Après avoir effectué un premier retour fin 2017 avec une sortie sur PlayStation 4 et Xbox One, Okami HD nous revient en ce chaud été, cette fois avec une version Switch attendue par tous les amateurs de culture japonaise. Et on peut les comprendre : à l’inverse des consoles de Sony et Microsoft, la Switch a quelques arguments à faire valoir pour mettre en valeur le bébé d’Hideki Kamiya.
La bande-annonce d'Okami HD, sur Switch
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Voilà déjà onze années qu’Okami hante les joueurs. Le jeu de Clover et Capcom a connu une curieuse histoire, entre critiques unanimes de la presse et échec commercial. Avant d’être finalement redécouvert par les joueurs, et de s’imposer petit à petit comme l’un des titres les plus marquants des années 2000. Un succès suffisant pour lui donner droit à une première version HD, en 2012, et une seconde, en 2017. C’est de cette dernière dont il est aujourd’hui question, avec un portage Switch très attendu, notamment par celles et ceux qui avaient apprécié la version Wii d’Okami, qui avec son motion gaming avait réussi à tirer son épingle du jeu.
Le loup des doigts
Car vous vous en doutez probablement, Okami HD version Switch profite assez largement des caractéristiques de la console de Nintendo, en proposant différentes façons de jouer. La première que nous ayons essayée, c’est la version portable sur jeu, avec les Joy-Cons connectés de chaque côté de la bête. C’est probablement dans cette configuration qu’Okami HD offre les meilleures sensations, car il utilise bien entendu l’écran tactile de la Switch. Du bout des doigts, il est possible d’utiliser le Pinceau Céleste et donc de tracer avec beaucoup de précision les différents symboles (lignes, cercles, etc) désormais connus de tous. C’est très pratique en combat, où l’on peut enchaîner avec aisance les attaques au Pinceau, et mitrailler les ennemis avec les différents sorts d’Ama. La bombe, par exemple, devient très facile à invoquer et se montre bien pratique pour infliger des dégâts aux ennemis qui préfèrent se tenir à distance.
Notez que dans cette configuration, il est aussi possible d’utiliser le Pinceau Céleste en se servant uniquement du joystick droit de la console, comme dans les autres versions du jeu. C’est envisageable si jamais vous aviez un genre de phobie des écrans sales et plein de traces de doigt, mais très sincèrement, sauf cas de force majeure, on voit mal comment préférer ce style de jeu.
La tentation du motion gaming
Si jamais il vous venait l’idée de connecter votre Switch à son dock, vous devriez faire une croix sur l’écran tactile et donc choisir entre deux approches : les Joy-Cons connectés en manette, ou le contrôleur Pro de Nintendo. Il vous faudra gérer le Pinceau Céleste au joystick, une solution tout à fait viable, même si elle demande un peu d’entraînement. Rien d’infaisable, dans tous les cas. L’autre option, c’est d’utiliser les Joy-Cons seuls, un dans chaque main. Les coups de pinceau se feront donc grâce aux accélérateurs des petites manettes, de quoi rappeler quelques bons et moins bons souvenirs à celles et ceux qui ont connu la version Wii d’Okami. À l’inverse de cette dernière, Okami HD Switch pense aux joueurs droitiers et gauchers, en laissant au joueur la possibilité de sélectionner le Joy-Con qui fera office de pinceau. Il est également possible de gérer la sensibilité de celui-ci, ce qui est plutôt bienvenu. Toutefois, malgré ces nombreuses possibilités de réglage, nous avons vite délaissé nos Joy-Cons pour revenir, encore une fois, à l’écran tactile. L’ensemble manque de précision et l’on a parfois du mal à comprendre pourquoi un mouvement parfaitement horizontal est retranscrit par un coup de pinceau en biais. Autant dire qu’entre passer de (trop) longues minutes à reconfigurer nos Joy-Cons, pour un résultat approximatif, ou peindre au doigt, nous avons vite fait notre choix.
Un style visuel indémodable
La bonne nouvelle, c’est que dans tous les cas, Okami HD reste un jeu absolument somptueux, qui flatte la rétine. Que ce soit sur le petit écran de la Switch, ou sur votre télé, cette version ne démérite pas et offre un rendu visuel de grande classe. On s’y attendait un peu : Okami HD n’est pas le jeu le plus gourmand du monde, la petite console de Nintendo peut donc se permettre de le faire tourner sans souffrir. On notera toutefois un popping un peu surprenant, dans les zones les plus ouvertes, avec des plantes ou des arbustes qui apparaissent à un ou deux mètres seulement devant Amaterasu.
Les couleurs, en revanche, sont toujours aussi réussies, notamment sur l’écran de la console. Certes la technologie est datée, mais la colorimétrie, elle, est quasi-impeccable, et dans un jeu comme Okami HD, c’est forcément une plus-value. Les roses, les verts, les rouges, les jaunes, les bleus… C’est à la fois très fin et toujours bien dosé. Vous l’aurez compris, c’est probablement dans sa version portable que le jeu de Capcom est le plus agréable.
