La Wii U n'est pas morte. Pas encore. Tous les plus grands spécialistes du monde de la santé ont fait le déplacement pour prendre son pouls : on le sent toujours. C'est léger, mais suffisant. Car de temps à autre, on sent battre son petit cœur. Récemment, c'est Xenoblade Chronicles X qui réveillait son palpitant. En attendant de plus vives secousses, avec un renard de l'espace, et un petit blond tout de vert vêtu. Alors faute de mieux, on espérait beaucoup de ce Pokkén Tournament. Sur le papier, il y avait de quoi se gonfler la poitrine d'espoir. Manette en mains, c'est une autre mayonnaise. Hélas.
En voilà une belle quesiton, vous ne trouvez pas ? D'ailleurs vous êtes là pour avoir une réponse alors ne perdons pas de temps : Ce Pokkén Tournament DX tente de se faire passer pour une version finale, et ultime, de Pokkén Tournament sorti sur Nintendo Wii U l'année dernière. Et même s'il y a bien cinq pokémon de plus, un mode en ligne plus efficace, des combats à trois contre trois et un monde en écran splitté, sans compter quelques défis récurrents, tout cela n'est pas suffisant pour réellement modifier notre avis sur ce titre.
Quoi de neuf Dresseur ?
Le système de combat étant le même, et il vous est parfaitement expliqué par Epyon ci-dessous (avec ses défauts en prime), je ne vais pas revenir dessus. Néanmoins, précisons que côté graphismes, même si ces derniers ressortent mieux sur le petit écran de la version transportable de Switch, il n'y a rien de visuellement impressionnant, et innovant, sur une véritable télé en 1080p. Non, il s'agit d'un portage bête et méchant d'un point de vue visuel avec même un peu d'aliasing en sus. C'est d'autant plus dommage que les graphismes n'étaient déjà pas fous sur Nintendo Wii U avec des pokémon modélisés de la plus simple des manières et des décors souvent trop vides.
Ceci étant, il faut bien avouer que l'apport des cinq pokémon supplémentaires est agréable. Avec désormais Cradopaud, Darkrai, Cizayox, Pingoléon et, surtout, Archéduc le fantastique (avec ses flèches d'une puissance inouie), le roster monte à 21 pokémon et apporte donc un peu plus de subtilité et de souplesse pour les joueurs pointilleux. Pour exemple, Cizayox et ses épées flottantes s'avèrent d'une redoutable efficacité pour compléter ses combos et tenir à distance les adversaires les plus agressifs. Pour résumer, ces "petits nouveaux" font du bien à l'ensemble sans révolutionner l'expérience de base sur Nintendo Wii U.
Terminons en soulignons l'apport d'un mode 3 Vs 3 et des défis réguliers qui permettent de varier les pokémon. Une bonne manière de découvrir le roster qui ne plaira néanmoins pas à tout le monde puisque, comme souvent, il est préférable de rester sur un même personnage un certain temps afin de le maitriser totalement. Pour le reste, le jeu fonctionne mieux en ligne, avec moins de lags, et la jouabilité aux Joy-Con s'avère efficace. Notons enfin le plaisir de pouvoir jouer au jeu en version nomade et de se taper dessus avec des potes dans la "vraie vie" (si vous en croisez un).
Une conclusion en appokkénhose ?
Inutile de tourner autour du pot, les apports de Pokkén Tournament DX par rapport à l'opus Wii U sont légers, pour ne pas dire trop légers et justifier l'investissement une seconde fois si vous possédier déjà le titre d'origine sur la console précédente de Nintendo. Pour autant, si vous n'y avez jamais joué, c'est une opportunité de tenter de découvrir la licence sous un autre angle avec des combats dynamiques, mais qui manquent de profondeur sur la longueur. Saluons, enfin, la souplesse de cette version Switch qui permet de jouer autant chez soi que dehors et qui se révèle confortable, même si le mode en écran splitté décoit avec ses 30 fps. Un titre amusant qu'il serait préférable de dégoter à bon prix pour ne pas se sentir un peu floué en somme...
