Halloween est bien loin et pourtant en ce mois de février, nous avons droit à une double ration de sorcières. En attendant la sortie de Bayonetta 3, Platinum Games et Nintendo relancent le premier épisode de Bayonetta sur Switch, pour le plus grand bonheur des fans de la sorcière d'Umbra. Mais après une version PC très haut de gamme, qu'attendre de ce portage sur la console hybride de Nintendo ? Et ne risquait-on pas d'y perdre en lisibilité, et donc en jouabilité ? C'est avec ces questions en tête que nous avons lancé Bayonetta sur Nintendo Switch.
Bayonetta et Bayonetta 2 débarquent sur Switch
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On ne va pas se mentir : rejouer à Bayonetta, quelle que soit la plate-forme, c'est toujours un plaisir. On avait fait ce même constat au moment de tester le portage PC du titre, qui s'était au passage enrichi de graphismes 4K dernier cri. Mais au moment de lancer la première aventure de la sorcière sur la petite hybride de Nintendo, on a forcément été pris d'un doute : l'intérêt de la console, c'est bien entendu sa portabilité et donc le fait de pouvoir jouer un peu partout. Mais un si petit écran peut-il convenir aux incroyables combats concoctés par Hideki Kamiya et son équipe ? Car rappelons-le, en 2010 certains arguaient déjà que l'action de Bayonetta était souvent trop confuse, avec ses arrière-plans hyper chargés, les nombreux ennemis qui apparaissent en même temps, et des combos plutôt complexes qui demandaient timing et maîtrise des différentes commandes du jeu...
Dans un premier temps, afin de retrouver nos repères, nous avons donc préféré jouer à Bayonetta alors que notre Switch était sagement connectée à son dock, et donc avec le jeu s'affichant sur un écran standard. Forcément après avoir goûté à la version PC du titre, difficile d'effectuer un tel retour en arrière... Sur Switch, Bayonetta est finalement assez similaire à ce que l'on avait voir en 2014 lorsque le titre était porté sur Wii U. L'aliasing est assez prononcé sur les personnages et une bonne partie des décors, certaines textures sont particulièrement datées... Mais le jeu tourne parfaitement à 60 images par seconde sans jamais tousser. On aurait toutefois apprécié que Bayonetta bénéficie d'un petit coup de peinture fraîche, pour se hisser au niveau de Bayonetta 2 : en 2018, on a quelques standards de qualité et la console de Nintendo est capable de faire bien mieux que cela. Pas de quoi gâcher notre plaisir, bien entendu, mais certains gamers hausseront au moins un sourcil, et on ne pourra pas les blâmer.
Après avoir passé quelques niveaux, nous avons donc relancé une partie, cette fois-ci avec la Switch déconnectée de sa base. Et on a croisé les doigts. Enfin, pas longtemps, très honnêtement : avant de domestiquer le nouvel écran, il a fallu nous habituer à ces nouveaux joysticks, ces nouveaux boutons. Notre pad Pro mis de côté, on s'est demandé un instant comment allaient réagir les petits Joy-Cons, face à un jeu qui demande d'être parfois assez... énergique avec sa manette. Et le résultat est plutôt convaincant, il faut bien l'admettre. Les développeurs ont eu l'intelligence de prendre en compte la petitesse du matériel et par exemple, réussir un perfect sur les QTE, qui demandent de marteler un bouton ou de tourner le plus vite possible le joystick, ont été simplifiés (à tel point qu'obtenir un perfect est peut-être trop facile). C'est une bonne chose parce que très honnêtement, on craignait un peu pour la longévité de notre joystick gauche. Les collègues pourront en témoigner, celui de la manette Pro a été très vivement sollicité lors de notre test, à une cadence que le petit stick du Joy-Con n'aurait pas supporté longtemps...
Si le changement de contrôleur est rapidement assimilé, c'est peut-être un peu moins vrai en ce qui concerne l'écran, dont la taille pose rapidement problème, à partir du moment où l'on fait face à un boss accompagné de quelques-uns de ses petits copains. L'écran est vite chargé de détails et il est parfois un peu compliqué de voir clairement d'où viennent certains coups. Ce qui peut vite se montrer agaçant. Pas de quoi ruiner l'expérience de jeu, mais suffisamment pour représenter une gêne dont on se serait bien passé, sur certaines sections.
