Estampillé Rockstar mais développé par une équipe au C.V. encore vierge (même si son fondateur est également à l'origine de Getaway), L.A. Noire a pris son temps avant d'investir nos consoles. Enfin là, ce titre qui fait partie des plus attendus de l'année a pour vocation d'unir deux genres, aventure et GTA-like, en mettant l'accent sur le premier via une succession d'enquêtes. Après diverses émotions, notre verdict tombe.
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L.A . Noire dans la poche : un choix à considérer
Côté Nintendo Switch, L.A. Noire ne diffère pas du jeu original, mais propose toutefois d'emblée tous les DLC sortis à ce jour, ainsi que quelques nouveaux collectibles ou costumes pour Cole Phelps, héros central du jeu. À l'exception de quelques ajustements apportés à la dénomination des éléments d'interrogatoire (« doute » devient « intimider », « mensonge » est rebaptisé « accuser » pour plus de clarté), le jeu reste identique à son homologue d'il y a 6 ans, avec ce que cela implique de bon et de mauvais, chose qui sera commune à toutes ces nouvelles moutures de L.A. Noire.
Côté affichage, la Switch délivre du 1080p en docké et du 720p en mode portable, ce qui a pour conséquence de créer une différence de finesse assez notable entre la tablette et la télé, comme c'est d'ailleurs le cas pour de nombreux jeux de la console de Nintendo. C'est l'une des raisons pour laquelle nous vous recommanderons de jouer en mode nomade, car c'est à cet usage semble-t-il que s'adresse essentiellement la version Switch de L.A. Noire. Sans jamais vraiment déroger à des configurations de commandes classiques, le titre peut être joué avec les deux joycon désolidarisés de la tablette, pour ajuster la caméra grâce à la gyroscopie, tandis que l'écran tactile est mis à contribution pour zoomer ou dézommer sur les scènes, interagir avec les objets ou parcourir votre incontournable carnet de notes.
Un extrait de gameplay sur Switch
Les performances niveau affichage sont plutôt correctes même si nous avons noté une certaine inconstance dans les FPS, notamment dans les phases de conduite. Rien de bien alarmant toutefois, puisque le plaisir de parcourir l'enquête, lui, est bien là.
L.A. Noire sur PS4 et One : un choix dispensable
Nous avons pu mettre les mains sur la version PS4 du jeu, et il faut reconnaître que le public auquel s'adresse ce portage est clairement celui qui n'a jamais eu l'opportunité de jouer à L.A. Noire. Si le jeu profite de textures un rien plus fines et de couleurs un peu moins ternes que par le passé, le jeu a pris un sacré coup de vieux et ne parvient pas franchement à se distinguer des versions sorties sur la génération de machine précédente. Ainsi, il ne faudra certainement pas s'attendre à un jeu graphiquement en accord avec son temps, même passé par la case « remaster », mais si vous n'avez pas eu l'occasion d'enfiler les bottes de Cole Phelps, vous trouverez là une occasion valable de vous y mettre.
C'est essentiellement le portage de la Nintendo Switch qui apporte un intérêt réel à cette mouture un rien dépoussiérée de L.A. Noire. Les versions current gen ne sont finalement qu'un rien plus affinées que leurs homologues PS3 et 360 et n'auront de légitimité que si vous n'avez jamais eu l'occasion de jouer à cet excellent jeu d'enquête. Quel que soit le support, le titre accuse le poids des années, notamment sur la distance d'affichage ou l'ensemble des textures qui piquent franchement les yeux. Les expressions faciales des personnages sont toujours aussi riches même si l'on sent aujourd'hui que le trait est un peu trop forcé pour être totalement crédible. Cependant, côté Nintendo, l'acquisition du jeu se justifie puisque le portage est globalement de qualité, les différentes fonctionnalités de la console, notamment tactiles, sont bien mises à contribution, et la perspective d'avoir L.A. Noire dans la poche n'est jamais désagréable.