Le test complet de Pokkén Tournament sur Nintendo Wii U par Epyon (15 Mars 2016)
À la fin des années 90, Nintendo faisait tourner sur tous les tubes cathodiques du monde un spot publicitaire extrêmement excitant. On y voyait Tortank et Dracaufeu, en CGI, s'affronter dans une gigantesque arène, utilisant tout leur panel d'attaques. C'était beau, cela ressemblait au dessin animé, et forcément, cela donnait envie à beaucoup d'enfants. Car oui, les combats de Pokémons à l'époque, c'était du RPG au tour par tour avec un aspect visuel peu enthousiasmant. Tout était très fugé. Qui alors n'avait pas rêvé de pouvoir prendre le contrôle de l'un de ces monstres de poche, pour utiliser ses plus puissantes attaques ? Peu de monde, en vérité. Et la plupart, comme votre serviteur, furent bien désappointés lorsqu'ils comprirent enfin que le jeu en question, Pokémon Stadium, n'était qu'un jeu Pokémon classique, avec des combattants modélisés en trois dimensions. Et absolument pas un jeu de combat, donc. Alors forcément, lorsque Pokkén Tournament fut officialisé en août 2014, tous les espoirs étaient permis. Un jeu développé par Katsuhiro Harada, le papa de Tekken, avec des combats évoquant tant son œuvre que les affrontements hyper dynamiques des Naruto Shippuden Ultimate Ninja Storm, il y avait de quoi saliver. Et puis, Pokkén est arrivé à la rédaction.
Attrapez les tous, mais pas trop quand même
721 Pokémons. C'est le nombre de bêbêtes que dénombre actuellement le Pokédex officiel. De Bulbizarre à Volcanion, en passant par Lugia et Brutapode, il y a désormais quantité de monstres de poche à attraper. Alors, forcément, quand on s'apprête à jouer à un jeu de combat Pokémon, développé par Bandai Namco, connu pour ses Dragon Ball Z Budokai Tenkaichi, ses Naruto Ultimate Ninja Storm... on s'attend à trouver un roster gigantesque. Tous les Pokémon ne se prêtent pas à l'exercice, on en convient. Mais pouvait-on s'attendre à une telle douche froide, en ouvrant le menu de sélection de son combattant ? Non. Clairement pas. Car sur les 721 bestioles disponibles, Bandai Namco n'en aura retenu que 14, et pas forcément les plus emblématiques. Oui, 14. Vous aviez bien lu. Ce qui fait deux personnages de moins que Street Fighter V à sa sortie, un exploit en soi.
Dracaufeu, Carchakrok, Suicune, Ectoplasma, Pikachu, Jungko, Lucario, Roussil, Lugulabre, oh tiens un deuxième Pikachu, Mackogneur, Brasegali, Dimoret, et Gardevoir. On passera vite sur le fait que malgré un roster aussi limité, on arrive à trouver un doublon (le second Pikachu, Pikachu catcheur, est pratiquement identique au Pikachu classique), pour se concentrer sur le choix des combattants. Bonne nouvelle, les développeurs ne se sont pas limités aux créatures anthropomorphiques, comme le prouve la présence de Suicune, ou même de l'improbable Lugulabre. De quoi renforcer l'idée que le design des Pokémons ou leur type ne sont pas des barrières. Si l'on pouvait s'attendre à trouver d'autres types COMBAT, comme Kicklee, Gallame ou encore Judokrak, on sait désormais que le roster n'est pas fermé à des gaillards comme Galeking ou un petit Givrali tout mignon. Le choix des membres du casting a de quoi laisser dubitatif, mais c'est principalement à cause du nombre extrêmement restreint.
Afin de ne pas vous donner l'impression de jouer les collectionneurs du pauvre, les combattants sont accompagnés de Pokémons de soutien, qui pourront vous donner un coup de main à l'occasion : ils sont 30 au total, répartis en 15 duos que vous ne pourrez pas modifier. Pourquoi ? Parce que. Voilà. Ce manque de souplesse a de quoi étonner, d'autant que les soutiens sont divisés en trois catégories : attaque, entrave, et renfort. Les intitulés ne laissant pas de doute, venons-en au problème que tout ceci soulève : il n'est pas possible de créer son propre couple de supports, et certains duos ne sont absolument pas complémentaires, parce qu'ils appartiennent à la même catégorie. Comme l'équipe Osselait / Taupiqueur, tous deux réunis sous la bannière Attaque, ou Jirachi et Farfaduvet, en Renfort. Cette impossibilité de créer sa propre équipe de soutien est d'autant plus étonnant qu'en match, entre deux rounds, il est possible de changer de Pokémon de soutien, en choisissant entre l'un des deux supports de l'équipe. Quel intérêt, s'ils ont tous deux le même rôle ? Aucun ou presque oui, et donc l'aspect « stratégie » mis en avant par le titre en prend un coup.
