Quelques mois après nous avoir enchantés sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, Rime honore enfin de sa présence une Nintendo Switch qui semblait taillée pour accueillir une telle aventure. Malheureusement, le portage n'est absolument pas à la hauteur des autres qualités du titre.
Rime est un titre mêlant exploration, plates-formes et énigmes dans lequel vous incarnez un jeune garçon fraîchement échoué sur une île déserte. Sans le moindre repère quant à l'origine de son arrivée ou indication sur sa nouvelle destination, il est amené à explorer tous les recoins de sa terre d'accueil pour découvrir le sens d'un voyage initiatique plus singulier qu'il n'y paraît au premier abord. Si vous ne connaissez pas Rime, sachez donc que vous vous trouvez en face d'un titre à la narration minimaliste, aux énigmes accessibles et à l'ambiance travaillée. Comme vous le constaterez ci-dessous, la production de Tequila Works ne manque toutefois pas d'arguments sur sa narration et ses mécaniques de jeu.
Rime contre nature
Divisé en plusieurs niveaux ouverts, Rime s'appuie sur différents mécanismes pour chaque séquence : vous serez ainsi amenés à jouer avec les ombres et le temps, utiliser la voix du personnage ou tirer profit des placements et angles des objets pour résoudre les énigmes proposées sur l'île. La simplicité des premières énigmes laisse donc rapidement place à d'autres plus travaillées qui exigeront un minimum d'application pour être résolues, sans que le titre ne s'avère pour autant particulièrement retors sur ce point. Il parvient suffisamment à varier les situations pour que la répétitivité ne pointe jamais le bout de son nez, ce qui reste appréciable et surtout nécessaire dans une aventure susceptible de vous occuper 7 à 8 heures, voir plus d'une dizaine si vous comptez récupérer tous les collectibles et découvrir l'ensemble des secrets.
À l'image du reste du jeu qui se démarque par une justesse artistique et ne verse jamais dans la surenchère, la prise en main est minimaliste, se contentant de vous permettre de sauter et d'interagir par le toucher ou la voix avec les objets concernés par les énigmes. Les fausses notes sont rares sur le gameplay, exception faite de quelques sauts pas toujours évidents selon l'angle de la caméra : cette dernière parvient pourtant à concilier les choix de réalisation purement esthétiques (quelques jolis plans larges sont de la partie) et ceux à l'utilité plus mécanique. Le problème reste en plus rare et ne gâche en rien le reste du jeu.
Rime Embrassé
Le constat peut sembler paradoxal, mais Rime est un titre artistiquement aussi somptueux... que générique, tant ses références aux œuvres de Fumito Ueda ou au style coloré d'un Wind Waker, par exemple, se multiplient. Il se démarque certes par certains décors typiquement méditerranéens, mais manque peut-être d'un brin de caractère qui permettrait de le distinguer au premier coup d’œil des autres titres du même genre. Nous serions toutefois cruels de ne pas saluer la qualité visuelle des environnements proposés, régulièrement capables de nous faire sortir de notre progression pour se laisser aller au plaisir pur de la contemplation. La variété des paysages proposés est également appréciable et surtout parfaitement justifiée par un scénario bien présent malgré les apparences.
Sa personnalité, Rime se la forge finalement par la force de son propos, de plus en plus limpide à mesure que les heures passent et dont l'ultime dénouement vous incitera même à rejouer le titre une fois bouclé pour le voir sous un autre angle. Réalisé avec beaucoup de simplicité, à l'image de sa bande-son discrète et son absence totale de dialogues uniquement compensée par les doux sons de la voix du personnage principal, Rime n'est donc pas un bijou par son scénario, mais brille par la maîtrise d'une narration se couplant à merveille avec le reste de ses éléments.
Quand Rime rame
Malheureusement, toutes les qualités du titre sont occultées par son portage sur la machine de Nintendo, tout simplement raté. En mode dock, celui-ci oscille autour de 20 images par seconde et se permet malheureusement plusieurs chutes sévères, la plupart survenant d'ailleurs en boucle à certains endroits. Très désagréable sur de longues sessions, cette absence de fluidité entâche fortement la qualité de l'expérience. Et le passage en mode portable ne fait que conforter nos premières impressions, puisqu'à un framerate encore plus en souffrance, il faut alors ajouter une définition tellement basse que le jeu apparaît comme flou, y compris sur les détails plus proches à l'écran. C'est bien simple, Rime est particulièrement désagréable à jouer en mode portable, et ne se porte guère mieux techniquement une fois la machine sur son dock et vos yeus vissés sur le téléviseur. Dommage, car malgré une puissance moindre vis-à-vis de ses concurrentes, la Switch nous a déjà prouvé cette année qu'elle était capable de faire tourner correctement des titres bien plus exigeants.
Points forts
- La fin
- Bon renouvellement des énigmes
- Variété des paysages
- Bande-son parfaitement intégrée
- Visuellement somptueux...
Points faibles
- … Mais rarement original
- Pas fluide pour un sou...
- ... Et se permet en plus des chutes de framerate
- La résolution en mode portable
- De l'Aliasing et un soupçon de clipping
- Quelques (rares) loupés dans les sauts
Malgré ses nombreuses qualités et son statut d'excellent jeu, Rime ne parvient jamais à s'illustrer sur Nintendo Switch, la faute à un portage complètement loupé. Outre une faible définition qui rend le jeu flou en mode portable, des ralentissements indécents viennent s'ajouter à une fluidité peinant déjà à dépasser la vingtaine d'images par seconde. Si quelques défauts techniques ne peuvent complètement occulter un bon jeu, ceux de cette édition Switch de Rime s'avèrent bien trop importants pour passer outre : pour profiter réellement du titre, il faudra donc impérativement se le procurer sur une autre machine ou le cas échéant, faire le deuil d'une version techniquement à la ramasse pour vous permettre d'apprécier Rime à sa juste valeur. Dommage.