Sorti le 22 novembre 2013 sous la forme, entre autres, d’un free-to-play incluant un unique personnage et une seule arène, Killer Instinct, alors exclusivité Xbox One, a adopté un modèle économique saisonnier lui ayant permis d’enrichir son roster de combattants au fil des mois et de peaufiner son contenu, son gameplay et sa plastique. Ayant connu 3 saisons distinctes, l’ajout d’un très riche mode Shadow Lords bousculant la manière d’appréhender les combats et même un changement de développeur, le bébé de Microsoft Studios s’est alors payé le luxe de sortir sous la forme d’une Definitive Edition, tout d’abord sur Xbox One et Windows 10 le 20 novembre 2016 puis sur Steam le 27 septembre 2017. C’est de cette édition complète et jouable en cross-platform, vendue moins de 40 euros à sa sortie, que traite aujourd’hui ce test, et plus particulièrement du contenu qu’elle propose.
Ce test de Killer Instinct Definitive Edition ne reviendra pas en détail sur tous les aspects de gameplay du jeu. Nous vous renvoyons pour cela à la lecture du test initial de Sylhas, écrit en 2013, afin d'en apprendre plus sur les mécaniques essentielles de l’expérience Killer Instinct. Ce test a été écrit suite à plus de 480 heures passées sur les différentes saisons du jeu depuis mars 2016, et relu par la rédaction de jeuxvideo.com avant validation pour publication.
Thunder, feel the Thunder
L’un des points forts de cette mouture complète de Killer Instinct est sans conteste sa liste de combattants qui ne comprend pas moins de 29 personnages aux aptitudes et mécaniques variées. On retrouve ainsi la totalité des 15 protagonistes qui sont apparus dans les épisodes Super NES et Nintendo 64, mais aussi 14 combattants complètement nouveaux, parmi lesquels certains invités issus d’autres licences et qui font leur petit effet : l’Arbiter de Halo, le Général Raam de Gears of War et l’inénarrable Rash de Battletoads. Qu’ils soient à l’aise au corps-à-corps, privilégient plutôt le combat à distance, aient la capacité de courir, de faire des dash aériens, de se téléporter, de planer, de tirer des projectiles ou de contrer les coups adverses, tous ces personnages s’appréhendent complètement différemment les uns des autres, malgré un terreau commun au gameplay qui concerne l’exécution des combos.
De plus, la plupart des belligérants de Killer Instinct a l’honneur de posséder sa propre arène dédiée et les bourre-pifs se voient ainsi distribuables dans 21 lieux au total, dont certains permettent d’infliger un Stage Ultra, c’est-à-dire un finish move en interaction avec le décor. Chaque personnage bénéficie également de son propre thème musical qui est souvent pertinent. À titre personnel, je retiens ceux de Maya, Shin Hisako et Eagle qui se détachent du lot. Les musiques des menus par contre se révèlent peu variées et ont tendance à assez rapidement monter à la tête. Par ailleurs, chaque protagoniste dispose de nombreux costumes à déverrouiller en le faisant progresser jusqu’au niveau 50, ce qui rend la personnalisation extrêmement riche. Des illustrations, provocations et avatars se débloquent également par ce biais et permettent de parader fièrement en ligne. Signalons enfin que tout acheteur de la Definitive Edition sur One ou Windows 10 ne reçoit pas un seul jeu, mais 3. En effet, les opus arcade, répondant ici aux doux noms de Killer Instinct Classic et Killer Instinct 2 Classic, sont packagés avec leur petit frère. Un petit plus bien appréciable et fleurant bon la nostalgie.
Shadow of the Day
Killer Instinct propose à cette joyeuse bande de drilles de s’affronter dans plusieurs modes solos dont les traditionnelles Survie et Histoire qu’on rencontre un peu partout. Le mode Histoire revêt ici la forme d’un enchaînement de 7 combats, introduit et conclu par une brève cinématique permettant d’appréhender le vécu des protagonistes. Malheureusement, celui-ci n’est réservé qu’à 16 combattants sur 29, ce qui s’explique par le caractère saisonnier des ajouts, mais est parfaitement incompréhensible pour un nouveau venu. De plus, trois modes permettent de s’améliorer. Outre le classique Entraînement libre, on peut également suivre un cours sur les Combo Breakers et, surtout, les 32 leçons du Dojo afin d'appréhender le gameplay du jeu puis l’explorer en profondeur. Ce mode constitue un excellent moyen de découvrir toutes les mécaniques de Killer Instinct.