Test d'Okami par Logan (05/02/2007)
Si Okami est bel et bien un jeu vidéo, il est avant toute chose une déclaration d'amour de passionnés à passionnés, une ode au raffinement pictural, un pamphlet artistique et un majestueux brûlot à l'encontre de ceux et celles qui n'ont pas encore compris que certains jeux vidéo méritant le qualificatif d'oeuvre d'art ont autant leur place dans un musée qu'un Picasso ou un Monet. Mais là où il n'est permis que d'admirer le travail du peintre, le titre de Clover Studio tend la palette graphique au joueur en l'invitant poliment à composer avec son environnement, à ne pas rester inactif, à participer comme jamais à une expérience unique se situant aussi bien devant que derrière l'écran. Ainsi donc, tout en faisant connaissance avec la déesse Amaterasu réincarnée en un magnifique loup blanc, le jeu nous ouvre peu à peu de nombreuses portes derrière lesquelles se cachent des trésors d'ingéniosité. De fait, si le gameplay n'exclut nullement le gain d'expérience indispensable à l'évolution de notre avatar, l'obtention de techniques de combat ou la découverte de nouvelles armes (ces deux derniers points étant liés), la trouvaille la plus astucieuse reste l'utilisation d'un pinceau, véritable prolongement du personnage qu'on incarne.
Une feuille, un pot rempli d'encre, un pinceau, de l'imagination et un oeil aguerri. Présenté comme tel, cet aspect d'Okami a de quoi intriguer surtout quand on sait que ceci implique un gel de l'action, un temps d'arrêt imposé. Par conséquent, une fois vos gourdes d'encre pleines, vous aurez la possibilité de recouvrir l'écran d'un parchemin afin d'y faire glisser votre plume. Mais pourquoi donc me demanderez-vous avec toute la candeur qui vous caractérise ? Eh bien, pour créer mes bons amis, pour créer. Nous plaçant au poste de grand ordonnateur du pinceau magique, Clover nous invite à de nombreuses reprises à user de nos talents d'artiste pour modeler l'univers dans lequel nous évoluons. Certes, j'embellis quelque peu le tableau mais au delà des restrictions imposées, on ne peut s'empêcher d'utiliser la capacité qui nous est donnée de dessiner des nénuphars afin de traverser une étendue d'eau, de relier des constellations pour appeler une divinité détentrice de techniques calligraphiques, de griffonner des bourrasques de vent ou de raturer notre feuille à dessins pour réparer diverses constructions dans le but de s'attirer les faveurs de villageois reconnaissants. L'idée est à ce point bien pensée qu'on peut la scinder en deux utilisations complémentaires. Habile subterfuge pour revenir sur les divinités mentionnées quelques caractères plus avant.
Bien qu'Okami ne rate jamais une occasion de s'amuser avec ou au détriment de ses protagonistes principaux, le titre conserve malgré tout une véritable dimension cosmogonique en s'appuyant sur la mythologie japonaise. En conséquence de quoi, les figures emblématiques du folklore nippon abondent. Pour être précis, vous pourrez en rencontrer treize qui vous donneront chacune une technique de calligraphie permettant de faire fleurir des arbres, de jouer avec la lune et le soleil (ceci étant pratique pour rencontrer certaines personnes ou assister à des scènes particulières), d'utiliser des lianes pour atteindre des endroits inaccessibles, etc. Si lesdites techniques ont bien entendu un aspect pratique, elles vous serviront également de moyens offensifs lors d'affrontements contre des boss requérant une méthode particulière pour être occis ou lors de rixes plus conventionnelles contre les ennemis communs. Il vous sera alors possible de zébrer l'écran d'un coup de pinceau après avoir assener quelques coups bien placés pour découper en deux votre adversaire et ainsi obtenir davantage d'items ou d'argent.
A ce sujet, une fois vos "poches" remplies de ryo, il ne tiendra qu'à vous d'aller glaner quelques objets chez les marchands ambulants généralement postés à des endroits stratégiques. On retrouvera dans ces échoppes les habituelles potions de santé (ici représentés par des os), de magie, des bouteilles de saké pour être plus vaillant ou résistant... En sus, il sera aussi question d'un maître d'armes, vieux, loufoque mais surtout détenteur d'enchaînements destructeurs ou de parades qu'il vous faudra acheter avant de pouvoir les utiliser. Sur ce point, Okami fait également très fort sachant qu'en fonction du placement de vos armes, vous pourrez les utiliser de différentes manières. Par exemple, si vous disposez le miroir en arme secondaire, il vous servira de bouclier, alors qu'en tant qu'arme principale, il vous permettra d'attaquer. Ensuite, il vous suffira d'appuyer sur deux touches d'action pour alterner entre les deux armes et ainsi réaliser de bien beaux enchaînements. Dans tous les cas, à la fin de chaque ballet mortel, vous recevrez une certaine quantité de ryo en fonction des dégâts subis ou du temps que vous avez mis pour éliminer tous vos adversaires. La conséquence de ce dynamisme fait qu'on prend alors un malin plaisir à rechercher le contact avec les ennemis qui peuvent être évités, la plupart d'entre eux étant visibles. Pourtant c'est bel et bien les rencontres avec les boss qui marqueront le plus les esprits tant ces échauffourées synthétisent tout l'esprit de grandeur, de force et d'invincibilité que doivent normalement susciter ces êtres prétendument intouchables.
