La Switch est gâtée : elle accueille le même jour deux collections absolument immanquables pour les fans de Mega Man. Vous avez déjà saigné Mega Man Legacy Collection ? Pas de problème, Capcom en a encore sous le pied, avec une seconde Legacy Collection. À l'intérieur, pas les épisodes les plus connus mais de très bons jeux néanmoins, et toujours la volonté de coller au plus près à l'expérience originale.
Sans grande surprise, après avoir découvert la première Legacy Collection, cette Legacy Collection 2 est un véritable copier/coller de celle parue sur PlayStation 4, Xbox One et PC en août dernier. On retrouve donc Mega Man 7, Mega Man 8, Mega Man 9 et Mega Man 10 grâce à une émulation impeccable en cela qu'elle livre aux joueurs ces quatre jeux dans la même forme que naguère. Ce qui est à la fois une très bonne chose, et parfois... eh bien, une moins bonne chose, puisque quelques légers bugs d'affichage, bien connus des fans, sont encore du voyage.
Ce "léger" détail mis à part, on retrouve avec plaisir ces jeux peut-être moins connus que les premiers épisodes NES, ou que la série des Mega Man X. Les nouveaux venus seront sans doute assez surpris de constater le gap graphique existant entre les épisodes 7 et 8, et les épisodes 9 et 10 : ces deux derniers sont finalement assez récents (2008 et 2010) et ont été pensés de manière à restituer ce qu'étaient les tout premiers Mega Man. Au programme donc, graphismes 8 bits et gameplay plus limité, sans glissade ni tir chargé. Dans tous les cas, le petit joystick de la Switch obéit au doigt et à l'oeil et comme pour la première collection, déplacer le petit robot bleu est un véritable plaisir.
Seul ombrage au tableau, la simplification du système de filtres d'écran, qui dans la première collection permettait de choisir entre rien, TV et moniteur. Ici, un seul "oui/non" qui applique un filtre moins marqué que dans Mega Man Legacy Collection ; on perd un peu le côté délicieusement rétro que cela inspirait. Avec une version Switch parue neuf mois après les versions PC/One/PS4, on espérait que Capcom ferait un petit effort, même chose pour la partie musée qui reste la même.
Le test complet de Mega Man Legacy Collection (20/08/2017)
De prime abord, Mega Man Legacy Collection 2 affiche exactement les mêmes propositions que les autres compilations de Capcom : les différents jeux jouables à l’ancienne ou avec des coups de pouce, une partie musée, une partie défis… bref, on a désormais l’habitude. Pourtant, cette compilation n’a pas été conçue par le studio Digital Eclipse, à l’instar des précédentes : c’est Capcom Japan qui s’est cette fois-ci chargé du boulot.
On doute cependant que ce soit parce que l’éditeur n’était pas satisfait du travail du développeur, tant l’approche et le résultat sont similaires. Comme pour les précédentes compilations, les jeux tournent grâce à un émulateur interne, ce qui permet de profiter des qualités, aussi bien que des défauts, qui font le charme de ces jeux du passé. Le format de base est le 4/3 avec la zone de jeu entourée d'un fond d'écran que l'on peut choisir. Il est cependant possible d'opter pour une image agrandie en 16/9 mais c'est assez moche... Enfin, ça l'est plus pour les volets 7 et 8, car les 9 et 10 viennent clairement d'un passé moins lointain. Mega Man 10 ne date « que » de 2010. Néanmoins, pour les deux derniers opus proposés dans la compil’, on retrouve le style emblématique des jeux de la NES. Un retour aux sources qui peut d’ailleurs surprendre les néophytes dans l’enchaînement des différents titres.
Coups de pouce, coups de poing
Mega Man a toujours été une franchise des plus exigeantes : les erreurs sont immédiatement sanctionnées, les ennemis attaquent en nombre, les sauts se font au millimètre... vous pensiez que le plus difficile était dans la première Legacy Collection ? Dès les premiers écrans d’introduction de Mega Man 7, le ton est donné : on va en baver, beaucoup, mais cependant de manière un peu plus variée que dans la première compilation puisque les titres proposés offrent davantage de variations de gameplay.
Un constat encore plus grand dans Mega Man 8, épisode presque expérimental sorti sur Playstation en 1996, qui opérait à l’époque une refonte totale aussi bien côté visuel que côté gameplay, et même côté son, avec de la digitalisation vocale. L’apparition de la possibilité de sauvegarder change également la donne, ce qui est le cas également dans Mega Man 9 et 10, ce dernier proposant même de choisir son niveau de difficulté au début de la partie. Malgré tout, la franchise reste un bon exemple de die & retry vintage et même si les habitués qui n'abandonnent jamais ne mettront peut-être qu’une paire d’heures pour dégommer chaque volet, les autres vont devoir prendre leur mal en patience et y passer, beaucoup, beaucoup de temps. Ne pensez pas que le mode Easy de Mega Man 10 va en faire une promenade de santé.
