Tiens, encore une licence à l’univers fantastique qui s’offre un spin-off sous forme de jeu de cartes. Et quelle licence ! Avec trois excellents épisodes, la série de feu-Lionhead est parvenue à se forger une solide communauté de fans qui aurait bien évidemment préféré un Fable 4, mais que voulez-vous… Pour le moment, il faudra donc se contenter de Fable Fortune et de ses jolies illustrations qui vous rappelleront sans doute quelques-unes de vos plus belles rencontres en Albion. Le titre de Flaming Fowl Studios est-il à la hauteur de son nom ? C’est ce que nous allons découvrir tout de suite.
Fable Fortune : Heroes of Fable
Comme dans tous les jeux du genre, le cœur du gameplay est concentré autour des parties en un contre un jouables avec différentes classes. Au nombre de six, ces dernières font (plus ou moins) écho à l’univers de la saga : marchand, chevalier, change-forme, prophète, alchimiste et fossoyeur. Elles possèdent chacune leur gameplay propre, certaines misant plutôt sur l’early game, d’autres sur le late game, les sorts ou les créatures, etc. Nous n’allons pas décrire en détail les spécificités de ces classes puisqu’elles sont extrêmement proches de celles de Hearthstone, le poulain de Blizzard paru il y a déjà quatre ans. Le prophète correspond au prêtre, le chevalier au guerrier, le fossoyeur au démoniste et ainsi de suite. Il est assez décevant de découvrir le manque d’innovation des développeurs de ce côté-là.
Et c’est dommage puisque sur le plan du gameplay, Fable Fortune tente d’apporter sa petite touche, notamment avec le système de quêtes. Le principe est simple, en début de partie, vous sélectionnez un objectif (par exemple, jouer trois créatures possédant plus de points d’attaque que de points de vie) et vous remportez une carte une fois celui-ci accompli. On a déjà pu voir ce genre de mécaniques dans d’autres jeux du genre, mais ici, ça marche plutôt bien. Même remarque pour ce qui est du système de bien et de mal, autre élément central de la franchise. Dans le cas présent, celui-ci vous permet de choisir une nouvelle forme pour votre héros à un certain moment de la partie. Cela modifiera ainsi son pouvoir et potentiellement, le dénouement de l'affrontement. Notez toutefois que ces deux petites spécificités ne révolutionnent pas le genre et c’est finalement un gameplay assez simple et linéaire que nous avons face à nous.
Passons maintenant à l’autre grande particularité du jeu, les combats en duo face à un boss contrôlé par l’ordinateur. Chacun votre tour, vous et votre allié devrez tenter de mettre à mal votre adversaire qui possède évidemment quelques pouvoirs inédits. Le premier d’entre eux, la porte démoniaque qui a fait cogiter tant d’aficionados de la série, vous infligera 10 dégâts (20 en mode difficile) si vous ne possédez pas plus de trois unités sur le board. Finalement après quelques parties, on ressort avec un avis mitigé. Si les choses peuvent très bien se passer avec un ami ou un joueur expérimenté, difficile de toujours bien s’entendre avec son partenaire. Même s’il est possible de "pinger" les vignettes de votre allié afin de lui faire comprendre ce que vous souhaitez, la communication et la coopération restent quelque peu difficiles.
Artistiquement c’est oui, techniquement c’est non
Malheureusement, ce n’est donc pas Lionhead qui s’est chargé du développement de ce Fable Fortune, mais un studio indépendant fraîchement créé par quelques rescapés de l’aventure initiée par Peter Molyneux. Il est clair que dans le groupe, il a subsisté quelques-uns des illustrateurs originaux de la série. Car c’est l’un des plus gros points forts du jeu, l’aspect artistique est tout à fait réussi. Avec les magnifiques illustrations des cartes et les plateaux très chaleureux, une fois en partie, on se sent rapidement à l’aise, surtout lorsque l’on connaît bien la saga Fable. Jack of Blades, Twinblade, les Hobbes (qui sont au centre des decks rush comme les Murlocs), les Balverines… Grâce au mix de créatures issues des trois grands épisodes, vous ne serez pas dépaysé et c’est très important lorsque l’on porte un nom aussi prestigieux. Nous avons même le droit à l’humour très anglais typique de Fable avec quelques cartes et illustrations aussi décalées que sympathiques. Pour ce qui est du respect de la licence et de l’ambiance, le contrat est donc rempli. Si seulement nous pouvions en dire autant de l’aspect technique…
En plus des différents bugs rencontrés à droite et à gauche, il y a comme une désagréable lourdeur dans l’utilisation du soft. On le sent dès le premier lancement, du côté du menu principal. Pour une raison inconnue, c’est lent, trop lent. Pour passer d’un sous-menu à un autre, cela peut prendre parfois plusieurs secondes et les fautifs semblent être des serveurs un peu à la traîne. Par exemple, lorsque l’on veut se rendre dans la section dédiée à l’ouverture des paquets de cartes, on se retrouve souvent face à un menu parfaitement en place, mais vide et une icône indiquant que le jeu charge vos données en bas à gauche. On se croirait en fait sur un navigateur web qui aurait un peu de mal à accéder à la page que vous cherchez… Pour ce qui est de l’ergonomie, ce n’est pas plus reluisant puisque l'ensemble laisse une impression très brouillonne, surtout lorsqu’il s’agit de pointer une créature adverse ou de se déplacer dans les menus. Peut-être est-ce à cause des effets assez mal gérés glissés ici et là par les développeurs, cependant quoi qu'il en soit, c'est rapidement frustrant.
Terminons enfin avec le modèle économique. Les développeurs ont évidemment opté pour le free-to-play, comme la plupart de leurs concurrents. Nous pouvons ainsi acheter des paquets contenants chacun cinq cartes, soit un par un avec les crédits remportés à force de jouer, soit par lot de 7, 15, 40 ou 60 pour un prix compris entre 8,99 € et 62,99 €. Rien de particulièrement étonnant de ce côté-là, si ce n’est la générosité des pochettes qui est plutôt agréable. On tombe régulièrement sur des "Mythic" ou bien des "Fabled", les deux niveaux de rareté les plus élevés du jeu.
Points forts
- Quelques mécaniques spécifiques...
- L'univers toujours aussi sympathique de Fable
- Les superbes illustrations
Points faibles
- ... qui ne parviennent pas à sauver un gameplay trop standard
- Une navigation lourde
- Des bugs encore présents
- Un contenu assez pauvre
- Le jeu n'est disponible qu'en anglais pour le moment
Quelle joie de revoir l’univers si agréable de Fable, même si cela doit se faire dans le cadre étroit d'un jeu de cartes un brin trop générique. Malgré les quelques spécificités de gameplay, on sent rapidement que quelques titres fort connus ont grandement inspiré les développeurs de Flaming Fowl. Et dans un secteur où la concurrence est aussi rude, on ne peut que déplorer ce manque d’initiative qui risque de leur faire défaut. L’herbe est clairement plus verte ailleurs, notamment pour ce qui est de la partie technique qui n’est pas vraiment au niveau. Dommage, car d'un point de vue artistique, c'est franchement une réussite, mais on aurait espéré plus d’un titre qui porte le nom de Fable.