Alors que les joueurs ont les yeux rivés sur le futur jeu de Chris Roberts, j’ai nommé l’ambitieux Star Citizen, revenons sur sa toute première incursion dans la simulation de combats spatiaux avec Wing Commander, un jeu qui traverse les âges sans prendre une ride, ou presque. Remontons le temps jusqu’en 1990, année de sortie de ce space opera, et allons chasser du Kilrathis !
DE L’IMPORTANCE DE L’HISTOIRE
Wing Commander a, de base, tout pour plaire. Un scénario important et développé, un univers intéressant, des graphismes plutôt attirants, des mécaniques de gameplay simples à prendre en main mais nécessitant un vrai entraînement… bref, l'équipe d'Origin Systems n’a pas chômé et nous propose un véritable space opera. Mais le jeu tient-il la route sur la longueur ? C’est ce que nous allons vérifier immédiatement.
Premier point très intéressant donc, il y a une histoire ! L’aventure débute alors que le conflit fait rage entre les hommes et les Kilrathis (sortes de lions humanoïdes). Le vaisseau Tiger’s Claw voit arriver à son bord un nouveau pilote : vous. Sortant à peine de l’académie, nous aurons le plaisir de voir évoluer notre personnage (que nous nommerons à notre guise). C’est donc le premier gros point fort du jeu : son histoire et ses personnages. Le conflit opposant les deux peuples sera au centre tout au long de l’aventure, et ce dans chaque système que le Tiger’s Claw visitera. On fera équipe avec différents personnages pendant le jeu, chacun ayant son propre caractère. Lors des phases dans le vaisseau, on pourra parler aux personnages à l’écran, qui nous donneront leurs points de vue sur la guerre, sur les vaisseaux, les différentes stratégies à adopter pour attaquer tel ou tel vaisseau, les ragots sur certains pilotes, etc. Le scénario est vraiment bien écrit, et selon nos actions, il se peut que la guerre prenne une tournure différente, mais on y viendra plus tard. En tout cas, il est certain que l'on ne s'attendait pas à trouver un scénario aussi intéressant en commençant le jeu.
UN GAMEPLAY BIEN PENSÉ
Abordons maintenant le gameplay. Le jeu se joue évidemment à la souris et au clavier, mais il se compose de deux phases. La première, c’est celle en point & click dans le vaisseau. Pour faire simple, on dispose d'un petit réticule, on clique sur le tableau de chasse pour voir nos points et notre classement face aux autres pilotes. On parle aux personnages, on peut également faire une mission d’entraînement, notre casier est même disponible dans un autre écran, et on peut sauvegarder/charger des parties. La dernière pièce sera pour entamer le briefing, qui nous donnera des indications sur ce que l’on doit faire. La deuxième phase est la conduite du vaisseau. C’est très simple, il suffit de bouger la souris dans la direction que l’on veut pour que notre vaisseau bouge à droite, à gauche, en haut, en bas, en diagonale.
En maintenant le clic droit enfoncé, et en bougeant la souris, notre vaisseau tournera sur lui-même. Le clic gauche nous permet de tirer, et en cliquant sur la molette, on fait partir nos missiles. On pourra aussi faire accélérer son vaisseau, mais aussi le ralentir. C’est évidemment la phase de pilotage la plus intéressante et la plus prenante. On traversera donc le système dans lequel on se trouve pour accomplir nos missions, qui se veulent assez variées (escorte, destructions d’ennemis, repérage des lieux…), tout en évitant les champs d’astéroïdes et de mines qu'on rencontrera quelques fois lors de certaines missions. Le jeu est assez dur, notre vaisseau est très fragile, et quelques tirs bien placés des ennemis l'anéantiront rapidement. Les ennemis adoptent d'ailleurs un comportement très agressif, et même si la méthode d'exécution sera souvent la même (on les attaque de front avant de les prendre à revers pour les allumer de derrière, et on recommence jusqu’à ce qu’ils explosent), ce ne sera pas pour autant facile, croyez-moi. La maniabilité n'a pas forcément vieilli, mais il faut être assez réactif face aux ennemis, qui ne vous laisseront aucun répit.
HEY, LES GARS ! ON A PERDU LE CERVEAU DES CAMARADES !
