Avant de rentrer dans le vif du sujet et percer les secrets du titre, il convient de faire un petit point sur ce qu'est Bokida et d'où il vient. Comme il a été précisé dans l'introduction, Bokida est né d'un projet étudiant. Développé dans un premier temps comme un travail de fin d'année par des élèves de l'ICAN, l'école de Game Design de Paris, c'est après avoir reçu une mention honorable pour son travail que l'équipe s'est attelée à transformer son prototype en jeu complet. Il sera même en sélection officielle à l'Indiecade Europe (un festival de jeux indépendants) en 2016. Une bien belle histoire pour un jeu qui l'est tout autant. Voyons donc ce que nous propose cette expérience vidéoludique.

"Messager, éveille toi ! "

L'histoire de Bokida, tout comme son gameplay et son univers est assez simple. Elle est présentée à travers une cinématique qui va nous expliquer les tenants et les aboutissants. Deux astres vivaient autrefois en harmonie, mais pour une raison que l'on ignore ils ont été séparés. L'un est blanc, l'autre noir, symbolisant respectivement le Yin et le Yang (jusque dans les visuels). L'un d'eux vous réveille, d'une voix douce et mélodieuse (le jeu est narré uniquement en Coréen). Vous êtes donc "Le Messager" sans véritable forme ni apparence, vous allez devoir résoudre toute une série de puzzles et activer divers monolithes afin de réunir ces deux êtres. Telle est votre mission.

Après cette introduction, le jeu s'ouvre sur un tutoriel qui va vous apprendre les bases d'un gameplay simple mais bien pensé et offrant de nombreuses possibilités. Afin de résoudre les différentes énigmes et progresser dans l'aventure, vous allez avoir à votre disposition 4 outils. Le premier permet la construction de petits cubes que vous pouvez disposer à votre guise qui seront utiles pour la résolution des énigmes. Ils occupent cependant une seconde fonction, une fois placés, il vous sera possible de vous tracter vers eux afin d'atteindre certaines zones. Une sorte de mélange entre vol et téléportation. Le second outil vous permet de couper ces fameux cubes, dans la longueur, la largeur ou la diagonale. À vous d'utiliser celui qu'il faut selon le besoin. Le troisième est utilisé pour pousser les cubes tandis que le dernier servira à nettoyer une zone. Une fois le tutoriel passé vous voilà lâché dans ce monde quasi monochrome, qui va révéler petit à petit ses secrets et ses couleurs.

Un univers épuré et enchanteur

La première vraie réussite du jeu est son univers. Difficile de ne pas être conquis devant ce monde si particulier qui se démarque vraiment de la concurrence. La bande son composée d'une main de maître par Xavier Dang contribue à faire de Bokida une expérience visuelle et auditive. Vous êtes donc lâchés dans une vaste zone blanche où l’on détecte des structures ainsi que des bâtiments. Vos différents « pouvoirs » vont donc vous servir à vous déplacer et interagir avec l’environnement. On va donc dans un premier temps expérimenter les possibilités offertes par ses interactions. Et on se surprend à faire plus d’exploration et d’expérimentation que de résolutions d’énigmes. D’autant que le jeu ne déçoit pas quant à ce qu’il est possible de faire. La physique fonctionne très bien et vous allez passer du temps à construire et détruire vos édifices. Les blocs et les débris restent au sol de façon permanente, à l’exception de certaines salles jouant notamment avec la gravité. Toutefois, si vous observez des ralentissements il est possible de remettre l’ensemble du jeu à neuf via une touche dans le menu. Le jeu vous laisse ainsi libre de tous mouvements et tel un peintre sur ça toile vous allez façonner votre oeuvre. Malheureusement une fois la phase d'émerveillement passée, la progression dans le jeu ne se fait pas sans une certaine frustration.

Une progression en dent de scie

Bien que ce vaste monde soit un appel à l'exploration, on se retrouve rapidement à ne pas trop savoir ou aller. Le jeu vous propose de partir à la recherche de collectibles, disséminés un peu partout sur la carte. Mais à moins d'être un vrai collectionneur vous passerez vite votre chemin. En revanche vous passerez peut-être plus de temps à chercher des stèles porteuses de petits textes. Ces derniers très zen, sont en adéquation avec le visuel de l'univers et sa bande son et constituent en soit le lore du jeu. Bien que l'architecture des lieux vous incite à les explorer, on se retrouve trop souvent à tourner en rond. Le monde offre trop peu d'indices au joueur et peut même s’avérer frustrant par moments. Il y a fort à parier que cette errance soit une volonté des développeurs, afin de renforcer l’immersion et la découverte par soi-même. Si l'intention est louable, elle peut être amenée à agacer.

Les différentes énigmes et puzzles font également partie des points faibles du soft. Ils sont relativement simples et exploitent trop peu les capacités dont le joueur dispose. Il n'est pas impossible que cet aspect, couplé avec un visuel certes magnifique mais particulier rebutent certains joueurs. Car Bokida n'est pas un titre à mettre entre toutes les mains. Il est d'ailleurs préférable de privilégier les sessions courtes. En effet l'aspect médiation, réflexion et apaisant du titre en fait un jeu parfait pour les petites parties le soir en rentrant du travail. Concernant la durée de vie, Bokida peut être approché de deux façons. Si vous allez en ligne droite et que vous ne coincez pas trop devant les énigmes, comptez environ 3h pour venir au bout de l’aventure. Rajoutez 2h si vous êtes de ceux qui iront chercher tous les collectibles et textes dissimulés. D'un point de vue purement subjectif, il est important de noter que le jeu peut provoquer un certain mal de tête couplé à un effet de nausée semblable à ce que peuvent ressentir certaines personnes face à l'expérience de la réalité virtuelle. Mais cela est dû à un problème d'oreille interne et non des développeurs.