Voilà maintenant 10 ans que Burnout Paradise est sorti. Eh oui, ça met une petite claque derrière les oreilles, on ne va pas se mentir. Mais puisqu'il est plus facile de rajeunir un jeu que nos corps, ne nous plaignons pas trop et contemplons celui qui se dresse aujourd'hui devant nous : Burnout Paradise Remastered. Quelques coups de bistouri et de collagène suffisent-ils à en faire un achat pertinent, en 2018 ? Réponse dans le gros pâté de caractères inclus ci-dessous.
A priori, ressortir dix années plus tard un jeu de course sous la forme d'un remaster n'est pas franchement risqué. À l'inverse des RPG ou des jeux d'action-aventure en monde ouvert, le genre a peu évolué ces dernières années et forcément, un jeu comme Burnout Paradise Remastered n'avait pas vraiment de raison de s'inquiéter. Il suffisait que le jeu soit au niveau de ce que l'on propose aujourd'hui sur Xbox One et PlayStation 4, en fin de compte. Mais il faut imaginer que c'était déjà trop demander.
Toujours aussi fun
Il suffit de quelques courses seulement pour le comprendre : Burnout Paradise est toujours aussi amusant, 10 ans après la sortie du jeu originale. On pensait que, peut-être, après Forza Horizon 2 et 3, son monde ouvert aurait pris un petit coup de vieux et à vrai dire il n'en est rien. Plus compact, plus concentré, l'open-world de Paradise surprend toujours autant par la réussite de son level-design. La map est remplie de passages secrets, de raccourcis, de chemins détournés, de tremplins, que l'on emprunte tantôt en totale improvisation, tantôt parce que l'on commence à connaître les meilleures déviations. Et cela fonctionne extrêmement bien : ces changements de direction incessants cadencent les courses et autant dire que le rythme devient rapidement intenable pour ceux qui auraient une tension un peu faible. Si l'IA est toujours aussi peu combative, le jeu va terriblement vite et la moindre décision tardive est sanctionnée d'un violent crash. En conséquence de quoi on ressent constamment de très agréables rushs d'adrénaline. Les courses sont toujours aussi folles, c'est certain !
Si en termes de level-design, Burnout Paradise Remastered joue toujours dans le haut du panier et n'a rien à envier aux cadors du genre, plusieurs éléments sentent un peu la naphtaline. À l'époque, des fans avaient jugé que le monde ouvert ne servait à rien, et qu'il ralentissait l'action du joueur : condamné à devoir aller d'objectif en objectif par la voie terrestre, le joueur ne peut pas sélectionné une course depuis la carte et la lancer automatiquement. En 2018, forcément, cela agace un petit peu, d'autant que les menus du jeu n'ont pas changé et offrent toujours aussi peu de souplesse. On aurait aimé que les développeurs rajoutent la possibilité de se téléporter d'un coin à l'autre de la map, c'est indéniable.
Remaster mais pas trop
On en conviendra aisément, Burnout Paradise Remastered est divertissant, sans surprise. Cela étant une question se pose : pourquoi investir aujourd'hui 40€ dans un titre qui, finalement, n'est pas bien différent de la version originale, parue il y a 10 ans, rappelons-le ? Certes, le jeu bénéficie d'un joli lissage, et on nous parle de 4K, néanmoins dans les faits, seules les auto et la végétation semblent en profiter. Le reste est net et (presque) sans bavure, mais la distance d'affichage est tout juste correcte, et la teinte jaunâtre des jeux de course EA d'il y a 10 ans est toujours de la partie. C'est comme si Paradise City baignait constamment dans un fin nuage de pollution, ce qui n'est pas vraiment agréable pour les yeux. Sans être laid, ce remaster méritait autrement plus de boulot et on voit mal comment conseiller l'achat de ce titre aux propriétaires d'Xbox One, qui peuvent déjà jouer au jeu original via la rétro-compatibilité de la console ; côté PC, le soft a été moddé et patché des dizaines de fois par la communauté, pour un résultat souvent bien supérieur. Reste les joueurs PlayStation 4 qui pourront se laisser tenter par celui qui reste l'un des meilleurs jeux de course arcade de ces vingt dernières années.