Un extrait de gameplay sur PS4
Estampillé Rockstar mais développé par une équipe au C.V. encore vierge (même si son fondateur est également à l'origine de Getaway), L.A. Noire a pris son temps avant d'investir nos consoles. Enfin là, ce titre qui fait partie des plus attendus de l'année a pour vocation d'unir deux genres, aventure et GTA-like, en mettant l'accent sur le premier via une succession d'enquêtes. Après diverses émotions, notre verdict tombe.
La guerre est terminée. Comme beaucoup de soldats, Cole Phelps a décidé de continuer à servir son pays. Il est désormais enquêteur et son regard de fouine laisse entrevoir une certaine capacité de recherche et d'analyse d'indices, comme si le monsieur était naturellement discret et suspicieux. Mais ses yeux font passer d'autres émotions. Une certaine tristesse émane d'eux. Phelps n'est pas en paix avec lui-même. Pas plus qu'avec ses différents supérieurs qui, non contents de briguer des postes à responsabilités, ont davantage le souci de soigner leur image auprès des politiques que de prôner une justice irréprochable. Mais Phelps doit composer avec et sa mission est de remplir les prisons de ce Los Angeles des années 40, pourri par la drogue, l'alcool, la corruption, peu importe si certains raccourcis sont faits et les mauvais coupables inculpés. D'abord, Phelps va travailler à la circulation. Un poste peu enviable mais à L.A., le moindre accident peut cacher une sombre histoire de jalousie, d'adultère ou une vengeance, tout simplement. Puis, notre héros va rapidement gagner ses galons de détective et d'inspecteur pour petit à petit, se voir confier le genre d'affaires dont la presse adore parler dans ses gros titres...
L.A. Noire ne fait pas que s'inspirer des films noirs, un courant justement né dans les années 40. Il est lui-même un film noir interactif et n'omet rien des conventions du genre. Les thèmes abordés renvoient eux aussi à ces longs métrages pessimistes où les pires vices de la nature humaine sont exhibés : le crime, l'infidélité, la trahison, la conspiration... Bref, lorsque vous poussez la galette du jeu dans le lecteur de votre console, vous savez où vous mettez le pad. La réalisation, les dialogues, les thèmes musicaux et l'architecture elle-même des vingt-et-une affaires à résoudre sont là pour vous le rappeler. Le Los Angeles virtuel, bien qu'en proie à une technique parfois discutable (un peu d'aliasing mais surtout, beaucoup de clipping, un flou cache-misère, quelques bugs de collision...) est bluffant de crédibilité. On demeure bien loin des (excellentes) caricatures d'un GTA-like. Ici, l'ambiance est prioritaire sur le visuel. Comprenez que la map, bien que relativement immense, n'est pas aussi vivante qu'on le souhaiterait. Par exemple, l'exploration ne présente quasiment aucun intérêt. Vous ne rencontrerez pas d'événements aléatoires à chaque coin de rue, n'aurez pas de réelle interaction avec les passants et finalement, ne prendrez aucun plaisir à vous balader en ville entre deux affaires. Et tout ça n'a aucune importance. Très vite, on conçoit la place que prend l'histoire au point de n'avoir qu'une hâte : qu'elle progresse. Durant notre expérience de jeu, pas une seule fois nous n'avons eu envie de faire une pause et de polluer gratuitement les rues de L.A.. Non, nous voulions juste continuer à enquêter sur les deux grosses affaires qui font office de fil rouge dans la vie de Cole Phelps durant cette année 1947.
