Test initialement écrit pour la sortie sur Nintendo Switch et PlayStation 4.
Conçu dans les années 80 par l’ingénieur en informatique russe Alekseï Pajitnov, Tetris est un des titres fondateurs du jeu vidéo puisqu’il a posé les bases du puzzle vidéoludique. De son côté, Puyo Puyo, dont le premier épisode est sorti en 1991 sur MSX 2 et Famicom Disk System, pourrait être considéré en quelque sorte comme une réponse japonaise à Tetris, même s’il est aussi clairement inspiré de Columns lancé deux années plus tôt (lui-même dérivé de Tetris). En réalité, Puyo Puyo est un spin-off de la série de Dungeon-RPG Madou Monogatari, inédite en dehors de l’archipel, dont il reprend les personnages pour mieux confectionner un jeu de puzzle basé cette fois sur les couleurs (il faut former des séries d’au minimum quatre Puyos de la même couleur). Développé par le studio Sonic Team, auteur de la plupart des jeux Sonic mais aussi des derniers volets de Puyo Puyo, Puyo Puyo Tetris tente donc la combinaison de deux hits incontournables… pour le meilleur et pour le rire !
UNE AVENTURE IMPROBABLE
Premier constat : ce qui frappe d’entrée dans Puyo Puyo Tetris est la présence d’un mode Adventure. En effet, ne faut-il pas avoir l’esprit un poil tordu pour imaginer une histoire narrant la rencontre entre un clan de joueurs de Tetris et des extra-terrestres fans de Puyo Puyo ? Non ? Non ? Ah bon. Bref, flanqué de très nombreux personnages parfois surréalistes (les créatures O et Carbuncle s’exprimant par – respectivement – « Pipiii » et « Guguuu »), ce mode de jeu tente de bâtir sur la longueur un pseudo-scénario censé motiver le joueur à aller de l’avant et enchaîner les missions. Peine perdue car, si elle a effectivement le mérite d’exister, cette histoire - intégralement en anglais - se révèle assez pénible en raison des dialogues insipides et surtout des voix anglaises criardes surjouant la moindre réplique.
Concrètement, le principe du mode Adventure consiste à enchaîner de multiples missions qui prennent la forme d’objectifs à atteindre en solo ou face à un adversaire dirigé par l’ordinateur. Par exemple, le joueur doit marquer au moins 10 000 points avant de parvenir à effacer 20 lignes de Tetriminos. Mais il arrive souvent qu’il doive tout simplement vaincre le personnage contrôlé par l’IA. D’ailleurs, plus l’objectif est atteint rapidement et plus le joueur est récompensé par des étoiles. Ainsi, deux étoiles sont décernées pour une mission terminée en moins de trois minutes, alors que trois étoiles sont offertes pour un temps en dessous de deux minutes et trente secondes. Le gain de crédits se trouve réhaussé selon la performance finale...
POUR UNE POIGNEE DE BONUS
En fait, ce mode Adventure sert surtout de prétexte pour débloquer automatiquement au fil des affrontements de multiples bonus pour les autres modes, tels que de nouveaux décors, des musiques supplémentaires et surtout une poignée de personnages inédits (Witch, Draco Centauros, Dark Prince…). Au total, il y a 24 personnages dont 8 à débloquer. S’ils sont affiliés dans le jeu plus ou moins à l’univers de Tetris ou de Puyo Puyo, ces personnages n’offrent pas pour autant de spécificités. Seules diffèrent leurs manifestations vocales - parfois assez drôles - lors des parties. Il existe également d’autres éléments à débloquer mais, ceux-ci doivent être acquis par l’intermédiaire des crédits remportés au fil des missions du mode Adventure.
Il suffit alors de se rendre dans le menu Shop pour découvrir une poignée de bonus sympathiques. Coûtant de 100 à 2500 crédits (pour le plus cher), ces bonus disponibles en magasin prennent la forme de 12 voix supplémentaires mais aussi de looks alternatifs concernant Puyos et Tetriminos. Dommage toutefois que ces derniers – activables dans l’option réservée à la customisation de la partie - ne soient pas tous très lisibles à l’écran et entravent quelque peu au final les performances du joueur. Néanmoins, il faut retenir le look de téléviseurs sur pattes réservé aux Puyos, puisqu’il s’agit d’un clin d’œil à Space Channel 5 de la part du studio Sonic Team, qui rassemble notamment des anciens développeurs de ce titre.
MODES DE JEU A FOISON
Histoire de familiariser le joueur avec les deux puzzle-game de base mais aussi avec les multiples variations qu’il propose, Puyo Puyo Tetris offre judicieusement une série de tutoriaux. L’objectif est évidemment de mieux connaitre les règles de base ainsi que les coups avancés. Hélas, non seulement ces tutoriaux ne sont pas jouables et se contentent d’aligner les écrans, mais en plus ils s’avèrent intégralement en langue anglaise. Heureusement, il est aisé de comprendre assez rapidement les principes de chaque mode. Et, au bout du compte, même un enfant à partir de sept ans est capable de s’en sortir facilement, ce qui aboutit d’ailleurs à de savoureuses parties en famille. D’autant que le titre offre de temps à autre un petit côté spectaculaire avec, lors des enchaînements réussis, l’apparition en bas de la grille du joueur d’une courte séquence animée faisant office de coup spécial. Attention toutefois, il est préférable de jouer à la croix directionnelle, plus précise dans les mouvements, plutôt qu’avec le joystick analogique trop sensible.