Le test complet de Bayonetta Wii U (par MrDeriv)
Sorti à l'époque sur PS3 et Xbox 360, Bayonetta avait su séduire un public amateur de challenge grâce à son gameplay aux petits oignons servi par une héroïne des plus charismatiques. Coup de tonnerre en septembre 2012 lorsque Platinum Games annonce que le second volet de la licence sera une exclusivité Wii U. L'information plonge alors une partie des joueurs dans le désarroi le plus complet, lisez un peu les commentaires de l'annonce sur le site pour le constater par vous-même. Avec un peu de recul et en écoutant les propos des développeurs sur cette épineuse question, on comprendra par la suite que sans le soutien du constructeur japonais, Bayonetta 2 n'aurait probablement jamais vu le jour. Depuis, la tension est quelque peu retombée et même si tous les aficionados de la sorcière de l'Umbra ne possèdent pas tous une Wii U, cette suite devrait en motiver plus d'un à franchir le pas de l'achat. Une bonne opération pour Nintendo qui récupère enfin sur sa machine une exclusivité de renom d'un développeur tiers. Bref, cette sortie fera encore jaser de nombreux joueurs, mais qu'on se le dise, c'était ça ou rien.
The shadow remains cast !
Lors du Nintendo Direct consacré à Bayonetta 2 diffusé début septembre 2014, le constructeur a révélé les différentes éditions disponibles au lancement du jeu le 24 octobre prochain. Le titre sera proposé en trois versions, une toute simple ne contenant que le second volet, une édition spéciale livrée avec le premier épisode vendue pour quelques euros supplémentaires et l'édition First Print contenant les deux jeux et un artbook livré dans un packaging nommé "Le Livre des anges", recouvert de cuir. Afin de ne pas livrer une expérience incomplète aux joueurs Wii U, mais probablement aussi pour mieux faire avaler la pilule de l'exclusivité, le premier volet du jeu est donc réédité sur Wii U. Une version dont les principales nouveautés concernent l'utilisation de l'écran tactile, l'ajout de quelques costumes made in Big N ainsi qu'une ô combien très attendue optimisation de l'aspect technique du jeu, acceptable sur Xbox 360 mais plus que bancal sur PlayStation 3. Entre le framerate souffreteux et l'aliasing trop prononcé des versions d'origine, cette mouture Wii U possède donc la réelle opportunité de gommer tous ces vilains défauts pour nous livrer une expérience plus aboutie. Est-ce donc le cas ?
Ne tournons pas autour du pot, la réponse est un grand oui. Dans les faits, nous retrouvons ici un jeu identique à l'original du point de vue de son histoire et de son gameplay. Pas d'ajouts particuliers si ce n'est un lot de costumes inspirés des personnages de Nintendo servant à grimer notre héroïne en guerrière d'Hyrule, en Samus Aran ou en Princesse Peach. Le rendu visuel des attaques sera sensiblement modifié par ces tenues, mais il n'y aura pas de quoi fouetter un ange non plus. Prenons cette option de personnalisation comme un petit cadeau de Nintendo capable de décrocher un sourire auprès des fans, rien de plus. Du côté de l'utilité de la mablette, il est possible d'utiliser les contrôles tactiles pour combattre et se déplacer. Toutefois à l'usage, cette fonctionnalité relève plus du simple gadget que de la feature indispensable. Les amateurs de beat'em all préféreront donc utiliser des commandes plus classiques. Le véritable plus de cet opus Wii U se situe du côté de la technique avec un framerate délicieusement calé à 60 fps ne souffrant de presque aucun accroc même lors des phases de combat les plus surchargées. Si la version Xbox 360 bénéficiait déjà d'un framerate élevé, cette mouture Wii U gagne donc encore en fluidité. Certaines textures (pas toutes cependant) profitent dans le même temps d'une légère amélioration de résolution rendant le tout plus agréable à l’œil. C'est finalement ce que l'on attendait de ce portage non ? Notons toutefois la présence d'un filtre rendant l'image un peu plus terne que son homologue Xbox 360.
