Il faut bien l'avouer, ce n'est pas sur consoles de salon que les Sims ont acquis leurs lettres de noblesse. Les quelques incursions qu'ils ont tentées n'ont jamais réussi à convaincre totalement et la formule a même été parfois totalement pervertie. EA fait toutefois une nouvelle tentative en portant les Sims 4 sur PlayStation 4 et Xbox Onee. Voyons donc de ce pas si la magie opère.
Les Sims 4 débarquent sur consoles
Contrairement à ce qui a pu être fait par le passé, sachez que cette version console des Sims 4 est strictement identique à son homologue PC. Il s'agit en effet d'un simple portage sans aucune modification au niveau de l'interface ou du contenu. Cela signifie donc qu'il va falloir passer par des menus pas vraiment optimisés pour un pad avec de nombreux éléments plutôt petits tout en manipulant une souris capricieuse avec le stick gauche.
Comme si cela n'était pas déjà assez pénible, certains choix des développeurs ajoutent une lourdeur considérable à la chose. C'est notamment le cas en mode construction où il faut tout d'abord choisir si l'on souhaite trier les meubles par type ou par pièce. Ensuite, il faut sélectionner le type d'objet désiré (lit, armoire, etc) puis faire son choix dans le troisième menu qui vient de s'ouvrir. Reste alors à choisir la couleur puis à placer l'objet dans la maison. Mais s'il nous prend l'idée de sélectionner un autre type de meuble, il faut fermer les 2 ou 3 dernières fenêtres ouvertes une par une pour revenir à l'interface principale ou bien activer le mode souris et tout recommencer depuis le début puisque cela ferme automatiquement toutes les fenêtres. C'est pénible à la longue d'autant que ces va-et-vient sont généralisés. Même une action aussi bête que sélectionner un Sim peut être un calvaire dans la mesure où cela désactive d'emblée l'affichage de la souris qu'il faut ensuite réactiver manuellement. Plus gênant encore, la fenêtre donnant les besoins de nos Sims ne reste pas affichée en permanence par défaut et doit être reconsultée très régulièrement. On perd ainsi un temps précieux et on peut rapidement se laisser déborder par les événements.
Fort heureusement, cette version console comprend tout de même toutes les mises à jour dont a bénéficié la version PC. Cela signifie que bon nombre des soucis évoqués lors du lancement du jeu en 2014 ont depuis été corrigés. On a 3 quartiers au lieu de 2, on a des piscines, des lave-vaisselle, des fantômes, de nouvelles carrières, des demi-murs, les bambins sont enfin de retour… bref, on a droit à un titre plus complet et plus riche. Néanmoins, il faut savoir que les DLC sortis jusqu'à présent ne sont pas compris dans la version de base, ce qui est tout de même dommage pour un jeu vendu 50€ trois ans après sa sortie. Comptez alors 10€ de plus pour mettre la main sur la version Deluxe qui comprend 3 kits d'objets : Roi de la fête, Nuit inoubliable et Chapeaux Animaux géniaux. Et ce n'est pas tout, il faudra encore débourser 50€ supplémentaires pour obtenir un pack regroupant simplement Vampires et Vie Citadine ainsi que le kit d'objets Accessoires Vintage.
On a connu des offres plus intéressantes d'autant que cette version console est pour l'heure dépourvue de ce qui constituait un des atouts majeurs sur PC, à savoir la galerie qui permettait d'échanger en un clin d'oeil des Sims, pièces et maisons avec la communauté. Bref, on ne vous conseille cette version console que si vous êtes passé à côté de la version PC et qu'une interface un peu lourde ne vous rebute pas trop.
La suite de l'article est le test de la version originale sur PC. Celui-ci avait été publié le 5 septembre 2014.
