Armé d’une direction artistique convaincante, Genetic Disaster a peut-être su attirer votre œil aguerri, avec la promesse d’un rogue-like à dimension multijoueur. De futures bonnes poilades entre amis ? Pas si sûr…
Développé par le studio lyonnais Team8, Genetic Disaster fait surtout mouche grâce à son design. On joue une bande d’animaux anthropomorphes modifiés par un savant fou, dans un manoir gigantesque. Tout est dessiné à la main, des personnages aux décors, pour un rendu plutôt soigné. Bien que de prime abord, le style rappelle de nombreuses productions indépendantes grâce à une aura cartoon à l’occidentale, la qualité des boiseries du manoir et le character design sont bien au-dessus de la masse. Mais si les quatre personnages principaux ont leur propre design, ils diffèrent aussi par leurs compétences et capacités. La tortue Bunker à un coeur de plus et peut utiliser une aura qui protège des balles, mais il est aussi plus lent et plus gros que les autres, ce qui en fait une cible facile. De son côté, Devil devient plus puissant après un certain nombre de kills et peut déclencher une attaque dévastatrice au corps à corps. Panic peut fuir à toute vitesse en étourdissant les ennemis proches de lui alors que Sneaky peut lancer un tir à chaque rechargement en plus de sa capacité à se téléporter sur de courtes distances. Il est clair que votre façon de jouer dépend de votre personnage, ce qui apporte une nuance bienvenue au gameplay.
Tir à blanc
Malheureusement, dans la pratique, Genetic Disaster pèche sur beaucoup trop d’aspects pour être considéré comme une bonne expérience. Dans l’idée, il s’inspire énormément de Binding of Isaac avec des armes à récupérer, des pièces bourrées d’ennemis qui tirent dans tous les sens et des magasins. Les niveaux sont créés de manière procédurale à chaque partie, chose indispensable au genre rogue-like. Toutefois, le résultat est bien trop générique pour accrocher le joueur sur le long terme. Sans surprises, le level design est toujours plat et la très faible variété d’ennemis ne risque pas d’améliorer la situation, un comble pour un jeu du genre.
Certains choix de game design sont très perturbants eux aussi. La caméra essaie tant bien que mal d’osciller entre cibler le personnage et se fixer sur une salle que l’on explore, nous laissant parfois à un bord de l’écran alors qu’un monstre nous tire dessus hors cadre. Un constat encore plus accablant quand on joue à plusieurs, puisque même en ligne, la caméra ne suit pas les personnages : si vous vous éloignez les uns des autres, vous pouvez tous sortir de l’écran, la caméra se figeant ne sachant plus où aller ! Au niveau du gameplay, outre la redondance due au manque de diversité des situations, on regrette aussi le système de recharge des armes, les chargeurs étant beaucoup trop petits pour des chargements trop longs. Cela ne rend pas nécessairement l'expérience plus difficile, mais clairement plus frustrante pour un titre qui propose pourtant une dynamique shooter. Dommage, car les pétoires, de leur côté, sont plutôt variées selon leur puissance ou encore leur dispersion.
Extrait maison de Genetic Disaster
Trop tôt...
Pour être original, Genetic Disaster a opté pour un système d’effets semi-aléatoire qui impacte toute la zone. Tirs qui enflamment leur cible ou rebondissent sur les parois, blocs de glace qui gèlent le sol et ralentit les mouvements, il existe moins d’une dizaine d’événements. Il est possible de modifier l’événement en cours en nettoyant les salles, certains pouvant être très dangereux, notamment le « tir ami » quand on joue à plusieurs. Si l’idée générale semble sympathique, dans la pratique, il faut bien avouer que l’impact est particulièrement mou. Encore une fois, on en revient à ce terrible manque de variation, un problème des plus pénibles dans un titre dont le concept est de tout « recommencer » à chaque mort. Il y a bien quelques tentatives de puzzles et mécanismes, mais on parle ici de simples interrupteurs, rien qui ne vous retiendra bien longtemps.
Jusqu’ici, Genetic Disaster est déjà un jeu plutôt passable malgré de bonnes idées et un design alléchant. Certaines personnes, sur de courtes sessions, pourraient même le trouver correct. Toutefois, je n’ai jusqu’ici décrit le jeu que dans des conditions optimales, c’est-à-dire sans bugs… Et diable, des bugs, il y en a à chaque partie ! D’un côté, il y a les pénibles : les choses qui apparaissent sur l’écran d’autres joueurs mais pas chez vous, les tirs qui restent bloqués, les bugs visuels nombreux, il est impossible de tous les énumérés. De l’autre, il y a ces bugs qui peuvent juste, à eux seuls, ruiner votre partie, comme la roue des événements qui se bloque (ah bon ? On était en « Tir Ami ? »), une porte qui se referme devant nous sans raison laissant les joueurs en soft lock (impossibilité d’avancer, obliger de recommencer), ou encore les portes qui s’ouvrent… à l’intérieur d’un mur ! Dommage quand c’est votre seul moyen d’avancer…
Tout cela démontre que Genetic Disaster est ce qu’on appelle communément une « obvious bêta ». Ces jeux qui sont mis en vente, soi-disant finis, mais bien loin de l’être. Actuellement, il est par exemple encore impossible de jouer en ligne avec des inconnus, l’option étant toujours grisée (on peut jouer avec des amis Steam cela dit). Il n’y a pas de chat vocal non plus soit dit en passant. Autre option grisée, le bouton « option », justement : vous n’avez accès à aucun setting, vous interdisant un quelconque remapping ou un changement de résolution, entre autres. Bref, soyons clair, malgré ces visuels alléchants, on vous déconseille fortement l’achat de Genetic Disaster, en espérant quand même pour ses développeurs qu’ils arriveront à le mettre à jour régulièrement pour en corriger les plus gros défauts et les bugs récurrents.
Points forts
- La direction artistique cartoon
- Les armes, plutôt variées et fun
- Jeu canapé (même si le jeu local est souvent moins pratique sur PC)
Points faibles
- Blindé de bugs, certains pouvant bloquer la partie
- Manque total de variété des situations
- Level design plat
- Rechargements des armes trop fréquents
- Pas de jeu en ligne en dehors des amis
- Pas de chat vocal
En s’inspirant de Binding of Isaac et en y insufflant une ouverture multijoueur, Genetic Disaster aurait aisément pu trouver son public, bien aidé par une direction artistique qui ne manque pas de charme. Malheureusement, les choix de design, le manque total de variété et les bugs alarmants et omniprésents ternissent drôlement l’expérience d’un titre qui aurait dû rester en early access. Le manque d’option est tout aussi perturbant, notamment avec l’absence totale de matchmaking qui interdit actuellement le jeu en ligne avec des inconnus.