« Pokkén sauvage lance HYPNOSE »
Une fois que vous aurez choisi votre Pokémon principal, et que vous aurez fait joujou avec les quelques options de personnalisation de votre avatar, vous aurez rapidement la possibilité de passer à l'action. Le menu principal, façon carte du monde, rappelle intelligemment les cartes des versions bleue / rouge / argent / or / rubis / saphir etc, avec chaque mode de jeu représenté par une ville. En faisant le tour de ce que ce joli menu nous propose, on se rend vite compte qu'il y a anguille sous roche: peut-être afin de créer une fausse impression de densité de contenu, certains modes de jeux ont été séparés. Ainsi, on trouve ici et là sur la map, le mode Versus Online, puis le versus en local, les combats rapides (contre l'IA), et le mode entraînement. Reste ensuite le Village, qui n'est autre que l'espace de personnalisation / choix du Pokémon principal / préparation des soutiens, pour passer rapidement au dernier menu, une dernière destination : la Ligue Ferrum, dont nous parlerons plus en détails dans un instant.
Malgré ces premiers instants de déception, vous oublierez vite le sujet de votre agacement au moment de vous lancer dans votre premier combat. Car de prime abord, ces combats sont passionnants, et l'on est vite absorbé. Jugez vous-mêmes : lancé dans une arène de taille variable, vous avez la possibilité de vous déplacer librement, en trois dimensions, et d'attaquer votre adversaire au corps à corps, ou de loin, et d'utiliser quelques techniques Pokémon pour le harceler. Par exemple, Ectoplasma peut envoyer quelques Ball'ombre bien utiles pour distraire le gourgandin qui vous est opposé. Par ses mécaniques, le jeu rappelle un autre succès de Bandai Namco, la série des Naruto Shippuden Ultimate Ninja Storm, à quelques détails près. Car le gameplay de Pokkén repose sur une petite originalité : de temps à autre, après avoir réussi un joli contre, ou infliger un méchant taquet à votre ennemi, le jeu opère ce qu'il appelle un « changement de phase » ; ainsi, le combat commence en « phase de terrain », et peut passer d'un moment à l'autre en « phase de duel ». Cette phase de duel bloque les deux participants sur un plan en deux dimensions, avec les seuls axes X et Y en guise de possibilités de déplacement. On quitte donc les combats à la Naruto pour partir sur un jeu de combat en 2D dimensions plus classique. Coup low, mid et high, contre, chope, tout le répertoire habituel y passe et est plutôt bien intégré. Vous le savez probablement mais les jeux Pokémon originels reposent sur un système basique de « pierre-papier-ciseaux » : les Pokémon PLANTE battent les Pokémon EAU, qui battent les Pokémon FEU, qui battent les Pokémon PLANTE. Ainsi de suite. On retrouve cette même logique dans Pokkén : les coups normaux battent les chopes, qui battent les contres, qui battent les coups normaux. Les priorités sont ainsi définies et l'on apprécie que le jeu tente à sa manière de reproduire l'esprit Pokémon.
C'est d'ailleurs l'une des grandes forces du jeu, puisque si l'on s'étonnera toujours de voir des Pokémon se balancer des high-kicks et des droites façon Street Fighter, les développeurs n'ont pas oublié pour autant à qui ils avaient affaire. Les Pokémon sont des créatures fantastiques qui disposent de pouvoirs extaordinaires, qu'il fallait nécessairement intégrer au jeu. De fait, on s'amusera à identifier chacune des attaques utilisées in-game : Ectoplasma peut notamment compter sur Onde Folie, Devorêve, Poing Ombre ; Jungko possède, entre autres, Vampigraine et Lame-feuille ; tandis que Dracaufeu y va de ses Lance-flamme, Cru-aile et autre Dracogriffe. C'est franchement bien fait et les fans de Pokémons seront aux anges, d'autant que la prise en main est aisée et que l'on trouve rapidement quelques combos assez classieux. Car oui, Pokkén se prend vite en main et l'on s'amuse rapidement. Les adversaires poussent le joueur à utiliser intelligemment le triangle chope/coups normaux/contre, et les premiers combats ne se gagnent pas si facilement que cela. Mais il s'agit là des premiers combats, et après quelques heures de jeu seulement, Pokkén prend un tout autre visage.
Pokkén sauvage lance DEVOREVE : c'est super efficace !
