Huit mois après la sortie de Snipperclips, le jeu de découpage, de réflexion et d'adresse revient avec Snipperclips Plus. Il s'agit d'un stand-alone qui comprend le jeu original tout en y ajoutant quelques nouveautés, ces dernières étant aussi disponibles en DLC pour ceux qui ont déjà Snipperclips. Vous suivez toujours ?
Le 10 novembre 2017 voit la sortie de Snipperclips Plus : Les Deux Font la Paire, un stand-alone qui comprend le jeu original Snipperclips : Les Deux Font la Paire et qui y ajoute 40 niveaux inédits dispersés sur deux nouveaux mondes (bande-dessinée et atelier de jeu) un mode Tampon pour dessiner et la possibilité de refaire les niveaux en prenant des formes de base différentes.
Pour les nouveaux niveaux, ils ne se débloquent qu’après avoir fait les précédents mondes et sont donc, en toute logique, plus difficiles. Si l'on retrouve de nouveaux concepts, tous ne sont pas clairs et il est parfois difficile de comprendre ce que le jeu nous demande. Cela dit, une fois l’idée de base appréhendée, le reste est comme toujours question de découpage plus ou moins précis et d’adresse. Certes, les sticks des Joy-Con ne facilitent pas la finesse, mais en coop, le principe reste toujours aussi efficace.
Toutefois, le mode Tampon pose déjà une problématique plus importante. Si l'on peut découper les autres et changer de couleur pour tenter d’apposer des formes sur un fond blanc, dans la pratique, les sticks des Joy-Con ne sont pas assez précis pour être efficace et le résultat est souvent grossier. L’impossibilité de découper les autres joueurs en dessous d’une certaine taille empêche vraiment d’apporter des détails aux dessins, surtout quand on sait qu’il n’y a que neuf couleurs disponibles en comptant le blanc.
Pour la possibilité de refaire les niveaux avec de nouvelles formes, autant dire que la fonctionnalité ne casse pas trois pattes à un canard. Rares sont les cas où cela a un véritable impact sur la méthode et on ne peut pas vraiment parler de redécouverte.
Ainsi, si vous possédez déjà l’original, nous ne vous conseillons pas le DLC malgré les deux mondes supplémentaires. En achat stand-alone, vu que le jeu de base est compris, c’est déjà plus intéressant, même si en toute sincérité, acheter l'original semble bien suffisant.
La suite de l'article est le test de la version originale, compris dans le stand-alone Snipperclips Plus. Le test de la version originale avait été publié le 9 maris 2017.
C'est lors de l'EGX 2015 que les frères Vian ont présenté pour la première fois Snipperclips. Né en moins d'une journée lors d'une game jam, le jeu, ou tout du moins son embryon, avait soulevé un certain intérêt, au point d'exciter la curiosité de Nintendo ; avec un accord de publication en poche, les frangins Vian ont commencé à véritablement développer le jeu courant 2016, avec l'idée d'en faire l'un des premiers titres de la nouvelle machine de Big N. Et le Japonais a eu le nez creux, puisque Snipperclips est probablement, à ce jour, la meilleure façon d'exploiter tout le potentiel de la Switch, une console d'un nouveau genre.
Pierre, papier, ciseaux (mais surtout ciseaux)
Alors, Snipperclips, kézako ? Il s'agit d'un petit jeu de réflexion, composé d'une soixantaine de niveaux, qui reposent tous sur un puzzle. Le ou les joueur(s) contrôle(nt) deux personnages (plus, dans certains modes de jeu), qui devront s'entraider pour atteindre leur objectif. En termes de contrôles, Snipperclips fait dans la sobriété : avec le joystick de la manette, on peut se déplacer, se hisser sur la pointe des pieds ; un bouton permet de sauter, tandis que les gâchettes permettent de faire tourner sur lui-même son personnage. Jusque là, rien de bien sorcier. Mais ce serait oublier la mécanique principale du jeu, qui lui donne son nom. Snip et Clip (oui, ils ont un nom) ont la possibilité de se découper l'un l'autre, et de reprendre forme à volonté. Il suffit de s'approcher, et d'appuyer sur le bouton dédié : le personnage d'en face perd instantanément un morceau de lui-même, qui correspond à la zone couverte précédemment par l'autre joueur. À l'image, la zone en question est représentée en vert, pour que l'on comprenne rapidement et facilement ce qui disparaîtra.
