Si vous avez encore en bon souvenir un certain Mario Golf sur Game Boy, vous voyez déjà clairement là où Golf Story veut nous emmener. Tel un Camelot des temps anciens, les développeurs méconnus de Sidebar Games nous proposent un mélange de jeu d’aventure sauce RPG autour de ce beau sport, caractérisé par un humour des plus efficaces ! Une vraie surprise, sur Nintendo Switch.
Les vifs pixels au style 16bits ont beau avoir été utilisés à tort et à travers par de nombreux studios (notamment indépendants), ils ont rarement aussi bien porté une idée, une ambiance ou encore un style que Golf Story. Complètement décomplexé, le titre de Sidebar Games ne se prend jamais au sérieux et nous place directement dans un univers insolite avec des personnages hauts en couleurs, parfaitement caractérisés par un visuel old-school aussi désuet qu’important pour la narration.
Vous jouez un jeune homme sans nom qui a toujours eu pour grande passion le golf. Instruit par un pôpa aimant pendant son enfance, le héros avait perdu tout espoir de devenir pro une fois à l’âge à doute. Toutefois, pendant l’intro, il quitte soudainement son job en claquant la porte et revient à Wellworn Grove, greens de ses premières amours, pour vivre son rêve ! Cependant, si le golf est clairement sur toutes les bouches dans tous les endroits qu’il va visiter, tout le monde n’a pas sa passion et son talent pour le sport et son caractère ultra positif va vite se heurter à l’égoïsme et l’absurdité des autres personnages.
Si l’aspect volontairement vieillot des visuels pouvait laisser penser à une narration old-school, sachez cependant qu’il n’en est rien. En effet, Golf Story se veut très actuel dans sa façon de raconter l’histoire, totalement conscient du ridicule de la situation. L’humour est omniprésent, avec une tendance prononcée pour le cynisme et l’ironie, ce qui n’est pas pour nous déplaire. A la fois prêt à tout pour réussir, mais conscient de ce qui se trame autour de lui, le héros réagit régulièrement à ce qu’on lui dit (en aparté), avec une froideur implacable, et souvent tordante. Chose plutôt rare, les dialogues sont dynamiques grâce à des phylactères variés et non statiques. On comprend les changements de ton, les chuchotements, les éclats de voix et même parfois la personnalité des protagonistes juste à la manière dont s’inscrivent leurs textes, palliant ainsi aux potentiels problèmes de compréhension liés à l’absence de voice acting. Votre coach qui ne veut pas trop vous coacher, l’élève jalouse et caractérielle, chaque rôle est ainsi mieux posé, et ceci en un rien de temps !
Evidemment, si Golf Story est drôle, c’est aussi parce que les situations sont rocambolesques. Lorsque vous vous rendez compte que le jardinier n’est pas fou et que les taupes qui piquent de temps en temps les balles travaillent en fait pour un ado gothique qui veut soulever une armée de squelettes pour mettre Wellworn Grove à feu et à sang, vous comprenez que vous êtes dans un monde atypique où tout est possible. Le plus fun évidemment, c’est de réussir à résoudre tous les problèmes grâce à votre passion pour le golf. Un enfant ne veut pas sortir de l’eau et sa mère a peur qu’il se fasse manger par un crocodile. Prenez donc votre meilleur bois et balancez-lui une balle dans la tête pour le faire sortir de l’eau fissa ! Dans la progression, vous devez souvent effectuer des mini-quêtes qui mettent votre talent à l’épreuve, nécessitant de viser juste ou d’être rapide. Les cas sont variés et toujours drôles et si certains consistent parfois juste à courir vite ou à lancer la balle à la main, ce sont vos talents de golfeur qui sont le plus souvent mis en avant.
C’est justement l’occasion de parler de gameplay, qui ne devrait pas vous surprendre si vous connaissez les jeux du studio Camelot. Trois coups pour jauger à la fois la puissance et la précision, c’est clairement la norme. Gestion du vent, de la surface, des effets, tout est à prendre en compte avec minutie, d’autant que les choix de clubs sont variés et ont des effets très prononcés notamment sur les sorties de bunker. La courbe de progression est grande même si le jeu ne se veut vraiment particulièrement difficile. Seul problème, au niveau du green, le système manque de clarté avec une simple flèche pour seule information de l’unique inclinaison du green. De quoi rater quelques coups… Pour le reste, en matière de gameplay, tout se déroule de façon classique, même s’il faut souvent jouer avec des éléments fantastiques comme des rebonds sur des tortues ou des bestioles à éviter. Si vous savez jouer à Mario Golf ou à Everybody’s Golf, vous savez jouer à Golf Story.
Si nous avons parlé des aspects aventures et sport de Golf Story, n’oublions pas aussi sa petite dynamique RPG, très légère. Chaque objectif rempli vous octroie de l’expérience et chaque gain de niveau vous laisse distribuer des points dans des catégories comme la puissance, la précision, les effets, etc. Toutefois, il est à noter que booster la puissance baisse les autres statistiques ! Golf Story reste permissif puisque vous pouvez à tout moment réattribuer des points entre la puissance et les autres stats, dans une certaine mesure, ce qui pourra vous aider dans certaines situations. Notons qu'il faut aussi gérer (et acheter) les clubs, certains ayant des effets très précis.
Enfin, finissons avec un détail qui n’en est pas un pour tout le monde : Golf Story est exclusivement en anglais. Bien que le niveau ne soit pas littéraire, vous risquez de manquer quelques subtilités si vous ne maîtrisez pas un minimum la langue. Pas besoin d’avoir fait 15 ans d’études de langues non plus, celui qui écrit ces lignes n’est pas allé jusqu’au bac et a tout compris sans aucun problème. A vous de voir à quel point cela vous gêne.
Trailer de Golf Story
Points forts
- Un bon jeu d’aventure
- Un humour désopilant
- Des personnages drôles, y compris le héros
- Les phylactères animés
- La diversité des situations
- On peut faire du golf partout
- Bonne courbe de progression
- Durée de vie très honnête (15 heures)
Points faibles
- Manque de clarté du green
- Exclusivement en anglais
- Musiques très anecdotiques, hormis un ou deux thèmes
C’est quand on se rend compte qu’il n’y a pas besoin d’aimer le golf pour apprécier Golf Story qu’on comprend que c’est un bon jeu d’aventure. De par ses situations et sa gestion des dialogues, il parvient toujours à être drôle, surtout si on apprécie un minimum le cynisme. L’idée de devoir taper de la balle pour résoudre tous les problèmes est déjà rigolote, mais le fait que le gameplay soit à la hauteur rend le concept encore plus efficace. Golf Story est une expérience unique, le genre de petit bijou qui n’en a pas l’air, mais qui pourrait être un de vos jeux préférés de l’année.