Des modes plus originaux sont également de la partie comme le Shadow Lab qui est le hub de création des personnages dits Shadow, se comportant comme une intelligence artificielle à laquelle on transmet notre façon de jouer pour qu’elle nous représente de manière asynchrone contre les joueurs du monde entier. Si ce Shadow combat d’autres participants, il nous fait gagner des points Shadow servant à débloquer des skins violacées appelées skins Shadow. Cohérent, non ? La meilleure manière d’affronter les Shadows d’autres concurrents et, par là même, de gagner des points Shadow est de prendre part au mode Survie Shadow ou de jouer les missions Shadow du mode Shadow Lords. J’en viens justement à la description de ce dernier qui représente le principal contenu solo de Killer Instinct, mais également sa plus grande réussite à mon sens.
Je suis Gargos, le Shadow Lord
Introduit lors de la Saison 3, le mode Shadow Lords s’apparente à un jeu de rôle stratégique et scénarisé présentant l’invasion de la Terre depuis le Plan Astral par Gargos et ses armées de Mimics, qui ne sont en fait rien d’autre que des clones des personnages du titre avec une skin verdâtre. Ce mode s’avère être un jeu dans le jeu à part entière puisqu’il jouit d’une énorme durée de vie et change complètement la façon d’aborder les combats. Il se joue au tour par tour avec une équipe de 3 personnages partant éradiquer les menaces sur les 5 continents. Chaque mission menée à bien rapporte des gemmes astrales et des composants aléatoires nous permettant de crafter des objets afin d'octroyer toutes sortes de bonus à nos combattants ou de les soigner. Par contre, chaque mission échouée ou non jouée fait augmenter la corruption de Gargos sur le continent en question et deux paliers sont à noter.
Un continent qui devient corrompu à au moins 50% déclenche l’apparition d’un Omen, héraut de Gargos. Celui-ci, en plus d’une force supérieure aux Mimics de base, est également affublé d’un pouvoir spécial. Le battre privera le Shadow Lord de la capacité en question lors du combat final, sachant qu’il se dote lui-même d’un pouvoir en arrivant. Cet ultime combat s’avère ainsi d’autant plus facile à négocier qu’on a ôté des capacités à Gargos en éliminant ses Omens. Enfin, un continent corrompu à 100% signifie la perte de celui-ci et plus aucune mission n’y est proposée. Au bout de 3 continents tombés, Gargos apparaît, ce qui est de toute façon inéluctable puisque, au fur et à mesure qu’on progresse, c’est au minimum 4 missions qui nous sont proposées à chaque tour alors que notre équipe ne peut en réaliser que 3 au maximum.
Les Gardiens de la Galaxie
Outre les objets craftables, de précieux adjuvants appelés Gardiens constituent l’autre particularité de ce mode Shadow Lords. Il s’agit en fait d’Ichoriens, à savoir des êtres divins défendant le Plan Astral des menaces et pouvant se lier à des guerriers valeureux. Nos combattants peuvent ainsi être équipés de ces Gardiens afin d'augmenter leur force et leur défense brutes, mais aussi d'obtenir des capacités très variées qui modifient la façon d’appréhender les combats. Il y a en effet 10 Gardiens différents et chacun possède 5 déclinaisons de raretés croissantes : Commun, Rare, Epique, Tueur et Pourpre.