On ne présente plus le concept des Sims. Initialement pensé comme un simple outil d'architecture, il est rapidement devenu un véritable jeu de gestion de vie dans lequel il fallait prendre soin des besoins essentiels de ses petits protégés (faim, hygiène, vie sociale, divertissement, etc.). Après quelques extensions, Les Sims 2 est arrivé avec plusieurs nouveautés de taille : des graphismes en 3D, des individus aux désirs et craintes plus complexes et surtout un vieillissement constant. Là encore, le succès fut total durant plus de 4 ans, soit jusqu'à l'arrivée du troisième opus. Non moins excellent que ses prédécesseurs, il allait toujours plus loin en profondeur de gameplay grâce à l'arrivée des traits de caractère et d'un monde ouvert. Ajoutez à cela de nombreuses extensions apportant des saisons, des animaux de compagnie, des voyages vers des îles de rêve (et dans le futur), des universités, etc., et vous tenez une série qui n'a cessé d'évoluer et de s'enrichir au fil des épisodes. Bref, maintenant que le contexte est posé, voyons ce qu'apporte ce 4ème opus.
Des outils de création plus intuitifs
Toute partie dans les Sims commence par la création du ou des membres de son foyer. Ça tombe bien, l'outil dédié a bénéficié de bon nombre d'améliorations rendant les choses plus faciles que par le passé. Oubliez donc les curseurs pour choisir la taille du nez, des yeux... tout se fait désormais de manière beaucoup plus intuitive en cliquant simplement sur la zone à modifier. Vous souhaitez grossir un ventre ? Cliquez dessus et tirez la souris vers l'arrière. Et il en est de même pour les cuisses, les mollets, les hanches, la poitrine, les épaules, les fesses, etc. Même le visage peut ainsi être modelé, ce qui est assurément une évolution positive. Il reste alors à choisir une coupe de cheveux, mais malheureusement, à ce niveau, le choix de couleurs est des plus restreints puisque la palette des opus précédents a disparu. Il en est d'ailleurs de même pour les yeux et les vêtements. Autre déception, le nombre de membres d'un foyer est toujours limité à 8, ce qui pourrait être problématique si une éventuelle extension sur les animaux paraît un jour. Et pour ne rien gâcher, il est toujours impossible de paramétrer la taille de son Sim et les poils ont complètement disparu. Il y a heureusement d'autres points un peu plus enthousiasmants, comme les démarches assez drôles qu'il est possible d'attribuer à chaque individu. Reste alors à définir le caractère et les aspirations à long terme, puis à se jeter dans la partie.
Trois quartiers relativement petits en comparaison de ceux des Sims 3 (comptez sur environ 2 fois moins d'emplacements) s'offrent alors au joueur qui doit choisir où implanter sa demeure. On constate d'emblée que les terrains les plus grands sont un poil plus petits que ceux des Sims 3 (50x50 contre 64x64 pour les spécialistes). Peu importe, on se lance dans la construction, et il faut avouer qu'à ce niveau les choses ont à nouveau été rendues bien plus intuitives. Une pièce peut être meublée ou non puis modifiée à la demande, même une fois la maison entièrement construite. Une chambre est trop petite ? Sélectionnez-la puis cliquez sur les flèches qui apparaissent pour l'étirer dans la direction souhaitée. Le mobilier se replacera automatiquement, ce qui simplifie bien des choses. Il devient également possible de déplacer une maison entière sur le terrain sans avoir à tout détruire, de rajouter ou d'élever des fondations après coup, etc.
La fin du monde ouvert
Une fois votre Sim bien installé, il peut être intéressant de le faire rencontrer d'autres personnes, et donc de le faire voyager vers un lieu public. Si on passe sur le fait qu'il n'y a plus de plages ou qu'il est devenu impossible d'aller faire ses emplettes dans des magasins (il suffit de passer par une étagère chez soi pour acheter des livres, par l'éditeur pour changer de vêtements), la disparition pure et simple de l'aspect monde ouvert du troisième épisode est vraiment problématique. Pour n'importe quel déplacement, même chez le voisin, il faut donc prévoir un premier temps de chargement pour afficher le plan du quartier, puis un second pour atteindre la destination. On est finalement constamment soumis à des chargements, ce qui finit par casser toute envie de bouger. Ce choix est d'autant plus incompréhensible qu'il s'agissait là de la feature principale des Sims 3 et de son principal argument de vente. A ce niveau, Les Sims 4 constitue donc un retour considérable en arrière, que ce soit au niveau de la sensation de liberté, des rencontres et donc par conséquent du plaisir de jeu.
