Deux années après un lancement tumultueux, illustré à travers de nombreux soucis techniques et un manque de contenu par rapport à ce qui avait été initialement promis, No Man’s Sky revient et tente de s’extirper de la case souvent peu reluisante dans laquelle il avait été placé par bon nombre de joueurs déçus. Prévu comme un projet sur le long terme, le jeu d’Hello Games n’a pas démérité et s’est bonifié avec le temps, profitant de trois mises à jour majeures et d’une dernière, intitulée NEXT, venant offrir ce que tout le monde attendait à la sortie : une véritable dimension multijoueur. Le titre, 100% sandbox et relativement abstrait, est-il devenu l’oeuvre promise à l’annonce en 2013 ?
Notez qu’il s’agit là d’un re-test, conformément à notre ligne éditoriale qui permet de renoter un jeu si ce dernier a significativement évolué depuis sa sortie. No Man’s Sky est sorti au mois d’aout 2016 en 1.0. Le re-test concerne la version NEXT (1.5) disponible sur PC et PS4 et qui marque l’arrivée du titre sur Xbox One.
Lors de notre précédent test du titre, datant de sa sortie 1.0 en 2016, nous étions séduits par la formule du jeu et par son ambiance unique mais lui reprochions plusieurs choses, tantôt d’ordre technique (clipping, homogénéité du procédural parfois chancelante), tantôt structurelle (interface laborieuse, manque de variété dans les routines du joueur). Force est de constater que les updates successives, intitulés Foundation, Path Finder, Atlas Rises et NEXT, ont permis au titre de retravailler chacune de ses faiblesses au fil des mois et d'enrichir considérablement le domaine des possibles afin d’arriver à un résultat à la hauteur des ambitions du studio et de l’attente des joueurs. Pour retrouver notre avis initial sur le titre, et comprendre son fonctionnement, n’hésitez pas à lire en premier lieu le test d’origine, car ce re-test sera axé sur les améliorations et nouveautés distillées au sein des diverses mises à jour majeures qu’a connu le titre, jusqu’à sa 1.5 actuelle.
Nombreux ont été ceux qui suivirent le titre à travers ses différentes mues, mais pour un joueur de la première heure ne l'ayant jamais relancé après quelques semaines de jeu, la transformation est totale. Graphisme, interface, scénario, profondeur de jeu, features offline et online : tout a été revu et amélioré, si bien que l’on recommandera aux joueurs de repartir de zéro pour se baigner dans la nouvelle trame, remodelée, et mieux articulée qu’auparavant. Car si No Man’s Sky avait tendance, après nous avoir inculqué les bases, à nous lancer dans une course effrénée vers le centre de l’univers, seul véritable but à atteindre, on constate désormais bien plus de nuances dans la progression du joueur. Tâchons donc de voir ce qu’apportent indépendamment les différentes mises à jour et comment Hello Games a su reforger son titre au fur et à mesure...
Notre test principal de No Man's Sky NEXT fut réalisé sur PC, mais sachez que le titre est également disponible sur PS4 depuis le lancement, et débarque désormais sur Xbox One et One X avec la sortie de la mise à jour NEXT.
Niveau fluidité, le tout tourne pour l'instant, sur Xbox One, avec un objectif à 30 images par seconde avec de nombreux décrochages à 25 images secondes, réhaussés par quelques fulgurances au delà des 40 FPS. En revanche, sur Xbox One X, le titre se paye deux modes d'affichage supplémentaires : le premier, le Quality Mode, permet de mettre en avant les graphismes du titre, dans un rendu proche de celui que l'on a sur PC en très élevé, compatible 4K et tournant à 30 FPS en moyenne, et l'autre, le Performance Mode, autorise les 60 images par secondes sur une résolution 1080p et s'avère plutôt stable. Il arborera quant à lui une qualité graphique proche du moyen/élevé sur PC mais n'a franchement pas à rougir, la plupart du temps, du mode Quality. Vous aurez donc globalement le choix entre les deux, mais devrez redémarrer le titre à chaque changement de configuration.