En plus d’Adventure, il existe cinq modes de jeu principaux permettant de jouer en solo ou en multi, de deux à quatre joueurs. Ainsi, outre l’énergique Swap (lire légende de la photo à gauche) et le classique Versus (chaque joueur peut choisir de jouer en face à face à Puyo Puyo ou Tetris), figurent Fusion, Party et Big Bang. Une évidence s’impose rapidement : le mode Fusion s’avère clairement le plus difficile. Car Puyos et Tetriminos tombent à l’écran les uns après les autres et l’écran se retrouve vite surchargé. Il s’agit alors de bien connaître les règles avancées afin de gérer au mieux l’empilement. Par exemple, les Tetriminos détruisent en tombant dessus les Puyos gris dits « Garbage Puyos » (Puyos malus envoyés par l’adversaire lorsqu’il effectue des enchaînements).
UNE PARTY TRES SPECIALE
La stratégie est également de mise dans le mode Party, puisque des blocs spéciaux tombent régulièrement à l’écran et provoquent des effets particuliers lorsqu’ils sont détruits dans une combinaison : ajout de lignes supplémentaires, balayage plongeant une partie de l’écran adverse dans la nuit… Les joueurs ont ici un nombre de vies infini puisqu’ils sont en compétition pour établir le score le plus élevé. Inutile de préciser que pour gagner dans ce mode de jeu, il est nécessaire de reconnaître les items qui tombent du haut de l’écran et de savoir en gérer les effets. Motivant mais pas évident. A noter que l’option « Endurance » (opposants infinis) ou « Battle » (jusqu’à 3 opposants sur le même écran) est ici disponible, comme pour d’ailleurs chacun des autres modes.
Le mode de jeu probablement le plus drôle, facile et rapide reste de toute évidence Big Bang, au cours duquel il faut compléter plus vite que votre adversaire des lignes pré-établies de Tetriminos ou de Puyos. L’excitation est à son comble devant l’écran car le moindre raté ne pardonne pas face à un adversaire qui connait bien les enchaînements à accomplir. Si chaque mode de jeu évoqué auparavant est accessible en multi, jusqu’à 4 individus sur le même écran, en revanche ce n’est pas le cas des six challenges proposés dans un menu dédié. Puisque ceux-ci sont réservés uniquement à un joueur et donnent l’impression de faire figure de séances intensives d’entraînements…
DEFIS LOCAUX ET ONLINE
Ainsi, dans Endless Fever, il faut réussir à compléter des chaînes de Puyos en un temps limité, alors qu’Endless Puyo équivaut à un mode Survie avec des Puyos tombant sans cesse. De leur côté, Sprint et Marathon imposent respectivement de réussir à compléter 40 lignes de Tetriminos aussi vite que possible et de réussir à en compléter 150 lignes afin d’obtenir le plus haut score. Quant au challenge Tiny Puyo, il nécessite de joueur avec des Puyos plus petits que la normale, alors qu’Ultra nécessite d’établir le plus haut score possible en trois minutes. Bref, ces défis multiples permettent au joueur de se perfectionner afin de pouvoir défier plus tard des adversaires de grande valeur en ligne…
C’est la cerise sur le gâteau : la possibilité de défier des joueurs du monde entier en ligne à travers le mode Puzzle League qui permet aussi de classer sa performance au niveau international. Bien entendu, le joueur est capable aussi de créer sa propre partie, à travers le menu Free Play, de sélectionner le mode de jeu qu’il préfère et d’inviter ses amis. Jeu en ligne, en local mais aussi en multi, doté de nombreux modes de jeu et d’une ambiance délicieusement dingue : il n’en fallait pas plus à ce Puyo Puyo Tetris pour assurer des heures de fun en solo ou en famille et trouver une place de choix dans sa ludothèque. Essayer, c'est l'adopter !
Points forts
- Parties ultra-rapides
- Nombreux modes de jeu en solo et multi (jusqu'à 4 joueurs simultanément, en local ou online)
- Mode Adventure pourvu d'une bonne durée de vie, d'un semblant de scénario et de certains personnages drôles
- Option Help du mode Adventure qui permet de passer une mission en cas de cinq échecs successifs
- Prix modeste
- Voix anglaises ou japonaises
Points faibles
- Mode Adventure flanqué de dialogues insipides et de voix surjouées vrillant les tympans
- Textes en anglais
- Lisibilité de l’écran pas optimale à quatre joueurs en même temps durant certains modes de jeu
- Pas de Cross-Play
Parties éclairs, modes de jeu aussi dynamiques que funs, titre accessible à tous les publics, y compris bien sûr les enfants qui se réjouiront de battre à plate couture leurs parents… Pas de doute : en combinant intelligemment deux puzzle-game populaires, Puyo Puyo Tetris est devenu assurément, à son tour, une valeur sûre du divertissement familial !