L'approche de chaque enquête suit une méthode inflexible, parfois limite routinière et redondante. Tout d'abord, une cinématique vous livre un point de vue sur le crime ou le délit commis puis votre supérieur vous convoque pour un court briefing avant que vous et votre coéquipier du moment n'alliez vous rendre compte des événements sur place. A votre arrivée vous attendent la plupart du temps un ou plusieurs cadavres, un légiste et quelques flics indispensables pour éviter toute intrusion publique. Après qu'on vous ait informé de certains détails importants (identité de la victime, heure du crime, cause probable de la mort...), il vous incombe d'examiner vous-même le corps du malheureux. Une simple pression sur la touche action et Phelps se positionne au-dessus de la dépouille. A vous ensuite, à l'aide des sticks analogiques de sélectionner quelle partie du corps examiner de plus près. Vous pouvez ainsi zoomer sur les membres (supérieurs uniquement, allez savoir pourquoi), le visage ou même fouiller les poches du mort pour trouver les premières réponses : permis de conduire, effets personnels... Tout a son importance, notamment pour vos futures investigations. Mais le moment clé, celui où il ne faut pas se louper, c'est la recherche d'indices autour du cadavre. S'il a été tué à son domicile, il vous faudra fouiller chaque pièce et faire un petit tour dans le jardin pour être sûr de ne passer à côté de rien. Si c'est en extérieur, vos yeux devront se porter sur tout ce qui entoure la scène de crime sur une bonne dizaine de mètres à la ronde.
Si l'on oublie les indices inutiles comme le bon vieux paquet de cigarettes ou la bouteille de bière qui reviennent inlassablement sur une majorité de scènes, n'importe quel objet peut avoir son importance. Par défaut, lorsque vous vous rapprochez d'un indice potentiel, la manette se met à vibrer et une note de musique est jouée. Vous n'avez plus qu'à appuyer sur la touche d'action pour que Phelps l'examine ou s'en saisisse : une tache de sang, des bris de verre, un papier administratif, un ticket d'achat, un bijou... Evidemment, d'une affaire à l'autre, ceux-ci n'ont rien à voir et vous identifierez rapidement le type d'objet susceptible de vous aider dans votre investigation. Dans cette configuration, votre progression est très assistée et à moins de ne pas couvrir assez de terrain, vous n'avez que peu de chances de passer à côté d'un indice important. D'ailleurs, L.A. Noire, dans son ensemble, est un jeu d'aventure hyper accessible et naturellement orienté vers le grand public. Cependant, ceux qui le souhaitent peuvent se corser un peu la tâche en désactivant les deux aides que nous venons de citer, le cas échéant, il faudra être deux fois plus attentif. Cela est d'autant plus vrai qu'au fil de l'aventure, les zones à couvrir semblent s'élargir et donner de plus en plus de fil à retordre. De leur côté, les énigmes se comptent sur les doigts d'une main et ne sont pas assez tordues pour vous occuper plus de 30 secondes. Si on ne peut plus parler d'assistanat, on peut classer L.A. Noire dans le rayon des jeux faciles sans éléments bloquants. Le constat est d'autant plus vrai qu'en gagnant de l'XP, Phelps dispose de "points d'intuition" qui permettent de révéler l'emplacement d'indices non trouvés. Et comme si ça ne suffisait pas, vous avez la possibilité d'interroger de vrais joueurs de L.A. Noire en ligne, pour vous aider...
