De bonnes idées...
- Des énigmes bien dosées...
- Traduction française...
Points faibles
- ... présente trop peu souvent
- ... pas assez exploitées
- ... mais redondantes
- ... souvent malheureuse
- Scénario inexistant
- Faible techniquement
Bring to Light ne partait surement pas dans l’optique de révolutionner le genre, et a préféré s’appuyer sur des ressorts déjà utilisés et ayant prouvé leur efficacité. À un système de gameplay croisé entre Outlast, pour le côté infiltration et Alan Wake pour le système de soin et de collectible sous forme de feuilles à récupérer, s’ajoutait une bande son de bonne facture malgré une musique quasi inexistante. Cependant, si l’ambiance fonctionne bien sur la première heure de jeu, et qu’on est reconnaissant envers Red Meat Games de ne pas s’être laissé aller au jumpscare facile, elle s’essouffle bien trop vite et l’on constate rapidement que les râles et autres murmures faisant froid dans le dos se répètent en boucle. Dommage puisque c’est une des rares qualités que l’on peut trouver à ce titre, techniquement faiblard et possédant un scénario au mieux décousu, au pire carrément absent. Les énigmes, quant à elles, sont plutôt sympathiques et bien dosées malgré une certaine redondance. À se demander si finalement Bring to Light n’a pas tout simplement été rangé dans la mauvaise catégorie… en somme, les joueurs à la recherche de frisson seront déçus, tandis que les amateurs de jeux de réflexion seront plutôt satisfaits de leur achat, qui ne restera néanmoins pas dans les annales.