Foundation, la sédentarisation du voyageur itinérant
Assez vite, les joueurs de la première heure ont résumé No Man’s Sky comme un titre spatial où l’on devait enchainer les sauts supraluminiques et s’arrêter de temps en temps pour collecter et vendre des ressources en vue de continuer notre périple. La mise à jour 1.1 a donc tenté de briser cette routine, qui peut vite être néfaste à l'expérience si l’on ne se prend pas un tant soit peu au jeu de l’exploration planétaire. La première étape était de sédentariser les joueurs et de leur offrir des points d’accroche, matérialisés par la construction de base, fondation du périple spatial. En dehors de l’ajout du mode Survie, plus difficile que le mode normal, on a donc vu poindre un mode Créatif, venant proposer aux joueurs de laisser libre cours à leur imagination lorsqu’il s’agit de créer des habitats et de recruter des vendeurs et autres marchands afin de s’établir sur une planète. Ce mode permet d’accéder rapidement à la construction, cependant gardons à l’esprit que cette dernière est également ancrée dans votre partie “normale” et rythmera vos pauses car il est possible de se téléporter de base en base. Ainsi, même en se prenant au jeu de la course au centre, il ne sera pas rare de passer quelques heures à jouer aux architectes d'intérieurs et à se lancer dans le housing intensif. Les bases autorisent le joueur à cultiver des ressources en extérieur ou en intérieur, de positionner des points de sauvegarde et autres joyeusetés idéales pour faciliter les phases de recherche de ressources.
L’arrivée du Cargo, véhicule stellaire imposant et diablement pratique, vous permettra également d’aménager un intérieur de plus, en faisant de lui une base mobile qui vous facilitera la gestion et les transferts d’objets, un des soucis du jeu de base. Pour faciliter ces intéractions avec l'inventaire, Hello Games a très vite intégré un menu à accès rapide, très pratique lorsqu'il s'agit de recharger les différents systèmes vitaux de la combinaison et du multi-outil. Désormais, en quelques pressions de touches, il est possible d’appeler vaisseaux et cargos et de construire selon notre gré, profitant d’un système intuitif et franchement bien pensé qui s'adapte aux extérieurs comme aux intérieurs. Construction, sédentarisation, et voyage en cargo sont donc les trois mots-clés de cette update.
Path Finder : La spécialisation au service de l’exploration
La mise à jour Path Finder proposa, tout comme son aîné, de nombreux ajouts et se payera au passage un petit lifting, améliorant largement les graphismes du jeu qui bénéficient de nouvelles textures, supportent plus de technologies d’affichage sur PC et console (avec notamment la 4K et l’expérience améliorée sur PS4 Pro). Les bases peuvent depuis cette mise à jour être partagées en ligne et il est donc possible de débarquer sur une planète et d’y trouver une base à revendiquer, construite par des joueurs qui peuvent d’ailleurs nous y avoir laissé quelques messages.
Autre clé de voûte de l’exploration, les véhicules ont eux aussi subi une large refonte, introduisant un système de classes avec bonus dédiés. On peut maintenant posséder plusieurs vaisseaux différents, stockés dans notre cargo, afin d’opter selon la situation pour un combattant, un marchand, un mineur ou un explorateur, équipé préalablement de technologies optimisées pour l’activité ciblée. Cette spécialisation touche également votre outil multi-fonction, taillé pour plusieurs types d’activités. Une démarche franchement bienvenue dans No Man's Sky, qui incitait un peu trop le joueur à camper sur ses choix d'équipement.
Afin de fluidifier cette nouvelle dynamique, les développeurs ont retravaillé l’aspect économique du titre en donnant aux différentes races de PNJ des spécificités commerciales plus nettes. Ainsi, si vous souhaitez améliorer votre exo-combinaison, il suffira de marchander avec des aliens de race Korvax, auprès desquels vous pourrez échanger des Nanites (une monnaie accompagnant les crédits) dans le but d’acheter des plans technologiques dédiés. On retrouve la même procédure pour les améliorations du multi-outil, du vaisseau, et pour l'acquisition de nouveaux plans de construction dédiés à vos intérieurs.
Histoire d’inciter les joueurs à bouger au sein des biomes, trois véhicules d’exploration terrestre viennent enrichir le contenu du jeu, déjà renforcé à tous les étages. Ces derniers permettent de se balader plus efficacement à la surface de chaque planète et vous éviteront de dépenser du précieux carburant à chaque décollage de vaisseau, un malus qui avait jadis tendance à détourner les joueurs de l’exploration planétaire. De taille variable, ces véhicules permettent de tirer profit des ressources locales et dynamisent les phases de recherche en surface, en plus d’apporter un support significatif en matière de stockage et de minage. Notons par ailleurs qu’un mode photo fait son apparition avec la mise à jour, histoire d’immortaliser les moments clés de votre aventure.
