Plus de 4 ans après sa sortie, Total War Rome II n'a toujours pas été oublié par The Creative Assembly qui nous offre un nouveau DLC centré sur la crise du IIIème siècle. Empire Divided, c'est son nom, vient en prime avec un nouveau système politique qui sera carrément offert à tous. En somme, l'idée est là de faire patienter ceux qui ne sont pas emballés par la petite parenthèse Warhammer et qui attendent toujours impatiemment un TW historique qui tarde à pointer le bout de son nez. Mais cela sera-t-il suffisant ?
On est donc de retour dans l'Antiquité le temps d'une campagne inédite qui nous plonge au coeur d'un empire romain divisé en 3 grandes factions : la Gaule romaine de Tetricus, la Rome d'Aurélien et l'empire Palmyrien de la fameuse reine Zénobie. Un assortiment de tribus barbares (Marcomans, Daces, etc) et d'empires orientaux (parthes et Arménie) complète le tableau pour un total de 10 factions jouables réparties en 5 groupes culturels. Libre alors à vous de réunifier Rome ou bien de profiter de ses faiblesses pour l'anéantir. C'est une proposition alléchante, mais pour les amateurs d'Histoire, sachez qu'on reste ici sous le règne d'Aurélien et sa reconquête de l'Empire, sans aller jusqu'à la Tétrarchie de Dioclétien qui n'est pas du tout évoquée.
Ce contexte pour le moins instable sur de nombreux niveaux se matérialise en jeu par l'arrivée de nouvelles mécaniques : les cultes, les épidémies et le banditisme. Commençons par ce dernier point qui peut s'avérer assez contraignant pour peu qu'on ne s'y intéresse pas. En effet, chaque région dispose d'un niveau de danger qui augmente avec la taille de notre empire et lorsqu'on construit certains bâtiments comme un fabricant de pièces ou un marché par exemple. On risque alors de voir les chaînes d'approvisionnement et de commerce pillées ce qui peut réduire considérable le niveau de nourriture disponible. Il faut donc être vigilant et placer des armées en patrouille et surtout construire des bâtiments spéciaux comme la villa du procurateur ou des cohortes urbaines. Il ne faut pas non plus négliger l'hygiène puisque les villes du 3ème siècles sont plus peuplées et l'insalubrité peut rapidement y devenir problématique. Des épidémies de peste peuvent se répandre, impactant ainsi la croissance, l'ordre public et les revenues tout en se propageant via les routes commerciales et les mouvements de troupes vers les villes qui n'auraient pas des infrastructures sanitaires suffisantes. Il est donc plus important que jamais de rétablir l'ordre et l'hygiène dans sa faction, sous peine de conséquences dramatiques.
Diviser pour mieux régner
Les cultes sont aussi un sujet de tensions omniprésent qui a été traité ici de façon assez originale. En effet, ils se matérialisent par une simple chaîne de construction commune à toutes les factions et dont les bâtiments sont gratuits. Ils représentent en fait un espace qu'on peut laisser aux membres des 3 cultes orientaux en vogue à l'époque : le manichéisme, le mithraïsme et bien sûr le christianisme. Cela octroie rapidement et simplement quelques bonus, d'hygiène publique notamment, puisque les adeptes n'ont plus à se cacher dans les bas-fonds des villes, mais aussi de croissance ou de reconstitution des armées par exemple. Tout ceci a tout de même un prix à payer sous forme de malus d'ordre public lié aux difficultés de cohabitations de ces différentes influences culturelles. C'est notamment le cas avec les chrétiens qui donnent carrément -6 d'ordre public par temple ou culte différent du leur dans la région. En sachant que les autres factions ne se privent pas pour construire ces lieux de cultes et que leur destruction est exorbitante puisqu'elle prend en compte la répression qui s'en suit, il faut être extrêmement précautionneux, sous peine de voir ses villes s'embraser rapidement.
Sans être révolutionnaire, cette nouvelle campagne possède donc plusieurs atouts intéressants auxquels on peut ajouter quelques bâtiments supplémentaires (par exemple liés au dieu Sol Invictus dont le culte s'est répandu rapidement grâce à Aurélien et qui prend ici la forme d'un nouveau temple de culture latine), des nouveaux arbres de technologie, des événements supplémentaires à choix multiple et bien sûr quelques unités inédites. Leur nombre est malheureusement très limité, mais on peut par exemple citer les légionnaires gaulois ou encore les Equites Dalmatarum. Mais la nouveauté vient aussi et surtout du fameux nouveau système de politique, qui vient étoffer un élément souvent délaissé par les joueurs, en sachant que celui-ci est étendu gratuitement à toutes les campagnes, à l'exception de César en Gaule qui possède déjà un système simplifié. The Creative Assembly se montre donc là plutôt généreux et offre par la même occasion un petit coup de jeune à son Rome 2.