En grand fan du premier épisode, je dois avouer avoir redécouvert le jeu avec un grand plaisir sur cette version Wii U. Non pas que l'expérience soit radicalement différente ici, mais s'il y avait une version à conseiller aujourd'hui, ce serait cette édition Wii U. Au-delà du nombre d'images par seconde enfin adapté à la frénésie d'un beat'em all de cette trempe. L'aliasing se fait certes moins présent mais il reste toutefois assez perceptible pour nous rappeler que le jeu quelques années derrière lui maintenant. Il en va de même pour la gestion parfois brouillonne de la caméra qui aurait pu bénéficier du même soin apporté à celle de la future suite du jeu. Bref, certains pourront regretter ici l'absence de ces quelques ajustements voire même accuser ce portage d'en faire le minimum syndical, mais ce serait dénigrer le travail et les intentions de Platinum sur cette version disponible pour à peine dix euros de plus que l'édition standard de Bayonetta 2. Concernant le reste et si vous ne connaissiez pas encore le titre, je vous laisse maintenant à la lecture du test réalisé à l'époque par l'ami Miniblob avant de vous retrouver dans la conclusion.
It's Witch time !
Avant même de se lancer dans l'aventure, les mauvaises langues critiquent déjà le design si particulier de la belle sorcière. Son air de maîtresse sadomaso et ses pauses outrageusement suggestives ont en effet de quoi décontenancer les joueurs qui sont habitués à des héros lisses et propres sur eux. Il faut bien avouer que le background de ce personnage est assez étoffé pour tenir sur un demi-grain de riz mais les amateurs de beat'em all ne lui en tiendront pas rigueur pour autant : les représentants du genre n'ont jamais vraiment brillé par leur scénario et Bayonetta ne fait pas exception à la règle. On y incarne ainsi une sorcière amnésique qui est récemment sortie d'un sommeil qui a duré 500 ans et qui cherche désormais à retrouver ses souvenirs en massacrant des hordes d'anges peu sympathiques. Si les nombreuses cinématiques qui ponctuent le jeu allient un certain sens du spectacle à un humour rarement très raffiné, il faut reconnaître qu'elles ne vous aideront pas forcément à donner un sens à ce massacre. Par exemple, lorsque les boss se lancent dans de longues tirades pour dévoiler finalement leurs motivations, Bayonetta les interrompt généralement assez sèchement en les insultant, en leur montrant ses fesses ou en leur lançant ce qui lui passe à portée de main. Vous l'aurez compris, la dérision et le second degré sont donc de mise : le titre de Platinum Games se fait un plaisir de détourner les codes instaurés par ses prédécesseurs et ne se prive pas de nous offrir quelques jolis clins d'œil. C'est ainsi que lorsque la sorcière se transforme en panthère noire, elle fait pousser des fleurs sur son passage à la manière d'Amaterasu, la louve d'Okami, ou que le marchand d'armes refuse de lui fixer une tronçonneuse sur le bras ce qui ne serait pourtant pas sans rappeler un certain MadWorld...
Bayonetta fait donc feu de tout bois en ce qui concerne les références diverses et variées. Les petits gars de Platinum Games sont même allés jusqu'à proposer une étrange phase de shoot'em up en nous donnant le contrôle d'un énorme missile et chaque niveau se conclut par un mini-jeu de tir aux anges qui semble tout droit sorti d'une fête foraine. Mais rassurez-vous, le titre dans son ensemble n'en reste pas moins un superbe exemple de beat'em all. La prise en main de la belle sorcière peut d'ailleurs paraître relativement banale au premier abord : une touche est dédiée aux attaques utilisant se petites mimines, une autre vous permet de lancer des coups de pied et une troisième de sortir vos pistolets pour attaquer à distance. Les choses ne s'arrêtent pas là puisque vous pouvez paramétrer les armes que la demoiselle porte dans les mains ou qu'elle accroche à ses pieds. Elle peut ainsi fixer de petits fusils à pompe à ses talons aiguilles tout en maniant un katana. Il est ainsi possible de définir deux combinaisons et de passer rapidement de l'une à l'autre grâce à la gâchette gauche. Cette description très sommaire du gameplay ne serait pas complète sans évoquer la possibilité d'esquiver à tout instant les attaques de ses adversaires en pressant tout simplement la gâchette droite. Non seulement Bayonetta va alors éviter gracieusement le coup en question, mais cela ne brisera pas pour autant son enchaînement et elle pourra continuer de botter tranquillement les fesses de ses ennemis. Vous aurez même droit à un bonus fort appréciable si vous parvenez à esquiver au dernier moment en passant immédiatement en mode "Witch Time" : le temps se fige alors un instant pour vous permettre de riposter violemment ou de renvoyer les projectiles qui vous étaient destinés.