Du coup, on s’attaque au point faible de Wing Commander, l’IA des alliés. Si celle des ennemis s’en sort bien, celle de notre camarade de mission est à la ramasse. On peut certes lui donner des ordres, mais généralement, il se contentera de tourner autour des vaisseaux ennemis et de se faire trucider ou même de nous foncer dedans ! À la limite, il peut nous servir d’appât pour que les ennemis s’en prennent à lui tandis qu’on les attaquera de derrière. Pour le reste, c’est honnêtement du très bon. Non seulement les dégâts apparaissent dans le cockpit de notre vaisseau, mais en plus il suffit de tirs à répétitions sur une partie du vaisseau de la part de l’ennemi pour détruire notre armement et nous rendre donc inoffensif ! Il ne restera plus qu’une chose à faire : rentrer au Tiger’s Claw.
À chaque fin de mission, lors du débriefing, votre commandant vous donnera le nombre de Kilrathis que vous avez abattu, ainsi que le total de votre collègue. Nous vous parlions plus haut du tableau de chasse, voici à quoi il sert : simplement à vous renseigner sur le nombre d’ennemis que vous avez tués, et si vous avez dépassé les autres pilotes. Autre point intéressant : vous augmentez de rang au fur et à mesure du scénario. De 2nd Lieutenant en finissant Major, le tout reste plutôt anecdotique puisque rien ne changera dans vos capacités. En revanche, vous changerez de vaisseau à chaque changement de système, passant du moins bon au plus puissant. Des surprises vous attendent aussi durant l’aventure, mais ce système est relativement sympathique, le changement étant visible lors de la phase de décollage, mais aussi lors de la mission, le cockpit étant différent selon les vaisseaux.
UNE RÉUSSITE TOTALE
Impossible de finir ce test sans parler de l'aspect artistique. D'abord la bande son, tout bonnement excellente : entre les bruitages fort sympathiques et les musiques superbes, l’ambiance sonore est une véritable réussite. Les graphismes sont de nos jours encore très appréciables, les animations des visages lors des dialogues sont plutôt bien fichues, de même lors des petites scènes cinématiques. En jeu, rien ne choque, même si quelques ralentissements pendant certains combats peuvent survenir de temps en temps, lorsque l’écran se veut bien chargé. Pour ce qui est de la durée de vie, c’est du bon. Comptons dix heures environ pour en venir à bout, tout en n’oubliant pas que la rejouabilité est assez intéressante, ne serait-ce que pour tenter de garder tous ses compagnons en vie et réussir toutes ses missions.
Wing Commander est une énorme réussite dans l'ensemble : combats en vaisseau jouissifs et dynamiques, un scénario évoluant selon nos actions, avec du coup plusieurs fins… on s’attache vraiment aux personnages. À noter que la mort d’un de vos alliés se verra accompagner de l’enterrement, comme précisé plus haut, de ce dernier, avec quelques mots prononcés par votre personnage. Votre serviteur a par exemple rencontré une "mauvaise" fin, avec trois alliés perdus, un échec sur des missions très importantes qui ont changé le cours de la guerre, alors que les actions passées avaient fait pencher la balance de notre côté. Finalement, il s’est avéré que la tendance a encore changé, nous poussant à fuir par la suite…
Points forts
- Un scénario ambitieux, bien écrit
- Nos actions qui déterminent le cours de la guerre
- Une bande son qui en jette
- Les personnages travaillés
- Les combats épiques
- Les différents embranchements
- A très bien vieilli
- Une difficulté progressive
Points faibles
- L’IA des alliées à la ramasse
- Quelques ralentissements lors des combats
- Des bugs de script peuvent survenir
Wing Commander est une véritable tuerie, qui reste encore aujourd’hui une référence dans son genre. Malgré quelques reproches, on ne peut que se prosterner devant un tel degré de maîtrise de la part de son créateur en ce qui concerne la narration, le gameplay aux petits oignons et l’univers qu’il nous sert, surtout pour un titre de cette époque. N’attendez plus, essayez Wing Commander, et vous l’adopterez, pour peu que vous soyez attiré par le Space Opera. En plus de cela, le jeu est disponible au format abandonware, et fonctionne très bien sur les PC d’aujourd’hui. Pas de raisons donc pour ne pas craquer devant ce chef-d’œuvre indémodable !