Un système politique complètement remanié
La suite de ce texte porte sur le nouveau système de politique qui est téléchargeable gratuitement par tous les joueurs, même ceux qui n'ont pas acheté le DLC Empire Divided.
La première chose qu'on remarque en ouvrant la fenêtre politique est la possibilité de modifier son type de gouvernement. On a en tout 4 possibilités (empire, république, union ou monarchie), bien que chaque faction soit logiquement limitée dans ses choix. Par exemple, Rome ne peut bien évidemment pas redevenir une monarchie ni former une union tribale, tandis que les barbares ne peuvent pas choisir de devenir une république. Quoi qu'il en soit, chaque régime dispose de différents avantages et inconvénients, notamment au niveau de la loyauté des différents partis politiques, mais aussi de l'ordre public, du nombre d'édits provinciaux, du nombre d'emplacements de recrutement, etc. L'empire semble être le meilleur choix, ce qui n'est pas forcément très logique vu du XXIème siècle, mais l'option n'en reste pas moins appréciable.
Attardons-nous ensuite sur l'arrivée de ce fameux indice de loyauté. Celui-ci évolue en fonction des succès du joueur, mais aussi du traitement réservé aux généraux associés au parti. Ainsi, si vous en abandonnez un trop longtemps seul à son sort, son parti vous en voudra et sa loyauté diminuera. De même, chaque parti dispose de 2 traits auxquels s'ajoutent une dernière caractéristique apportée par le chef de file. Certains détestent les orientaux et vous haïssent quand vous nouez des relations diplomatiques avec, d'autres vous vénèrent à chaque conquête ou pour vos talents de gestionnaire financier, etc. Et si l'indice de loyauté est trop bas, le parti fait sécession et emporte avec lui un nombre de régions lié à son influence. Il faut donc essayer de satisfaire tout le monde, ce qui n'est pas toujours évident, ou alors se débarrasser de ceux dont les idéaux ne correspondent pas à notre style de jeu. En effet, l'assassinat d'un chef peut être utile puisque son successeur n'aura pas forcément les mêmes attentes. Et en cas d'extrême urgence, il reste la solution de la purge qui consiste à éliminer tous les membres d'un parti, moyennant une somme rondelette et une grosse crise de loyauté pour l'ensemble des forces en présence. C'est pas joli, joli, mais historiquement, ça colle plutôt pas mal.
Enfin, dernière petite nouveauté de la chose, un homme d'état non attribué à une armée a désormais un rôle à jouer, puisqu'il peut être envoyé soit en mission diplomatique, soit administrer une province, soit organiser un banquet. Non seulement, on peut en tirer des bénéfices, mais on gagne aussi en loyauté pour le parti concerné. L'intérêt est certain, et cette mise à jour apporte finalement beaucoup au jeu dans son ensemble. Bien évidemment, ce n'est pas une refonte complète et il reste encore beaucoup de défauts, surtout quand on compare Rome 2 à un titre plus récent comme Warhammer 2. L'IA est toujours problématique par exemple, mais ce nouveau DLC et ce système de politique redonnent tout de même un petit coup de jeune à l'ensemble et permettent de se replonger avec plaisir dans l'Antiquité en attendant un prochain TW historique.
Points forts
- Un contexte historique inédit
- Quelques mécaniques de jeu originales, à l'instar des cultes
- Le nouveau système de politique vraiment plus complet...
- ... et qui plus est gratuit pour tous les joueurs
Points faibles
- Rome 2 a 4 ans et cela se ressent
- IA qui fait parfois peine à voir
- Le système de politique gratuit est sans doute plus novateur que la partie payante
Empire Divided et la refonte du système politique qui l'accompagne apportent un réel vent de fraicheur sur Total War Rome 2 qui devient encore un peu plus riche et profond qu'il ne l'était déjà. Le contexte historique choisi est déjà plutôt intéressant et donne lieu à quelques nouveautés bien sympathiques, mais c'est surtout le remaniement de la politique qui séduit. On n'est bien sûr pas au niveau d'un Europa Universalis à ce niveau, mais on gagne tout de même en immersion et en plaisir de jeu pour peu qu'on aime les intrigues et les assassinats suspects propres à cette période. Notons tout de même que si la refonte politique est gratuite, ce n'est pas le cas de la campagne qui est vendue 17€, et qui, dénuée de cet élément n'est peut-être plus aussi indispensable.