Snipperclips vous impose donc régulièrement de vous creuser les méninges et de jouer avec vos ciseaux imaginaires, pour adapter votre personnage aux situations qui se présentent. Parfois, il suffira de créer une ou deux entailles pour permettre à Snip et Clip d'être attrapé par un grappin. Parfois, de les creuser entièrement, pour qu'ils puissent transporter un œuf, sans risquer de le faire tomber. En avançant dans le jeu, les puzzles se font plus retors et demandent des découpages plus précis. Comme par exemple de tailler l'un des deux personnages de papier en forme d'engrenage, pour qu'il puisse actionner un petit mécanisme.
Le tout se prend extrêmement vite en main, et c'est là l'une des premières réussites du jeu, surtout à une époque où les gameplay sont toujours plus complexes, du moins en termes de commandes. Expérience vérifiée à plusieurs reprises lors de notre test : en prêtant un Joy-Con à un nouveau joueur, celui-ci comprenait en quelques minutes le but du jeu, et comment fonctionnait le duo Snip et Clip.
Snipper Elite
N'allez pas croire que malgré cette accessibilité, Snipperclips est trop simple. Si les premiers puzzles ont un côté didactique bien pensé, dans la mesure où il permet au nouveau venu de comprendre rapidement ce que le jeu attend de lui, et lui permet, le bébé de SFB Games saura mettre à mal vos méninges tout comme votre doigté. Car le jeu repose en fait sur deux notions : celle du découpage, dont je parlais précédemment, mais aussi la physique. Le joueur sera très régulièrement amené à déplacer des objets, à les conduire d'un point A à un B. Et malheureusement pour eux, ce ne sera pas toujours évident qu'avec un ballon de basket. Grâce à sa forme parfaitement sphérique, le joueur peut prédire chacune de ses réactions ; les choses se corsent lorsqu'il s'agit d'un œuf, par exemple, dont la forme irrégulière engendre bien des complications, lorsqu'il faut l'amener à bon port sans le briser. C'est pire encore lorsqu'il faut déplacer de longs objets asymétriques, avec une répartition inégale du poids, vous obligeant à ruser pour faciliter votre progression.
De ce point de vue, Snipperclips fait très fort puisque s'il existe bien entendu une solution pensée par les développeurs, et donc indirectement encouragée par ces messieurs, il est souvent possible de créer ses propres solutions. À vous d'être suffisamment créatifs. En ce sens, terminer un niveau est à chaque fois une véritable petite satisfaction puisque le jeu encourage les initiatives personnelles.
L'amitié est magique
Nonobstant ces qualités évidentes, Snipperclips peut se montrer rapidement redondant en solo. Et parfois un peu lourdaud. Car en jouant seul, vous devrez dans tous les cas contrôler à la fois Snip et Clip ; le jeu utilise alors un bouton supplémentaire vous permettant de switcher de personnage. Et dans certaines situations, autant vous le dire tout de suite, c'est un vrai problème. Les actions s’enchaînent mal, on s'emmêle les pinceaux... Un désavantage, clairement, par rapport au jeu à deux. Vous ne bénéficierez pas de la précision, de la réactivité, que certaines actions peuvent demander. Et surtout, surtout, le jeu à plusieurs donne à Sniperclips sa véritable dimension.
Car voilà, jusqu'à présent vous deviez simplement résoudre des puzzles. Imaginez devoir les réussir à deux. Oh oui, vous avez compris : cela va vous demander une sacrée coordination, et surtout, une excellente communication. Sans même parler d'une bonne dose de patience. À ce titre nous ne saurions que trop vous conseiller de vous assurer au préalable de la force des liens qui vous unissent à vos coéquipiers : après le Monopoly, Mario Kart et l'Ile de la Tentation, Snipperclips est probablement le plus grand destructeur d'amitié et de couples de l'histoire. Jouer avec son copain, sa copine, c'est très sympa... Lorsque l'on réussit. Dans l'échec, l'adversité, les choses sont bien différentes, mais c'est précisément là que votre patience et votre tolérance seront mises à rude épreuve. La copine qui loupe un saut une fois, ça passe, c'est même amusant. Mais une seconde fois, une troisième fois, une quatrième fois... Oui, ça agace. Et tout le monde n'est pas le Dalaï Lama.