Mais pour les joueurs qui auraient vraiment de grosses difficultés à avancer dans les différents jeux, Capcom propose une série de coups de pouce qu’on avait déjà dans la précédente compilation : la possibilité de sauvegarder même dans les jeux qui ne proposent pas l’option de base, et même le choix d’activer un checkpoint automatique dans certains moments clés. Par contre, un seul espace de sauvegarde est proposé par jeu : il ne faudrait pas que ça ne devienne trop facile.
Encore plus hardcore que hardcore
Ceux qui ont déjà fait les différents titres en long, en large et en travers pourront retrouver une nouvelle série de défis permettant de rallonger la durée de vie, déjà plutôt conséquente, du titre. Pour Mega Man 7 et Mega Man 8, on trouve dans les deux cas une dizaine de défis contre-la-montre qui nécessitent de finir les niveaux ou battre un boss le plus rapidement possible. Pour Mega Man 9 et Mega Man 10, on trouve la même proposition mais, en plus, on a également accès à l’ensemble des défis proposés dans les jeux de base.
Dans Mega Man 9, cela se traduit par 50 défis à réaliser en cours de partie, par exemple terminer un niveau sans détruire un seul ennemi à l’exception du Robot Master, finir le jeu sans mourir, sans être touché… inutile de dire que pour le joueur lambda, accomplir ne serait-ce qu’un seul de ces défis est un challenge de taille. Le mode contre-la-montre permet, par ailleurs, de choisir entre Mega Man et Proto Man.
Pour ce qui est de Mega Man 10, on touche à une durée de vie vraiment très conséquente puisqu’en plus d’une douzaine de défis toujours très difficiles à accomplir en cours de partie, ce sont 88 autres challenges qui attendent de jouer dans des séries de tableaux à la difficulté évolutive. Une bonne partie se résume à aller d’un point A à un point B en esquivant des pièges, le tout en ayant aucun droit à l’erreur. Ça risque de vous prendre des heures si vous ne vous découragez pas en chemin. Et pour la partie contre-la-montre, on peut jouer au choix avec Mega Man, Proto Man et Bass, ce qui permet de multiples approches différentes, chaque personnage ayant des pouvoirs spécifiques.
Tout cela grossit considérablement la durée de vie de la compilation, pour peu que l’on veuille s’attarder sur des défis qui s’avèrent tout de même très répétitifs à la longue, et également très, très difficiles.
Une compilation pour nostalgiques acharnés
C’est désormais une tradition, le tableau est complété par d’énormes galeries de dessins et autres croquis de conception, ainsi que par les quatre OST des jeux, proposés à l’écoute dans des menus dédiés. On regrette de ne pas pouvoir, par exemple, choisir une playlist à écouter quand on joue, mais cela va clairement à l’encontre de la proposition d’ensemble de cette compilation qui mise, comme la précédente, sur l’expérience authentique de l'époque. On peut s'attrister, cependant, qu’un effort minimum ait été mis sur la localisation, seul Mega Man 9 étant proposé en français. Le reste de l’interface de la compilation est cependant disponible dans la langue de Molière.
Par ailleurs, on ne trouve aucun texte explicatif ni aucun commentaire dans la partie musée, qui se contente de galeries d’images, là où la première compilation accompagnait certains visuels agrémentés de commentaires. De ce côté-là, on sent un petit relâchement par rapport au travail fourni par Digital Eclipse. Il y a déjà moins d'épisodes sur ce volume que sur le précédent, du coup, on aurait aimé une petite compensation dans la partie musée. Dommage.
Points forts
- Toujours un beau travail d'émulation
- 4 jeux d'une même saga, mais très différents
- Une pléthore de visuels et croquis à découvrir
- Les OST des 4 jeux disponibles à l'écoute
- Une durée de vie très conséquente notamment grâce aux nombreux défis
Points faibles
- Une partie musée un peu plus paresseuse que d'ordinaire
- Moins de jeux que sur la première collection
- La simplification du système de filtres d'écran
Curieusement, Mega Man The Legacy Collection 2 n'est pas un genre de copier/coller de son ainée et peut-être que l'on aurait préféré, car la disparition de certaines features amusantes est regrettable. Mais pas forcément dommageable : en l'état et à ce prix, cette seconde Legacy Collection offre une belle expérience de jeux pour quiconque serait fan du petit robot bleu de Capcom, d'autant qu'il s'agit probablement de ses aventures les moins connues... et pas forcément les moins intéressantes.