Exploration d'un avant-poste sur PC en Ultra
Atlas Rises : Densifier l’expérience solo et le multijoueur
La mise à jour 1.3 du titre, Atlas Rises, fut en quelque sorte les prémices de NEXT en mettant le paquet sur les quêtes et sur les mécaniques de craft. L’interface accueille alors un journal de quête, idéal pour suivre plusieurs objectifs et varier les missions, ce qui casse une fois de plus la routine. Dans le même genre, on remarque que le menu des découvertes est lui aussi modifié afin de proposer aux joueurs plus de données quant aux ressources présentes sur un biome, et permet en plus de consulter les spécificités et descriptions des éléments rencontrés ou constructibles. De quoi aider les joueurs à se fixer leurs propres objectifs sans trop de frustration face à l’inconnu et sans perdre le fil de leur quête.
Le nouvel arc scénaristique, introduit durant cette mise à jour, promet un total de plus de 30 heures de scénario supplémentaire et dynamise la progression, elle-même désormais amplifiée par l’apparition de missions annexes données par les PNJ. Les missions sont de difficulté variable et la réputation que vous aurez auprès des différentes races permettra de débloquer de meilleures quêtes, n’hésitez donc pas à interagir avec beaucoup de personnages et à leur offrir des cadeaux afin d’améliorer vos relations.
Ces missions annexes vous feront explorer les systèmes à la recherche de bases abandonnées, de cargos échoués et autres trésors, parfois enfouis, qui vous forceront à utiliser le nouvel outil de terraforming, ajouté à travers Atlas Rises. Creuser des grottes, accéder à des technologies cachées et modeler le terrain entourant votre base est donc désormais relativement facile, même s’il faudra un petit temps d’adaptation avant de faire de belles créations.
Le craft se voit lui aussi grandement amélioré grâce à un système de transformation des ressources qui peuvent maintenant être raffinées et combinées dans des installations avancées, de quoi améliorer l’aspect économique du titre, qui bénéficie dorénavant d’une véritable vision macro grâce aux données relatives au commerce pratiqué dans chaque système. En faisant pousser ses propres ressources via la culture hydroponique, ou en positionnant des récolteurs sur des gisements, les joueurs peuvent s’assurer des denrées nécessaires pour le commerce et la conception de biens à haute valeur ajoutée.
Autre point largement amélioré, le combat en vaisseau bénéficie depuis Atlas Rises d’un plus vaste éventail d’armes et des roquettes et accueille une meilleure IA. Le vol en rase-motte et la prise en charge des dogfights durant l’exploration en surface offrent toujours plus de liberté et de variété dans les situations d’affrontements, face aux pirates ou aux sentinelles, ce qui est une très bonne chose.
C'est aussi à travers cette mise à jour qu'Hello Games tente ses premières expériences multijoueur, à petite échelle, prémice de ce qu'offre aujourd'hui NEXT. Par ailleurs, pour favoriser le maillage entre les planètes et faire en sorte que des joueurs puissent se retrouver rapidement et facilement, le studio a mis en place un système de portails, façon Stargate, avec des coordonnées à entrer pour visiter des point d'intérêt : une feature qui sert de base à un des ajouts de la version NEXT.
Lentement mais sûrement, Hello Games a su durant 2 ans préparer le terrain pour sa dernière mise à jour en date en se focalisant systématiquement sur les retours de sa communauté pour améliorer la totalité des pans qui composent le titre. Attaquons nous désormais à la 1.5, qui ne sera d’ailleurs pas la dernière mise à jour de l’aventure No Man’s Sky.
NEXT, l’étape-clé qui apporte (enfin) le multijoueur
NEXT introduit notamment deux features-clé : la troisième personne, à pied comme en véhicule, et le multijoueur, par grappe de 4. Ce groupe peut être formé d’amis, débutant une nouvelle aventure ensemble, ou d’inconnus se greffant aux parties des uns des autres depuis le menu principal du jeu. Il sera dès lors possible d'interagir ensemble, de communiquer notamment via des emotes ou VOIP, et d’effectuer des quêtes en multi.