Le Gardien Serpent, par exemple, génère des dégâts potentiels sur notre adversaire à chaque fois qu’on réalise un combo ender, ce qui permet de lui faire perdre beaucoup plus de vie qu’à l’accoutumée lors d’un prochain combo. La Chauve-Souris, quant à elle, permet de vampiriser la vie qu’on fait perdre à notre adversaire pendant un laps de temps donné et de remplir ainsi sa propre jauge de vie, mais aussi ses jauges d’Instinct et de Shadow. Et ce ne sont là que 2 exemples parmi 10 ! Il convient donc de bien choisir son Gardien en fonction des situations et d’utiliser des objets synergiques ou complémentaires avec ceux-ci. Un item nous permettant d’empêcher l’adversaire de nous combo breaker sera par exemple une bonne plus-value au Serpent qui a besoin qu’on arrive à placer un combo ender pour être activé. Et il existe des dizaines d’objets aux effets multiples, eux aussi classés par rareté et plus ou moins efficaces selon celle-ci.
Toutefois, obtenir un Gardien donné n’est pas chose aisée. Les Gardiens pourpres sont en effet uniquement mis à disposition par le développeur pendant des périodes limitées et il convient donc de guetter leur apparition. Les autres peuvent être achetés n’importe quand, mais seulement via des packs aléatoires dont la seule assurance est celle d’obtenir un Gardien d’une rareté précise. Oui vous avez bien compris, ce sont des loot-boxes qui sont intégrées à ce mode, ce qui n’est pas chose plaisante. Pour mettre la main sur ces différents packs, il nous en coûtera des gemmes astrales ou de l’Or KI. Si les gemmes astrales se débloquent en réussissant des missions et en réalisant des objectifs journaliers, l’Or KI, par contre, s’échange contre du vrai argent ou s’obtient en quantité variable, tous les trois jours, via le butin quotidien alloué par le jeu.
Malgré son modèle payant à l’achat, cette Definitive Edition ne s’est donc pas complètement émancipée de sa genèse de free-to-play dont les personnages et différents contenus étaient tous achetables à l’unité. Si c’est bien sûr regrettable, on note tout de même qu’absolument tout est déblocable en jouant, sauf un pack de skins supplémentaires pour Omen vendu 0,99€. Moins de grinding pour débloquer ce contenu riche aurait toutefois été fort apprécié. A titre d’exemple, après plus de 480 heures de jeu sans jamais débourser d’argent réel depuis mon achat, seule la moitié de mes personnages est arrivée au niveau 50 et il me manque encore quelques skins de Mimics et de Shadows ainsi que quelques éléments du lore du mode Shadow Lords. Et bien sûr, il me manque plusieurs Gardiens de rareté Tueur et Pourpre, à cause du caractère aléatoire ou limité de leur obtention.
Fly like an Eagle
Passons à présent au volet multijoueur de Killer Instinct. Le titre propose du multi local, du online classique amical ou classé et du Shadow Lords online permettant aux 2 adversaires d’utiliser les objets et Gardiens qu’ils possèdent. Si ce dernier mode pouvait paraître sympathique sur le papier, il s’avère en réalité assez frustrant de par les disparités qu’il introduit entre les combattants et semble d’ailleurs boudé par la communauté. À noter que seul le mode online amical est cross-platform entre la Xbox One, Windows 10 et Steam. Le mode online classé, lui, s’impose comme un pilier du jeu et vous occupera énormément. À l’issue de vos résultats lors des 10 premiers matchs dits éliminatoires, un classement vous est attribué parmi Bronze, Argent et Or. Le rang ultime, appelé Killer, n’est par contre pas accessible directement et se mérite réellement. Un combat classé consiste en un seul round gagnant si l’un des 2 adversaires est classé Argent ou moins alors que, si les 2 participants sont au moins de rang Or, il s’agit d’un Best Of 3.
Chaque victoire implique un gain de points, plus ou moins important suivant le rang de l’adversaire. Idem pour chaque défaite, mais cette fois-ci en termes de perte de points. Passer de Bronze à Argent et d’Argent à Or est largement faisable avec une certaine maîtrise des mécaniques de jeu et avec ses personnages favoris. Accéder au rang Killer est par contre clairement réservé à l’élite. On note aussi que, parfois, le titre n’hésite pas à faire se rencontrer un joueur de bas niveau et un Killer, ce qui représente un calvaire pour le premier qui perd tout simplement son temps. Même s’il ne permet pas d’être spectateur des matchs d’autres joueurs, le versant multi de Killer Instinct s’avère tout de même solide et permet également de revoir tous ses combats.