Passé les premiers instants de grâce, qui réveilleront en chacun d'entre vous le pokéfan qui peut-être ne s'assumait pas, le retour à la réalité est violent. Les combats, qui jusque là se montraient plaisants et divertissants, se répètent, se répètent, au point de révéler leur vraie nature : Pokkén manque de profondeur. Le triangle chope / contre / coups normaux se montre vite permissif et finalement sans intérêt : les contres, par exemple, ne requièrent aucun sens du timing et peuvent être placés presque n'importe quand, n'importe où. Les combos sont ultra limités puisque pour limiter toute forme de juggle ou d'enchaînement un peu trop longs, les hitbox se désactivent après certains coups qui pourraient faire office de launcher. Ce qui est terriblement frustrant.
Rapidement, même le système de phases agace, et surtout la première, la phase de terrain. Les déplacements se font en fonction de l'ennemi et il n'est pas possible de le délocker, afin de bouger plus facilement ; et ce serait bien utile, comme lorsque l'on fait face à cette nouvelle forme de cancers que je ne connaissais pas, et qui se prénomme Lugulabre. Le cuistre, notamment en online, se contentera de rester à distance et de vous mitrailler d'attaques Ultralaser, sans aucune notion de respect. L'approcher se révèle extrêmement compliqué, et l'on aurait souhaité pouvoir se déplacer autrement qu'en fonction de lui...
Et pour finir, le manque de contenu se fait vite ressentir. Avec à peine une grosse dizaine de Pokémon combattants, on a vite fait le tour des différents match-up et puisque le gameplay manque sensiblement de profondeur... Pokkén, irrévocablement, se montre répétitif et ennuyeux. À l'image de la Ligue Ferrum, et ses différentes ligues, tournois, et combats de boss, on ne fait qu’enchaîner les combats, sans véritable challenge, ni plaisir. Le jeu tente vaguement d'introduire un semblant de scénario, avec les apparitions remarquées d'un certain... Shadow Mewtwo, mais même le plus gros fan de la licence s'en désintéressera vite. Le online fonctionne plutôt bien, grâce à un matchmaking très efficace, et l'on pourra toujours s'amuser avec un copain en local, mais cela ne suffira pas à faire de Pokkén Tournament un jeu de combat divertissant et plaisant sur le moyen terme.
Un jeu de salle d'arcade, qui aurait du y rester
Avec seulement quelques combattants et trois modes de jeux se courant après, Pokkén Tournament nous rappelle qu'il n'était, à l'origine, qu'un jeu d'arcade. Bandai Namco y fait son beurre et Nintendo cherche à toucher toujours plus de joueurs, surtout chez les plus jeunes. L'association paraissait évidente et l'on ne doute pas que le jeu fonctionnera du tonnerre au pays du soleil levant ; mais son format et sa cible font de lui un jeu impropre au jeu console. Son apparence graphique, du reste, est largement inférieure à ce que peut proposer la console de Nintendo, et l'on aurait franchement souhaité que plus de travail soit effectué à ce niveau, au moment d'adapter le jeu sur Wii U. Entre les textures baveuses, les ombres grossières et les effets de lumière d'un autre âge, Pokkén déçoit, là aussi.
Points forts
- Enfin un jeu de combat Pokémon
- Divertissant les premières heures de jeu
- Le système de phases, original...
- Le online qui fonctionne au poil
Points faibles
- 14 Pokémon sur 721 ? Sans rire ?
- Peu de modes de jeu
- ... mais mal exploité
- Gameplay qui manque de profondeur
- Graphismes loin de ce que la Wii U permet
Triste déception que ce Pokkén Tournament. Alors qu'il aurait pu être un jeu divertissant et complet, rendant un bel hommage à la licence Pokémon, il se révèle être un jeu de combat trop simpliste et vide de contenu. Avec un roster de seulement 14 Pokémon, alors que l'on en compte aujourd'hui plus de 700, les équipes de Bandai Namco ont fait le minimum syndical. Ce qui se ressent également au niveau des graphismes, d'une autre époque, où des modes de jeu proposés, dont on aura vite fait le tour. Ces défauts, on les accepterait sans peine au format initial, soit de courtes parties à 200 yen. Mais pour un titre console, vendu plein pot, c'est encore autre chose. Dommage, car le jeu repose sur de bonnes idées qui hélas n'ont pas été complètement exploitées. Reste un titre facile à prendre en mains, au online fonctionnel, et très didactique, donc adapté aux plus jeunes.