Les indices ne suffisent pas à eux seuls à résoudre une enquête. Ils mènent vers des suspects qu'il va falloir interroger. C'est la phase la plus intéressante du jeu, une mini-révolution dans le genre aventure. En effet, en plus de devoir s'appuyer sur les bons indices en fonction des questions posées, le joueur doit scruter chacune des expressions faciales de la personne interrogée. Une hésitation sur un mot, un regard perdu, un rictus incontrôlé, un manque de sérénité... Tout peut trahir le prévenu ou... vous trahir ! Selon les personnalités, un mensonge peut être exprimé de différentes manières et bien malin est le joueur qui parviendra à toutes les découvrir, d'autant que certains protagonistes sont d'excellents acteurs ! L'exploit qu'a réalisé la Team Bondi est d'être parvenu à instaurer cette notion de vérité/mensonge sans jamais caricaturer la moindre expression, sans jamais rendre évident le fait que l'interrogé est sincère ou non. Le Motion Scan qui a été utilisé dans un premier temps pour modéliser le visage d'acteurs connus (voire très connus) a ensuite permis aux développeurs d'animer chaque partie du visage indépendamment des autres. L'effet est impressionnant et après avoir joué à L.A. Noire, vous n'accepterez plus de désynchronisation labiale ou de voir des visages fades, inexpressifs et peu crédibles. Grâce à ça, les interrogatoires sont des moments graves et intenses où il est quasiment impossible de trouver du premier coup la combinaison gagnante (ordre des questions, choix des indices, détection de la vérité ou du mensonge). En cela, L.A. Noire dispose d'une grosse rejouabilité puisque chaque mission peut être retentée en marge de l'histoire, notamment pour trouver qui a menti et à quel moment. Sachant que moins vous commettez d'erreurs, plus vite il vous est possible d'inculper celui que vous avez arrêté. On regrette simplement que le jeu nous remette naturellement sur les bons rails lorsque nous nous plantons, limitant ainsi les chemins scénaristiques pour déboucher toujours sur les mêmes conclusions.
En parallèle de tout ça, L.A. Noire dispose de phases d'action un peu moins reluisantes. De toute évidence, celles-ci ont été rajoutées tardivement ou tout du moins, ont bénéficié d'un moindre soin. Systématiquement déclenchées de manière prévisible (un suspect qui se met à courir en voyant la police ou qui feint de chercher un effet personnel avant d'être interrogé puis qui s'enfuit...), les courses-poursuites à pied sont scriptées et ultra assistées. Concrètement, le joueur se contente de maintenir la touche de course pour filer le fuyard et le reste est géré automatiquement ou presque. Phelps fait tout tout seul : il franchit grillages et murets, saute de toit en toit, change lui-même de direction dans le cas où vous vous plantiez... Bref, en plus de toutes se ressembler, ces poursuites ne présentent aucun intérêt de gameplay, d'autant que leur issue ne varie guère. Heureusement, ces phases ne prennent pas beaucoup de place dans L.A. Noire, pas plus que les courses-poursuites en voiture qui souffrent des mêmes maux. Quant aux gunfights, il en existe deux types : ceux qui font office de remplissage et les autres qui permettent de clore une enquête importante. Les premiers sont dispensables mais les seconds, malgré une visée auto et une IA un peu aux fraises, bénéficient d'une mise en scène et d'un contexte oppressants pour rester d'excellents souvenirs ! Malheureusement, ces derniers sont très, très rares. Au final, ces scènes d'action sont plus anecdotiques qu'autre chose, au point d'ailleurs que le jeu donne la possibilité de les zapper après trois échecs. Comme une manière de ne pas les assumer...
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Points forts
- Une atmosphère digne des meilleurs films / romans noirs
- Durée de vie solide
- Un vrai potentiel de rejouabilité pour faire des enquêtes parfaites
- Doublage de qualité, expressions faciales vivantes
Points faibles
- A pris aujourd'hui un petit coup de vieux
- Des phases d'action peu palpitantes
- Un léger manque de constance dans le rythme
L.A. Noire est un jeu d'aventure de grande qualité, écrit et narré avec talent et efficacité. En y jouant, l'utilisateur ne peut s'empêcher de faire de multiples parallèles avec les meilleurs films noirs, appréciant les changements de rythme et surtout le respect d'un maximum de thèmes et de conventions qui font la renommée de ce courant. Doté d'excellentes idées de gameplay qu'on ne retrouve chez aucun jeu du genre sur consoles, L.A. Noire parvient à rassembler les amateurs de jeux d'aventure et de GTA-like sans aucune difficulté. Si certains détails techniques peuvent choquer, si les phases d'action sont parfois loupées, on est forcé de considérer ce titre comme une référence du genre, ne serait-ce que pour le soin apporté aux différentes personnalités.