Le test complet de Burnout Paradise, par Rivaol (le 23/01/2008)
Difficile de ne pas faire le parallèle entre Burnout et Need For Speed tant Paradise réutilise avec plus ou moins de succès des éléments clés de l'autre franchise d'Electronic Arts. Dans ce nouvel opus, le joueur se voit propulsé dans une ville assez vaste qui abrite une mine d'épreuves en tout genre. Paradise City n'est pourtant pas si différent que cela des environnements déjà parcourus dans Revenge et Dominator notamment, et ne se prive même pas pour repomper un peu de Need For Speed Most Wanted. Si le discours résolument novateur des développeurs laissait penser que ce Burnout profiterait du passage aux consoles nouvelle génération pour prendre quelques risques à ce niveau, la réalité est tout autre. Mais ce déjà-vu visuel, sublimé par un moteur déjà parfaitement bien dans ses baskets, n'est pas forcément pour déplaire aux fidèles de la série, peu enclins à des changements brutaux. Et quand la puissance technique suit, par l'intermédiaire d'une vitesse d'animation assez bluffante et d'une modélisation des dégâts extrêmement poussée, on ne peut que s'incliner et profiter du paysage. Entre deux crashs.
Un paysage à la fois urbain et rural avec un côté Est de la ville quadrillé par une multitude de grandes avenues se croisant et une partie Ouest plus verte, faite de routes torturées et interminables. C'est dans cet univers que le joueur va devoir, à l'aide d'une voix-off féminine très Needforspeedesque, provoquer ses adversaires en s'arrêtant à des feux tricolores. Un paquet d'épreuves l'attendent à ces carrefours. Un maximum d'entre elles devra être remporté afin de faire évoluer un permis qui va successivement connaître plusieurs licences symbolisant le niveau atteint. La véritable nouveauté de ce Burnout est donc l'ouverture à des courses "GPS" dans lesquelles aucun tracé figé ne sera imposé aux pilotes. C'est à eux et à eux seuls de choisir l'itinéraire à emprunter pour aller d'un point A à un point B le plus rapidement possible. Cela va de paire avec la disparition de rails latéraux invisibles. Gros point noir en revanche à ce choix de reprendre le concept de Need For Speed, le jeu n'inclut aucun GPS. Une donnée logique en course (en dépit de la présence de quelques indications sur la direction à suivre) mais radicalement désorientant en mode exploration. Une Mini-Map est bien au rendez-vous mais ne couvre qu'une partie restreinte de la carte et les allers-retours entre le jeu et l'écran de pause se feront nombreux et obligatoires pour vérifier l'efficacité de l'itinéraire emprunté. Tout le monde n'aura pas la patience de rouler de longues minutes entre chaque course, en sachant qu'une simple touchette à grande vitesse avec un véhicule tiers pourra suffire à vous envoyer dans le décor.
La liste des épreuves de ce Burnout Paradise est sans surprise et ne marque pas d'évolution majeure au sein de la série qui avait l'habitude de franchir un cap à chaque épisode. Sur la carte, la couleur des icônes permet au joueur d'identifier rapidement la nature de la course : Course Classique, Road Rage (succession de takedowns), Traque (le joueur est suivi et agressé par des véhicules concurrents et doit arriver en un seul morceau à destination), Séquence Cascade (l'objectif étant d'enchaîner sauts, dérapages, boost, destructions de panneaux... Dans une limite de temps), Parcours Burning (points de passage à passer avec un véhicule imposé). En parallèle, des Défis Chrono et Crash attendent le joueur à chaque rue. Les crashs manuels bénéficient désormais de la fonction "Showtime" qui remplace plus ou moins le système de CrashBreaker. S'il n'y a plus aucun moyen de faire exploser son véhicule au milieu d'un trafic accidenté, il est possible de le diriger, comme c'était déjà le cas auparavant, mais cette fois, en donnant autant d'impulsions que nécessaire à la carcasse de la voiture. Tant que le joueur parvient à toucher suffisamment de véhicules de la circulation, il pourra continuer son crash et faire ainsi monter la note des dégâts infligés par le carnage. Un principe qui, avouons-le, possède un côté un peu tordu et n'a pas le charme d'un crash provoqué par une trajectoire calculée ou une explosion de Crashbreaker déclenchée à l'instant le plus opportun.