Téléchargement des données depuis les serveurs Ultratech
Forçant le respect en termes de durée de vie et d’éléments bonus à débloquer, Killer Instinct n’est pas non plus en reste en termes d’esthétique générale. Il tourne à 60fps sur toutes les plateformes et peut même se targuer d’être le premier jeu de combat à tourner en 4K native sur consoles, en l’occurrence sur Xbox One X. Cette résolution est bien sûr également atteinte sur les versions PC alors que la version Xbox One classique plafonne de son côté à 900p.
Le titre se voit par contre affublé de temps de chargement un peu longuets sur One classique, mais pas rédhibitoires, sachant qu’ils sont réduits sur One X et PC. Toutefois, le téléchargement de données Shadow est, quant à lui, d’une longueur indécente quelle que soit la plateforme et a de surcroît le mauvais goût de souvent se terminer par une erreur et le lancement d’un nouveau téléchargement. Il s’agit là sans conteste du principal point noir du jeu et vous risquez de pester à chaque fois que vous lirez les mots "Téléchargement des données depuis les serveurs Ultratech". Enfin, on note çà et là quelques freezes et plantages purs et simples, cependant ils restent heureusement marginaux.
Achievement unlocked
Je termine ce test par un paragraphe dédié aux succès de cette Definitive Edition de Killer Instinct, sujet complètement sans intérêt pour certains, mais au contraire vital pour d’autres. Et des succès, vous allez en débloquer par paquets, car le titre en contient le nombre hallucinant de 464 pour un total de 4935 points en Gamerscore ! À l’exception d’Omen qui possède une liste restreinte de 5 succès se débloquant assez rapidement, à chaque personnage est associée exactement la même liste de 14 succès. Si une dizaine est très facile (jouer en survie, en local, débloquer une couleur, utiliser un coup spécifique, etc.), ceux qui restent demandent beaucoup plus d’investissement : 20 victoires classées en ligne, 150 défis terminés, 200 matchs effectués.
Les autres succès sont, quant à eux, plus généraux et relatifs aux modes Histoire et Shadow Lords, à l’utilisation de votre personnage Shadow, aux leçons du Dojo et au multi compétitif. Il vous faudra notamment battre 10 Killers et atteindre vous-même ce rang. Cette liste, si elle n’est pas forcément d’une originalité folle, a en tout cas le mérite de couvrir l’ensemble de ce qu’a à offrir le jeu. Et la route sera longue et parsemée d’embûches afin de la compléter intégralement. Ne comptez en effet pas déboquer tous ces succès en moins de 300 heures.
Points forts
- Le roster de personnages, complet et varié
- Le gameplay, dynamique et grisant
- Le mode Shadow Lords, addictif et prenant
- Le Dojo, très pédagogique
- 4K 60fps sur One X et PC
- Trois jeux pour le prix d’un (sur One et Windows 10)
Points faibles
- Temps de chargement longuets
- Les Gardiens vendus par packs aléatoires et non à l’unité
- Toujours des composantes free-to-play depuis 2013
- Finition pas parfaite : quelques freezes et plantages
- Grinding prononcé pour tout débloquer
Killer Instinct Definitive Edition s’impose sans forcer comme un excellent jeu de Versus Fighting au gameplay 2D, beau, riche en contenus et accessible tout en étant technique à maîtriser. Doté d’un didacticiel complet comme on aimerait en voir plus souvent, il tire principalement son originalité et sa durée de vie gargantuesque de son mode Shadow Lords. Solide également en ligne, cette mouture n’hésite pas à nous gratifier des deux premiers opus de la série pour le même prix. Malheureusement, ses reliquats de free-to-play et le grinding qui en découle afin de tout débloquer sans dépenser un sou supplémentaire pourront en rebuter quelques-uns, tout comme certains temps de chargement qui font un peu tache.