En vérité, Snipperclips trouve ici sa raison d'être, tout en donnant un sens à la Switch et ses différentes manières de jouer. Sur grand écran, en solo ou à deux, à la maison... Mais aussi n'importe où, en train, en avion, en pique-nique, lors d'un enterrement ou d'une Bar Mitzvah, il vous suffit de sortir votre console portable, et profiter à plusieurs de sessions de jeux plus ou moins courtes, au gré des envies de chacun. Seul obstacle finalement : trouver suffisamment de Joy-Con pour jouer à plus de deux joueurs. Notez toutefois que l'on trouve actuellement Snipperclips en vente à environ 85€, avec deux Joy-Con. Les deux petites manettes de Nintendo sont assez onéreuses, mais vous serez alors en possession d'un excellent jeu multijoueur et de deux contrôleurs supplémentaires. De quoi alimenter bien des soirées entre amis. D'autant qu'outre les puzzles, Snipperclips propose également un mode Blitz, permettant jusqu'à 4 joueurs de s'affronter dans des petits matchs débiles de basket, ou des deathmatchs dans lesquels il faudra manger/découper l'entièreté des personnages adverses. Rigolo, mais pas inoubliable.
En ciseaux troubles
Et c'est peut-être là que Snipperclips montre ses limites. Si les puzzles sont tous pour la plupart très malins, ils offrent une rejouabilité proche du néant : une fois la solution trouvée, l'essentiel du boulot a été fait. À part quelques niveaux demandant un peu de doigté, on reviendra rarement sur les niveaux terminés. Et ceux invoquant vos talents de spadassin du joystick... Parlons en, tiens. Snipperclips impose l'utilisation du Joy-Con, uniquement. C'est-à-dire que la Manette Pro est proscrite, idem pour le Grip permettant de se bricoler une manette avec deux Joy-Con. Ce qui pose différents problèmes. On constate dans un premier temps que les petits joysticks ne permettent pas toujours d'avoir la précision que l'on souhaiterait (a fortiori lorsque, comme votre serviteur, vous avez de grosses paluches), ce qui peut conduire autant à des situations amusantes qu'à de grandes engueulades pleines de mauvaise foi. Reste ensuite la manette en elle-même : si sa petite taille ne devrait pas gêner l'ensemble des joueurs, ceux disposant de mains plus... imposantes, disons, ressentiront rapidement quelques douleurs au niveau des muscles, et plus particulièrement du court fléchisseur du petit doigt. On aurait vraiment aimé avoir le choix puisqu'en cas de session de jeu prolongée, cela peut être désagréable.
Reste la question de l'écran. Sur une télé bien entendu, Snipperclips est parfaitement lisible. En mode tabletop, c'est-à-dire l'écran posé sur une table, un lit ou quoi que ce soit qui permette d'accueillir le chatoyant châssis de la Switch, les choses se compliquent. Seul, aucun problème bien entendu ; à deux, c'est toujours possible, malgré quelques soucis de lisibilité pas franchement gênants. Mais à trois ou plus... Disons que vous aurez surtout l'air d'un groupe d'archéologues, penchés sur leur dernière découverte, l'air très concentré et les yeux plissés à s'en péter la peau du front. Bref, pas optimal du tout, voire presque désagréable. On l'avait vu venir, mais il est toujours décevant de constater que la console de Nintendo ne livre finalement pas toutes ces promesses.
Points forts
- Facile à prendre en main
- Malin
- Le système de découpage
- Une centaine de puzzles
- Hyper fun à deux
Points faibles
- Peu de rejouabilité
- Le besoin de précision auquel les Joy-Con, obligatoires, ne peuvent répondre
- Lisibilité trop limitée à plusieurs sur l'écran de la console
- Le mode Tampon est impraticable
Snipperclips Plus est toujours un jeu fun à plusieurs qui peut provoquer quelques violentes barres de rire. Maladresse, malentendu, la coopération peut amener des situations drôles et la réflexion se fait évidemment à plusieurs. Si elle possède tout le contenu du jeu original, cette version Plus n'apporte cependant pas grand-chose de nouveaux en dehors des 40 niveaux inédits, notamment à cause d'imprécisions qui font du mode Tampon une erreur de casting. Bref, même si l'expérience globale du stand-alone reste bonne, on vous conseillera toutefois l'achat de l'original plutôt que de la version Plus, plus chère pour finalement peu d'ajouts intéressants. Si vous avez déjà l'original, vous pouvez ignorer le DLC sans trop vous en soucier.