Au final on se retrouve donc avec des combats incroyablement dynamiques durant lesquels il faut toujours rester attentif au moindre mouvement de ses ennemis pour esquiver les attaques. Mieux vaut en effet éviter les coups qui font baisser votre jauge de vie à une allure folle. Si vous optez pour un mode de difficulté normal, les premières échauffourées de Bayonetta vous paraîtront certainement assez ardues au premier abord. Mais rassurez-vous, on s'habitue à ce rythme effréné et vous arriverez très rapidement à sortir des enchaînements qui vous semblaient tout simplement infaisables auparavant. Non seulement chaque combinaison d'armes est associée à sa propre palette de combos, mais au fil de votre progression dans le jeu vous débloquez aussi petit à petit de nouvelles attaques spéciales très tape-à-l'oeil. La sorcière est ainsi capable de se lancer dans une chorégraphie de breakdance particulièrement mortelle ou d'envoyer bouler ses ennemis à grands coups de talon. Le tableau ne serait pas complet sans évoquer les fameuses invocations : Bayonetta peut ainsi terminer un combo en utilisant sa chevelure et perdre quelques éléments de sa tenue au passage pour matérialiser une énorme botte ou un gigantesque coup de poing ravageur. Il est enfin possible de faire appel à la magie pour réaliser des attaques encore plus impressionnantes : en fonction de l'ennemi et de la façon dont vous l'abordez, le pauvre bougre pourra par exemple passer à l'échafaud, faire un séjour dans une dame de fer, se frotter à un cheval d'arceau hérissé de lames, ou être littéralement tronçonné en deux. Toutes ces joyeusetés vous promettent non seulement des affrontements variés, mais vous ressentirez aussi une réelle satisfaction en apprenant à maîtriser les différents coups spéciaux.
Les vidéos de gameplay de Bayonetta pouvaient laisser craindre que cette frénésie puisse finalement nuire à la lisibilité de l'action. Si les développeurs de Platinum Games n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère en ce qui concerne les effets spéciaux, ceux-ci ne rendent finalement l'ensemble que plus clair. En effet, les attaques des ennemis sont par exemple souvent précédées d'une petite lueur qui vous permet de synchroniser plus facilement votre esquive. Le curieux qui regarde donc tranquillement une partie de Bayonetta aura peut-être du mal à s'y retrouver, mais le joueur ne sera par contre jamais perdu... Bayonetta reste donc un excellent beat'em all qu'on prendra plaisir à faire et à refaire afin de débloquer tous les bonus et toutes les tenues alternatives.
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Points forts
- 60 fps, que ce soit en mode portable, ou avec la console connectée à son dock
- Toujours aussi fun
- Jouer à Bayonetta où bon vous semble
Points faibles
- Lors des plus gros combats, la lisibilité est limité sur le petit écran de la Switch
- On aurait aimé que le jeu soit au niveau de Bayonetta 2, techniquement parlant.
Bayonetta est toujours une référence intemporelle du beat'em all mais cette version Switch fait office de miroir déformant. Exagérant à l'extrême certains micro-défauts du jeu, la petite console de Nintendo propose une expérience de jeu convenable lorsqu'elle est connectée à son dock, mais nettement moins agréable dès lors qu'on l'en sépare. On craignait que le petit écran de la Switch pose quelques soucis de lisibilité et c'est bel et bien le cas, mais heureusement pas dans les proportions attendues. Bayonetta Switch reste très jouable et peut se vanter de rester fluide quelles que soient les circonstances, mais est-ce que cela réussira à vous convaincre de (re)passer à la caisse ? On vous en laisse seuls juges.