Afin de trianguler la position des joueurs et de tirer profit des portails, permettant de se téléporter n’importe où, Hello Games a mis en place le Galactic Atlas, un site internet de référencement des lieux visités par la communauté avec description, images, et coordonnées. De quoi planifier efficacement certaines excursions de groupe avec pour objectif la visite de planètes spécifiques. Pour se différencier des autres joueurs, une customisation de l’avatar est accessible depuis les stations orbitales et permet de choisir entre 5 races distinctes, un ajout purement cosmétique mais bien senti.
Hello Games ajoute également via la mise à jour NEXT un système permettant d’envoyer des frégates en mission afin de collecter des ressources et technologies. Ces dernières sont faites d’étapes bien distinctes que le journal de mission vient détailler, apportant parfois quelques rebondissements bien sentis. Par exemple, une frégate marchande pourra être équipée au préalable d’un module de défense qui, en cas de rencontre, lui permettra peut-être de survivre, là où sans cette technologie à usage unique, elle aurait été détruite. Il arrivera parfois d’avoir un appel de la frégate mentionnant d’importants dégâts et vous demandant s’il est vraiment judicieux de maintenir la mission en cour. C’est à vous de décider en fonction des récompenses attendues et du niveau de dégât subi. Par ailleurs, les missions ont globalement gagné en variété, accueillant des quêtes de photographie, d’approche de la faune, de la flore, des minéraux et des trésors archéologiques ainsi que des missions de chasse et de défense. A ce sujet, on notera également pas mal d’ajouts en matière de détection des points d’intérêt et une plus vaste variété dans la faune et la flore avec une amélioration globale des mécaniques de ces dernières. Il est d’ailleurs préférable de faire bien attention lorsque l’on détruit la flore, car certains oeufs cachent bien leur jeu… Le jeu gagne donc en densité et permet la très agréable expérience qu'est l'exploration libre de l'univers, à 4 joueurs.
No Man’s Sky NEXT, une refonte qui donne envie de s’y remettre ?
Offrant une nouvelle couche de multijoueur qui en toute logique ne s’arrêtera pas en si bon chemin et pourrait s’ouvrir à des groupes plus vastes à l’avenir, NEXT propose déjà beaucoup et marque une importante étape de “retour au jeu” pour ceux qui se sont montrés curieux de constater l’évolution du titre depuis sa sortie. L’expérience en ligne est totalement inédite, n’a à ce jour aucun équivalent sur le marché et s’avère diablement efficace bien qu’elle puisse déjà considérablement s’améliorer par des ajouts de features. Désormais plus musclé, bien plus riche en contenu, et plus profond dans ce qu’il a à proposer en matière de scénario et de quête, l’épopée n’en est que plus belle et a pris soin de gommer les défauts de la 1.0 en écoutant soigneusement les retours des joueurs.
Comment fonctionne le multijoueur sur No Man's Sky NEXT
Points forts
- Une aventure unique en son genre, à savourer seul ou en groupe (jusqu'à 4 joueurs actuellement)
- La construction et gestion de base, intuitive et bien pensée, qui motivera les joueurs à s'installer
- Enorme travail sur la variété des missions et sur la mise en scène de l'exploration
- Un sound design et des musiques toujours très planants et pertinents
- Une génération procédurale bien plus au point qu'avant
- Un jeu plus beau, coloré et contemplatif à souhait
- Un support qui réserve aux joueurs de nouvelles mises à jour massives pour les mois à venir
Points faibles
- Encore quelques bugs, parfois assez agaçants
- Les routines d'exploration et de farm toujours un peu trop présentes
- Gestion de l'inventaire et des menus encore un peu lourde
- Un multijoueur assez limité à l'heure actuelle
NEXT parfait l’ADN de No Man’s Sky et propose ce que l’on pouvait attendre de la version 1.0 du titre : une exploration solo et multijoueur, un important maillage des découvertes incarné par l’atlas galactique, une aventure peu linéaire et une forte volonté de nous offrir plusieurs chemins pour évoluer. A travers nos choix d'activités, notre propension à nous arrêter sur une planète pour nous y établir et notre évolution personnelle, No Man's Sky réalise enfin le rêve de Sean Murray, deux années après la sortie initiale. Plus que jamais, le titre est un savoureux bac à sable spatial, planant, reposant et immersif, sur lequel il est agréable de jouer seul ou accompagné. Une excellente expérience aussi atypique que mémorable.