Mais Paradise City, c'est aussi un ensemble de services, les Drive-In. Par exemple, en course ou en phase d'exploration, le joueur pourra remplir la jauge de boost de sa voiture en passant dans une station-service ou réparer sa carrosserie en empruntant une voie de garage, sans même avoir besoin de s'arrêter. Des ateliers de peinture permettent également de changer la couleur de sa caisse. Enfin, les voitures débloquées au fil du jeu doivent être récupérées à la casse. Pourquoi à la casse, et pas dans une belle concession remplie de modèles brillants de propreté ? Parce que dans Burnout Paradise, l'état "normal" d'une voiture est celui de décomposition, fait de rayures et de tôles froissées. Justement, pour débloquer l'accès à ces bolides, le joueur devra non seulement remporter un certain nombre de courses mais ensuite, faire un takedown sur la voiture en question après l'avoir localisée dans Paradise. Autrement dit, mieux vaut ne pas laisser filer l'occasion une fois le bolide sous votre nez. Mais le niveau de difficulté assez faible du jeu permet d'éviter les désillusions et aucun sentiment de frustration n'émane des courses ou des duels. Une fois acquise, la voiture est donc stockée parmi une liste qui s'étendra jusqu'à 75 modèles avançant des types de boost particuliers et des caractéristiques distinctes au niveau de la vitesse, du boost justement, et de la puissance.
Le gameplay du titre développé par Criterion est très proche de celui de Dominator. En réalité, si ce n'est la présence d'un frein à main utile pour changer brusquement de direction et le fameux Showtime, on retrouve les mêmes sensations et la simplicité d'accès chère à tous les Burnout. Le principe de takedowns n'a pas changé et se veut même simplifié tant il suffit d'une petite poussette pour envoyer un concurrent valser contre un mur. Notons en revanche que les collisions avec la circulation pardonnent de moins en moins et ce, quel que soit la gabarit de la voiture. Le côté pilotage n'est donc pas pour autant délaissé. Et savoir piloter, il vous le faudra si vous souhaitez aller étaler vos talents sur le Xbox Live ou le Playstation Network, pour goûter au multijoueur. L'absence d'un multi en local obligera les plus férus à se connecter au net et à participer à des Freeburn en ligne ou à tout un tas de courses classées ou non ainsi qu'à une palanquée de défis (300 au total). Jusqu'à 8 joueurs peuvent s'affronter en multi pour pousser le plaisir un peu plus loin. Et heureusement car les 120 épreuves solos se font finalement assez rapidement et souffrent d'une certaine répétitivité. Un défaut commun à tous les Burnout que les plus assidus sauront ignorer en tentant de débloquer tout ce qui peut l'être. Et la liste est particulièrement longue.
Points forts
- Des carambolages toujours aussi impressionnants
- Le level-design de l'open-worlds, avec tous ses raccourcis et chemins alternatifs à découvrir
- Conduite arcade hyper fun
- La bande-son d'époque, un plaisir pour les oreilles
- Les DLC sont inclus
Points faibles
- Un remaster paresseux, surtout au vu du tarif
- La navigation est encore moins agréable qu'il y a 10 ans
- L'IA n'est pas vraiment pugnace
Burnout Paradise Remaster n'a rien perdu de sa folie et il n'a pas pris une ride... du moins en termes de plaisir de jeu. Pour un « remaster », le travail de retouche est plutôt léger et les chirurgiens esthétiques ont eu la main légère sur le bistouri. Certes le jeu est plus fluide puisqu'il passe à 60fps, mais le traitement de l'image est assez inégal et offre un gain peu conséquent par rapport à la version originale. Un titre à réserver uniquement à ceux qui n'ont plus la possibilité de jouer à Burnout Paradise, donc.