Pour de nombreux éditeurs, le succès de la petite Switch de Nintendo est l'occasion de ressortir de leurs cartons quelques uns de leurs vieux succès, pour que de nouveaux joueurs puissent les redécouvrir. Fin juin, c'est Playdead qui en a profité pour dépoussiérer son Limbo. Un titre toujours aussi unique et captivant.
Limbo arrive sur Switch
Nous ne vous surprendrons pas en vous racontant que le portage de Limbo fonctionne extrêmement bien sur Switch. Le jeu de Playdead n'était pas gourmand pour un sou et sa prise en main était extrêmement simple, se limitant à l'utilisation du joystick et de deux boutons. Bonne nouvelle, même si la Switch est bien moins puissante qu'une PS4 ou une Xbox One, elle est largement capable de faire tourner Limbo, et ses petits boutons ne sont de toute manière jamais vraiment malmenés. Le jeu requiert parfois un peu de précision dans les sauts, mais les Joycons répondent à la perfection. La seule critique que l'on pourra émettre, en revanche, vient de l'écran de la Switch en elle-même. Un défaut de conception pointé du doigt à sa sortie par la plupart des publications spécialistes hardware : le petit écran de la console de Nintendo est protégée par une fine couche de plastique, placée à seulement quelques millimètres de la dalle. Le résultat c'est que la Switch est particulièrement sujette aux problèmes de vilains reflets, et si dans la plupart des titres que l'on connaissait déjà, ce n'était pas un problème, dans un jeu comme Limbo, c'est parfois bien embêtant.
Le jeu était fait de nuances de noirs et de gris, il n'est pas rare de manquer certains détails d'importance. Si vous comptez jouer en mode portable, surveillez donc votre environnement et installez vous de manière à être certain de voir distinctement tous les éléments affichés à l'écran. Mais quoi qu'il en soit Limbo est un incontournable, et cette version Switch ne change rien à l'affaire.
Le test complet de Limbo (le 03/08/2011)
Limbo, c'est avant toute chose une atmosphère. Plongé directement dans le jeu, sans s'encombrer de tutorial ou de séquence d'introduction, le joueur prend directement le contrôle du héros, un jeune garçon, alors qu'il s'éveille dans une forêt. Et hop, en avant toute vers la droite. Pas une once de couleur ici, que du noir, du blanc et toutes les nuances possibles de gris. A l'écran l'effet évoque les débuts du cinéma alors qu'une caméra à la mise au point variable fait penser à quelques vieux clichés photographiques sur lesquels on n'aurait pas toujours très bien géré la profondeur de champ. Petite touche finale : un grain venant "enrichir" un peu plus ce rendu esthétique. De prime abord, Limbo adopte un style naïf, mais en vérité, cet aspect minimaliste cache une véritable violence et que personne ne s'y trompe : Limbo est par moments franchement glauque. On ne dira pas en quoi pour éviter tout spoiler, mais certaines choses qui s'y produisent feraient sûrement scandale si on les voyait dans un jeu à la réalisation plus classique. L'ambiance envoûtante du jeu doit également beaucoup à la bande-son. Elle aussi se réduit à sa plus simple expression : aucune musique, uniquement les effets sonores liés à ce qui se passe à l'écran. Ici de l'eau qui tombe, là un rouage qui se met en branle, et surtout, les différents sons émis par le héros lorsqu'il se fait empaler, écraser, brûler etc.
S'il est dense dans son ambiance, Limbo n'oublie pas pour autant de l'être dans son gameplay. Fondamentalement old-school, il n'utilise que deux boutons en plus du stick pour se déplacer : une touche de saut, une touche d'interaction, pour tirer ou pousser des objets. Simple, oui, simpliste, certainement pas. Pour avoir une bonne idée de ce qui vous attend, prenez Another World et mélangez-le au premier Oddworld. Vous obtenez un jeu de plates-formes dans lequel on progresse par essai-erreur, affrontant fréquemment des pièges particulièrement fourbes qui mettent les réflexes à rude épreuve, des sauts millimétrés et parfois même chronométrés, le tout accompagné par des puzzles qui deviennent rapidement de véritables casse-tête. On meurt souvent dans Limbo, très souvent même, avant de comprendre ce qu'on attend de nous, malgré tout, le jeu place ses checkpoints à la perfection et même les plus râleurs ne se sentent jamais frustrés. Fourbe dans son aspect plates-formes, Limbo est également retors dans ses puzzles. Souvent basés sur la physique, ils se compliquent au fil de l'avancée dans le jeu, impliquant de plus en plus d'éléments. Toujours bien pensés, ils ont surtout le bon goût de ne quasiment jamais se répéter.
On peut le dire : on prend un pied intégral en jouant à Limbo. C'est beau, surprenant, différent et frais même si les inspirations ne datent pas d'hier. Toutefois, deux défauts majeurs l'entachent. Le premier en gênera certains mais pas forcément tout le monde : Limbo n'a pas d'histoire, ni aucune autre forme de narration. Si vous vous posez des questions, tant pis pour vous, vous n'aurez pas de réponse. On peut voir ça comme un choix ou comme une source de frustration, à chacun son avis. L'autre gros problème, c'est la durée de vie de Limbo. Selon votre aptitude à résoudre les puzzles, comptez entre 3 et 4 heures de jeu. Or, Limbo ne fait pas vraiment partie des jeux les moins chers proposés en téléchargement avec son tarif avoisinant la dizaine d'euros. Alors certes, ce sont 3 belles heures, mais tout de même.
Points forts
- Une direction artistique splendide
- Prise en main immédiate
- Des puzzles intelligents
- Une ambiance à couper au couteau
- Bande-son minimaliste très réussie
Points faibles
- Un peu court
- Attention aux reflets en mode portable !
Une fois encore, en 2018, Limbo prouve qu'un jeu n'a pas besoin de 4K ou d'effets visuels en tout genre pour être ennivrant. Avec ses mécanismes bien pensés et surtout une ambiance envoutante, le jeu de Playdead n'a pas pris une ride et c'est avec énormément de plaisir qu'on le redécouvre. Si en plus, on peut y jouer sur la couette avec juste un casque sur les oreilles, et une tasse de thé bien chaud à portée de main, que demander de plus ?