Les émotions au coeur du jeu
Pour expliquer ces absences regrettables, les développeurs affirment qu'ils ont dû faire des choix et se sont plutôt concentrés sur leur tout nouveau système de gestion des émotions. Mais que nous réserve-t-il ? Eh bien pour faire simple, en fonction de l'environnement, de l'assouvissement ou non de ses besoins ou du déroulement d'une conversation, un Sim va ressentir différents sentiments susceptibles de changer profondément le cours d'une partie. Par exemple, un Sim enjôleur va se sentir sûr de lui et pourra se permettre d'être plus entreprenant avec ses conquêtes potentielles. Mais attention, si il / elle refuse ses avances, il pourrait rapidement devenir embarrassé et se retrouver incapable de tenir une conversation normale. S'il s'énerve en prime, soyez sûr que toute personne à laquelle il adressera la parole le détestera cordialement. Dans ce cas, la solution est simple : il suffit de prendre une douche froide pour se remettre les idées en place, mais dans certains cas, les émotions peuvent avoir des effets plus néfastes. Par exemple, un de mes Sims est mort de tristesse après que sa petite amie a refusé sa demande en mariage. Bref, il s'agit là d'un aspect à ne pas négliger, d'autant que beaucoup d'options de dialogues ou d'interactions avec l'environnement sont liées à un sentiment donné. Il ne s'agit pas d'une révolution pour autant puisque dans Les Sims 3 déjà nos petits protégés étaient influencés par leur environnement et recevaient des boosts ou malus d'humeur à chaque événement. Le concept a donc été creusé, étoffé, rendu plus profond et plus lourd de conséquences, mais cela ne justifie pas forcément les lacunes évoquées ci-dessus.
Finalement, les parties ressemblent beaucoup à celles des opus précédents, ce qui est à la fois positif et négatif. D'un côté, il faut avouer que regarder ses Sims évoluer est toujours aussi fun et que leur sort est souvent à mourir de rire. Si vous n'avez jamais touché à un jeu de la série, vous pouvez donc y aller les yeux fermés. Mais de l'autre on se retrouve une nouvelle fois inactif pendant la plus grosse partie de la journée. Entre le travail et le sommeil, on ne s'occupe que d'une toute petite fraction de la vie de notre Sim. Dommage, il y avait pourtant là un axe de développement très intéressant avec la potentielle gestion du temps de travail. Finalement, on se contente d'accélérer le déroulement du temps sans même pouvoir visualiser le déplacement de notre Sim vers son lieu de travail. Pire, il ne rentre même plus dans une voiture comme dans Les Sims 2 pour y aller, mais se téléporte directement comme dans le premier opus. On ne peut également que regretter la disparition des bambins. Loin d'être anecdotique, cette période constituait pourtant une étape importante dans le développement d'un enfant avec l'apprentissage de la marche et de la parole. Bref, malgré des ajouts intéressants, ce quatrième épisode n'est clairement pas au niveau de ses prédécesseurs et se permet même d'être moins bon dans certains domaines. Heureusement, il peut tout de même compter sur des Sims désormais capables de parler en cuisinant ou en faisant du sport. Ça ne change pas radicalement la donne, mais c'est toujours bon à prendre.
Points forts
- Un vrai épisode des Sims sur consoles de salon
- Concept toujours aussi fun
- Toutes les mises à jour de la version PC sont présentes : les piscines, les bambins, etc
Points faibles
- Interface très difficile à gérer au pad
- La disparition de la galerie qui permettait de partager ses création avec la communauté
- Les DLC non présents dans la version de base
- Des temps de chargement à chaque déplacement
- Entre le travail et le sommeil, on est inactif la plupart du temps
Si sortir une version complète des Sims 4 sur consoles est une intention louable, il aurait tout de même été de bon ton de modifier un peu l'interface afin de la rendre plus fonctionnelle au pad. Il est également dommage que la galerie ne soit pas de retour et que les DLC préalablement sortis ne soient pas intégrés à la version de base, vendue tout de même 50€. Reste qu'il s'agit d'un excellent titre, à la fois riche et fun qui bénéficie de toutes les mises à jour ayant corrigé les défauts de la version initiale sur PC. Ceux qui ne disposent pas de cette dernière et qui sont capables de passer outre les lourdeurs d'un gameplay extrêmement mal pensé ont donc devant eux un titre finalement plutôt plaisant.