En somme, le titre de Clover semble frôler la perfection, même pour ceux qui s'évertueront à chercher la petite bête pour prouver à qui de droit qu'il est déontologiquement impossible, et inconvenant, de sacraliser un jeu à ce point. Mais force et de reconnaître qu'à mesure qu'on sonde les profondeurs d'Okami, on se perd facilement dans une sereine contemplation née d'une atmosphère fantasmagorique relayée par un graphisme fabuleux auquel un léger filtre apporte un côté granuleux, rugueux, à l'instar d'une feuille de Canson. Mis à partie pour embellir certaines scènes comptant parmi les plus oniriques jamais vues dans un jeu vidéo, à l'image de cette nature reprenant vie sous forme de cascade de pétales, cet artifice artistique renforce un peu plus l'impression de flottement et de sérénité se dégageant de ce catalyseur de plaisirs. Résolument écologiste, profondément engagé mais avant tout désireux d'offrir une épopée envoûtante et drôle à la fois, on appréciera aussi la longévité du titre dont les quêtes annexes éclosent de partout. De fait, en dehors des chalands attendant une aide salvatrice, des mini-jeux réclamant de la rapidité, la récolte de perles errantes, vous aurez l'occasion de nourrir divers animaux peuplant les routes vous conduisant à votre destin. Mais avant de pouvoir réaliser cette bonne action, vous devrez au préalable récupérer des aliments de toutes sortes afin de contenter tous les pensionnaires de votre animalerie. Enfin, il suffira de donner la nourriture adéquate à l'animal affamé pour que celui-ci vous offre en retour un chapelet de sphères de bonheur synonyme d'expérience.
Ne cherchant à aucun moment la voie de la facilité, Okami griffonne, esquisse et pique au vif l'intérêt du joueur pour éveiller ses sens. De l'apparition du logo de Clover au plan clôturant le magnifique travelling dévoilant les crédits de fin, l'oeuvre du studio nippon se montre si généreuse qu'on en oublierait presque qu'on vient de vivre une des plus grandes expériences vidéoludiques qui soit. Impossible d'affirmer si tout comme moi, Okami changera votre perception du jeu d'aventure/action mais finalement, là n'est pas le principal. Ce qui compte est que vous vous réjouissiez en riant devant les péripéties d'Amaterasu, que vous sachiez capturer l'émotion de l'instant avant qu'il ne s'envole, que vous preniez du plaisir la manette entre les mains. Il n'existe pas une seule façon d'aimer Okami dont la sincérité fait sourire alors qu'on nous abreuve de plus en plus de termes techniques pour mettre en valeur tel ou tel jeu. Okami, lui, respire la vie grâce à des développeurs qui ont un jour voulu faire parler leur art en donnant tout ce qu'ils avaient dans le ventre et dans le coeur. Par certains côtés, le résultat porte en lui une part de tristesse en tant que chant du cygne de Clover. Pourtant, il est inutile de revenir en arrière, ce qui est fait ne pouvant être défait. En définitive, le plus important est que ce titre ne soit jamais oublié et serve de réflexion sur ce qui donne du caractère, de l'intensité, de l'émotion à un jeu vidéo. Pendant ce temps, Okami s'impose comme une oeuvre qui aura marqué ce début de siècle, comme ça, tout simplement...
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Points forts
- Direction artistique magistrale
- Plus grand confort visuel
- Un véritable voyage
- La classe d'Amaterasu
- L'humour à la japonaise
- L'écran tactile de la Switch, qui sert à merveille le Pinceau Céleste
Points faibles
- Quelques soucis de caméra
- Chargements trop fréquents
- Les voix en yaourt
- Le texte est lent durant les cinématiques
On va être francs : cette version Switch est probablement la meilleure version existante d’Okami. Le lissage graphique est évidemment appréciable, mais c’est surtout le jeu au doigt qui apporte un plus non-négligeable. Plus précis, plus naturel, il corrige le seul véritable gros défaut du jeu original, faisant de cette version un must-have absolu pour celles et ceux qui ne connaissent toujours pas Okami. Les autres redécouvriront un grand jeu dans les meilleures conditions possible